✨~[I/28]~✨

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Livre I : Chapitre 28


Le lendemain, Lym s'éveilla de bonne heure, car elle avait prévu de faire un tour à la piscine puis, l'après-midi, d'aller voir Sofy. Elle prit son sac dont on ne voyait même plus le tissu rouge sous les badges et autres décorations qui le recouvraient, puis sortit en saluant sa sœur et prit son vélo ; sans même réfléchir, elle fit le trajet par automatisme et arriva très vite devant la piscine publique qui était quasiment vide à cette heure-là. Elle inspira à pleins poumons les senteurs de chlore et de savon citronné, accompagnées de la discrète odeur des tartes aux pommes caractéristique du village. Lorsqu'elle en ressortit, ses cheveux roux collaient à sa peau, elle sentait le chlore à des kilomètres à la ronde et elle était si épuisée qu'elle eut du mal à pousser son vélo jusqu'au coin de forêt où Sofy et elle s'étaient donné rendez-vous, mais elle se sentait apaisée et joyeuse.

Son amie, qui n'était jamais en retard, l'attendait, assise sur une souche de bouleau craquelée et au tronc veiné de sève séchée, occupée à mettre des marguerites dans ses deux longues tresses blondes. Dans la douce lumière qui filtrait de derrière les nuages, ses cheveux blonds pleins de fleurs, elle avait l'air d'un ange. Lorsqu'elle l'entendit arriver, elle se tourna vers elle et son joli visage innocent s'illumina ; ses yeux bruns brillèrent d'allégresse, elle lâcha les fleurs qu'elle avait dans les mains et courut vers elle en faisant voler derrière elle ses deux tresses. Enjambant son vélo qui était étendu par terre, elle se précipita vers Lym, qui ouvrit grands les bras et la serra contre elle en riant.

- Sofy !

- Lym, tu m'as trooop manqué !

- Toi aussi, si tu savais !

Elles s'assirent sur la souche d'arbre pour discuter un peu, et Lym dut encore une fois décrire sa version faussée de l'Académie en omettant de préciser l'existence de dragons, Anges et Selkies quelque part dans leur monde.

Sofy prit un air enthousiaste et joyeux, et son amie lui en fut infiniment reconnaissante de ne pas lui en vouloir d'être aussi heureuse dans son nouveau lycée.

- Et toi ? demanda Lym, sentant qu'elle allait finir par lâcher une information de trop qui éveillerait ses soupçons si elle continuait de parler de cette façon. Tout se passe bien ?

- Katia est une fille bien, mais je crois qu'on est pas trop faites pour être amies. Elle est un peu trop distante et, si on n'arrive pas à rester en bons termes une semaine, on ne pourra pas jusqu'à la fin de l'année. Donc, en gros, je suis de retour à la case départ ; seule.

- Oh.

Les épaules de Lym s'affaissèrent et elle se sentit immensément coupable ; elle avait espéré que Sofy puisse se trouver des amis et s'entoure de personnes de confiance, mais, apparemment, elle n'arrivait pas vraiment à se lier d'amitié avec d'autres personnes. Sofy sembla remarquer son malaise car elle s'empressa de changer de sujet.

- Mais bon, ça va, sinon. Et toi ? Tiens ! Ton collier, il est nouveau ? C'est super beau. Je peux voir ?

Lym posa une main sur Prysm, dont la larme de cristal continuait d'envoyer des taches de lumière colorée alentours, reflétant la lueur du soleil. Si Sofy le lui prenait, le pendentif se métamorphoserait instantanément en épée, et, même si elle savait que les caecus étaient incapables de voir toute trace d'évènements qui leurs paraissaient surnaturels, Sofy avait bien vu le trou dans le grillage lorsqu'elle avait insisté dessus, ce qui signifiait qu'elle pouvait voir des choses avec un minimum de concentration et d'imagination.

- Ah... Euh... C'est un peu fragile et j'ai la flemme de l'enlever. Mais, oui, c'est nouveau.

- Un cadeau de l'un de ces garçons dont tu m'as parlé ? fit Sofy avec malice.

- Quoi ? Non ! Pourquoi ils m'offriraient quelque chose ?

Un nouveau sourire lourd de sens se forma sur ses lèvres fines, et Lym leva les yeux au ciel.

- Ça n'a rien à voir, Sofy...

- Si tu le dis. D'ailleurs... Pourquoi tu n'as pas apporté tes amis, là ? Elyra, Laro, Shay et Josh ?

- C'est... Pas exactement ça, rit Lym, amusée des noms écorchés de ses nouveaux amis.

- Oui, bon. Je voulais les rencontrer, moi ! Voir s'ils sont dignes d'être dans ton entourage !

La jeune fille rousse sourit, songeant à la rencontre entre Sofy et cette bande de videntis, qui risquait d'être explosive mais inévitable. Effectivement, son amie semblait au comble de l'excitation.

- Bon, écoute, le week-end prochain, tu te débrouilles pour les apporter ici, d'accord ? Et s'ils ne viennent pas, tu fais l'une de tes tactiques à la Lym, avec tout ton drama et tout ça. Tu les attaches, les jettes au fond d'un bateau et les obliges à venir en les menaçant de les découper en sushis. C'est le genre de truc que tu serais totalement capable de faire.

- Vraiment ?

Au fond, elle se demandait si elle pourrait vraiment les faire se rencontrer ; comme ils étaient censés aller au même lycée qu'elle, Sofy supposait qu'ils vivaient dans la région. Si elle savait que Larrow vivait en Floride, et les autres... Enfin, à vrai dire, elle n'avait pas la moindre idée d'où venaient Shay, Kosh et Elyra. Shay avec un accent anglais à couper au couteau, mais il aurait pu venir de n'importe quel coin d'Angleterre.

D'un autre côté, ils pouvaient se téléporter, et elle était curieuse de voir la réaction de Sofy face à eux. S'entendraient-ils bien ou bien se détesteraient-ils ? Elle avait un peu peur que la deuxième option l'emporte sur la première, mais elle devrait bien les faire se rencontrer un jour. Elle soupira.

- Je vais essayer pour le week-end prochain, d'accord ?

- T'as intérêt ! Tu me dois bien ça !

Lym haussa les épaules, mais elle avait bien raison, après tout. Elle lui devait au moins cette faveur-là. Et puis, sérieusement, ses amis pourraient-il détester Sofy ? Elle était tout simplement impossible à détester...

Toutes les deux montèrent sur leurs vélos et sortirent en roulant et cahotant sur les racines et les pierres qui jonchaient leur chemin. En arrivant vers le centre du petit village anglais près duquel se trouvait la maisonnette des Alley et où était l'appartement des Mason, elles allèrent directement au stand de glaces et demandèrent deux cornets ; comme d'habitude, Lym, gloutonne comme elle était, prit plein de parfums différents et exotiques des plus bizarres, tandis que Sofy se contentait de fraise et vanille. Poussant leurs vélos d'une main en essayant de vite avaler leurs glaces avant qu'elles ne fondent, elles marchèrent à travers le village en discutant de tout et de rien, évitant soigneusement le sujet du départ de Lym de St Exupéry. Lorsqu'elles passèrent devant le lycée en question, avec ses volets verts à la peinture écaillée, le tas de compost devant, les graffitis au gros feutre indélébile et les tatouages de Malabars sur les murs, elles s'arrêtèrent par réflexe devant la grande porte qui donnait sur le hall. Elles contournèrent le bâtiment de briques et de béton pour passer derrière au travers de la forêt ; au milieu des arbres et des fougères, elles pouvaient voir le bâtiment des sciences, la cafétéria, la cour, le stade de foot où continuait de rebondir un ballon égaré en cuir élimé et défraîchi, le couloir des poubelles où elle avait parlé à Larrow pour la première fois... Il y avait quelques élèves qui traînaient dans un coin, jouaient avec la balle ou avaient le nez dans des fiches bristol pour réviser en urgence un dernier cours, qui prenaient des selfies avec leurs amis ou étaient simplement entrain d'écouter de la musique, des écouteurs aux oreilles et leur portable dans les poches. Comme c'était un samedi, il ne devait s'agir que d'élèves venus faire des cours supplémentaires, des activités, ou bien simplement là pour leurs heures de colle.

