✨~[II/42]~✨

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng


Livre II : Chapitre 42


Lym regarda avec stupeur les yeux noirs d'Abel s'écarquiller, avant de virer de nouveau à la couleur caramel. Son corps bascula en arrière, emportant l'épée de Larrow avec lui. Ce dernier regardait avec des yeux remplis de désespoir le corps sans vie de son ami, agité un instant de soubresauts avant de s'immobiliser pour l'éternité.

L'armée qui se dressait autour d'Abel fit soudain un geste unanime, se précipitant en avant pour les embrocher au bout de leurs longues épées torsadées. Comme Larrow semblait incapable de réagir, par réflexe, Lym attrapa le manche de Draksaura, qu'elle arracha du corps inerte d'Abel. Saisissant Larrow par le bras, elle le tira en arrière. Ensemble, ils auraient pu affronter l'armée, mais il semblait bien trop ébranlé, et elle n'était pas sûre de pouvoir le protéger de l'attaque. Elle le tira de force à sa suite, fendant la foule des guerriers qui s'affrontaient, et il finit par se mettre à courir à son tour. Elle ne le lâcha pas pour autant. Elle n'avait pas l'intention de le lâcher – plus jamais. Pas avec le désespoir qu'elle lisait dans ses grands yeux pâles. Elle l'avait toujours vu fort et redoutable, froid et insondable. Et voilà qu'elle voyait soudain le petit garçon brisé grandi trop vite qui se cachait derrière les murs de glace qu'il s'était bâtis pour se protéger. C'était décontenançant, dépaysant. Ce serait comme voir Shay perdre son sens de l'humour, ou Kosh ne plus se soucier de la vie de ses amis, ou bien Elyra se montrer déloyale ; anormal et troublant.

Ils fendirent la foule, traversant le champ de bataille en s'efforçant difficilement d'éviter les coups d'épée, les flèches qui volaient et les claquements des balles dans l'air. Enfin, ils parvinrent à se réfugier sous le couvert des arbres, près de l'endroit où Loki avait attaqué Lym quelques heures plus tôt. Cela lui paraissait être une éternité.

Avec tendresse et précaution, elle le mena jusqu'à un arbre moussu et il se laissa lourdement tomber sur l'une de ses racines, l'air encore sous le choc. Elle ne comprenait pas pourquoi il avait pourfendu son ami de son épée, mais aurait-il le courage de lui répondre ? Avait-il été si furieux de découvrir qu'il avait rejoint l'Empire de Drake qu'il avait mis fin à ses jours ? Mais il n'avait pas l'air furieux, seulement désespéré et brisé.

- Que s'est-il passé là-bas, Larrow ? demanda-t-elle doucement en posant une main sur son épaule encore tremblante.

- C'était Abel, balbutia-t-il. Abel Seymour. Mon ami.

- Je sais, mais il n'était pas censé... Tu sais, être... ?

- Mort ?

Elle hocha la tête après s'être interrompue un instant pour s'autoriser une hésitation. Larrow tremblait toujours de tous ses membres, mais il semblait déjà se reprendre, se refermer comme il le faisait toujours ; il s'éclaircit la gorge et parla d'une voix qu'il s'efforçait de garder contrôlée.

- Il m'a parlé télépathiquement. D'après lui, il n'est jamais mort, il a seulement été forcé à rejoindre l'armée de Drake... Il... Lym, Drake n'utilise plus seulement la Toxine sur ses dragons... Il l'a étudiée, modifiée, et...

Lym entrouvrit les lèvres, horrifiée. La Toxine, cette terrible découverte de Drake qu'il réussissait à créer à base du souffle des Skuros, et qui soumettait les dragons à sa volonté, les transformant en robots dociles et obéissants, dépourvus de libertés ou de volonté propre. Soudain, elle revit les yeux d'Abel qui viraient au noir d'encre ; s'étaient les mêmes yeux que ceux du Glacyés possédé. Alors Drake avait découvert un moyen de ne pas seulement contrôler ses dragons, mais aussi ses soldats.

Voilà qui expliquait beaucoup. Lorsqu'ils avaient découvert dans les livres d'Eleuth l'existence du Feathercrown, le laboratoire destiné à étudier non seulement les Irisas mais aussi la Toxine, ils s'étaient demandés pourquoi Drake pourrait avoir besoin d'un laboratoire qui y était consacré si la Toxine était déjà perfectionnée. Apparemment, il n'avait pas seulement l'intention de faire subir ce supplice aux dragons, mais aussi de le développer pour qu'il soit aussi utilisable sur les humains.

