Chapitre 38

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9 décembre 2020
99 jours


Mes pieds nus claquaient discrètement sur le carrelage blanc. Je ne savais pas où je me trouvais, ce que je faisais ici et surtout comment j'étais arrivée là. J'avais beau regarder autour de moi, les contours n'étaient que sombres et le sol immaculé. Dans cette obscurité infinie, j'avais peur. Je pouvais sentir mon cœur battre jusque dans mes oreilles, mon souffle se saccader et mes jambes trembler.
« Il y a quelqu'un ? Osai-je demander la voix affaiblie par la frayeur. »

Mais je ne reçus aucune réponse. Prenant mon courage à deux mains, je marchais dans une direction inconnue, emmêlant nerveusement mes doigts entre eux et écoutant les moindres sons autour de moi. En réalité, ce qui faisait le plus peur, c'était qu'il n'y en avait aucun. Soudainement, un cri de terreur se fit entendre, me tétanisant sur place. Une femme criait à gorge déployée et cette fois-ci, je ne voulais pas la rejoindre, craignant qu'il m'arrive quelque chose. Je sursautai d'un coup lorsque la lumière s'alluma, tout autour de moi, me permettant de découvrir l'environnement où je me trouvais. Devant moi se trouvait la femme au visage masqué, ses cheveux châtains emmêlés, ses prunelles cristallines apeurées. Elle était enfermée derrière une vitre et frappait cette dernière de son poing en criant.
« Ne lui fais pas ça ! Je t'en supplie ne lui fais pas ça ! S'époumona-t-elle en déversant un déluge de larmes. »

Je fronçai légèrement les sourcils, ne comprenant pas ce qui se passait, qui cela concernait. Tout à coup, une main attrapa mon bras et me tira fortement en arrière, non même me traîna sur le sol. Je me débattis automatiquement, tentant de me libérer de l'emprise de la personne sur moi, qui m'éloignait de cette femme.
« Maman ! Hurlai-je en tendant ma main libre. »

Je penchai la tête en arrière pour savoir qui m'entraînait avec lui, et lorsque je découvris son identité, je perdis complètement la raison et criai ma peur.
Mon ravisseur n'était autre que Damien Graham.

Je me réveillai dans un sursaut, dégoulinante de sueur, le cœur battant à tout rompre, la respiration difficile et les yeux écarquillés. Je me tournai aussitôt dans le lit, à la recherche de mon point d'ancrage. Il dormait paisiblement, non perturbé par le mouvement brusque que j'avais eu. Son visage était complètement détendu, ses lèvres légèrement entrouvertes qui laissaient percevoir la mélodie de son souffle endormi. Je soupirai longuement en glissant fébrilement mes doigts dans mes cheveux, puis je repoussai la couverture doucement. À pas de loup, je quittai la chambre pour rejoindre la cuisine. Je me remplis un verre d'eau et le bus en essayant d'oublier ce mauvais rêve.

Dix jours que j'avais quitté cet enfer et Graham continuait de me hanter toutes les nuits. Même, depuis ma discussion avec Ava et Namjoon, depuis que j'avais prononcé à voix haute mes châtiments, c'était devenu plus horrifiant. Au début, Jungkook avait été d'un bon soutien : cela avait duré une journée, tout au plus. Comme avant, son travail lui prenait du temps et il me laissait de plus en plus seule à la maison. Je ne lui avais encore rien raconté, et même s'il disait qu'il allait patienter le temps qu'il faudrait, je voyais bien que bientôt il n'allait plus pouvoir se retenir.
Je n'allais vraiment pas bien. Tout s'aggravait. S'il ne me prévenait pas pour le moindre geste qu'il faisait, je me recroquevillais sur moi-même. Je pleurais pendant de longues heures, assise sur le canapé jusqu'à ce qu'il rentre de son entreprise. Je sursautai pour un rien, pour le moindre claquement de porte dû à un coup de vent. Il m'arrivait d'avoir des moments d'absence durant lesquels je ne me souvenais pas de ce que j'avais fait durant ce temps. Je restais aussi muette pendant de longues minutes lorsqu'on me parlait.

J'avais l'impression de devenir folle.

Et pour couronner le tout, aujourd'hui je me sentais nauséeuse. J'avais mal à la tête, mes muscles me tiraient, ma poitrine me faisait souffrir. Je mourrai de faim, mais en même temps, l'idée de manger me donnait envie de vomir. Je passai une main fatiguée sur mon front en expirant longuement. Quand est-ce que j'allais pouvoir avoir un moment de calme ? Étais-je condamnée à ne vivre qu'une vie de souffrances ?