Le tout était derrière le grillage de fil de fer. En baissant les yeux, Lym put voir avec un pincement au cœur que le gros trou qu'y avait fait Larrow avec ses mains de feu était toujours là. Elle le voyait encore appliquer ses paumes et ses doigts arachnéens dessus, dans son grand sweat à capuche bleu-gris, tandis que ses doigts s'enflammaient et que le fer fondait en gouttelettes ardentes qui venaient moucheter l'asphalte avant de s'y figer. Elle essaya de chasser ces images de son cerveau. Pourquoi, même dans le monde des caecus, ne pouvait-elle pas chasser Larrow des ses pensées ? Pourquoi le monde des Dragomirs la hantait-il même dans ses rares moments de normalité ?

Elle scruta l'intérieur de la cour, puis donna un petit coup de coude à Sofy pour attirer son attention.

- Et si on entrait ? proposa Lym.

- Pardon ?

- Et si on entrait ?

- Entrer ?

- Tu veux que je le répète en espagnol ? Y si entrabalabamos ?

- Je suis sûre que c'est totalement incorrect. Y si entramos... Y si entrábamos... ? Euh, pas grave. Et, de toute façon, comment veux-tu entrer ? Et pourquoi faire, d'abord ?

- Rien, pour visiter, je sais pas ! On peut entrer par le trou, là.

- Le trou ? Quel trou ?

Lym eut un soupir en se souvenant du pouvoir de l'Aveuglement qu'avait posé le Conseil sur les caecus, des années plus tôt, et elle hocha la tête à regrets. Passant un bras au travers du grillage, elle regarda les yeux de Sofy s'éclaircir et sa pupille se dilater quand sa vue de caecus s'accoutuma à ce qu'elle voyait.

La jeune fille rousse se faufila dans la cavité, malgré l'avertissement de Sofy, et, après être passée à travers en s'y empêtrant et laissant plusieurs touffes roux sombre accrochées au fil de fer, elle lui fit signe de la suivre.

- Les élèves vont nous voir...

- Mais non, toi-même, tu n'avais pas vu le trou avant que je ne te le montre. Allez, viens, peureuse !

Bien qu'elle eût l'air sceptique, elle savait très bien que rien ne la ferait reculer et, avec un soupir, elle passa par l'ouverture béante à son tour. Arrivant de l'autre côté, elle épousseta sa jupe, regardant alentours avec hésitation.

Lorsqu'elles furent toutes les deux dans l'enceinte du bâtiment, Sofy eut un soupir.

- Et maintenant, quoi ?

- Et maintenant, commença Lym avant de s'apercevoir qu'elle n'avait pas la moindre idée de pourquoi elle avait fait ça. Puis une idée prit forme dans son cerveau et elle termina ; et maintenant, on te trouve un autre ami.

- Je te demande pardon ?

Mais Lym allait déjà vers la première fille de leur âge qu'elle vit, une petite blonde à l'air ennuyé.

- Salut ! lança-t-elle joyeusement.

- Tu veux quoi ? grogna la fille.

- Non, rien, tu es trop antipathique. Viens, Sofy.

- Je suis désolée, faites pas attention à elle, soupira la jeune fille aux deux tresses blondes en suivant Lym, qui allait déjà vers le candidat suivant en la tirant par la manche pour qu'elle la suive.

Le concerné était un brun avec des cheveux bouclés caramel, ses yeux d'un gris-vert argent étrange et mouvant fixés sur ses baskets rapiécées comme si cette contemplation avait quelque chose de fascinant, l'air plongé dans ses pensées.

- Salut ! commença Lym sur le même ton enjoué.

- Salut, répondit tout de suite le garçon, l'air surpris qu'on lui adresse la parole, en relevant la tête.

De la curiosité brillait dans ses yeux étranges et insondables. Il avait la peau un peu brune, les cheveux noirs parcourus de reflets caramel bouclant sur ses tempes, un air innocent et des cils longs, noirs et épais qui ombraient ses joues osseuses au-dessus de ses grands yeux à la couleur curieuse, étincelante comme les feuilles d'un chalef argenté.

