✨~[I/9]~✨

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Tome I : Chapitre 9


- Lym, debout !

Elle poussa un gémissement, encore écrasée de sommeil à cause des évènements de la veille ; ses muscles étaient douloureux et elle sentait une vive piqûre dans son dos, le long de sa colonne vertébrale. D'abord, elle fourra son visage dans sa couette en espérant se rendormir, puis elle se souvint brutalement d'où venaient ses courbatures et la morsure dans son dos : le combat de la veille contre Orion et son apophis avaient laissé des séquelles, dont la cicatrice qu'avait tracé le fouet dans la peau de son dos.

Mais avait-elle rêvé ? Ce qu'elle avait vu lui paraissait beaucoup trop fou pour être réel.

Lym sentit quelqu'un attraper son épaule pour la secouer et se redressa d'un bond, chassant la personne qui l'éveillait ; elle passa une main dans ses longs cheveux roux sombre, essayant de les rendre présentables, mais ils continuaient à ressembler à un énorme nid de corneilles enflammé. C'était Elymara Alley qui l'appelait, les bras croisés, le regard sévère, toujours habillé impeccablement, mais avec un air un peu fatigué. Sa sœur se redressa sur son lit puis regarda autour d'elle ; ses affaires étaient éparpillées, comme d'habitude, et Mar avait fait tombé du mur son poster de Newt du Labyrinthe. Elle se redressa pour aller le replacer sur le mur.

- Laisse ce poster moche, soupira Mar.

- Ne l'insulte pas ! protesta Lym en appuyant sur la pâte à fixe. Et puis, c'est toi qui l'as fait tomber.

- C'est pas de ma faute si ta chambre est un vrai bordel.

Lym leva les yeux au ciel puis regarda l'heure sur son téléphone, qui était posé sur un panier de doudous éparpillés. Il était deux heures de l'après-midi. Elle eut un soupir : même pour un samedi, c'était beaucoup, beaucoup trop tard. En règle générale, à part peut-être pour les cours, elle était assez matinale.

La jeune fille alla s'asseoir sur son lit, tandis que Mar enlevait une caisse d'aquarelles de sa chaise à roulettes pour y prendre place.

- Pourquoi tu m'as réveillée ? demanda Lym.

- Il est tard, répondit simplement sa sœur.

- Je sais, mais d'habitude tu ne viens pas dans ma chambre, même pour ça.

- C'est que... je voulais te parler de cette proposition pour rejoindre un nouveau lycée. Apparemment, tu as déjà accepté.

Lym resta un instant figée, incapable de faire le moindre geste.

- Je n'ai pas rêvé, alors ?!

- Euh, non, fit Mar, l'air surprise.

La cadette passa par réflexe une main dans son dos, sous son pyjama vert trop grand. La cicatrice était là, longue et désagréable. Mar, cependant, n'avait pas fini son sermon.

- Écoute, sœurette, c'est un choix important. Ce lycée d'art est assez réputé, tu dois être sûre que c'est ce que tu veux, car tu devras travailler dur, peindre sans arrêt, et...

- Je sais, Mar, murmura Lym.

Elle se sentait affreusement coupable d'avoir à lui mentir, mais elle savait que c'était la seule solution si elle voulait intégrer l'Académie et devenir une Dragomire ; elle ne savait rien de l'univers des videntis, alors qu'elle y appartenait, au fond d'elle, et elle voulait en apprendre plus. Quel qu'en soit le prix.

L'inquiétude dans les yeux bruns de Mar était compréhensible, cependant ; elle l'avait toujours eue à ses côtés pour s'occuper d'elle, et voilà qu'elle affirmait vouloir partir dans une école d'art, au village voisin.

- Je... commença sa sœur avant de s'interrompre et de secouer la tête, faisant voler les courtes mèches rousses autour de son visage délicat. Tu sais que c'est un pensionnat, Merry ? Tu ne rentreras à la maison qu'au weekend...

- Je sais, Mar, répondit-elle doucement, ne la corrigeant même pas quant à son nom. Je suis désolée, mais... j'ai déjà accepté. Je pense que ce sera une belle expérience.

Elle détourna le visage comme pour cacher sa tristesse, et Lym se sentit à nouveau infiniment coupable, non pas de l'abandonner mais surtout d'avoir à lui mentir ainsi.