Larrow avait décrit l'influence inexorable de la Toxine comme un virus informatique qui s'attaquait à des appareils pour les rallier à leur cause et les joindre à un ensemble. Voilà qui expliquait les gestes coordonnés des soldats qui entouraient Abel lorsqu'il s'était dressé devant eux. Ils étaient tous sous la houppe de Drake, condamnés à obéir à ses ordres sans s'accorder de réflexion propre ou de libre arbitre. Des pantins, une armée de marionnettes dont Drake tirait les ficelles d'une simple pensée.

Elle serra la main de Larrow dans la sienne, qui lui broyait les doigts. Elle comprenait à présent la douleur dans ses yeux. Son meilleur ami, qu'il avait cru mort pendant des années entières, se révélait avoir été contrôlé par son pire ennemi durant tout ce temps, œuvrant contre sa volonté à détruire Eleuth.

- C'est horrible, souffla-t-elle sans desserrer son étreinte autour de la main de Larrow, même si ce dernier lui écrasait les phalanges.

- Il m'a dit qu'il ne pouvait plus supporter d'être spectateur de son propre corps, poursuivit-il. Il m'a dit qu'il préférait encore mourir libre plutôt que de me combattre contre son gré. Il m'a demandé... C'est lui qui m'a demandé de le...

« De le tuer », compléta Lym mentalement comme Larrow ne semblait pas capable de finir sa phrase.

Elle ne connaissait pas Abel, et pourtant, elle dut retenir une larme en voyant la souffrance qui se peignait sur le visage de son ami. Celui-ci s'efforçait de reprendre son air inébranlable qu'il arborait habituellement aux yeux de tous, mais son masque avait été brisé, et il semblait avoir du mal à en recoller les morceaux à présent.

- Je suis désolée, fit-elle doucement.

- Toutes ses années, il était en vie, quelque part, et j'aurais pu le sauver si je ne m'étais pas entêté à le croire mort.

- Ne te blâme pas pour ça. Ne sois pas si dur avec toi-même, Larrow...

Lorsqu'elle vit les larmes qu'il essayait de retenir, elle ne put s'empêcher de murmurer, même si elle savait qu'il ne l'écouterait pas ;

- Tu as le droit d'être triste...

- Non, rétorqua-t-il d'une voix tremblante mais qu'il s'efforçait apparemment de mesurer. Non. Pas en pleine bataille. Lym... Je l'ai tué.

- Ce n'est pas de ta faute...

Une pensée affreuse interrompit soudain le fil de ses pensées. Et Mar ?

Elle eut l'impression de se prendre un seau glacé sur la tête ; et si sa sœur avait subi le même sort qu'Abel Seymour ? Et si elle avait été soumise à la volonté de Drake à l'aide de la Toxine, et si elle s'était battue avec tous les autres durant cette bataille ?

Avec les casques que beaucoup portaient, elle n'aurait jamais pu la reconnaître. Elle avait tué beaucoup d'ennemis sans visages et sans voix. Peut-être l'avait-elle tuée sans même s'en apercevoir. Peut-être avait-elle tué Mar. Se fut à son tour de serrer la main de Larrow à lui en faire mal, et il sembla immédiatement remarquer son trouble.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Mar, répondit-elle simplement.

Ce fut cependant assez explicite pour que les grands yeux clairs de son ami s'éclairent de compréhension. Il avait toujours été le plus intelligent.

- Tu penses qu'il lui a fait la même chose ? Oh, par Ladon...

Il hésita un instant, puis essaya de la rassurer, mais elle pouvait voir dans ses yeux, découverts par ses défenses brisées, que lui-même n'y croyait pas ;

- Peut-être que ça ne fonctionne pas sur les Irisas... ?

- Il faut qu'on avertisse vite Cave, s'écria-t-elle avec empressement. Qu'on lui parle de la Toxine. Et qu'on... vérifie les corps...

- Ce ne sera pas nécessaire, répondit-il d'une voix déjà plus calme. C'est la trêve. Le coucher du soleil. Durant ce laps de temps, les deux armées se retirent, car il fait trop sombre pour que les Anges se battent, et trop clair pour que les Stryges et Nyx puissent s'aventurer dehors. Les camps vont laisser un moment de tranquillité aux autres. Une coutume videntis ancestrale. Tu auras le temps de chercher. Et puis, Lym, écoute ; si c'est... Si c'est une Irisa, alors on aurait repéré une pareille concentration de pouvoir.

