✨~[II/33]~✨

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Livre II : Chapitre 33


Lym ouvrit les yeux et découvrit qu'elle était au milieu d'une brume épaisse, collante et sombre, qui s'accrochait à son visage, poissait ses mains et amenuisait sa vue. Elle plissa les yeux dans l'espoir de voir mieux, mais tout, autour d'elle, était noyé sous le brouillard épais et lourd.

Faisant un pas en avant avec un effort immense, elle se mit à avancer dans l'obscurité, une sorte de panique sourde battant contre ses tempes. Elle avait l'impression de sentir un souffle humide contre sa nuque, des griffes animales lui frôler les mains, mais elle ne voyait rien ni personne.

- Il y a quelqu'un ? appela-t-elle désespérément, dans le noir.

Pas de réponse, bien sûr. Elle continua d'avancer à tâtons, tendant ses mains moites et couvertes de brume collante devant elle. Soudain, elles percutèrent une surface lisse et glacée, qui avait, miraculeusement, était épargnée par les lambeaux sombres qui s'accrochaient aux mains et au visage de Lym. Elle s'efforça de regarder devant elle pour essayer de voir de quoi il s'agissait ; avait-elle heurté un mur ? Soudain, le brouillard collant semblait légèrement se dissiper, et elle comprit qu'elle était face à une paroi de verre, derrière lequel elle ne voyait que d'autres tourbillons de brume sombre.

Alors qu'elle allait se détourner de la vitre, quelqu'un vint s'écraser contre elle de l'autre côté, la faisant sursauter. C'était Mar, qui martelait le cristal de ses poings comme si elle voulait le briser, s'échapper de sa prison de verre.

- Mar ! cria-t-elle, le soulagement l'envahissant soudain. Mar, tout va bien ?

Sa sœur lui adressa un regard suppliant, puis s'affaissa soudain contre le verre, comme si elle avait brutalement perdu connaissance. Lym fronça les sourcils sans comprendre tandis que son corps inerte glissait sur la vitre pour retomber lourdement au sol.

- Mar ? Mar !

Elle commença à taper contre le cristal de ses mains poisseuses, espérant parvenir jusqu'à sa sœur, mais le brouillard se faisait plus épais, recouvrant ses mains d'une substance collante, l'empêchant de se mouvoir sans avoir les mouvements ralentis et lents. En baissant les yeux vers ses doigts, elle découvrit que l'épaisse substance qui les maculait n'était autre que du sang sombre. Elle poussa un hurlement d'horreur.


Lym se redressa dans son lit en poussant un petit cri paniqué, et réveilla au passage Elyra, qui était étendue sur le lit voisin. Elle lui adressa un regard abasourdi, se redressant d'un bond, sur ses gardes, comme si elle s'attendait à une attaque. Voyant qu'il s'agissait seulement de son amie, elle accourut à son chevet et s'agenouilla auprès d'elle.

- Lym ! Lym, tu m'entends ?

Cette dernière s'efforçait de reprendre son souffle, le cœur battant à cent à l'heure. Ce rêve était de mauvaise augure, et lui laissait l'horrible goût métallique de la brume ensanglantée sur sa langue.

La lampe qu'avait allumée son amie en entendant ses cris se mit à clignoter, et un vent glacial passa dans la chambre, renversant les livres entassés sur la table de nuit. Elyra jeta un coup d'œil inquiet autour d'elle ; la fenêtre et la porte étaient fermées.

- C'était un cauchemar, la rassura-t-elle en posant une main sur la sienne.

Elle lui arracha vite sa main, la levant devant ses yeux pour vérifier qu'elle ne soit pas couverte de sang collant, mais elle était seulement moite après le rêve qu'elle venait de faire. Elle prit une profonde inspiration, et le vent glacial se calma ; la lampe cessa de clignoter et se remit à émettre une douce lumière orangée et artificielle.

Se demandant où elle était, elle regarda autour d'elle et comprit qu'elle était dans la chambre d'amis de Kosh. Tout lui revint avec brusquerie ; comme l'hiver touchait à sa fin, il leur avait proposé de passer le weekend chez lui pour profiter des derniers restes de poudreuse et faire quelques batailles de boules de neige dans son jardin. Shay aurait tout donné pour avoir une excuse lui permettant de ne pas rester avec son père, Lym et Larrow n'avaient de toute façon rien de bien passionnant à faire à Eleuth et Elyra n'en pouvait plus du brouhaha constant que faisant ses sœurs et son frère chez elle. Ils avaient donc tous accepté l'invitation avec plaisir, d'autant plus que Kate et Nicolas se montraient de plus accueillants avec eux à chaque fois qu'ils s'invitaient dans la maison des Bluewell.