Je fus ramenée à moi en entendant des pas se rapprocher de moi, et lentement, je relevai mon visage dans cette direction pour apercevoir le propriétaire de la maison arriver, vêtu de sa chemise blanche et de son pantalon noir. Il attachait ses boutons de manche sans se rendre compte de ma présence ici. Quand il me remarqua, il arqua simplement un sourcil avant de s'approcher de moi et de se pencher légèrement vers moi. Seulement, mes muscles se tendirent d'un coup et j'eus simplement le réflexe de rentrer la tête entre mes épaules tout en levant mes bras pour me protéger. Je l'entendis soupirer tristement avant de s'écarter et de prendre la parole :
« Je voulais simplement t'embrasser, prononça-t-il doucement. Bon... Je vais y aller. À ce soir, ajouta-t-il lorsqu'il comprit que je n'allais pas lui répondre. »

J'acquiesçai dans un murmure et il se pinça les lèvres dans une moue réflexive avant de me tourner le dos et de partir, sans que je ne le suive jusqu'à la porte. Cette dernière claqua et soudainement, mes jambes me lâchèrent, me faisant tomber durement à genoux. Un sanglot silencieux compressa ma poitrine sur laquelle je portais ma main, et les larmes se joignirent à ma douleur. Je ne voulais pas qu'il parte et pourtant, je n'avais rien fait pour le retenir...
Je pleurais pendant plusieurs minutes, le corps secoué par mes violents pleurs, ma cage thoracique martyrisée par mon poing qui s'abattait par moments dessus. J'avais tellement mal et pourtant, la douleur que je m'infligeais me semblait presque indolore par rapport à celle intérieure que je ressentais. J'étais fatiguée, physiquement et surtout mentalement. J'avais besoin de dormir et je n'y arrivais pas à cause de mes cauchemars. Dès que je fermais les yeux, il apparaissait, plus effrayant que jamais. Pourquoi ne me lâchait-il pas ? Il avait dit qu'il allait faire de ma vie un enfer et c'était le cas.

Je voulais que tout s'arrête...

J'inspirai difficilement de l'air et me forçai à me remettre sur mes pieds, puis remontai dans la chambre de Jungkook. Je me dirigeai automatiquement vers sa table de nuit et ouvris le petit tiroir à la recherche de ma solution. Fouillant entre les objets qui se trouvaient dedans comme des feuilles, une montre, des stylos, un carnet de notes, des préservatifs, je finis par repérer ce que je cherchais. Du Zolpidem. Je ne voulais pas spécialement cela, plus le traitement secret que le noiraud prenait contre ses insomnies, mais j'allais devoir me contenter de ça. Je pris un cachet que je coinçai dans ma bouche et allai l'avaler en prenant de l'eau dans le robinet de sa salle de bain. Puis, lentement, j'allais me glisser sous la couverture en attendant que le sommeil vienne me cueillir et espérant que mon mal disparaîtrait...

Je me réveillai d'un coup et jetai mes jambes hors du lit pour courir jusque dans la salle d'eau, m'agenouiller devant les toilettes avant de régurgiter la bile de mon estomac vide. Je toussai, m'arrachant presque la gorge déjà irritée par le passage acide de ce que contenait mon ventre. Je tirai fébrilement la chasse et allai vers le lavabo pour nettoyer ma bouche puis me passer un peu d'eau fraîche sur le visage. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait... Je n'étais jamais tombée malade. Appuyée contre le meuble, je cherchais à comprendre ce qui pouvait me faire être comme ça. Une sueur froide dégoulina le long de ma colonne vertébrale lorsqu'une hypothèse me vint en tête. Je courus jusque dans ma propre salle de bain et ouvris un tiroir pour laisser apparaître devant mon regard mes paquets de serviettes hygiéniques. Depuis quand n'avais-je pas eu mes règles ? Les yeux écarquillés d'horreur, je me retins de justesse au mobilier lorsqu'un coup de faiblesse me prit.

Je ne pouvais pas... Non c'était impossible...

D'une démarche tremblante et incertaine, j'allai récupérer mon portable qui chargeait sur ma table de nuit et le déverrouillai avant de composer le seul contact qui se trouvait dedans. Je collai l'appareil contre mon oreille, respirant de manière saccadée tant que la peur m'oppressait.
« Réponds... Réponds s'il te plaît, suppliai-je dans un murmure. »

La sonnerie résonna jusqu'à ce que la voix masculine de sa messagerie ne se fasse entendre. Je raccrochai vite et retentai de l'avoir. Après cinq appels manqués, je finis par décider de lui laisser un message vocal tout en m'asseyant sur le bord de mon lit.
« Jungkook... fis-je la gorge serrée. Rappelle-moi s'il te plaît... J'ai un problème... J'ai besoin de te voir... »

J'arrêtai l'enregistrement du message puis reposai mes mains sur mes cuisses avant de me mettre à pleurer à nouveau. Je vivais une véritable catabase... Lorsque je me levai, je vis aussitôt mon reflet dans le miroir de ma salle de bain et mon regard descendit le long de ma silhouette pour s'arrêter sur mon ventre. Je fronçai tristement les sourcils avant de m'approcher de mon armoire pour me changer rapidement. Je devais en avoir le cœur net.