Elle hocha la tête et se redressait déjà hâtivement, lorsqu'elle remarqua l'étincelle de désespoir dans les yeux de Larrow. Il avait encore besoin d'un instant pour consolider les fissures de son armure et retrouver son air impassible, pour que personne ne devine ce qu'il venait de vivre. Elle se rassit ; elle pouvait bien lui accorder quelques secondes de calme, si vraiment les combats avaient cessé.

Il lui lâcha la main, et prit une profonde inspiration, toujours adossé au tronc d'arbre moussu. Il avait toujours détesté dévoiler ses sentiments, et voilà qu'il se trouvait incapable de les cacher. Au milieu de la forêt, les arbres étouffaient les derniers vestiges des sons du combat. Cris, armes s'entrechoquant et gémissement d'agonie s'étaient éteints, ainsi que les rugissements des dragons et des Pteroks survivants. Tout semblait plus serein, ici, et, durant un instant, Lym se dit qu'elle pourrait rester entre les arbres pour l'éternité, dans le silence et la paix. Sa rêverie insensée fut aussitôt disloquée lorsque l'odeur métallique du sang remonta jusqu'à ses narines, remplaçant les senteurs de chèvrefeuille. Elle avait fait une promesse. Elle sauverait Mar et vengerait Sofy, tuerait Orion pour lui faire payer ses actes ignobles, et restaurerait la paix à Eleuth. Ou elle mourrait en essayant.

Elle fut prise de court lorsque Larrow se mit à parler d'une voix lente et profonde, les yeux perdus dans le dédale des troncs d'arbres.

- J'avais parlé de ma sœur, chez Hyther, commença-t-il doucement.

Elle hocha la tête, n'osant pas l'interrompre.

- Et je t'ai dit que j'étais fils unique. Ce n'était pas un mensonge, tu sais. Ma sœur... Ma mère était enceinte. Je me souviens de m'être plaint, d'avoir boudé comme un enfant, parce que mes parents voulaient l'appeler Céleste, et moi Elsa.

- Tu étais un enfant, souffla Lym.

- C'est vrai, acquiesça-t-il. Mais tu te rends compte ? Une petite Elsa Larrow, ou une Céleste Larrow. On avait pu voir l'écographie. J'étais tellement heureux. J'allais avoir une petite sœur, Lym. Mais mes parents sont partis à ce stupide supermarché, et il y a eu cet accident. Elle n'a jamais vu le jour.

Si Lym se sentait déjà mal, elle sentit à ces mots son cœur tomber en poussière. La fureur avait remplacé la mélancolie dans la voix de son ami. Une petite Elsa Larrow, ou une Céleste Larrow. Il avait été privé d'une sœur, comme elle qui cherchait toujours Mar.

Il secoua la tête avec un air énervé, comme s'il essayait de chasser de ses pensées ces souvenirs douloureux. Pourquoi ne s'accordait-il jamais un moment pour pleurer ou assumer ses émotions ? Fallait-il toujours qu'il se referme sur lui-même et bâtisse autour de lui un cocon protecteur pour se dérober aux regards des autres ? Bon, d'accord, elle faisait un peu la même chose. Elle n'était pas vraiment l'exemple à suivre...

Sans un mot, il se leva et elle fit de même, toujours troublée. Elle avait l'impression de n'avoir jamais vu les émotions de Larrow aussi mises à nues, et à présent qu'il s'était de nouveau érigé son masque de froideur, elle était incapable d'effacer de sa mémoire ses yeux humides. Elle secoua la tête en lui emboîtant le pas au milieu des arbres. Ils avaient tous un moyen différent de se protéger ; lui, c'était son mur de glace qu'il mettait entre lui et les autres ; Shay, c'étaient ses blagues et ses moqueries.