Mar hocha finalement la tête.

- Sois juste prudente. Si quelque chose ne va pas, tu me le dis, d'accord ?

Par là, elle entendait sans doute harcèlement, solitude et mauvaises notes ; si elle avait su les véritables dangers qui l'attendaient sans doute, ainsi que la présence de l'Empire de Drake dont elle ne savait rien, à part qu'ils collectaient les videntis et n'hésitaient pas à les attaquer... Mar n'aurait pas paru aussi calme.

Lym hocha pourtant la tête et sourit à sa sœur, refoulant des larmes qui, inexplicablement, picotaient ses yeux. Pourtant, elle n'aimait pas pleurer, elle détestait ça.

Mar sortit de sa chambre, où Lym resta pour peindre un peu, délaissant les devoirs qu'on ne pourrait pas lui reprocher de ne pas avoir faits lorsqu'elle quitterait le lycée de St Exupéry ; elle peignit le bureau de Cave empli des lueurs voletantes, le visage livide de Larrow, l'apophis d'Orion, ses yeux rouges lorsqu'elle avait fait éclater le verre de leur salon. Le pinceau caressait la toile, tantôt en de longs traits, tantôt en de petits tamponnements pour simuler les coloris de la peau. Elle eut beaucoup de mal à retracer le visage du garçon aux mains de feu, sa pâleur vampirique, ses yeux incroyablement clairs, sa chevelure, courte mais bouclée, sombre, qui créait un contraste avec le reste de son visage. Rapidement, elle cessait de se poser des questions et se contenta de laisser son cœur s'exprimer à travers sa peinture, le pinceau courir sur la toile, sans faire attention à ce que son subconscient lui dictait de peindre.

Lorsqu'elle eut terminé son œuvre, elle s'en écarta pour l'admirer et découvrit avec stupeur ce qu'elle avait peint ; un corps immense au milieu du vide que lui offrait le chevalet, des ailes, et une queue écailleuse. Un dragon. Ses deux petits yeux vifs s'égaraient à gauche comme s'il venait d'apercevoir une proie. Sur l'orbe vitreux se reflétait une légère lueur rougeâtre.

La jeune fille jeta le tableau dans un coin, puis elle décida qu'elle avait assez peint et descendit dans le salon chercher quelque chose à manger. Par un quelconque miracle, les deux hommes en noir la veille semblaient avoir réparé la maison. Le buffet autrefois craquelé, le parquet en miettes et la porte réduite à un vague tas de charbon étaient de nouveau comme neufs. Ils semblaient même se porter mieux qu'avant l'attaque. Pas la moindre tache de sang sur le sol non plus, et tout cadavre de serpent mystique n'était plus qu'un souvenir. Faisant comme si elle n'avait rien remarqué d'inhabituel, elle fila quérir son repas ; elle tira du placard une pomme verte et un paquet de crackers au piment écrasés. Mar lui annonça qu'elle avait écrit une lettre au proviseur de son lycée. La lettre ne précisait bien sûr pas que son auteure n'avait que deux ans de plus que sa petite sœur. Le proviseur, comme tous les professeurs, ne savait rien de leur condition assez délicate d'orphelines vivant par elles-mêmes. Légalement, elles n'avaient après tout pas le droit de vivre dans cette maison abandonnée, mais Mar avait su fausser les données pour se faire passer pour majeure.

Lym prit la lettre et la fourra dans son sac en la remerciant, priant pour ne pas la perdre comme elle perdait à peu près tout.

Elle sortit encuite avec son livre en faisant un signe de la main à Mar et marcha en réfléchissant à tout ce qui lui était arrivé la veille ; ses pas la portèrent jusqu'au lycée St Exupéry, où elle ne retournerait sans doute plus jamais après cette semaine, car apparemment sa rentrée se ferait dès le lundi suivant. Elle alla s'asseoir derrière le bâtiment, dans la forêt où elle avait vu le dragon, et relut une énième fois ce roman qu'elle aimait tant et qu'elle avait commencé pour la toute première fois à cet endroit même.