Je fis claquer la porte d'entrée après mon arrivée. Je ne pris pas la peine de me déchausser et me dirigeai vers la cuisine pour boire un verre d'eau à trois reprises. Puis, rapidement, j'allai dans ma salle de bain, déposai mon petit sac en papier provenant de la pharmacie la plus proche sur le meuble. Je pris au hasard une des deux boîtes que j'avais achetées et sortis son contenant pour prendre entre mes doigts la notice. C'était la première fois que j'achetais un test de grossesse... Le pharmacien avait presque refusé de me le vendre parce que c'était généralement les hommes qui venaient les prendre, car une femme ne pouvait prendre un test seul au risque de cacher la grossesse à son mari et de se faire avorter illégalement. Mais bon, j'avais joué mon rôle de Doll à la perfection et comme une poupée ne trahissait pas son Maître, il avait fini par céder. Et là, je me trouvais à tenir entre mes doigts tremblant l'objet qui allait peut-être me déchirer.

Jungkook ne m'avait pas rappelée, peut-être même qu'il n'avait pas vu que j'avais essayé de le contacter par cinq fois. J'espérais qu'il serait d'un soutien si mon cauchemar devenait véridique. Sentant que je pouvais faire le test, je pris un petit récipient en plastique et l'utilisai pour recueillir mon urine avant de déposer à l'intérieur le petit objet long et blanc. Je le laissai quelques secondes dedans avant de le déposer délicatement sur le bord de la vasque. Il ne me restait plus qu'à attendre trois ou quatre minutes. Je me mis à faire les cent pas, tirant nerveusement mes cheveux en inspirant et expirant de manière rapide et désorganisée.

Négatif. Je voulais que cela soit négatif.

Le temps écoulé, je m'approchai avec crainte du test. Je le pris à contrecœur entre mes doigts et des larmes se mirent à couler automatiquement sur mes pommettes.

Positif.

Ne voulant pas y croire, je repartis en courant dans la cuisine, refis mon manège avec les verres d'eau avant de revenir dans la salle de bain et de prendre un test de grossesse différent. Le pharmacien m'avait conseillé d'en faire deux parce qu'il se pouvait que ce soit un faux positif ou un faux négatif. Si ce deuxième était négatif, alors je devais prendre en compte son résultat. Et je priais tout et n'importe quoi pour qu'il le soit.

De nouveau dans l'attente, je tenais cette fois mon portable dans la main en fixant l'écran avec le triste espoir qu'il m'appelle soudainement. J'avais terriblement besoin de lui, vraiment... Je m'approchai du meuble, jetai qu'un simple regard sur l'objet avant qu'une grimace de désespoir n'étire mes lèvres tandis que je tombais à genoux. Je m'assis contre le mobilier, ramenant mes jambes contre moi alors que je sanglotais silencieusement à cause du résultat qui annonçait l'horreur qui m'attendait.

Je ne pouvais pas...

Non je ne pouvais pas continuer à vivre avec cette chose en moi...

Alors que je commençais à chercher un moyen de mettre fin à tout ça, mon portable se mit à sonner et je portai automatiquement l'appareil à mon oreille.

C'était trop tard pour m'appeler...

Mon portable ne faisait que vibrer dans la poche de mon pantalon et comme j'étais en pleine réunion, je ne pouvais me permettre de répondre à l'appel de la personne qui me dérangeait. En réalité, je pouvais y répondre si j'en avais l'envie, seulement, je ne l'avais pas. Ce qui se passait en ce moment était très important, on était en train de parler d'un truc qui allait très rapidement me faire chier : le passage imprévisible de mon père. Je n'avais aucune envie de le voir. J'avais réussi à l'éviter pendant plus d'un an et voilà qu'il voulait repointer sa sale carcasse dans mon empire ? Il pouvait aller se faire voir ! Donc, cette réunion très importante avait pour but de faire comprendre à tout le monde que mon paternel n'était pas autorisé à entrer ici et qu'il fallait le jeter dehors avec un coup de pied au cul s'il insistait. De plus, je prévins que si quelqu'un cherchait à accepter de le faire entrer, il allait perdre son poste. Et j'allais être intransigeant là-dessus. Je haïssais plus que tout ce connard pour ce qu'il avait fait à ma mère, alors il ne fallait pas attendre de moi que je l'accueille à bras ouverts alors que dans mes rêves, je ne voulais que le tuer.