Habillé d'un jean noir baggy, d'un t-shirt orange et de baskets vertes en partie déchiquetées, il avait un air éveillé étrange qui, sans qu'elle comprenne pourquoi, lui rappela celui de Kosh et qui le faisait détonner dans le paysage gris et morne de la cour à moitié vide de St Exupéry.

- Comment tu t'appelles ? demanda Lym. Tu es tout seul ?

- Je m'appelle Ash, répondit-il, l'air vaguement intrigué mais sans se départir de son air poli. Ouais, personne ne veut vraiment traîner avec moi. On me traite tout le temps de zarbi. Bande de crevettes, marmonna-t-il dans sa barbe.

- Ah, mais je te reconnais ! fit Sofy, qui semblait enfin intéressée par cette discussion. Tu es Ashton Gómez, non ? Argentin, renfermé, adore la musique, traite tout le monde de crevette. Parle en espagnol quand il est énervé ou amusé.

- C'est moi, sourit le dénommé Ashton. Et toi, tu es... ?

- Sofia Mason, répondit-elle. Appelle-moi Sofy. Avec un F. Et un Y.

- Enchanté, dit Ash en serrant sa main tendue. Et toi, tu es Lymerya Alley, non ? La fille rousse qui clashe tout le monde et est tout le temps couverte de peinture, avec dix livres dans les bras ? Ouais, sourit-il lorsqu'elle baissa les yeux sur son jean couvert de taches colorées avec un air intrigué, tu as ta petite réputation aussi. Tu n'étais pas partie de St Exupéry ?

- Si, j'accompagne juste Sofy. Et appelle-moi Lym. Ça te dirait pas, de manger à la cafétéria avec elle ?

- Lym, c'est pas la peine, vraiment, commença Sofy, l'air paniqué, mais Ash l'interrompit ;

- Au contraire ! Ce serait un placer de manger avec toi. Mais tu as cours, les samedis, toi ? Moi, je suis là pour mes classes de batterie...

- Non, on est entrées par... commença Lym en indiquant le grillage, avant de s'interrompre, comprenant qu'il ne verrait sans doute pas la déchirure dans le fil de fer, comme tous les autres caecus.

- Oh, vous êtes passées par le trou dans la barrière ! s'écria-t-il, l'air surexcité. Enfin quelqu'un qui le voit – j'ai l'impression d'être le seul.

Lym fronça les sourcils, surprise. Ash voyait donc lui aussi certains éléments des videntis. Il devait être pourvu d'une grande quantité d'imagination, car, comme le lui avait expliqué Larrow, les caecus les plus imaginatifs pouvaient en voir presque autant que les videntis.

- Oui, voilà, lâcha-t-elle. Alors c'est bon, vous mangez ensemble lundi ?

- Bien sûr, répondit Ashton. No hay ningún problema. On se voit lundi, alors, Sofy ?

- D'accord, répondit-elle.

Alors qu'elles allaient s'éloigner, il rattrapa Lym par la manche de sa chemise.

- Une seconde, marmonna soudain le garçon aux cheveux bouclés en fronçant les sourcils. Toi, Lym... T'es... Spéciale. Je sais pas, tu as une drôle... d'aura. Et ce collier...

Lym commençait franchement à stresser, frôlant du bout des doigts Prysm pendu à son cou, quand la sonnerie stridente de St Exupéry résonna, coupant Ash dans son élan. « Sauvée par le gong », songea-t-elle.

- Désolée, on doit y aller, fit-elle très vite avec soulagement.

- À lundi, Sofy avec un F et un Y, lança Ash tandis qu'elles s'éloignaient vers le grillage.

- À lundi ! répondit Sofy.

Elles passèrent par le trou dans la barrière pour arriver dans la forêt, et Lym adressa un immense sourire à son amie.

- Alors, c'était si compliqué de se faire un ami ?

Sofy leva les yeux au ciel sans parvenir à dissimuler le léger sourire qui rehaussait le coin de ses lèvres.

(chapitre corrigé ✔)

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