✨~[I/4]~✨

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Tome 1 : Chapitre 4


Alors qu'elle allait recommencer à peindre, Lym entendit de la musique et se retourna d'un bond ; c'était sa sonnerie de téléphone.

Rapidement, elle attrapa le petit appareil et regarda qui l'appelait. Sofy. Qui d'autre ? Personne ne la contactait jamais à part elle et sa sœur.

Elle décrocha.

- Salut Sofy !

- Lym, tout va bien ?

- Bien sûr, pourquoi ?

Il y eut un léger silence troublé.

- Ben... Tu as séché à cause de cet ours... Que tu as vu dans la forêt.

- Ah, ça !

Mal-à-l'aise, elle se rapprocha de la fenêtre pour admirer la forêt et le ciel noir piqueté d'étoiles semblables à des diamants éparpillés dans une eau sombre.

Comment dire à son amie qu'elle s'était aperçue que ces griffes et cette photo montraient une créature mystique cachée dans les bois qui bordaient leur lycée ? De sa vie, elle n'avait jamais parlé des bizarreries de son quotidien à son amie. Après ce qui était arrivé avec Mar, elle avait trop peur qu'elle aussi ne la rejette et ne l'accuse d'être folle. Pourtant, elle connaissait Sofy depuis si longtemps ! Elle l'avait rencontrée lorsqu'elle n'avait que huit ans, juste après être arrivée dans ce village et s'être installé dans leur nouvelle maison.

- Sofy... Je crois que j'ai rêvé. Tu me connais, j'ai beaucoup trop d'imagination... Je vois des trucs chelous là où il n'y en a pas... J'ai encore halluciné... Il n'y avait rien sur la photo.

- Mais... commença son amie, l'air surpris.

- Écoute, Sofy, j'ai du mal, ces derniers temps, mentit Lym. Je dors mal, je mange mal, je travaille mal. Je sais pas, je... J'ai besoin d'un break.

- Tu veux dire que tu vas encore sécher pendant des semaines et te faire gueuler dessus par le proviseur et te retrouver avec un dix de moyenne générale et un tas d'heures de colle, fit Sofy d'un ton lourd de reproches.

La lycéenne eut un soupir et donna un coup de pinceau distrait sur un chevalet ; son amie n'avait pas tort. Elle n'avait pas toujours été une élève très... studieuse, c'était le moins qu'on puisse dire.

La jeune fille s'approcha d'un miroir dans un coin de sa chambre et se regarda dedans. Mis à part ses yeux verts pétillants d'éclats de vie dorés, le reste de son visage avait l'air fatigué et ses traits étaient tirés.

- Écoute, c'est pas comme les autres fois. Je vais pas sécher. J'irais en cours demain ! Je veux juste dire qu'il faut que tu me pardonnes si je suis un peu à l'ouest... C'est tout.

Aussitôt, le ton de Sofy se radoucit.

- Tu veux dire que tu viendras demain ?

- Mais oui, pourquoi tu t'inquiètes comme ça ?

- Je...

Elle sembla hésiter un instant.

- Quand t'es pas là, j'ai aucun ami avec qui traîner. Je me retrouve seule. C'est nul.

Génial ! Maintenant, elle se sentait coupable !

La jeune fille essaya de trouver les mots pour la réconforter, puis elle se contenta de lui promettre qu'elle viendrait le lendemain. Sofy raccrocha, l'air un peu rassuré.

Son amie aux cheveux blonds toujours attachés en deux nattes, aux traits doux et enjoués, au visage éternellement jeune et à l'allégresse contagieuse était bien plus douée qu'elle en cours, mais Lym restait son unique véritable amie ; alors, effectivement, la laisser seule en classe durant des semaines n'était pas le geste le plus gentil qu'elle eût fait.

Regardant toujours par la fenêtre, elle vit au loin une ombre noire survolant la forêt ; avec un soupir, elle prit une photo avec son téléphone puis le passa sur l'ordinateur et l'éclaircit en accentuant le contraste jusqu'à voir précisément les contours de la forme sombre. Bien que plongée dans l'obscurité, elle ne pouvait pas ignorer l'identité de la chose ; ailes gigantesques, long cou hérissé d'une crête pointue. Si seulement Mar acceptait qu'elle apporte ces clichés et ces autres preuves dans un centre de recherche, ils sauraient que ce n'étaient pas des faux ! Ou bien ils la prendraient pour une folle, eux aussi... Depuis l'incident avec le psy, elle préférait rester à l'écart plutôt que d'essayer de faire éclater la vérité.