Une fois sûre que tous les chefs d'équipe avaient compris que c'était à leur risque et péril de laisser pénétrer ne serait-ce qu'un seul orteil de Salvador Jeon, je mis fin à notre entretien et quittai la salle, accompagné de Jin. Je pris mon téléphone en mains et fronçai les sourcils en voyant que c'était Crystal qui avait tenté de me contacter cinq fois. Collant l'appareil contre mon oreille, je levai la main pour faire comprendre à mon ami qu'il devait se taire et écoutai le message de la châtaigne.
« Jungkook... Rappelle-moi s'il te plaît... J'ai un problème... J'ai besoin de te voir... »

Sentant que quelque chose de grave se passait, je composai rapidement son numéro en marchant en direction de l'ascenseur, prévenant Seokjin en quelques mots que je devais rentrer chez moi de toute urgence. Elle décrocha trop tardivement à mon goût, mais je ne lui fis pas la remarque lorsque j'entendis son reniflement.
« Crystal ? L'appelai-je en arrivant au rez-de-chaussée.
- Hum...
- Pourquoi m'as-tu appelé ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Je ne peux pas Jungkook... sanglota-t-elle soudainement.
- Qu'est-ce que tu ne peux pas ? Répétai-je en m'approchant de ma voiture. Explique-moi ce qui ne va pas.
- Jungkook je ne peux pas ! S'il te plaît, rentre à la maison ... continua-t-elle de plus en plus désespérée.
- Écoute-moi Crystal, commençai-je doucement en comprenant que c'était pire que je ne le pensais. Tu restes où tu es et tu ne fais rien. Je suis en voiture et je quitte l'entreprise là. Je rentre tout de suite donc attends-moi sagement, d'accord ?
- Fais vite...
- J'arrive bientôt. Si tu veux je ne raccroche pas et... »

Mais elle coupa l'appel, ce qui m'inquiéta d'autant plus. Je rentrai dans le véhicule et démarrai aussitôt sans même prendre le temps de m'attacher. Je savais que l'état de Crystal empirait de plus en plus et je ne lui étais pas d'une grande aide. Je ne savais pas comment l'aider. Pour la première fois de ma vie, j'étais désemparé face à son désespoir. J'avais su me remettre sur pieds tout seul quand moi-même j'avais été assailli par le malheur après la perte de ma mère ou encore celle de Violet, alors je ne savais pas ce que c'était d'être réconforté. Je voulais lui être utile, l'aider à chasser sa peine, sa douleur, mais comment faisait-on cela quand on ne pouvait pas l'approcher sans qu'elle n'ait peur qu'on la frappe ? Alors oui, j'avais peut-être fui en priorisant de nouveau mon boulot, mais j'étais perdu. J'avais connaissance qu'elle faisait des cauchemars tous les jours, mais elle ne me disait rien. Je voulais qu'elle me partage ses peurs, qu'elle me raconte ses traumatismes et comme ça, je pourrais analyser plus amplement la situation et maîtriser justement cette situation. Sauf que c'était le néant. Je n'étais au courant rien. Si, je savais que cette enflure de Graham l'avait violée, frappée, mais pas en détails de ce qu'il avait fait et ce qu'il avait utilisé pour la briser comme elle l'était maintenant.

Je garai ma voiture devant ma demeure et sortis précipitamment de cette dernière. Mon entrée fut fracassante. Je fis claquer la porte contre le mur et sans prendre la peine de la refermer, je criai le prénom de la jeune femme. Je ne reçus aucune réponse.
« Crystal, bordel tu es où ! Hurlai-je en sentant mon cœur s'accélérer dans ma cage thoracique. »

Suivant mon instinct, je me dirigeai vers sa chambre que j'ouvris brusquement dans la précipitation avant de m'arrêter au seuil de sa salle de bain. Je la trouvai assise à même le sol, le dos contre le meuble, le front contre ses genoux. Je frappai trois coups contre le cadre de la porte, attirant lentement son attention et vis ses yeux rouges d'avoir trop pleuré, son teint pâle et ses cernes noirs.
« Qu'est-ce qui se passe Crystal ? Demandai-je en prenant soin de ne pas être brutal dans ma question.
- Regarde par toi-même, dit-elle en me désignant d'un geste du menton la vasque de son lavabo. »

Ne comprenant pas pourquoi elle voulait faire ça, je m'approchai du lavabo et me figeai sur place en reconnaissant des tests de grossesse. J'en pris un entre mes doigts et sentis mon souffle s'arrêter de lui-même en voyant le résultat positif. Je n'avais pas besoin de vérifier l'autre pour savoir que si elle était dans cet état, c'était parce que l'autre avait le même résultat.
« Ça... ça ne veut pas dire que tu l'es, articulai-je après un moment d'hésitation.
- Comment ça, ça ne veut pas dire que je le suis ! Répéta-t-elle en se mettant sur ses pieds. Je suis enceinte Jungkook ! Et pas de toi parce qu'on ne l'a jamais fait. Donc ça veut dire que c'est de Graham que je le suis ! Je porte l'enfant d'un monstre, Jungkook ! Hurla-t-elle en tirant ses cheveux tout en essayant de retenir ses larmes.
- Crystal, calme-toi, on...
- Comment veux-tu que je me calme ! Je ne peux pas avoir cet enfant Jungkook ! Je ne peux pas... S'il te plaît, fais quelque chose... s'effondra-t-elle à genoux, serrant ses bras autour de son corps secoué par ses sanglots. »