« Et si l'Académie était un endroit horrible ? Et si je ne supportais pas cette école ? »

Elle eut un soupir et prit une bouchée de sa pomme. Elle verrait bien ce qui l'attendait à présent qu'elle allait abandonner sa simple vie de caecus et passer derrière le rideau qui obscurcissait la vue de tous les autres : elle allait comprendre les étrangetés vues dans son passé, élever un dragon...

« Et si Drake attaque l'Académie ? »

La jeune fille rousse se souvint des moqueries hautaines d'Orion, de la haine qu'elle avait ressentie envers lui, puis de ce que lui avait raconté Cave sur Drake. La Toxine qu'il utilisait pour manipuler les dragons et les soumettre à sa volonté. Sa cruauté sans égale... Soudain, elle fut prise d'une profonde détermination pour renverser cet homme qui se croyait tout permis.

« S'il attaque, alors je me battrais auprès des autres Dragomirs. Je vaincrais Drake peut importe le prix à payer ! »

Elle ne comprenait pas encore, alors, l'étendue du serment qu'elle venait de se faire.


Le lundi, Lym se réveilla une heure avant de sortir de chez elle, ce qui ne lui était jamais arrivé ; elle organisa ses affaires ; elle eut le temps de petit-déjeuner et même de réviser en catastrophe l'interro d'Anglais ; elle sortit de chez elle en avance et avec son identifiant à la main. Dans son sac, elle sentait le poids de la lettre qu'avait rédigée Mar envers le proviseur pour le prévenir de son départ du lycée.

Mais elle n'avait pas peur de rater ses contrôles, d'arriver en retard ou de s'attirer les foudres des professeurs.

Ce qu'elle craignait, par-dessus tout, c'était la réaction de Sofy.

Elle passa la journée en silence à prendre des notes, sans répondre aux enseignants, et à profiter pleinement de cet établissement. Elle occupa chacun de ses précieux instants libres avec sa meilleure amie, évitant de l'offenser ou de la délaisser, redécouvrant avec surprise à quel point elle aimait cette jeune fille merveilleuse qui pouvait lui redonner le sourire en quelques mots gentils. Lym vit aussi enfin les petits détails du lycée qui allait lui manquer lorsqu'elle quitterait St Exupéry. Le coin derrière le terrain de foot où elle pouvait discuter avec Sofy des heures sans se faire importuner, la cafétéria qui faisait les meilleurs fondants au chocolat de l'univers, l'odeur de thé à la menthe qui occupait toujours la salle de techno, le CDI à l'enivrante odeur de vieux papier, les mauvaises blagues de son professeur d'Arts Plastiques...

Elle savait que, le weekend suivant, elle aurait dit au revoir à jamais à ce lycée.

Jeudi, elle n'avait toujours pas trouvé le courage d'en parler à Sofy.

Enfin, à l'heure de pause du vendredi, elles allèrent toutes les deux à la cafétéria et Lym paya les quatre fondants au chocolat, les deux canettes de limonade et leurs sandwichs préférés à toutes les deux, ce qui surprit son amie. D'habitude, elles devaient se battre et faire deux mille parties de pierre feuille ciseaux, après s'être longtemps reprochées d'avoir triché, pour décider qui allait payer. Même la petite femme aux cheveux violets qui tenait la cafétéria sembla surprise – elle était trop habituée à devoir attendre des heures qu'elles aient fini de se disputer en obstruant la queue au passage.

Elles allèrent s'asseoir dans leur coin habituel avec leur repas gigantesque et commencèrent à manger en silence, la bouche trop occupée pour pouvoir articuler le moindre mot. Lorsqu'elles attaquèrent les gâteaux, la jeune fille rousse en mangea un, puis offrit le deuxième à son amie, une boule dans la gorge. Son amie prit la pâtisserie avec gratitude et la dévora avec gourmandise, mais une trace de suspicion était née dans ses yeux.

En froissant distraitement le papier craft où était normalement emballé leur déjeuner, Lym prit enfin son courage à deux mains, regardant fixement les traces de chocolat sur ses doigts.

- Sofy... Il faut que je te dise quelque chose.

- Je le savais, soupira son amie. Tu étais bizarre cette semaine. Et puis, tu ne paies jamais mon dessert et tu ne donnerais le tien pour rien au monde ! Vas-y, dis-moi.

- Tu vas t'énerver, la prévint Lym.

- Oui, répondit son amie. À en voir ton air coupable, oui, probablement. Quoi ? Tu as encore fait des trucs explosifs avec du Coca et des Menthos et tu les as mis dans les chiottes ? T'as allumé un feu d'artifice dans mon casier comme en 5ème ? Oh, je sais ! Tu as introduit un chien enragé dans le bureau du proviseur et tu y as enfermé Elliott Franklin, l'élève de 2nde qui n'arrête pas de te draguer.

- J'ai jamais fait ça ! protesta la rousse.

- Non, mais, honnêtement, ça ne m'étonnerait pas de toi.

Lym eut un petit sourire amusé. Sofy leva ses yeux bruns au ciel en jouant avec ses deux nattes blondes.

- Allez, Lym. Vas-y. T'étais pas une Gryffondor, espèce de froussarde ?

Elle prit une profonde inspiration, puis lâcha d'un trait ;

- Je vais changer de lycée.

La videntis vit le visage de son amie se vider de son sang et elle voulut immédiatement effacer ses paroles ; elle se remit prestement à parler pour essayer d'adoucir la brutalité de ses propos, expliquant qu'il s'agissait d'une brillante école d'art, un pensionnat dans un village voisin, que c'était une chance à ne pas rater et qu'elle devait à tout prix la saisir. Chaque mensonge lui transperçait le cœur comme un poignard, retournant le couteau dans la plaie, mais elle savait que la vérité serait rejetée instantanément par le cerveau de son amie caecus.

Lorsqu'elle eut terminé ses explications falsifiées, elle se tut et regarda en silence son amie blême fixer son fondant au chocolat sans le moindre appétit, le regard vide. Elle ne dit rien, semblant lentement réaliser ce que lui avait dit son amie. Lym, qui s'était attendue à des cris ou à se prendre un gâteau dans la figure, était effondrée par le désespoir dans le visage de son amie. C'était en fait encore pire que si elle s'était emportée contre elle.

- Dis quelque chose, supplia-t-elle. N'importe quoi. Crie ou frappe-moi, ou je sais pas, mais reste pas juste là à ne rien dire. S'il te plaît, Sofy...

Elle n'avait jamais vu Sofia Mason avec une telle mélancolie dans le visage, et cela lui brisa le cœur.

- Tu pars, résuma la jeune fille d'un ton grave.

- Oui... Mais je t'appellerais tous les jours, et on se verra chaque weekend ! Je ne te laisserais pas tomber, Sofy, je...

- Tu pars, répéta-t-elle. Tu pars et tu me laisses ici, où je n'ai aucun autre ami, tu pars et tu m'abandonnes. Comment tu peux faire un truc pareil, Lym ?

- Pardon... balbutia-t-elle.

Elle vit avec stupeur qu'elle pleurait et chassa doucement une larme de la joue de son amie.

- Je suis désolée. Vraiment. Je comprendrais si tu m'en veux...

Sofy secoua la tête en essayant de ravaler ses sanglots et s'approcha de son amie pour la prendre dans ses bras, fourrant le visage dans ses cheveux roux. Lym la serra contre elle, consciente de sa tristesse et sa fragilité, et elles restèrent l'une contre l'autre, longtemps, avant de se séparer pour se tourner vers le terrain de foot. Sofy prit son fondant entre ses doigts tremblants et commença à mordre dedans à pleines dents, prenant d'énormes bouchées qu'elle avait du mal à avaler. Les larmes salées semblaient flotter dans l'air vibrant, en suspension comme si elles allaient recommencer à couler à flots d'une minute à l'autre.

Lym regarda les garçons se passer la balle et feinter pour arriver jusqu'aux buts, avant de marquer et de pousser des hurlements de phoques constipés, se sautant dans les bras et se donnant des tapes dans le dos si violentes que l'un d'entre eux faillit vomir. S'ils savaient toutes les choses qu'ils ignoraient...

Si Sofy savait tout ce que Lym savait, à présent...

Elle comprendrait.

- Je suis désolée, murmura Lym.

- Non, répondit Sofy. Ne le sois pas. C'est une grosse opportunité. Je n'aurais pas refusé non plus, à ta place.

Elle était persuadée qu'il s'agissait là d'un immense mensonge. Sofy avait un cœur d'or ; elle serait capable de laisser derrière elle tous ses rêves pour rendre ses amis heureux. Et puisqu'en l'occurrence « ses amis » signifiait « Lym », elle ne s'en sentait que plus coupable de l'abandonner.

- Je ne t'en veux pas, Lym, vraiment. Passons cette dernière journée comme il se doit, d'accord ? Et si on faisait tout ce qu'on a toujours voulu faire dans cet établissement ? C'est ton dernier jour ici.

Lym lui sourit, touchée, et hocha la tête.

Déjà, elles achetèrent tous les fondants au chocolat de la cafétéria et en mangèrent jusqu'à n'en plus pouvoir ; puis la jeune fille rousse alla interrompre le match de foot pour marquer le but qui devait être le plus phénoménal de l'histoire du lycée. Les garçons en maillots de sport trempés en restèrent bouche bée, et, eux qui l'avaient toujours refusée auprès d'eux car elle était une fille, ils la supplièrent presque de rejoindre l'équipe de St Exupéry. Lorsqu'elle répondit que c'était son dernier jour, ils s'en arrachèrent les cheveux, regrettant sans doute de l'avoir aussi souvent refusée parmi eux.

Puis Lym, pendant l'Art Plastique, se leva et alla prendre la place du professeur en affirmant que c'était une performance artistique, et elle commença à ouvrir des débats sur ses livres et films préférés avec toute la classe. À la fin du cours, même le professeur s'était investi dans le débat Marvel vs DC qui s'était engagé en plein cours. En cours de chant, elle courut jusqu'à l'estrade et se mit à entonner avec enthousiasme La danse des canards, et enfin, en français, elle trouva le courage d'hurler « POUR NARNIA » en brandissant sa règle en plastique, cri reprit par la moitié des élèves, dont Sofy. Lorsque les professeurs exigèrent son carnet de correspondance pour lui mettre des heures de colle, elle leur annonça qu'il s'agissait là son dernier jour de cours, ce qui les laissait sans voix à chaque fois.

À la fin de la journée, la dernière classe, mathématiques, s'acheva et les deux amies sortirent dans la cour en se dirigeant lentement vers la sortie ; Lym jeta un dernier coup d'œil au grillage où se trouvait encore le grand trou, au couloir derrière le bâtiment des sciences où elle avait parlé à Larrow. Elles passèrent sous le portail et arrivèrent devant le tas de compost malodorant, et elles firent les gestes qu'habituellement elles faisaient hâtivement pour rentrer vite chez elles, avec, cette fois, une grande lenteur pour faire durer cet instant. Les deux amies extirpèrent leurs vélos des buissons où elles les camouflaient toujours, puis elles marchèrent dans la ruelle à l'asphalte craquelée par le temps et les mauvaises herbes qui avaient profité des fissures pour s'épanouir, tenant les guidons de leurs vélos.

- Ça va faire tellement bizarre quand tu ne seras plus là, fit tristement Sofy.

- Je sais... Je t'appellerai. Lundi soir.

- Mardi, proposa-t-elle. Profite de ton premier soir dans ce nouveau lycée pour te reposer. Tu seras sans doute exténuée. Tu n'as qu'à m'appeler mardi.

Elle allait la laisser seule et sans amis au lycée et elle s'inquiétait pour ses heures de sommeil. Lym eut presque envie de rire.

- Merci, Sofy, murmura-t-elle en serrant sa main tout en conduisant son vélo de l'autre. Merci d'être une amie aussi fantastique.

Le sourire que lui offrit la petite blonde aux nattes soignées était empli d'un mélange de lassitude et de mélancolie.

- Merci à toi. C'est pas un adieu, tu sais ? On n'est seulement plus dans le même lycée. On se verra toujours.

- Je sais. On s'appelle, hein ? On continue à se voir ?

- Oui. Je ne te lâcherai pas, promit Sofy.

Lym hocha la tête. Elle monta sur son vélo puis se mit à pédaler à toute vitesse, tressautant sur le sentier irrégulier, ses longs cheveux roux voletant derrière elle. Sofy la regarda s'éloigner puis se détourna avec des larmes dans les yeux, et elle rentra chez elle.

(chapitre corrigé ✔)

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