« Mais après tout, peut-être qu'ils ont raison ? Peut-être que j'ai vraiment un surplus d'imagination... ? Et alors, peut-être qu'ils peuvent me guérir de ça et de toutes ces visions stupides ?! Mais l'incident, lui, je ne l'ai pas rêvé, Mar l'a vu aussi ! »

Avec un soupir, Lym reprit son livre dans sa bibliothèque puis se laissa tomber sur son lit, encore vêtue de sa salopette en jean couverte de taches de peinture. Le garçon qui avait fait fondre la barrière de fer qui entourait le lycée lui trottait toujours dans la tête ; bien que ce ne fût pas la première fois, celle-ci était particulière. Il était entré dans son lycée, comme s'il cherchait quelque chose de précis ; mais quoi ? Et s'il la cherchait, elle, et s'il était un sorcier venu l'emmener dans son école de magie, comme dans ses livres préférés ? Avec un sourire, amusée par ce que concevait son imagination débordante, elle se retourna sur le côté et s'endormit, le livre toujours dans les mains. Le lendemain, elle allait devoir aller en cours pour honorer sa promesse envers Sofy et Mar.

Lym, bien évidemment, arriva en retard.

Quelle surprise.

Elle avait totalement oublié de mettre son réveil et fut réveillée par les cris de sa sœur qui lui hurlait qu'elle allait, encore, être en retard pour les cours ; et elle avait, bien sûr, parfaitement raison ! La jeune fille coiffa ses cheveux roux d'un geste énergique tout en faisant son sac avec sa main libre et en essayant de mordre dans la pomme verte qu'elle tenait dans sa bouche.

- On dirait un cochon qu'on fait cuire avec une pomme dans la bouche, railla Mar avec un sourire tout en sirotant son café.

- 'U 'iens de me traiter de co'hon ? s'indigna Lym, sa pomme toujours dans la bouche, occupée à batailler contre ses longs cheveux excessivement emmêlés.

- ... quoi ?

Elle grogna sans prendre la peine de répondre, mit son peigne dans son sac en vrac, renversant au passage deux cannettes de soda vide, la moitié de sa trousse et des emballages de bonbons par terre. Levant les yeux au ciel, sa sœur aînée lui tendit son livre et elle le saisit à la volée.

Lym sortit en courant, son sac sur l'épaule, en réussissant enfin à mordre dans sa pomme verte. L'acidité du fruit lui envahit la bouche et elle mâcha énergiquement en montant sur son vélo.

- Merci, Mar, à cet aprèm !

- Bye !

Elle se mit à pédaler à toute allure, passa dans les routes en cahotant à cause des aspérités du sol irrégulier et faillit tomber dans le lac en faisant un virage imprévu ; elle arriva, essoufflée, devant le lycée et poussa son vélo dans un coin. Elle jeta un coup d'œil à l'affiche qui annonçait Lycée St Exupéry avant de monter les escaliers à toute vitesse malgré les cris de la gardienne qui réclamait son identifiant.

La jeune fille aux yeux verts arriva en classe, haletante, et se laissa tomber à côté de Sofy, qui semblait soulagée de savoir qu'elle avait tenu sa promesse de venir. Le professeur, lui, semblait moins content.

- Mademoiselle Alley...

- Oui, je sais, je suis en retard, pardon, je suis une élève épouvantable qui mérite cinq heures de colle, soupira Lym en prenant une bouchée de sa pomme. Fouettez-moi donc ou envoyez-moi au coin. Pauvre de moi.

Le professeur lui adressa un regard furieux.

- Vous l'aurez cherché ! Deux heures de colle. Ce soir.

Lym fronça le nez ; deux heures pour un retard ? Quoique, elle n'avait pas seulement été en retard une fois, il fallait l'avouer. En fait, elle avait du mal à se souvenir du dernier cours où elle avait été à l'heure.

Elle ne protesta donc pas et le laissa prendre son carnet pour noter les heures de sa retenue ; elle grogna en voyant les horaires. Génial. Dire qu'elle aurait pu passer une agréable fin de journée avec sa sœur ou son amie. Maintenant elle allait devoir passer son après-midi à copier des lignes ou à plaisanter sous les cris des surveillants avec les autres collés, au fond de la salle. Youpi.

Lym reprit une bouchée de sa pomme, faisant semblant de ne pas remarquer le fait que le professeur semblait à deux doigts de la lui arracher des mains.

Comme d'habitude, les cours de la matinée furent longs et monotones et elle accueillit avec soulagement la pause qu'annonçait la sonnerie stridente de la cloche ; elle sortit en discutant et riant avec Sofy. Alors qu'elles parlaient dans le couloir des dernières notes d'Histoire-Géographie, le regard de Lym fut attiré par du mouvement, dehors, dans la cour ; quelqu'un était passé par le trou dans la barrière qu'avait créé le garçon, la veille. Elle plissa les yeux pour essayer de voir de qui il s'agissait, mais non seulement sa légère myopie compliquait les choses, mais en plus l'ombre avait déjà disparu derrière la salle de physique.

Qui est-ce ? Le garçon aux mains de feu ?

- Eh, Lym ! Tout va bien ?

- Hein ?

Elle se retourna, surprise. Sofy, ses nattes blondes sur les épaules, ses yeux chocolat emplis d'incompréhension et d'inquiétude, la scrutait en quête d'une réaction. Lym s'aperçut qu'elle avait totalement ignoré son amie, plongée dans ses pensées.

- Pardon. Je suis crevée, c'est tout.

- Tu es sûre ?

- Sofia Mason et Lymerya Alley, les interrompit le professeur, derrière elles. Vous avez terminé ? Je vous dérange, peut-être ?

- À peine, répliqua par réflexe Lym.

Il prit un air profondément énervé.

- Vous voulez le thé et les petits gâteaux, aussi ?!

- Oh ! Je veux bien. Ce serait très aimable de votre part. Quoique, je préfère du chocolat.

- Lym, tu as déjà deux heures de colle, marmonna Sofy en la prenant par le bras en jetant un coup d'œil autour d'elle.

Tous les élèves étaient déjà entrés en classe et sortaient leurs affaires, tandis que les deux amies étaient restées dans le couloir à discuter. En rougissant, elles s'empressèrent de suivre les autres et allèrent s'installer au fond ; Sofy se tut et prit le cours en silence, penaude de s'être fait rabrouer par le professeur, et Lym continua de réfléchir, les yeux dans le vague.

Elle avait toujours vu des bizarreries autour d'elle, dans son quotidien. Ombres, pupilles incandescentes dans le noir, empruntes de pas, drôles d'individus, et l'incident chez le psychologue ; coquilles d'œufs gargantuesques et formes mouvantes dans l'obscurité avaient cessé de la surprendre depuis des années. Mais, ces derniers jours, tout s'accélérait. Trop d'évènements arrivaient tous en même temps ; le garçon qui faisait fondre le métal avec sa peau avant de s'évaporer comme par magie, la griffe énorme et la bête dans les buissons, l'étrange Orion Elgar, le psy qui s'incrustait chez elles sans avoir été appelé et l'intriguait avec ses yeux rougeoyants... Tout allait de plus en plus vite, les évènements surprenants se bousculaient, et elle ne savait plus où donner de la tête.

Encore plus que d'habitude, elle n'écouta rien au cours et resta immobile sur son pupitre, à réfléchir intensément, ses yeux verts dans le vague, cherchant un point de connexion entre ces évènements, quelque chose qu'elle aurait fait ou dit qui aurait accéléré la quantité d'étrangetés qui venaient s'installer dans sa vie.

Tout ce que je veux, c'est soit faire disparaître ces choses, soit comprendre d'où elles viennent et pourquoi je suis la seule à les voir.

Sofy avait semblé sceptique lorsqu'elle lui avait montré le trou béant dans le grillage, comme si elle ne le voyait d'abord pas. Et elle aurait parié que si elle l'avait amenée avec elle dans la forêt, son amie n'aurait pas vu la bête et l'aurait crue folle en la voyant s'agiter face à cette vision.

Ces choses étaient-elles réelles ? Était-elle folle ? Ou bien les autres faisaient-ils tous semblant de ne rien voir pour la duper ? C'était une théorie du complot un peu trop massive pour être réelle, mais elle était prête à accepter toutes les éventuelles réponses.

À l'heure du déjeuner, enfin, Lym put sortir dans la cour et aller inspecter le trou dans la barrière, malgré les vives protestations de Sofy qui voulait seulement aller manger quelque chose. Elle s'arrêta net en arrivant devant l'énorme cavité dans la paroi de fil de fer, frappée par une idée ; si quelqu'un avait brisé la carapace de métal qui les enfermait dans le bâtiment, tous les élèves en auraient profité pour filer faire un tour. Or personne ne semblait remarquer ce trou et se contentaient de passer devant d'un pas léger.

- Sofy, murmura Lym. Sofy. Tu... Tu vois un trou, pas vrai ?

- Un trou ? répéta son amie en fronçant les sourcils. Un trou dans le mur, tu veux dire ? Mais le mur a toujours été cabossé et fissuré, tête de pioche, c'est pas nouveau.

- Non, je parle du trou dans le grillage.

- Hein ? Mais de quoi tu parles, encore ?

Lym en resta bouche bée. Elle s'approcha de l'endroit où le métal avait fondu et passa son bras au travers, pour bien montrer à son amie l'endroit où s'était creusé le trou. Sofy fronça les sourcils, cligna des yeux plusieurs fois, puis sembla un peu confuse. Son regard semblait trouble, et s'éclaira peu à peu.

- Ah oui. Je l'avais oublié.

- Tu l'avais pas oublié, tu ne le voyais pas ! Il y a deux secondes, tu me demandais duquel je parlais !

- J'avais pas vu, c'est tout. Calme-toi, Lym, tu es dans tous tes états. Tu n'as pas dormi cette nuit ? Tu as encore passé ton temps sur Instagram à baver sur des objets de collection, des bouquins et des célébrités ? Ou bien tu as regardé une saison entière d'une nouvelle série...

Mais la jeune fille rousse n'était pas d'humeur à plaisanter. Pas vu ? Comment Sofy avait-elle pu ne pas voir cet énorme passage béant, les fils tordus et les gouttes de fer fondu qui maculaient le sol ? Quelque chose n'allait pas du tout.

Prise d'un pressentiment, elle se tourna vers le premier élève venu et lui attrapa le bras ; il la regarda avec surprise, et sembla un instant croire qu'elle voulait lui demander son numéro car il afficha un petit sourire suffisant parfaitement insupportable. Et après on s'étonnait qu'aucun des garçons du lycée ne l'intéresse... Agacée, Lym lui montra la barrière d'un geste.

- Tu vois le trou, là ? Tu penses qu'on peut s'enfuir par là ?

- Le... trou ? répéta l'autre en haussant les sourcils, surprit. Euh... Si tu voulais me parler, tu pouvais juste me demander mon nom. Moi c'est Magnifique Pince Charmant, et toi ?

Lym eut un soupir. D'accord, donc, de un, il ne voyait pas la barrière, et de deux, elle était tombée sur le plus lourd de l'école.

- Tu peux partir, merci.

- Euh, je m'appelle pas vraiment comme àa, hein, s'empressa d'ajouter l'autre, l'air inquiet. Je m'appelle Elliott. Et mon numéro c'est zéro six cinquante...

- Au revoir Prince pas du tout Charmant !

Elle le poussa pour l'éloigner, sur les nerfs à cause de tout ce qui arrivait. Comme d'habitude, personne n'allait la croire. Elle donna un coup de pied dans un emballage qui traînait par terre et le foudroya du regard, mais il ne réagit pas. Il aurait au moins pu lui rendre son regard – ah, non. C'était un emballage. Il n'avait pas d'yeux. Lym grogna.

- Emballage stupide, tu peux pas comprendre.

La jeune fille repoussa ses cheveux roux dans son dos et se tourna vers Sofy, qui la regardait avec stupéfaction.

- Lym... Tu es en train de parler à du plastique.

- Désolée. Je suis crevée. Mais tu as vu ? Il ne le voit pas ! Il ne voit rien du tout !

- Bon, Lym, calme-toi. Zen. Respire. Je t'avais déjà dit de commencer des cours de yoga. Tu...

Mais Lym ne l'écoutait déjà plus ; elle avait été alertée par quelque chose, et, cette fois, ce n'était pas un emballage de chips. Son regard s'égara dans la foule des élèves qui couraient et discutaient dans la cour du lycée, et soudain elle le vit. Un garçon, lui tournant le dos, s'éloignait d'un pas énergique vers l'arrière du bâtiment des sciences ; il portait un large sweat bleu ardoise, et avait relevé sa capuche sur sa tête, les mains dans les poches, l'air tout à fait à son aise. Pourtant, il n'était apparemment pas un élève du lycée.

Elle vit alors le sac qu'il portait sur son épaule ; le symbole qui était frappé sur le tissu la figea sur place. L'œil étrange qu'elle avait vu la veille... sur le sac du garçon qui faisait fondre la barrière. Il portait également le même sweat. C'était lui : le garçon aux mains de feu qui avait disparu miraculeusement.

(chapitre corrigé ✔)

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