La veille, après la fin des cours, ils étaient donc tous venus se réfugier dans le Sud de l'Angleterre, où se voisinaient les maisons des Estrell et des Bluewell. Après avoir évidé tout le jardin de ses moindres petites traces de neige, ils étaient allés se coucher, épuisés, et voilà que Lym venait de réveiller la pauvre Elyra qui la dévisageait avec un air inquiet. Elle réussit à lui offrir un sourire sincère, la remerciant au passage de l'avoir aidée à se calmer.

- T'inquiète, je vais très bien.

- C'était quoi comme cauchemar, cette fois ?

- Hum... Il y avait une invasion de choux de Bruxelles martiens, qui avaient envahi la terre et supprimé tout le chocolat de l'univers. L'horreur !

Bien sûr, Elyra ne fut pas dupe, mais elle esquissa malgré tout un sourire. Si Lym était capable de plaisanter, elle allait déjà mieux. Contrairement à Shay, qui faisait deux fois plus de blagues lorsqu'il était stressé, elle n'utilisait pas l'humour en situation de panique.

- Tu veux qu'on en parle ? Qu'on descende se faire un thé ?

- Mais non, la rassura son amie. Va dormir. Je suis désolée de t'avoir réveillée.

- C'est rien...

Malgré tout, il était évident qu'elle était morte de fatigue, et elle ne se fit donc pas prier pour se laisser tomber sur son lit et se rendormir instantanément. Lym, elle, continua de scruter le plafond peint d'un joli bleu pastel, essayant de se rendormir – sans succès. Finalement, elle parvint à trouver le sommeil après avoir passé plusieurs heures à ruminer en se tournant et se retournant dans ses draps.

Lorsqu'elle se réveilla une deuxième fois, Elyra dormait toujours à poings fermés, mais le soleil s'était déjà levé, projetant des rayons qui n'étaient plus du blanc laiteux hivernal mais d'un or chatoyant. Le filet doré illuminait les cheveux frisés d'Elyra en lui donnant des teintes cuivrées, et éclairait aussi son visage serein. Lym alla fermer les rideaux pour éviter qu'elle ne se réveille, puis sortit sur la pointe des pieds pour se diriger vers la chambre voisine, celle des garçons ; lorsqu'elle en entrouvrit la porte, elle eut un léger sourire en découvrant qu'ils étaient encore en train de dormir, étendus sur leurs lits ou matelas avec un air ridicule. Des emballages de chocolat traînaient un peu partout. De toute évidence, ils ne s'étaient pas couchés très tôt la veille et avaient passé la soirée à se disputer et à bavarder.

Sur la pointe des pieds, elle retourna dans la chambre d'amis, prit une vieille salopette en jean dans son sac ainsi qu'un haut et alla se changer dans la salle de bain, puis elle descendit dans le salon, son livre à la main. Les volets y étaient déjà ouverts, déversant des flots de lumière d'or à l'intérieur ; Nicolas Bluewell était apparemment déjà parti pour le travail. Une tasse de thé vide était posée sur la table de la salle à manger. Elle se dirigea vers la porte et l'entrouvrit pour sortir dans le jardin, et frissonna en sentant le froid de l'extérieur, mais elle ne prit pas la peine d'aller se changer pour enfiler quelque chose d'un peu moins frais ; elle se dirigea vers le pan de mur le plus éclairé par le soleil et laissa les rayons dorés qu'il dardait dans sa direction lui réchauffer la peau. Elle leva son visage vers le ciel avec un léger sourire, ravie de sentir dans le réchauffement de l'air que le printemps allait bientôt arriver.

Le chien des Estrell, Aaron, était très occupé à aboyer après celui des Bluewell, Lio, qui lui rendait ses aboiements, perché à la fenêtre du salon. Les trois chats qui habitaient aussi la maison, Camélia, Pyrite et Sunset, étaient très occupés à se prélasser sous le soleil matinal, étendus dans l'herbe verte et foisonnante, humide à cause de la rosée et du givre fondu.

Elle se laissa tomber dans l'herbe et tira de la poche de sa salopette le roman qu'elle lisait en ce moment, un récit palpitant racontant les péripéties d'une jeune fille à l'époque médiévale. Elle resta un long moment à lire, ses cheveux flamboyants sous la lueur du lever du soleil, tandis que les chats de la famille de son hôte venaient s'installer autour d'elle en réclamant à force de miaulements des cajoleries.

- Tu fais quoi ici ? fit une voix derrière elle, et elle se retourna en portant par reflexe une main à son pendentif de cristal, à son cou.

Mais il s'agissait seulement de Kosh, qui avait l'air surpris de la trouver à l'extérieur à des heures aussi matinales et plissait les yeux pour essayer de voir malgré les flots de lumière orange doré qui pleuvaient du ciel. Ses cheveux ébène étaient légèrement roussis par le soleil, et il nageait dans son énorme pyjama saphir décoré de fusées. Elle eut un sourire en voyant ses grands yeux bleu Klein plissés à cause de la lumière.

- J'apprivoise une autruche, comme tu peux le voir.

Il leva les yeux au ciel.

- Je vois bien que tu lis ! Je voulais dire, pourquoi t'es debout si tôt ?

- Euh... Je suis matinale ?

- Pas du tout, tu adores faire la grasse-matinée.

Elle haussa les épaules. Il avait raison. Autrefois, avant l'Académie, Eleuth et Drake, elle se levait tous les jours de weekend ou de vacances vers dix heures, minimum, et restait éveillée tard le soir. À présent, elle s'était habituée à se lever aux première lueurs de l'aube pour pouvoir faire un tour auprès de Laxy, nager dans les grands lacs de l'aile sud de l'île ou encore lire un peu devant l'immensité de l'arbre.

Kosh se laissa tomber à côté d'elle, adossé au mur de briques de sa maison, et Pyrite, le chaton roux moucheté, lui sauta immédiatement dessus pour mordiller les manches de son pyjama.

- Et toi, pourquoi t'es réveillé aussi tôt ?

- Aucune idée.

Comme elle replongeait dans son livre, il tira de son sac une nouvelle à la couverture défraîchie, et l'ouvrit à une page qu'il avait cornée. Lym faillit s'étouffer.

- Tu as corné la page de ton livre ?

- Hum... Oui ?

- Et moi qui croyais que tu étais mon ami, fit-elle d'un ton de reproche en s'écartant de lui, prenant un air dégoûté. Je me sens trahie.

- Laisse-moi deviner, sourit Kosh, c'est sacrilège de corner une page ?

- Oui ! Oh, par Ladon, comment ai-je pu rester près d'un énergumène comme toi aussi longtemps sans vomir ?

Il pouffa, très amusé par son indignation.

- Ok, ok, je ne cornerai plus aucune page, compris ? Parole de scout. En revanche, tu auras plus de mal à convaincre Shay et Elyra.

Elle fronça son petit nez constellé de taches de rousseur mais consentit à se rassoir à ses côtés. Comment des êtres humains pouvaient-ils être assez cruels pour abîmer un livre de cette façon ?

Ils continuèrent à lire côte à côte une demi-heure, jusqu'à ce qu'ils entendent Elyra hurler à quelqu'un d'arrêter de faire le clown. De toute évidence, Shay était réveillé. Ils retournèrent à l'intérieur de la maison, où les attendait Larrow, qui s'était fait un café trop chaud et le buvait à petites gorgées, ses cheveux que l'humidité bouclait tombant devant ses grands yeux pâles. Shay et Elyra dévalèrent l'escalier peu après, suivis par Kate Jay, la mère de Kosh, qui sortait en courant car elle était en retard pour le travail. Elyra alla se servir un peu de café au lait tandis que Shay, Lym et Kosh allaient se préparer un thé, puis ils s'attablèrent dans le salon.

- Bien dormi ? s'enquit Kosh en ajoutant un nuage de lait à sa tasse de thé.

- Comme une souche, répondit Larrow en bâillant. On fait quoi, aujourd'hui ? Il n'y a plus une seule trace de neige.

- Passe-moi le sucre, Alley, lança Shay.

- Le mot magique ?

- Cornichon ?

- On dit s'il te plaît, quand on est poli, Lake, rétorqua-t-elle en attrapant le sucre pour le maintenir hors de sa portée.

Alors qu'ils s'engageaient dans une terrible bataille pour récupérer le pot de sucre, les trois autres discutèrent pour décider du programme de la journée.

- On peut passer toute la journée ici à ne rien faire ? geignit Kosh. Et rester en pyjama ?

- C'est une idée alléchante, mais je pense que ça ferait de nous des flemmards.

Après avoir débattu un moment sur la question, tandis que Shay finissait par prendre la sucrière à Lym qui se vengea en lui volant le flacon de confiture, ils finirent par décider d'aller faire un tour dans la forêt pour ramasser des branches et des pommes de pin qui leur permettraient d'allumer un feu de bois une fois le soir tombé. Tous les cinq terminèrent leurs tasses de thé ou de café et Kosh, Elyra et Shay, qui n'avaient pas pris la peine de revêtir autre chose que leurs pyjamas, filèrent se changer. Puis ils sortirent de la maison, et se dirigèrent vers les sous-bois, à l'opposée du sentier qui menait à la route ; s'enfonçant entre les arbres, ils s'éparpillèrent un peu en se disputant les plus gros bouts de bois.

Lym eut très vite une véritable pile de débris et de branches entre les bras, qu'elle s'efforçait tant bien que mal de maintenir en équilibre sans en renverser la moitié à chaque pas. Ils avaient prévu de faire un feu après le coucher du soleil et d'y faire griller des guimauves, que la mère de Kosh leur avait promis de leur apporter au téléphone.

Repérant un gros morceau de bois noueux dénué de mousse qui serait absolument parfait pour allumer un feu, elle se dirigeait vers lui lorsque Shay jaillit de derrière un arbre, s'en saisit à deux mains et s'enfuit à toute allure.

- Eh ! protesta-t-elle en laissant tomber ses réserves de branches, qui se mirent à pleuvoir sur ses pieds.

Tout en essayant d'en tenir le maximum entre ses mains, elle courut à sa suite en s'enfonçant sous les arbres en pestant contre l'idiotie de son ami aux insupportables cheveux blonds. Elle enjamba un gros tronc d'arbre moussu et s'apprêtait à contourner un énorme érable lorsque son attention fut attirée par des voix derrière elle. Elle fronça les sourcils et, abandonnant la course-poursuite, elle rebroussa chemin ; il n'y avait habituellement personne dans cette partie de la forêt, et certainement pas à une heure pareille. Il y avait parfois des randonneurs dans la région, mais pas dans ce coin des bois dénué de sentiers. Peut-être des voisins étaient-ils allés faire un tour ? Le père de Shay, éventuellement ? Avec méfiance, elle s'engagea au milieu des buissons épineux, maintenant les bûches qu'elle avait récoltées contre elle.

Se faufilant en essayant de ne pas faire trop de bruit, elle arriva à la lisière d'une clairière à l'herbe rase et aux arbres hauts. Heureusement, elle réussissait assez bien à ne pas faire craquer de branches sous ses semelles, même si elle ne parvenait pas à être aussi silencieuse que Larrow qui se mouvait comme une ombre. Entendant des voix dans la clairière, elle recula pour rester sous le couvert des arbres et s'accroupit derrière un fourré.

- Tu penses vraiment qu'ils habitent encore par ici ? bougonna une voix masculine, grave et énervée.

- Écoute, j'en sais rien, compris ? On est juste censés réviser les environs.

Elle risqua un regard par-dessus le buisson. Avec un peu de chance, il s'agissait de policiers à la recherche de fugitifs – se réjouir et espérer la présence de policiers cherchant des délinquants était l'une des dernières choses qu'elle aurait pensé faire un an plus tôt. Mais, lorsqu'elle jeta un coup d'œil derrière les plantes, elle rebaissa vite la tête en sentant l'angoisse lui tordre le ventre.

« Pas encore », songea-t-elle en enfonçant ses ongles dans la terre meuble du sol.

Les deux hommes avaient de gros uniformes noirs et des fusils à la main, et, sur la brassière de leurs uniformes, elle distinguait très clairement le symbole de l'Empire de Drake, l'aigles aux ailes repliées autour de sa tête comme une couronne de plumes.

Ok, j'avoue, c'est que le début des vrais trucs.

Le chapitre 34 met en place ce qui va se passer durant le tome IV, et vous allez comprendre pourquoi j'arrête pas de répéter qu'il se passe des trucs dans ce tome-là. J'espère ne pas vous décevoir :)

(chapitre corrigé ✔)

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