Comme il ne semblait pas disposé à parler, ils sortirent tous deux du couvert rassurant des arbres, où ils s'étaient réfugiés pour être à l'abri des regards. Le champ de bataille, comme il l'avait prédit, était déserté de ses combattants ; vers leur gauche, ils pouvaient voir les campements ennemis, de grandes tentes pourpres parées de drapeaux noirs claquant au vent. Le symbole du faucon déployant ses ailes était frappé sur chacun des triangles de tissu sombre. À leur droite, tout à l'opposée, sur la butte où ils étaient apparus, Cave et les autres avaient dressé des bancs et des cabanes de fortune autour de la tente bleu pastel frappée de l'œil de l'Ordre Dragomir qui faisait lieu d'infirmerie. Le champ de bataille s'étalait à leurs pieds, immense, et des corps jonchaient le sol. Il y avait même quelques ossements, issus des Pteroks qui s'étaient en partie désintégrés en s'écrasant au sol, et des armes brisées, boucliers fracassés et mares de sang. Lym du retenir un haut-le-cœur et n'osa pas s'y aventurer plus en avant pour chercher le corps de sa sœur. Si Mar était morte, elle préférait ne pas le savoir tant que les combats n'auraient pas cessé, ou elle risquerait d'en être distraite.

Malgré elle, elle ne put s'empêcher de chercher d'un regard une touffe de cheveux rougeoyants semblables aux siens, mais aucune victime n'avait la même teinte rousse que les sœurs Alley. Alors qu'elle était trop occupée à regarder alentours, elle entendit un craquement sec en-dessous d'elle, et, lorsqu'elle baissa les yeux, elle vit qu'elle avait marché sur la carcasse d'un Pterok. Transperçant la peau d'habitude épaisse et résistante, elle avait heurté un os. La chair était déjà dans un état avancé de décomposition, ce qui n'était pas vraiment normal puisqu'il avait dû perdre la vie à peine quelques heures auparavant. Mais elle ne posa pas de questions et pressa le pas pour suivre Larrow.

Celui-ci avait déjà commencé à gravir la colline pelée, et ils arrivèrent vite au campement dressé par les Dragomirs. Sir Lin, l'une des membres du Conseil des Dragomirs, ainsi qu'Amel et Riks, étaient occupés à rétablir les blessés dans leur coin. Pendant ce temps, Zale, Markus et Cave, ainsi que Sir Meyer, également un Conseiller, discutaient stratégie, assis sur une bûche couchée qui faisait office de banc.

Lym parcourut le camp du regard à la recherche de ses amis. Dans un coin, elle vit Ash et Lukas, assis côte-à-côte. Elle n'osa pas les interrompre, mais vit, un peu plus loin, Joy, seule, avachie sur un rocher. Qu'elle soit isolée n'était pas une grande surprise ; elle avait peu d'amis et préférait la solitude à rester avec des gens qui ne l'intéressaient pas. Lym montra d'un geste Joy à Larrow, qui hocha la tête.

- Va la rejoindre, dit-il doucement.

- Tu ne viens pas ? s'étonna-t-elle.

- Je dois parler de notre stratégie avec Cave et les autres. Je dois leur raconter ce que j'ai découvert sur la Toxine. Mais ne t'inquiètes pas pour moi.

Elle hésita, sachant qu'il aurait besoin de soutien, mais il s'était déjà éloigné. Peut-être pour lui cacher la rougeur de ses yeux.

Comme il s'était déjà détourné pour rejoindre Cave, elle finit par courir aux côtés de Joy ; après tout, il était leur meilleur stratège. Ils auraient besoin de lui pour prévoir leurs plans d'attaque pour la nuit.

Joy était assise sur un gros rocher, les pieds dans l'eau, au bord de la mer ; elle ne comprit que lorsqu'elle fut à deux pas d'elle qu'elle était sous sa forme de Selkie, sa forme élémentaire. Ses cheveux noirs, habituellement raides comme des baguettes, étaient légèrement bouclés comme si elle avait passé des heures à nager. Sa peau dorée semblait étinceler. Elle sentait le sel et les algues. Un manteau de fourrure brun et lisse était drapé sur ses épaules, et ses longs doigts, qu'elle trouva plus fins qu'à l'accoutumée, jouaient avec une bulle d'eau de la taille d'un ballon de football. Il bondissait entre ses mains comme s'il était fait de gélatine. Les rayons rouges qu'envoyait le soleil mourant faisaient éclater des arcs-en-ciel étincelants dans la sphère cristalline.

Lym s'approcha et vint s'asseoir à côté d'elle, hésitante.

- Salut, fit-elle.

Joy sursauta, et l'orbe miroitant sembla éclater. Le charme, rompu, ne maintenait plus l'eau en place, et elle coula entre ses longs doigts fins pour détremper ses genoux, comme si on avait fait éclater avec une aiguille une bombe à eau.

