CHAPITRE 17

Le lendemain, comme Lily en avait maintenant pris l'habitude, elle alla à l'infirmerie pour prendre des nouvelles de Remus.

Sur le chemin, alors qu'elle reprenait à l'ordre un Poufsouffle et un Serpentard de première année qui criait dans le couloir, elle repensa à la discussion qu'elle avait eu la veille avec Olivia.

Non, Liv, se reprit mentalement Lily.

Après s'être quittées la veille, et une fois que Lily fut changée et couchée dans son lit, elle avait tourné un bon moment encore perturber par la discussion qu'elles venaient d'avoir. Elle aurait dû se mettre à l'ordre du jour il y a déjà un moment. Mais il fallait croire que la fierté des Gryffondors était trop importante.

Elle secoua la tête alors qu'elle poussa la lourde porte de l'infirmerie. Lorsqu'elle jeta un coup d'œil à l'intérieur, elle vit qu'il n'y avait personne. Évidemment Regulus et même Edgar avait dû quitter l'infirmerie, ils n'allaient pas y rester indéfiniment. Elle s'avança prudemment dans la pièce, mais le bruit de ses chaussures sur le sol en pierre ne faisait que se répercuter sur les murs. Elle poussa un soupir, et s'avança vers le font de la pièce, dans la partie cachée de l'infirmerie.

Elle s'approcha donc et tira le rideau blanc qui cachait le lit. Lorsqu'il fut révélé, elle ne fut même pas surprise de voir que Peter était aussi au chevet de Remus, endormie sur sa chaise, la tête pendante. Elle sourit faiblement devant cette image, puis fit le tour du lit pour s'asseoir de l'autre côté. Elle jeta un coup d'œil à l'horloge, il lui restait 5 minutes si elle voulait avoir la chance de petit déjeuner avant d'aller en cours de métamorphose.

Elle se retourna et observa le visage de son ami. Il avait certes meilleure mine que l'autre jour, mais elle pouvait ignorer la grande cicatrice qui barrait à présent son visage de son oreille droite au milieu de son front. Elle grimaça alors qu'elle se pencha pour l'observer. Elle se doutait bien que grâce aux remèdes de Mme. Pomfresh, elle sera moins visible, mais ça n'en resterait pas moins traumatisant, il gardera toujours cette marque. Elle soupira en se redressant, et croisa le regard fatigué de Peter qui venait juste de se réveiller. Il lui adressa un petit sourire auquel elle eut du mal à répondre.

Elle observa alors un instant l'endroit. Au pied du lit se trouvait amassé une quantité phénoménale de bouteille et fiole de potion, mais elle ne vit aucune autre chaise. Face à son questionnement, Peter prit la parole.

-Ne les cherches pas trop longtemps. Ils se sont écroulés de fatigue il y a deux heures et Pomfresh les a renvoyé » dans le dortoir, comme je venais de me réveiller, elle ne m'a pas demandé de remonter à mon tour.

Il eut un petit rire, sans doute parce que ça ne faisait aucun sens vu qu'il venait tout juste de se réveiller lui aussi.

-Mais rassures-toi, lui dit-il en bayant, ils se réveilleront à l'heure.

Cette fois, Lily rit franchement. Elle doutait fort de cette dernière déclaration, mais elle s'abstint de faire un commentaire.

Elle rejeta un coup d'œil à l'horloge. Ils devaient y aller s'ils voulaient pouvoir manger.

-Allez, viens Peter, dit-elle en se levant. Faut qu'on y aille, on reviendra le voir quand on aura fini de manger à midi.

Elle attendit qu'il se lève, ce qui fut assez compliqué, alors qu'il était encore à moitié endormi. Il se baissa, attrapa son sac de cours et ils sortirent tous deux de la pièce, en faisant bien attention de refermer le rideau derrière eux.

-Ah, bah voilà le reste des revenants.

Mary regardait James et Sirius arriver d'un pas trainant dans la Grande Salle. À peine assit, ils attrapèrent tous les deux une tartine et un verre de jus de citrouille avant de les manger en silence.

-Bon, maintenant est-ce que vous pouvez nous dire maintenant pourquoi est-ce que on ne vous a pas vu du week-end ? poursuivit la jeune McDonald.

Elle croisa les mains sur la table et prit un air solennel. Lily aussi se baissa pour mieux les voir et leur prêter toute son attention, il fallait qu'elle aussi voulait des réponses. Elle les détailla tous les trois, et ne

manqua certainement pas les cernes qui se développaient sous leurs yeux.

Sirius ignora la question et James haussa les épaules. -Pff... souffla une Mary énervée.

-Vous savez, souffla soudain une voix à côté d'eux, s'ils ne veulent pas nous dire, c'est qu'ils ont une bonne raison, non ?

Toutes les têtes se tournèrent vers une Dorcas rougissante. Elle haussa les épaules, ne sachant pas comment réagir.

-J'avais cru comprendre la dernière fois qu'ils s'inquiétaient beaucoup pour Remus et sa mère. Peux être que cette fois son état s'est empiré et du coup ça les a plus affectés ? Croyez-moi, ont à souvent du mal à dormir à cause du stress.

-Mouais, marmonna Mary, peu convaincu mais qui ne fit pas d'autre commentaire.

-Bon, s'exclama Lily, ce n'est pas tout, mais si on n'y va pas, on va être en retard.

En se levant elle croisa le regard reconnaissant de James, elle hocha la tête et poursuivit son chemin, suivit par une Mary boudeuse.

Elle connaissait le secret de Remus, mais elle ne supportait pas le fait que les garçons leurs mentent impunément. Elle savait bien que même si on ne dormait pas de la nuit, on était loin de revenir le lendemain avec une tête de zombi mort au moins quarante fois. Encore plus quand ça durait plus d'une semaine, si c'était bien à cause du stress, ils auraient dû aller trouver l'infirmière, elle n'aurait eu aucun mal à leur donner un somnifère.

La journée passa, et avec elle la visite au chevet de Remus.

Lorsqu'ils étaient arrivés le jeune homme était déjà réveillé, et même s'il affichait un visage fatigué, il leur avait souri. Sa réaction avait quelques rassuré ses amis, même s'ils n'étaient pas dupes.

Remus allait rester un moment à l'infirmerie, mais il se remettait assez bien. Sa cicatrice avait déjà complétement cicatriser, tout ce qu'il fallait maintenant, c'était qu'elle soit moins visible.

Les garçons quant à eux se remettaient plutôt bien, ils étaient toujours fatigués, et leurs cernes leur mangeait toujours le visage, mais il faut croire qu'un bon repas les avait requinqués.

***

Alice en avait plus que mal.

Elle avait beau vivre sous le même toit que Frank, ils ne se voyaient jamais. Et ça avait le don de l'énerver. Elle n'était pas du genre à craquer facilement, mais le mois dernier, les seules fois où ils s'étaient vus avait été pendant les cours de Défense Contre les Forces du Mal, et à chaque fois elle se retrouvait dans un groupe différent du sien. En soit la logique n'était pas mauvaise, s'ils se retrouvaient comme adversaire ils auraient tout deux du mal à se donner à fond, mais encore une fois, elle aurait simplement espéré qu'il lui adresse plus qu'un sourire.

Honnêtement, des fois elle en avait marre.

À quoi donc rimait cette relation s'ils n'étaient pas capables de se voir plus de deux minutes par jour ? Elle n'avait aucuns doutes sur ses sentiments, et elle savait qu'il l'aimait, il l'avait déjà assez montré, mais une relation, même dans un couple amoureux, ne menait à rien si elle n'était pas assez alimentée, elle le savait.

Alice, elle n'avait pas trop le choix, elle devait assister à tous ses cours et ne pouvait pas aller là où elle voulait, Frank au contraire était libre de ses déplacements. À bien y réfléchir elle aurait préféré qu'il ne remette pas les pieds à Poudlard leur correspondance aurait été bien moins difficile à vivre, c'était sûr.

Elle sursauta lorsque le professeur Bins lui passa à travers, par Merlin, elle détestait les cours d'histoire de la magie. Elle était bien consciente que tout le monde partageait son avis, sans doute exception faite de Lily et certains autres élèves, mais rares étaient ceux qui trouvaient ce cours passionnant.

Elle tourna la tête, bien décidé à arrêter de penser à Frank. Elle croisa ses bras sur la table, et posa sa tête dessus. Elle avait alors dans son champ de vision la jeune Evans et McDonald. Elle sourit en se disant que les deux montraient bien les deux faces du cours. Evans était très

attentif, prenant des notes sans s'arrêter, alors que Mary dormait sans doute depuis un bon moment.

Son attention fut alors attirée par un mouvement derrière la rousse, si bien que son regard dériva sur les garçons assit au rang derrière elles. Sirius devant encore avoir dit une bêtise, mais James ne semblait pas y faire trop attention, trop absorber par la jeune fille devant lui.

Personne ne l'avait vraiment dit à Lily, mais tout le monde savait ce que James faisait dès qu'elle détournait la tête. Il pouvait passer des heures à l'observer, il regardait ses cheveux briller à la lumière, sa main bouger à mesure qu'elle écrivait. Le plus perturbant à voir, était la façon dont il regardait son visage quand elle ne le voyait pas.

Elle avait beau ne plus le détester, elle avait toujours un certain rejet pour le jeune homme, et Alice était sûr que ça n'avait rien à voir avec la bêtise ambiante de James, mais plus par rapport à ses sentiments.

Ils étaient de vrais idiots. Des idiots qui s'ignorent.

Lorsque la journée se finit, et parce que le temps était assez plaisant à ce moment-là, les filles avaient décider de sortir dans le parc. Elles savaient que James et Sirius avait leur entrainement, et parce que Remus n'était pas là, Peter les avait sans doute suivis.

Cette fois-ci, les filles choisir de s'installer sur la colline qui surplombait le parc et le lac. Il faisait frai à cet endroit-là, surtout à cause du vent qui se faisait de plus en plus important, mais le soleil brillait encore dans le ciel, alors ça compensait assez bien.

Elles s'étaient posées à même le sol, mais leur cape les protégeait assez.

Alors que Mary et Lily s'était allongée côte à côté et parlaient doucement en regarda le ciel, et que Marlène s'endormie à deux pas de là, Alice et Dorcas étaient assises et regardaient en direction du lac. À un moment donné, cette dernière sortie de sa poche un petit paquet, et Alice devina tout de suite qu'il s'agissait du reste de bonbons du début du mois. Elle sourit lorsque Dorcas lui en proposa et se servit généreusement. Les deux filles se retournèrent vers le lac.

Malgré le temps, il y avait quand même peu de monde dehors. Il fallait dire que les professeurs faisaient couler les élèves sous les devoirs. Lily les avait sans aucun doute déjà finis, et bah, les filles s'y prenait toujours au dernier moment, alors ça ne changeait pas tant de d'habitude.

À un moment, un groupe d'Auror traversa l'herbe, une vingtaine de mètres en dessous d'elles, et Alice se tendis, en espérant voir Frank. Malheureusement pour elle, il n'était pas présent.

Dorcas senti son amie se tendre. Elle posa son coude sur son genou et appuya sa tête sur sa main. Elle observa un instant la jeune fille, détaillant ses cheveux blond foncé et ses yeux marrons.

-Tu as peur ? demanda d'un coup Dorcas. Alice se redressa, surprise de sa question. -De quoi ?

-De ça, lui répondit son amie en faisant un signe de la main en direction du décor. De la fin de Poudlard, de l'après, de ce qui se passe dehors, du futur avec Frank.

-Oh...

Alice se recula, et s'appuya sur les mains. Elle fixait un point invisible dans le ciel. Elle réfléchit un moment avant de répondre.

Est-ce qu'elle avait peur ? Elle n'en savait rien, à vrai dire elle ne s'était jamais posé la question. Elle ne savait même pas ce qu'elle voulait faire après Poudlard. Elle ne savait pas quoi pouvait l'intéresser, ou même en quoi elle était réellement douée.

-Je ne sais pas, répondit-elle d'une voix morne, je te dirais oui et non, je pense. Si tu me demande par rapport à Frank, je te dirais que non, si tu me demandes par rapport à la guerre, alors je te dirais oui.

Elle détailla son amie un moment son ami avant de poursuivre.

-Ce que je veux dire, c'est que qu'on décide de se battre ou non, on sera des victimes, collatérale ou non. Tu as bien vu Marlène.

Elle n'avait pas besoin de plus de mots, Dorcas avait très bien compris ce qu'elle voulait dire. Marlène avait perdu ses parents l'année précédente dans une attaque, il n'y avait rien d'autre à dire de plus.

Quelques minutes s'écoulèrent, et alors que le soleil disparaissait derrière les montages et que les élèves commençaient à rentrer dans le château, les filles décidèrent à leur tour qu'il était temps de rentrer.

Pendant qu'elles rangeaient leur affaire, une personne s'approcha, et lorsque Lily releva la tête, et croisa le regard souriant de Liv. La jeune Evans se redressa à son tour et lui rendit son sourire.

-Qu'est-ce que tu fais là ?

-Comme vous je présume, je profitais des derniers moments de chaleur, lui répond-t-elle en haussa les épaules.

Elle jeta un coup d'œil derrière Lily, et cette dernière vit que ses amies regardaient d'un œil étrange la nouvelle venue.

Embarrassée, Lily ne savait pas comment réagir, au final, elle opta pour la facilité.

-Les filles, voilà Liv Jack elle est... -Mouais on sait, marmonna Marlène.

Lily la regarda surprise de sa réponse et de sa réaction, elle se tourna vers Olivia avec un regard contrit. Elle lui répondit avec un sourire triste et reparti sans demander son reste. Lily se tourna furieuse vers Marlène qui leva les yeux au ciel avant d'attraper ses affaires et de se diriger vers l'école.

Dorcas lui lança un regard contrit et parti à sa suite. Par Merlin, il fallait vraiment qu'elles parlent.

C'est toujours vexé par l'altercation entre Marlène et Olivia que Lily attendait James devant le portrait de la Grosse Dame, et il avait intérêt à se dépêcher, parce qu'elle allait finir par déchirer le tableau. Lorsqu'il arriva elle poussa un sourire de soulagement et partir tous les deux dans les couloirs.

James ne manqua pas de remarquer l'air morne de Lily, et alors qu'il portait un regard appuyer vers elle, elle leva les yeux ciel et mit ses mains sur les hanches.

- Qu'est-ce qu'il y a Potter ?
- Rien, lui répondit-il en souriant, c'est juste amusant de te voir bouder. - Je boude pas.
- Et moi je suis un troll.
Elle l'observa un instant.
-Tiens, c'est vrai t'as raison.
-Hilarant.
-Je sais.
Il la regarda d'un air sceptique avec un légué sourire en coin. -Comment va Remus ?
James croisa les bras sur son torse et la regarda, amusé.
-Je te dis si tu me dis pourquoi tu es dans cet état...

Elle le regarda en fronça les sourcils, d'un regard qui se voulait assassin, mais qui ne fit que doubler l'hilarité du jeune sorcier. C'était fou à quel point elle pouvait être drôle dans les moments où elle voulait avoir l'air sérieuse.

-Tu me dis d'abord, parce que le cas de Remus est plus important, expliqua-t-elle.

James opina du chef, parce que son raisonnement tenait la route.

-Plutôt bien, à vrai dire. Je sais que les potions y sont pour beaucoup, et c'est marrant de laisser Mme. Pomfresh croire qu'elle a trouvé de quoi le remettre d'aplomb toute seule, alors que la vérité, c'est qu'on lui à fait passer du chocolat en cacher, dit-il dans un rire.

-C'est vrai ?

-Oui, dit-il avant de rire de plus belle, mais son sourire se transforma en grimace et il porta la main à ses côtes.

-Qu'est-ce que tu as ?

James releva la tête et essaya de paraître le moins troublé possible, mais la douleur lancinante causée par son éclat de rire était difficile à gérer. Il grimaça un instant avant de réussir à replaquer ce sourire parfait sur son visage.

Mais Lily n'était pas dupe.
-Et toi ? demanda James presser de changer de sujet. Lily haussa les épaules en soupirant.

-Honnêtement, dit-elle dans un souffle, il y a de tout et de rien. Il y a la fatigue du nombre de devoirs, le stress pour Remus, le fait que je m'étais trompé sur une grande partie et que je me suis prise une vraie claque en apprenant que ce n'était pas totalement vrai, et enfin que Marlène peut être vraiment bornée quand elle le veut.

James l'avait écouté attentivement, et profita de sa déclaration pour détendre ses muscles.

-Qu'est-ce que tu as découvert de si perturbant.
Elle le regarda avec un regard d'appréhension.
-Que tous les Serpentards ne sont pas ce que l'on dit qu'ils sont. James s'arrêta, choqué.
-Qu'est-ce que tu veux dire par là, demanda-t-il d'une voix sèche. -Comment-ça ? demanda-t-elle vexée.
James rit d'un rire sec, sans émotions.

-James, dit-elle d'un ton dur, oubliant même d'utiliser le nom du jeune, tous les Serpentards ne sont pas ses adeptes, certains sont comme moi, tu l'as vu toi-même qu'ils ne sont pas respectés, qu'ils sont torturés par les personnes de leurs maisons à cause de leurs origines.

James rit à nouveau et lui lança un regard dur.

-C'est Jack qui t'a raconté ça, pas vrai ? Ne crois pas non plus qu'elle soit innocente non plus son frère fait partit de la bande d'Avery et Mulciber bon sang, et tout le monde sait qu'un de leur passe-temps préféré est de tourmenter les né-moldus.

-Mais elle n'est pas comme ça, elle...

-Combien de fois vous êtes-vous parlez ? Une fois, deux fois grand maximum ? Enfin Lily, est-ce que tu as déjà la véhémence avec laquelle elle joue au Quidditch.

Il poussa un long soupire et se mit à marcher plus rapidement.

Lily serra les points.

-Tu dis ça à cause de Severus, pas vrai ? lui demanda-t-elle calmement.

James se retourna en se passant la main dans les cheveux d'agacement.

-Est-ce que vous allez arrêter de tourner tout le temps avec le même disque, sérieusement ?

-Je te demande pardon ?

-Tu m'as bien compris Evans, lui dit-il d'une voix dure. Peux être qu'il a pu être gentil avec toi, mais ça ne l'a pas empêché de fréquenter les mauvaises personnes. Oh, ne fais pas cette tête-là. Tu sais aussi bien que moi qu'il fait partie de leur groupe, qu'il en a toujours fait partie.

Il fit une pause un instant pour reprendre son souffle. Il en profita pour observer les yeux écarquillés de Lily.

-Même avant ce moment-là, sur la colline en 5ème année, il trainait déjà avec Avery et Mulciber. Il avait déjà fait usage de magie noir sur des élèves sang-mêlés ou né-moldus. Tu ne t'es jamais demandé pourquoi le sortilège du lévicorpus n'a jamais été enseigné en cours ? C'est parce que c'est lui qui l'a créé, et il ne s'est pas gêné pour l'utiliser à plusieurs reprises.

Lorsqu'il vit Lily trembler, il regretta aussitôt les mots qu'il avait pu avoir.

-Tu l'as toujours détesté de toutes façons, dit-elle dans un souffle. Tu l'as harcelé pendant des années.

-Non.
La réponse surpris Lily plus qu'elle ne l'aurait cru.

-Je ne l'ai pas toujours détesté. Ça a commencé quand j'ai compris ce qu'il faisait avec ces petits copains. Tu as sans doute eu cette impression, mais crois moi, j'embêtait plein d'élèves avec les garçons. Il a seulement été une de nos cibles parce que je ne comprenais pas pourquoi tu préférais rester avec lui plutôt qu'avec nous, lui confia-t-il. Tu peux croire ce que tu veux, mais je ne le harcelais pas, je lui rendais à peine la monnaie de sa pièce. Tu me dis harceleur alors que pendant des années tu le protégeais pendant que tu ne voulais pas t'avouer que ce qu'il faisait n'était ni plus ni moins que de la magie noire. J'avais cru que tu l'avais compris ce soir-là, apparemment je m'étais trompé.

Sur-ce, il se détourna à nouveau et reprit son chemin en tapant des pieds.

-Arrête, souffla Lily dans un souffle. Il l'ignora.
-Arrête-toi.
Il ne se retourna pas.

James.

Il s'arrêta, surpris qu'elle utilise son nom. Lorsqu'il se retourna, il la vit pleurer.

-Quand est-ce que tu vas arrêter de parler pour moi, de penser pour moi, d'agir pour moi ?

Il fronça les sourcils.

-Je sais que Severus a fait du mal, il m'a fait du mal à moi aussi. Mais je ne veux pas croire qu'il puisse être capable de faire ce que tu dis qu'il fera. J'y croirait que lorsque je le verrais, avant ça, je veux pouvoir lui laisser le bénéfice du doute.

Elle s'approcha doucement de lui, et il déglutit devant son regard.

-Tout à l'heure, tu m'as demandé ce qu'il n'allait pas. Et je vais te dire autre chose. Je ne veux plus que prenne des décisions à ma place, surtout quand il s'agit de ma propre santé et de mon bien être.

Il fronça les sourcils, perdu.

-Je n'aurais jamais dû te demander de m'aider, je n'aurais jamais dû accepter surtout. Tout ce que ça à fait, c'est me faire encore plus mal.

Elle s'avança, le bouscula avec son épaule et rejoignit la tour de Gryffondors.

Décidemment, leurs tours de garde étaient plus des réglages de comptes et explications que des tours pour assurer la sécurité.

Alors qu'il la regardait partir en furie dans le couloir, il dégluti.

Non seulement il venait de se disputer, et il en avait plus qu'assez, mais en plus de ça, il venait sans doute de perdre toutes les avancés qu'ils avaient pu faire jusqu'à présent.

Il se retourna en criant, et ne trouva rien de mieux à faire que de taper dans le mur.