Je m'agenouillai automatiquement près d'elle et la pris contre moi. Elle ne sursauta pas cette fois et se blottit même contre mon buste, cachant son visage contre ma chemise en pleurant je ne savais quelle larme il lui restait. La douceur que je mettais dans mes caresses au niveau de son dos contrastait parfaitement avec la rage qui faisait battre mon cœur. Crystal avait déjà tant éprouvé et il fallait que cet homme l'ait mise enceinte. J'étais en colère. Elle ne pouvait pas l'être... Je ne pouvais pas le croire et je ne voulais pas le croire. Réfléchissant à vive allure, j'alternai mon regard entre la jeune femme et les tests de grossesse toujours sur le bord du lavabo. On avait besoin d'être certain, et je savais comment faire.
« Lève-toi, on s'en va, annonçai-je en caressant doucement ses cheveux.
- Aller où ? Me questionna-t-elle entre deux reniflements.
- Je connais quelqu'un qui pourra affirmer si tu es enceinte. Il faut qu'on le sache, répondis-je en me relevant. »

Elle ne dit rien mais je savais qu'elle allait me suivre. Je pris les deux tests de grossesse et les rangeai dans la poche de mon pantalon avant de prendre la main de la châtaigne et de la diriger vers la voiture. Un faux positif, il fallait absolument que cela en soit un, sinon, je craignais que Crystal ne puisse plus jamais se relever...

Discrètement, je menais Crystal avec moi dans les couloirs de l'hôpital. Il fallait l'avouer, je ne voulais pas que la presse nous repère ici. J'avais déjà bien des problèmes avec eux, il ne fallait pas qu'ils suspectent une grossesse chez Crystal, s'il s'avérait qu'elle en avait une. Après avoir vérifié par la fenêtre qu'une chambre que j'avais repérée était vide, j'ouvris la porte et nous fis entrer.
« Écoute-moi bien. Je vais chercher la personne que je connais, mais il faut que tu restes ici. Je reviendrai vite, promis, prévins-je en la guidant jusqu'au lit pour qu'elle s'assoie dessus. »

Elle ne me répondit pas, son regard simplement porté à ses chaussures, ce qui me fit souffler. Je déposai un rapide baiser sur le dessus de son crâne puis quittai la pièce. Au moins, elle n'avait pas sursauté quand je l'avais approchée...

Je me mis rapidement à la recherche de ma connaissance et je pensais savoir où la trouver. Marchant dans les couloirs, tête baissée pour ne pas trop porter l'attention sur moi, je me dirigeais vers le secteur obstétrique-pédiatrique. Le personnel médical était composé en majorité d'hommes et de quelques femmes, la plupart étant des infirmières, bien en dessous dans la hiérarchie. Et il était encore plus rare de voir une femme en pédiatrie, car il ne fallait pas qu'elles insufflent de mauvaises pensées aux nourrissons. Mais celle que je connaissais avait su décrocher cette place dans cette spécialité et elle allait encore plus pouvoir m'aider.

Posté à un angle de mur, je la repérai avec joie. Elle s'approchait de moi, tenant un dossier entre ses mains qu'elle devait sûrement être en train d'analyser. Je l'attrapai soudainement par le bras et l'entraînai dans une pièce vide en face, la surprenant au passage. Je plaquai ma main sur sa bouche pour l'empêcher d'alerter tout le monde, mais lorsqu'elle comprit que ce n'était que moi, elle me tua du regard. La jolie rousse retira ma paume sans arrêter de me foudroyer de ses prunelles, puis, après avoir pris une grande inspiration, elle me fixa avec un regard à la fois rempli de reproches et d'interrogations.
« Dis-moi ce que tu as encore fait comme bêtise, soupira-t-elle. Parce que si c'était juste pour venir me rendre visite, tu sais très bien que tu veux venir nous voir à la maison. Ce n'est pas comme si Jin était ennuyé de tes visites imprévues, râla-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.
- À t'entendre parler, j'ai l'impression que tu ne m'apprécies pas Leslie, dis-je avec un léger sourire en coin.
- Tu es mon ami d'enfance Jungkook, bien sûr que je t'apprécie ! Qu'est-ce que tu as encore fait, tu m'inquiètes... Tu sais que je ne vais pas pouvoir modifier tous les actes de décès sans arrêt. Je vais finir par me faire choper et je te préviens, je n'ai pas l'intention d'aller en prison avant de m'être mariée !
- Ce n'est pas pour ça que je suis venu, répondis-je sérieusement. Cela concerne Crystal, avouai-je en vérifiant que personne ne se trouvait dans le couloir.
- Crystal ? Comment va-t-elle ? J'ai appris par Jin que tu l'avais cédée à quelqu'un d'autre d'ailleurs ! Mais que tu es con ma parole ! Termina-t-elle en me claquant l'arrière du crâne.
- Aïe ! Mais je l'ai récupérée, me défendis-je avec une grimace.
- Tu avais intérêt ! La pauvre a été abandonnée par ta faute... Bon, qu'est-ce qu'elle a ? Demanda-t-elle en retrouvant son calme.
- Elle est enceinte, déclarai-je en sortant de ma poche les tests.
- Tu l'as mise enceinte en plus ! Non mais ce n'est pas qu'une claque que tu vas recevoir mais bien un coup de poing dans ta gueule d'ange Jungkook ! S'énerva-t-elle en se rapprochant de moi.
- Ce n'est pas de moi qu'elle est enceinte, la coupai-je dans son élan pour me frapper à nouveau. Graham l'a violée... Je ne l'ai jamais touchée...
- Oh non, fit-elle en écarquillant les yeux, ayant compris ce qui se passait. »

Aussitôt, elle prit les tests en mains et les regarda tour à tour plusieurs fois avant de laisser une triste moue tirer les traits de son joli faciès.
« Dis-moi que c'est un faux positif, soufflai-je en tapotant nerveusement du pied.
- Jungkook... Ils sont tous les deux à être positifs... Tenta-t-elle de me faire comprendre que c'était vrai.
- Est-ce qu'il y a une chance que cela soit un faux positif ? Insistai-je en me rapprochant d'elle.
- Infime... Il faudrait faire une prise de sang pour vérifier les hormones de grossesses présentes et peut-être même une échographie pour aller plus loin, réfléchit-elle. Je peux aller te chercher un médecin si tu veux.
- Non, non, non ! L'interceptai-je en bloquant la porte. Personne ne doit savoir pour Crystal. Si elle est véritablement enceinte, ce n'est pas mon gosse et Graham pourra réclamer son droit de garder Crystal avec lui, expliquai-je précipitamment.
- Mais Jungkook, je ne peux pas le faire moi. Je n'ai pas le droit !
- Tu m'aides à cacher mes meurtres, tu peux faire ça pour moi aussi ? S'il te plaît ? La suppliai-je presque à mon plus grand étonnement.
- Je veux que tu me rendes un service alors, imposa-t-elle en fronçant les sourcils.
- Ce que tu veux, acquiesçai-je en la fixant dans les yeux.
- Je veux que tu donnes deux semaines de vacances à Jin pour que je puisse profiter pleinement d'une lune de miel, dit-elle avec un sourire en coin.
- Pas de soucis. Et comme je suis gentil avec toi et que je te remercie de tout ce que tu fais pour moi, il en aura trois, acceptai-je en venant embrasser son front. »

Son sourire s'agrandit et ensemble nous quittâmes la pièce pour rejoindre celle où j'avais laissé la châtaigne. Seulement, lorsque j'ouvris la porte, je découvris la chambre vide.
« Heu... Tu es sûr de l'avoir laissée ici ? M'interrogea Leslie en vérifiant la salle de bain.
- Oui !
- Attends attends ! Je viens de capter un truc ! Tu as laissé une fille violée qui est sûrement enceinte de son violeur toute seule ? Mais tu es complètement dingue Jungkook ! S'écria-t-elle en quittant précipitamment la chambre.
- Comment ça ? Fis-je en partant à sa poursuite.
- Tu as été trop insouciant ! On ne surmonte pas un traumatisme comme ça, tu as bien vu comment j'avais été quand j'ai vu ma mère se faire assassiner devant mes yeux. Il m'a fallu du temps et ses blessures à elle ont été rouvertes par cette possible grossesse. Tu crois qu'elle va accepter de vivre une telle vie ! Tenta-t-elle d'expliquer dans sa course.
- Je suis là pour la soutenir ! Répliquai-je, ne comprenant pas ce qu'elle voulait dire.
- Pardonne-moi de te dire ça mais tu n'es pas d'un grand soutien Jungkook. On sait tous les deux que tu es trop maladroit pour réconforter quelqu'un. Et crois-moi, même l'amour qu'elle te porte ne lui permettra pas de tenir. Elle doit sûrement vouloir en finir. »

Je pigeai enfin ce qu'elle voulait dire et mon corps se mit à frissonner de peur. Nous nous pressâmes jusque dans une pièce qui se trouvait être la réserve. Suivant l'instinct et la réflexion de la rousse, nous avançâmes silencieusement entre les casiers jusqu'à percevoir de nombreux reniflements. Je passai alors devant la fiancée de Seokjin, pour être le premier à découvrir Crystal, assise sur ses genoux au sol, tenant un scalpel dans une main, la lame posée sur son poignet à la peau fine. Mais lorsqu'elle discerna nos pas, elle tourna aussitôt son visage baigné de larmes vers nous.
« Crystal, fis-je doucement en levant les mains. Pose ce scalpel s'il te plaît, quémandai-je prudemment.
- Pourquoi ? Je n'ai pas envie de continuer à me battre en vain, répondit-elle en fronçant tristement les sourcils.
- Ce n'est pas la chose à faire... Je sais que tu souffres et que tu aimerais en finir, mais tu dois continuer à vivre, insistai-je en faisant un pas vers elle.
- À quoi bon continuer à vivre alors que je n'ai rien qui me rattache ici ? Je n'ai rien ! Je n'ai pas de famille, pas d'amis, j'ai perdu des sœurs. Je ne sais même pas où est Saphir, si elle est en vie ou non ! Sanglota-t-elle les mains tremblantes.
- Tu n'as pas rien Crystal... Saphir, si tu veux, je la rechercherai pour toi, lui proposai-je en faisant un autre pas vers elle.
- Je suis fatiguée Jungkook... Je ne veux pas continuer à vivre en sachant que je suis enceinte d'un monstre, fit-elle en reniflant. Laisse-moi en finir...
- Si je fais ça, alors ce sera à mon tour de me retrouver sans personne, lançai-je tout à coup sans arrêter ma lente marche. Je t'ai dit qu'il ne fallait jamais s'attacher à quelqu'un parce qu'on finit par en souffrir lorsqu'il part. J'ai été idiot pour m'attacher à toi... Tu comptes pour moi Crystal et je ne veux pas te perdre, avouai-je en étant presque assez proche d'elle.
- Tu dis ça parce que tu as encore besoin de moi pour te venger de Monsieur Kerberton, répliqua-t-elle en appuyant un peu plus la lame sur sa peau.
- Ce serait te mentir si je disais que ce n'était pas pour cela, mais... Mais ce n'est pas entièrement vrai. Tu comptes pour moi Crystal. Tu fais partie de ma vie et je ne veux plus que tu la quittes. Je t'ai fait souffrir et j'en paye le prix. Mais je veux t'aider, sincèrement. Je veux t'empêcher d'avoir mal à l'avenir, je veux te faire sourire et te montrer les plaisirs de la vie. Je ne laisserai plus personne te faire de mal, alors s'il te plaît. Continue à te battre, à vivre... Pour moi, terminai-je en m'agenouillant à côté d'elle. »

Ses prunelles cristallines fixaient mon visage avec désespoir tandis que je voyais que mes mots la faisaient douter. Elle se pinça les lèvres, pesant le pour et le contre de la chose. Je comprenais sa détresse et si j'avais été à sa place, j'aurais sûrement moi aussi voulu en terminer. Mais je n'étais pas à sa place et je ne voulais pas la perdre. Sincèrement.
« Tu promets que ça va aller mieux ? Demanda-t-elle en décollant le scalpel de son poignet.
- Je te le promets. Je veillerai sur toi et je m'adapterai pour toi, pour que je puisse être une épaule solide sur laquelle tu pourras pleurer dès que tu en auras l'envie, assurai-je avec un maigre sourire. Mon amie va vérifier d'abord que tu n'es pas enceinte, ajoutai-je en désignant la rouquine derrière moi.
- Salut Crystal. Tu te souviens de moi ? La questionna gentiment Leslie.
- Tu es la fiancée de Seokjin, dit-elle simplement en retour.
- C'est ça. Je vais vérifier la présence d'hormones de grossesse dans ton sang et pour cela, je vais devoir t'en prélever, l'informa-t-elle doucement. Est-ce que tu veux bien donner le scalpel à Jungkook ? »

Je vis la châtaigne se tendre en entendant sa demande, puis, elle finit par abdiquer en me tendant l'objet métallique. Tout de suite, je le rangeai quelque part en sûreté avant de revenir vers les deux filles. Leslie trouva le matériel qui lui fallait et procéda rapidement à la prise de sang avant de nous quitter pour lancer les analyses. Quant à moi, je revins m'asseoir auprès de mon ancienne Doll, la prenant tout de suite et silencieusement dans mes bras. Je lui avais promis d'être un meilleur réconfort et j'allais le devenir. Elle se blottit contre moi, reniflant par moment et tenant ma chemise dans sa main.
« Que se passera-t-il si je suis vraiment enceinte ? Me demanda-t-elle à mi-voix.
- Alors on fera en sorte que tu ne sois pas obligée de mettre au monde cet enfant, répondis-je sachant que cela allait être une chose difficile. »

Elle acquiesça dans un faible hochement de tête et reposa cette dernière sur mon épaule, attendant avec moi que mon amie revienne. Cette dernière refit apparition devant nous au bout d'une quinzaine de minutes. Elle tenait dans sa main droite un petit pot qui cliquetait au bruit de ses pas et vint s'accroupir devant Crystal.
« J'ai une bonne nouvelle, commença-t-elle. C'était plus de peur que de mal. Tu n'es pas enceinte, mais tu as fait une grossesse nerveuse, ce qui a donné ces deux tests positifs, expliqua-t-elle avec un sourire tendre.
- Donc... Tout va rentrer dans l'ordre ? La questionna-t-elle en retour sans se décoller de moi.
- Il te faut juste prendre ces cachets. Ils vont simplement rappeler à ton cerveau qu'il n'a pas besoin de produire des hormones de grossesse. Quand tu rentreras chez toi, mets tout de suite une serviette hygiénique parce que tes règles vont arriver et ça va faire un peu mal malheureusement, déclara-t-elle en lui tendant le traitement. Jungkook, je peux te parler s'il te plaît ? »

Je me détachai doucement de la jeune femme qui avait récupéré le pot et de l'eau que lui avait donnée son aînée, puis suivis cette dernière un peu plus loin, assez pour ne pas qu'on nous entende.
« Bon, finalement ce n'était pas une grossesse, soupirai-je de soulagement en passant ma main dans ses cheveux.
- Jungkook, une grossesse nerveuse ne donne presque jamais de tests positifs, c'est rarissime. Ses résultats me l'ont bien prouvé... Elle était réellement enceinte de deux semaines. Mais ne t'inquiète pas, j'ai pris un risque énorme, mais je lui ai donné de la mifépristone et du misoprostol. C'est ce qu'on utilise pour l'avortement, m'apprit-elle tristement.
- Tu as bien fait... Merci beaucoup Leslie, la remerciai-je sincèrement.
- Ne lui dis rien. Elle vivra bien mieux en se disant que c'était que son cerveau qui lui jouait des tours, que de savoir qu'elle l'était réellement, déclara-t-elle tandis que j'acquiesçai. Tu le pensais ce que tu lui as dit ? M'interrogea-t-elle soudainement.
- Quoi ?
- Qu'elle comptait pour toi ? Est-ce que c'était vraiment sentimental ou bien parce qu'elle est comme nous tous, un pion sur ton échiquier ? Me demanda-t-elle en s'adossant contre la porte.
- Ça me tue de le dire mais c'est vrai. Elle est entrée dans ma vie, et même si j'ai essayé de la repousser, en voulant la libérer de sa condition de Doll, je me suis permis de l'apprécier, soufflai-je en entendant les pas de la concernée qui arrivait vers nous.
- Alors prends soin d'elle s'il te plaît. Je te connais depuis qu'on est enfant, et même si tu aimes nous faire croire que tu n'as pas de cœur, j'ai connu le Jungkook du passé et je sais qu'il en avait un. Il est juste caché, termina-t-elle en posant sa main sur mon buste. Et d'ailleurs, passe nous voir plus souvent à la maison, ajouta-t-elle en se mettant sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ma joue.
- Je viendrai vous embêter lors de votre lune de miel, plaisante-je, ce qui la fit rire elle aussi. »

Elle me fit un clin d'œil et s'approcha de Crystal pour la prendre dans ses bras, lui murmura je ne savais quoi à son oreille avant de s'écarter et de nous saluer pour retourner à son travail. Je fis signe à la châtaigne de me suivre et nous quittâmes à notre tour l'hôpital.

Cela faisait une heure et demie que nous étions de retour à la maison. Crystal dormait maintenant dans notre lit, après avoir supporté d'atroces contractions dues "à ses règles". Tant qu'elle ne se doutait pas qu'elle était en train de perdre l'embryon, c'était pour le mieux. Je l'observais depuis quelque temps, assis sur le matelas. Elle semblait enfin un peu plus apaisée, son sommeil paraissait calme pour l'instant. Mais je savais que son cauchemar pouvait revenir à tout moment... Et j'allais l'aider à s'en débarrasser pour de bon. J'allais être plutôt occupé pendant quelques heures, le temps qu'elle se repose.
J'avais une visite de courtoisie imprévue à rendre. 

Ce chapitre a été le plus difficile à écrire, que ce soit pour les émotions mais aussi pour moi. J'avais le cœur serré pendant toute l'écriture... 

J'espère qu'il vous a plu et qu'il a nourri vos pensées sur les personnages. 

Gros cœur sur ma petite Leslie qu'on avait pas vu depuis trop longtemps ! 

À bientôt pour le prochain chapitre !

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