- Oh ! c'est toi.

Elle sembla soulagée en la reconnaissant. Après la terrible bataille qui venait d'avoir lieu, elle aussi était tendue. D'un geste, elle invoqua un nouveau globe avec lequel elle entreprit de jongler. Lym remarqua que, sous cette apparence de Selkie, ses yeux étaient noirs comme deux gouffres immenses et ses pupilles, dilatées.

Elle l'observa un moment jouer avec sa balle d'eau scintillante, puis demanda après un temps d'hésitation ;

- Les autres... Je les ai pas vus. Ils vont bien ?

- Shay est blessé. Il a voulu jouer les héros – est-ce vraiment une surprise ? Mais ce n'est rien de grave. Elyra va bien, même si Flamme, son dragon, a été atteint, mais il s'en sortira aussi. Kosh... Il est en train de gronder Shay tellement fort que je crois que son cerveau va exploser.

- Et toi, tu vas bien ?

- Honnêtement ? J'en sais rien. Je suis fatiguée. Quand je pense qu'on devra sans doute reprendre le combat dès la tombée du soir et continuer toute la nuit. Drake et Orion Elgar ont quitté leur armée, tu sais ? Apparemment, ils vont se rabattre vers Arcem et envoyer de nouvelles forces ici. Il semblerait qu'ils en aient beaucoup.

Lym continuait de fixer tristement la sphère transparente avec laquelle son amie jonglait pensivement. Si Orion et Drake partaient de Polemos pour faire venir de nouveaux soldats, et si, vraiment, ils étaient si nombreux, ils n'allaient jamais pouvoir les battre. En jetant un coup d'œil alentours, elle en eut la confirmation. Tous les Dragomirs étaient abattus, enterrant leurs morts ou fixant un point au loin d'un regard désespéré. Eux qui étaient si sûrs d'eux au début du combat, ils semblaient à présent résignés. Comme s'ils avaient accepté l'éventualité de leur mort prochaine.

- On est fichus, Lym, même si personne n'ose le dire.

Les mots de Joy ne firent que confirmer ses inquiétudes, mais elle eut beau chercher quelque chose de réconfortant à lui répondre, elle avait l'impression de n'avoir à offrir que des mots creux. Joy soupira. La balle d'eau éclata entre ses doigts et s'écoula en flaques à ses pieds. Se relevant d'un geste leste, elle lui adressa un sourire épuisé.

- Va rejoindre les autres. Je vais nager un peu, ça m'empêchera de broyer du noir.

- On va s'en sortir, lui lança Lym en faisant nerveusement tourner Prysm entre ses doigts. Les Dragomirs ont vu des batailles bien pires.

Joy sembla hésiter, puis elle hocha la tête. Ses épaules étaient baissées, et elle avait l'air découragé.

Elle détacha le manteau dont elle avait lié les manches autour de son cou, et l'enfila d'un geste mécanique. La toile fine et brune mouchetée de teintes crème et noires s'accordait de manière innée avec son corps, comme si elle avait été taillée pour lui aller comme un gant – ce qui était le cas. À peine l'avait-elle enfilé que la peau chocolat sembla adhérer à sa propre peau dorée.

Devant ses yeux, elle sembla rétrécir, s'arrondir, ses mains s'élargirent et, un instant plus tard, un petit phoque aux grands yeux humides et à la petite truffe noire pataugeait dans l'eau basse. Lym se souvint de ses ricanements avec Shay lorsqu'on lui avait dit le pouvoir des Selkies. Elle avait eu tort de s'en moquer. L'animal devant elle, avec sa fourrure brune mouchetée, était d'une grâce et d'une légèreté notables, et non pas pataude et gauche comme elle se l'était figurée. En battant des nageoires, elle s'enfonça dans les vagues piquetées de taches rouges que projetait le soleil.

Joy aurait pu disparaître dans la mer, et ne plus revenir. Se sauver. Mais elle ne le ferait pas, Lym en était persuadée. Elle reviendrait se battre. Comme eux tous.

Eeet voici la centième partie de Dragomir ! I'm proud :)

Merci pour toutes vos questions, elles ont toutes été notées. Si vous en avez d'autres pour la FAQ n'hésitez pas à les poser !

BYZOUHS

(chapitre corrigé ✔)

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro