~[IV/21]~

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Livre IV : Chapitre 21 - GALLENY


- Comment ça, tu n'as rien ?

- Rien du tout.

- Mais comment est-ce possible ?

Il était terriblement difficile pour Galleny d'admettre qu'elle était impressionnée. En règle générale, Galleny Clarke n'était pas impressionnée, et certainement pas par sa dernière victime.

Mais d'entre tous les sujets qu'elle avait eu l'occasion de torturer, Sean Larrow se démarquait complètement. Il lui avait fallu une bonne vingtaine de minute pour qu'il ne daigne ne serait-ce que réagir aux blessures qu'elle lui infligeait, et même lorsque ses expressions et son corps trahirent sa douleur, il lui fallut encore une bonne heure pour se mettre à crier. Depuis ce moment-là, deux heures étaient passées ; le Dragomir avait hurlé tout son soûl, mais pas une seule fois n'avait-il révélé quoi que ce soit, supplié, ou même insulté Galleny. Elle aurait dû se douter lorsqu'il s'était montré dès le départ incroyablement coriace qu'il défendrait ses secrets bec et ongle, mais jamais elle n'aurait pu imaginer pareille résistance. Elle savait très bien que sous sa main experte, ses lames et ses mots, même l'esprit le plus loyal finissait par céder. Pourtant, malgré tous ses efforts, seuls des cris avaient échappé aux lèvres de sa victime. Une telle volonté forçait l'admiration.

Elle savait qu'il était l'un des plus fidèles sujets de l'Ordre, bien sûr – après tout, elle avait bien eu l'occasion de lui parler quelques fois, lorsqu'elle possédait Ashton à Eleuth. Ce souvenir, malgré sa frustration après cette inutile séance de torture, lui fit courber les lèvres en un léger sourire. Il lui manquait presque, ce petit Dragomir. Être dans sa tête avait été une expérience unique ; Galleny avait été choisie pour cette mission car si elle était très douée avec des couteaux et des ustensiles, ses méthodes de torture allaient bien plus loin. L'une de ses armes les plus intéressantes à manier, c'étaient ses mots. Et puisqu'elle ne pouvait pas faire le moindre mal à quelqu'un qui n'était que dans sa tête, c'étaient bien de ses mots qu'elle s'était servie pour torturer Ashton. Enfin, elle mentirait en disant ne pas s'être attachée à lui en fin de compte. Elle s'en était presque voulu lorsqu'elle avait tué sa mère et torturé son meilleur ami en le forçant à regarder. Presque.

Galleny Clarke restait après tout quelqu'un dont la passion était la torture. Il ne fallait pas s'attendre à beaucoup de gentillesse de sa part, et encore moins à un esprit sain.

Elle passa un torchon sur la lame maculée de sang de sa dague, pour en nettoyer la surface, et lorsque Drake, à côté d'elle, croisa les bras d'un air frustré, elle soupira.

- Je suis aussi surprise que toi !

- Personne, je dis bien personne, n'a jamais tenu plus de quelques heures sous ta torture, gronda Drake, énervé comme un enfant impatient que l'on voulait faire attendre. C'est bien pour ça que tu es la tortue en chef d'Arcem.

- Si tu m'appelles tortue encore une fois...

- Clarke ! Il détient des informations précieuses dont on a besoin ! Il est l'un des amis de Lym – il sait sans doute tout ce qu'on ignore à son sujet, ses dernières avancées avec sa Télékinésie, le niveau qu'ont atteint ses pouvoirs, combien de temps il lui reste avant de craquer...

- Je lui ai posé toutes ces questions, et les autres dont tu m'as fait la liste aussi. Et pourtant il refuse de dire un mot.

- Il FAUT que tu...

Galleny abattit sa dague sur sa table de travail, fulminante. Elle détestait ne pas parvenir à ses fins. Échouer ne faisait normalement pas partie de son vocabulaire, et elle n'avait fait qu'échouer depuis que Drake lui avait expliqué sa mission avec Larrow.

- Ce n'est pas de ma faute ! geignit-elle. Tu veux que toutes ses plaies puissent être guéries par un enchantement de guérison. Ce n'est pas facile de le faire souffrir suffisamment pour qu'il parle si je ne peux que faire des blessures superficielles. Les blessures mortelles sont bien plus douloureuses, et bien plus susceptibles de lui arracher des informations...

- J'ai besoin de lui en vie.

- Très bien, mais tout de même ! Si je pouvais couper ses doigts, par exemple, ou l'handicaper des jambes, c'est douloureux mais il survivra ! Un peu amoché, oui, mais...

- Je te l'ai répété plusieurs fois déjà, insista Drake. Il faut qu'on le rende à Eleuth en un seul morceau.

- Je ne comprends pas pourquoi !

- Je ne peux rien te dire. De toute façon, s'il était mal en point ou pire, mort, Lym et sa bande réclameraient vengeance.

- Qu'ils viennent. Tu nous as dit mille fois déjà que l'Irisa n'a pas le contrôle de soi nécessaire pour détruire Arcem sans réduire en miettes Eleuth au passage. Puisqu'elle ne pourra venir qu'en se contrôlant, on pourra la capturer et la mettre dans tes labos, qu'elle rejoigne sa petite bande de dégénérés.

- Ne les appelle pas comme ça, siffla Drake. Galleny sut reconnaître la colère dans ses pupilles, et continua en évitant le sujet des Irisas.

- Ce que je veux dire, c'est qu'elle ne peut pas faire grand-chose même si on le blesse.

- Ne la sous-estime pas. On a commis cette erreur auparavant. Ça te dit quelque chose, l'explosion du volcan ?

Galleny grimaça et baissa les yeux vers la panoplie d'armes et d'instruments sinistres disposés sur sa table de travail. Comment oublier ce moment ? Elle était en plein milieu du combat lorsque c'était arrivé, à des kilomètres d'Arcem ; mais en entendant l'appel aux troupes, elle s'était repliée avec les autres. Le spectacle qui les attendait, les cendres, les coulées de lave, les tremblements de terre et le bouillonnement de l'eau du lac salé... les semaines et les semaines passées à remettre sur pieds, tant bien que mal, la partie saccagée de l'île, et à réparer les dégâts au sein même de la forteresse. Aujourd'hui encore, les cachots où avait été enfermée Elymara Alley, la sœur de l'Irisa, étaient inaccessibles, les décombres ayant enseveli ces souterrains. Apparemment, c'était là-bas que l'Irisa avait piqué sa petite crise. Il leur avait fallu se réaménager des cachots dans les tours de la forteresse d'améthyste pour y garder leurs prisonniers. Comme celle où se trouvait actuellement Sean Larrow.

Justement, Drake, à côté d'elle, s'efforçait de toute évidence de trouver une solution qui leur conviendrait à tous les deux. Il plissa soudain les yeux, et elle sut presque immédiatement qu'il avait quelque chose en tête.

- Quoi ? Tu as une idée ?

- Ce n'est qu'une ébauche, mais...

- Dis-moi, insista Galleny, qui commençait à désespérer et voulait en avoir fini avec leur prisonnier au plus vite. Elle avait l'habitude d'arracher à ses victimes les informations qu'il lui fallait en très peu, et la torture qui s'étirait sur des jours ou des semaines, ce n'était généralement pas son domaine – Ashton avait été une exception, et c'était une torture purement psychologique.

Drake regardait fixement les lames disposées devant Galleny, dont certaines étaient encore maculées du sang de Larrow. L'air pensif, il passa un doigt sur l'une des dagues, étalant l'écarlate sur sa peau.

- Et si on utilisait sa forme élémentaire ? proposa Drake, perdu dans ses pensées.

- De quoi s'agit-il ?

- Un Stryge, je crois.

Galleny fronça les sourcils, confuse. Se servir de la forme élémentaire d'un videntis pour le torturer était toujours très amusant ; exposer les Anges à l'obscurité, les Egnas, Stryges et Nyx à la lumière et les Selkies à la sécheresse, inventer de complexes systèmes pour faire souffrir les Fés et les Neuri... Ces tactiques-là portaient souvent leurs fruits, et en d'autres circonstances, elle l'aurait déjà proposé pour résoudre le problème qu'était devenu Larrow. Seulement...

- L'exposer à la lumière le tuerait, ou au moins réduirait en poussière une partie de son corps. Tu ne le voulais pas en un seul morceau ?

- Si, si, dit Drake, toujours pensif. Mais ce n'est pas vraiment à là que je voulais en venir. On ne peut pas le mettre à la lumière, bien sûr, c'est trop dangereux, mais un Stryge a d'autres faiblesses. Et si on le privait de sang ?

- Oh...

Intéressant. Un Stryge pouvait complètement perdre la raison s'il n'avait pas droit à sa fréquente dose de sang, ce qui le maintenait en vie. Mais là encore, le plan de Drake n'était pas parfait.

- Il serait bien plus susceptible de céder, oui, mais... Pour qu'il commence à être assoiffé, il lui faudra une heure – plusieurs avec sa résistance. Pour qu'il commence à perdre la tête, il nous faudra au moins un jour d'attente. Il ne pourra pas rester sous sa forme de Stryge tout ce temps.

- Détrompe-toi ! J'ai entendu dire que Larrow est très à l'aise sous sa forme élémentaire. Je suis persuadé qu'il pourrait faire cet effort pendant plusieurs jours.

- Même s'il en est capable, comment le forcer à rester sous cette forme ? Il lui suffirait de se transformer quelques instants pour étancher sa soif et remettre à zéro le temps de notre attente !

- Alors il faut nous assurer qu'il ne se retransforme pas ! rétorqua Drake.

- La belle affaire ! Comment ?

- Je ne trouve rien, mais je suis sûr que Keyra et Loki auront des idées – ils ont toujours été si créatifs.

Galleny grogna et leva les yeux au ciel. Ce n'était pas qu'elle n'aime pas Loki, ou même Keyra. C'étaient d'excellents épéistes, Loki était sympathique, et Keyra, lorsqu'elle n'était pas occupée à être agressive avec tout le monde sauf sa petite protégée, révélait son humour noir qui faisait toujours rire Galleny.

C'était plutôt que Drake les consulte aussi souvent qui l'agaçait. Il leur demandait toujours leurs avis, et probablement à raison, car en plus de tout le reste, Loki et Keyra étaient terriblement intelligents lorsqu'il s'agissait de stratégie. Mais un jour, ils finiraient par ne pas avoir les réponses adéquates, et Drake réaliserait qu'il s'était créé un groupe rapproché le coupant un peu des autres, comme l'avait d'ailleurs fait l'Irisa sur Eleuth. Enfin. Peut-être que ce jour-ci ne serait pas le jour où ils seraient à court d'idées.

De toute évidence, ce jour-là n'était pas prêt d'arriver, car Loki et Keyra avaient beaucoup d'idées. Ils en proposèrent presque immédiatement une bonne dizaine à Drake, là où Galleny n'avait pensé à rien en une vingtaine de minutes de réflexion.

Drake choisit finalement sa préférée de la vague d'idées que les deux Faucons lui offrirent ; mettre des capteurs de température contre la peau de leur prisonnier, de façon à ce que s'il se transforme, le changement subit de température corporelle les alerterait. Galleny devait, à contrecœur, admettre que l'idée était excellente. Après quelques temps, Drake trouva la menace adéquate pour s'assurer que Larrow ne se transforme pas malgré tout. Cette menace n'était pas suffisante pour qu'il révèle des informations sous la peur de la voir réalisée, mais elle était assez forte pour qu'il obéisse pour l'instant.

Tandis que Galleny et Loki plaçaient les capteurs sur la peau pâle de Larrow, appliquant les électrodes sur son cou et sur son torse caché par sa tenue de Dragomir, Drake se laissa tomber avec un large sourire sur le banc en face de Larrow et expliqua au videntis à l'air sceptique la situation.

- Et pourquoi ne me transformerais-je pas ? rétorqua Larrow lorsqu'il lui eut exposé l'utilité des thermomètres.

- Excellente question ! Figure-toi qu'on s'est posé la même ! Tu vois, ces capteurs que Clarke et Loki mettent sur ta peau ?

- On a fini, d'ailleurs, indiqua Galleny, et Drake hocha la tête.

- Formidable. Eh bien, vois-tu, Larrow, s'ils détectent un changement de température, ils activeront directement la machine, là (il indiqua d'un geste le cube ressemblant vaguement à une sorte d'enceinte auquel étaient connectés les fils attachés au Dragomir) qui diffusera dans toute la salle des nuages de Toxine et t'infecteront.

Larrow était déjà remarquablement pâle, pourtant il parvint à blêmir davantage à ses mots. Blanc comme un linge, il fixa Drake, l'air effaré, mais l'Empereur ne s'arrêta pas là, arborant un large sourire ravi et fier comme un petit garçon expliquant son dernier projet de maternelle.

- Ensuite, on attendra calmement que la Toxine te rende assez fou pour que tes pensées n'aient plus vraiment de logique, et que tu nous révèles tout ce dont on a besoin. Et lorsque tu seras entièrement sous mon contrôle, je t'enverrai sur Eleuth où tout le monde te croira amical, et tu les tueras tous dans leur sommeil ! Ça te dit ?

Les yeux grands comme des soucoupes du garçon étaient une réponse plus que suffisante. Galleny savait que Drake n'avait pas l'intention de garder Larrow sur Arcem plus de quelques jours, d'où la hâte qu'il avait de lui arracher au plus vite les informations nécessaires. Mais ça, le Dragomir n'avait pas à le savoir.

De toute évidence, en supposant que la pire peur de leur captif était d'être infecté par la Toxine et travailler pour l'Empire, Drake avait touché dans le mille, car Larrow s'empressa de hocher la tête et se changea en Stryge dès qu'ils le lui ordonnèrent. De là, en quelques heures, sa soif commencerait à se faire sentir ; dans un jour, la folie commencerait. Galleny avait du mal à comprendre pourquoi Larrow craignait davantage le contrôle de la Toxine que la démence de la privation de sang, mais du moment qu'ils pouvaient se servir de cette peur à leur avantage...

Enfin. Dans vingt-quatre heures tout au plus, ils auraient leurs réponses, pourraient renvoyer Larrow sur Eleuth comme le désirait mystérieusement Drake, et Galleny en aurait fini avec la pire et la plus longue expérience de torture de toute sa vie.

Deux jours plus tard, Larrow n'avait pas dit un mot.

Les capteurs étaient toujours en place, et si parfois sa concentration vacillait et sa température s'élevait un peu lorsqu'il restait un instant coincé à un mélange de Stryge et de videntis, il ne devenait jamais pleinement videntis au point d'éteindre sa soif.

Toutes les deux heures, Galleny, Drake, Loki, Keyra ou Saul, alternant leurs tours, allaient le voir dans sa cellule. Larrow était là, les yeux injectés de sang et sa poitrine se soulevant frénétiquement au gré de ses respirations, mais toujours silencieux. Le quelconque Faucon ayant été envoyé dans sa prison brandissaient devant lui un sachet de sang qu'ils faisaient goutter juste assez près pour qu'il puisse le sentir ; même si ses pupilles se dilataient et que sa respiration devenait encore plus rapide, entrouvrant parfois les lèvres comme pour sentir le goût métallique sur sa langue, jamais il ne dit le moindre mot.

Galleny était sceptique, et impressionnée malgré elle. Elle avait même forcé Larrow à ouvrir la bouche pour vérifier qu'il ne s'était pas mordu la langue ou les lèvres pour en boire le sang ; mais même si ça avait été le cas, elle savait bien qu'il n'y avait là pas assez de sang pour étancher sa soif.

Au bout de trois jours, Larrow se mit à pousser de temps à autres des hurlements d'animal blessé. Malgré ces cris, aucun mot n'échappa à ses lèvres craquelées. Galleny n'arrivait pas à croire qu'il puisse maintenir sa forme de Stryge pendant trois jours entier, et encore moins qu'il résiste à l'appel du sang. Après tout ce temps d'attente, Drake n'en pouvait plus, et s'impatientait de plus en plus. Il annonça à l'aube du quatrième jour à Galleny que Lymerya Alley lui avait posé un ultimatum, et que s'il n'était pas rendu, intact, à Eleuth dans vingt-quatre heures, elle viendrait ravager Arcem quelles qu'en soient les conséquences. De toute manière, au bout de cinq jours, Larrow ne pourrait plus rester sous sa forme de Stryge par épuisement, finirait par se retransformer, et leurs efforts auraient été vains.

Quelques Faucons, entendant parler de la résistance de leur prisonnier, firent des commentaires moqueurs à Galleny, lui demandant comment elle avait pu ne pas dénicher les informations qu'on lui demandait en autant de temps. Elle attendait avec une impatience croissante que l'ultimatum posé par l'Irisa n'arrive pour se débarrasser de ce fardeau qui bafouait sa réputation jusqu'ici infaillible.

Sept heures avant le moment où Lymerya Alley voulait se voir son ami restitué à Eleuth, Galleny décida de monter rendre une dernière visite au captif. Ce n'était pas à elle d'aller le voir et essayer de lui arracher les informations qu'ils voulaient ; ce serait le tour de Keyra dans trois quarts d'heures, et le sien dans presque trois heures. Elle savait qu'elle n'avait pas vraiment le droit d'aller le voir ainsi, en dehors des horaires, et en séchant le cours de Loki qui plus est. Aussi elle se fit discrète, essayant de ne pas trop attirer l'attention des gardes, qui la virent mais, la connaissant bien, ne vérifièrent pas que ce soit bien son tour sur leur emploi du temps. Elle profita du bref moment de répit avant qu'ils ne découvrent la supercherie, et, essayant de se montrer discrète, elle ouvrit tout doucement la porte de la cellule.

Larrow était bien là, solidement attaché à sa chaise. Seulement, il était plié en deux, son front reposant contre sa main liée à l'accoudoir, presque comme s'il avait perdu connaissance. Galleny sentit un vent de panique s'emparer d'elle – était-il mort ? Non, ses épaules se soulevaient toujours à un rythme frénétique, mais pourquoi était-il ainsi avachi alors qu'il ne dormait normalement que de nuit ?

La porte, à laquelle elle n'avait pas fait attention dans sa panique à l'idée de la réaction de Drake, se referma brutalement avec un gros bruit. Surpris par le son, Larrow se redressa d'un bond, et ses yeux s'écarquillèrent, imitant ceux de Galleny, lorsqu'ils se dévisagèrent.

Les lèvres de Larrow étaient d'un rouge rubis brillant, et son menton était maculé de rigoles de la même couleur. En baissant les yeux, Galleny réalisa avec stupeur qu'il avait remonté la manche de son haut jusqu'à son coude, planté les dents dans son avant-bras, et bu assez de sang pour étancher provisoirement sa soif. Elle remarqua d'autres blessures en forme de crocs à côté de celle qu'il venait d'ouvrir, toutes récentes ; l'intérieur de ses manches était maculé de sang, mais le tissu de la combinaison des Dragomirs était si sombre qu'ils ne l'avaient pas remarqué, et ce sans compter l'obscurité de la pièce.

- Tu es en avance de trois quarts d'heures, remarqua Larrow, puis il plissa les yeux. Attends, non... Ce n'était même pas ton tour, si ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Par les Sphinx, Ladon et tous les monstres de la Terre. Il avait mémorisé leurs rondes. Comment comptait-il le temps qui s'écoulait entre leurs visites ? On lui avait retiré sa montre. Comptait-il les secondes inlassablement pour s'assurer qu'ils ne viennent pas bientôt ? Avait-il une horloge interne aussi parfaite ? Il devait profiter de savoir quand il avait un moment de répit pour remonter avec les dents sa manche, calmer sa soif suffisamment pour s'empêcher de révéler quoi que ce soit au prochain interrogatoire qui l'attendait, puis s'essuyer le visage sur le tissu foncé de sa manche et cacher sa plaie avec.

Galleny ne put s'empêcher de sourire. Elle ne comptait plus les fois où ce Larrow l'avait laissée sans voix tant elle était impressionnée. Elle comprenait mieux pourquoi il était le meilleur soldat de l'Ordre.

- Tiens, tiens, dit-elle en s'approchant d'un pas, gardant suffisamment ses distances pour qu'il ne puisse pas l'atteindre quoi qu'il fasse, le sachant capable de se servir d'elle pour s'enfuir autrement. Qu'avons-nous là ?

- Ne dis rien à Drake, demanda précipitamment Larrow en se penchant en avant pour couvrir de sa manche ses plaies en remontant le tissu avec ses dents parées de crocs.

Elle haussa les sourcils. Pensait-il vraiment pouvoir la persuader de garder le silence envers son propre meneur, simplement parce qu'il le lui demandait ? Il dut lire son scepticisme sur son visage, car il poursuivit avec empressement ;

- Écoute-moi, avant de l'appeler.

- Je me disais bien que personne n'aurait assez de résistance pour ne rien révéler après cinq jours, commenta Galleny en s'adossant à la porte, bras croisés et sourire aux lèvres, ravie d'avoir eu raison.

- C'est vrai, c'est impossible. Mais je ne suis venu à ce recours qu'au bout de deux, rétorqua le garçon en indiquant d'un hochement de tête son bras ensanglanté, effectivement presque indiscernable dans l'obscurité.

- Eh bien, parfait, alors. On t'attache de manière à ne pas accéder à ton bras, on attend deux jours, et on a nos réponses.

- Il faudra attendre que je récupère assez de forces pour me transformer en Stryge tout ce temps, ce qui fait déjà au moins cinq jours d'attente. Et même après être mort de soif, tu m'as assez torturé pour savoir que je ne cèderai pas. D'ailleurs là encore, même si c'est le cas, ce sera une petite éternité plus tard lorsque je délirerai. Pour avoir vos informations, il vous faudra au moins une paire de semaines. Et je sais que Drake veut me voir restitué à Eleuth bientôt.

Merde. Comment en savait-il autant ? Combien de fois avait-il fait semblant de s'être évanoui de soif et de douleur pour écouter leurs conversations chuchotées tandis que Galleny nettoyait ses couteaux et Drake se plaignait du peu de temps qu'il leur restait ?

En voyant sa surprise, il poursuivit, abattant toutes les cartes qu'il avait gardées cachées dans sa manche en un magnifique jeu qu'il savait sans doute vainqueur.

- Et même si Drake décidait de prolonger mon séjour ici, je suis sûr que ce ne serait pas dans ton intérêt. Je suis prêt à parier que toi, la... tortue préférée de l'Empire, tu n'as jamais été confronté à autant de temps d'attente. Que vont penser les autres si après des semaines à faire tous les efforts possibles et imaginables, je suis encore là, et vous n'avez encore pas une seule information ?

Il avait tapé dans le mille encore une fois. Elle se demanda d'abord comment, puisqu'elle n'avait pas parlé de ces soucis à qui que ce soit et certainement pas dans cette cellule. Puis elle se souvint que non seulement il faisait partie de l'Ordre depuis une décennie, travaillant d'arrache-pied pour tout apprendre sur Arcem, mais en plus il y avait passé un mois lorsqu'il avait possédé le corps de Loki, de la même manière que Galleny avait possédé celui d'Ashton. Tout comme elle s'était habituée et adaptée aux dynamiques d'Eleuth, lui avait appris par cœur celles d'Arcem. Il devait en savoir bien plus sur elle qu'il n'en avait laissé paraître. Silencieusement, elle se maudit d'avoir encore une fois oublié son expertise.

Sous-estimer les Dragomirs était de toute évidence son principal défaut. Elle avait déjà commis l'erreur tant de fois lors de son séjour à Eleuth – avec Lymerya, Ashton, Lukas. Et voilà qu'elle répétait cette même erreur. Elle baissa les yeux vers Larrow, qui lui adressait de grands yeux suppliants, l'air terriblement sincères – mais là encore elle avait appris que tout ce qu'il faisait, même ses mensonges les plus crus, avait l'air sincère.

- S'il te plaît, je veux juste rentrer chez moi, et je ne t'embêterai plus. Tu retourneras à ta vieille routine. À être la meilleure dans ton domaine, sans obstacles sur ta route.

Galleny laissa paraître un temps d'hésitation, le fixant avec encore une pointe de méfiance, pesant le pour et le contre. Il en profita pour glisser dans le silence ses mots qu'elle savait loin d'être sincère et auxquels elle voulait pourtant croire.

- S'il te plaît. Ne dis rien à Drake. Tu ne lui mentiras pas, tu te contenteras de lui taire une petite information. Tu empêcheras l'Empire de perdre du temps sur quelque chose d'aussi inutile qu'un prisonnier qui mourra avant de révéler quoi que ce soit. Tu me rendras service, mais à l'Empire aussi.

Si Drake n'avait pas précautionneusement enchanté la cellule pour les en protéger, Galleny aurait cru qu'il était en train de l'envoûter avec les pouvoirs hypnotiques des Stryge tant sa voix et ses paroles lui semblaient soudain persuasives. Ce n'était plus seulement tentant ; taire la vérité à Drake lui semblait soudain l'alternative la plus sage. Égoïste, sans doute, car elle priorisait sa propre notoriété et sa place dans la subtile hiérarchie impériale que le bien de l'Empire lui-même. Quoique, il n'avait pas tort en disant que sa présence ici ne ferait que distraire Drake. Il avait déjà mis de côté tous ses projets actuels durant les derniers jours pour se concentrer sur son prisonnier. En soi, ne lui rendrait-elle pas service, en éloignant de lui le centre de cette distraction ? Ne viendrait-elle pas en aide à l'Empire, en fin de compte, en lui rendant son meneur tel qu'il était avant l'intrusion sur Arcem ?

Comme les yeux clairs de Larrow se mettaient à briller en comprenant qu'il avait gagné, Galleny se sentit malgré tout obligée de finir la conversation avec une pique. Elle ne pouvait tout simplement pas capituler sans en profiter pour le blesser de son mieux.

- Tu sais que ton amie la rousse est celle qui a tellement insisté auprès de Drake pour que tu sois restitué à Eleuth dans les plus brefs délais ?

Larrow parut un peu déboussolé par cette question semblant sortir de nulle part, mais il hocha la tête. Ne voyant probablement pas venir la suite venimeuse, les paroles que Galleny savourait en bouche avant même de les avoir prononcées, il admit ;

- Je m'en doutais bien, oui. Même si je me demande comment elle a communiqué avec Drake...

Il était évident qu'il n'approuvait pas. De toute évidence, se savoir bientôt libéré grâce à Lymerya Alley ne l'empêcherait pas d'être offusqué d'entendre qu'elle avait conversé avec son ennemi juré. Galleny leva les yeux au ciel. Ces rivalités véhémentes et butées lui paraissaient toujours si futiles.

Comme un serpent ravi de dévoiler son poison, elle mit de côté son exaspération pour adresser au prisonnier un large sourire montrant toutes ses dents blanches.

- Tu penses qu'elle serait aussi déterminée à te faire délivrer, si elle était au courant de ce que tu étais venu faire ici ?

- Pardon ? dit Larrow, feignant admirablement la surprise et la confusion. Je ne comprends pas...

Si elle n'avait pas su qu'il mentait, elle aurait pu croire à son air innocent.

- Ça ne s'est pas ébruité, mais ce sera sans doute le cas un jour ou l'autre. Elle risque de l'apprendre.

- Je ne sais pas de quoi tu...

- Oh, tu sais parfaitement de quoi je parle ! On a retrouvé les seringues dans tes affaires lorsque tu étais inconscient. On s'est dit d'abord que c'était peut-être en cas de faillite de la mission, pour que vous vous suicidiez avant d'être capturés, tu vois ? Mais il y en avait trop – pourquoi en avoir apporté des supplémentaires alors que vous n'étiez que quatre ? Puis on a retrouvé la trace de l'aiguille sur l'une des protégées de Drake. Il a été terrifié que tu sois parvenu à la contaminer, il était dans tous ses états. Malheureusement pour tes plans, les Irisas sont tous intacts. Mais je suis sûre que ton Irisa savait parfaitement que tu étais venu ici pour mettre fin à ses semblables, pas vrai ?

Pris de court un instant, Larrow retrouva presque aussitôt ses moyens.

- Elle sait.

- Oh, vraiment ? Parce que j'ai récupéré son numéro sur le téléphone de Drake. Je suis sûre que ça ne te dérangerait pas que je lui envoie un message, alors ?

Lorsqu'elle sortit son portable, elle le vit très évidemment blêmir, alors qu'il était déjà d'une pâleur cadavérique en premier temps. Le sourire qu'elle lui adressa fut triomphal, et comme elle commençait à pianoter sur son clavier, il secoua la tête et l'interrompit.

- Non, attends...

- C'est bien ce que je pensais, répliqua-t-elle, éteignant son téléphone et le fourrant dans sa poche, ce qui le fit soupirer de soulagement. Je ne lui dirai rien, mais si tu penses ne serait-ce qu'une seconde à me menacer de dire à Drake que je t'ai couvert, sache que j'ai ma propre petite méthode de chantage dans la poche.

Larrow détourna prestement le regard, l'air furieux, et elle devina qu'il avait déjà pensé à cette alternative pour la menacer. Il ne devait pas être habitué à ce que quelqu'un lui devance de la sorte.

Galleny lui sourit de toutes ses dents à nouveau, et lui adressa un petit au revoir de la main.

- C'était un plaisir de proprement te rencontrer. Et de te torturer aussi, bien sûr. Je ne dirai rien à Drake, ni à Lym, si tu te tais toi aussi.

- Vivement que je suis sorti de ce trou, gronda-t-il. Elle ricana.

- Oh, j'ai hâte aussi. Comme ça je n'aurai plus à voir ta sale tête.

- C'est pauvre, comme insulte, ça, l'apparence. Je me serais attendu à plus original.

- Oh, non, ta tête est littéralement sale. Tu es couvert de sang et de crasse, mon pauvre. Prends une douche en rentrant à Eleuth, tu veux ? Allez, à plus.

oooooh heureusement que le prochain chapitre est un chapitre assez léger et joyeux parce que ça devient dark, là. le problème c'est qu'une moitié de mon cerveau ressemble à ça

sauf que l'autre ressemble à ça

(bill représente le côté unicorne de mon cerveau et vous, pennywise est le côté super dark de mon cerveau :D)


du coup mon cerveau en prévoyant la suite de dragomir ça ressemble à ça:

la partie my little pony de mon cerveau:  ok!!!! alors kosh fait des muffins aux épinards et personne aime sauf elyra haha, ensuite shay fait une remarque sur ses ailes et lym le traite de crétin avec un air amusé!!!! et ensuite...

la partie super dark de mon cerveau: lym demande à shay de la tuer.

la partie my little pony de mon cerveau: uuum. d'accord. mais après il fait une blague sur ses cheveux et choucroute et ils rigolent haha!!!

la partie super dark de mon cerveau: larrow est torturé par galleny et vit son pire cauchemar sur arcem.

la partie my little pony de mon cerveau: euuuuuuuuuh??? ok.. bon ben alors... lukas et shay taquinent ash parce qu'il est petit et ash boude adorablement haha!

la partie super dark de mon cerveau: tue tous les personnages dans d'atroces souffrances

la partie my little pony de mon cerveau: !!!!!!!! non?????????

la partie super dark de mon cerveau: ALORS TORTURE-LES JUSQU'A CE QUE LEUR MORT SOIT PREFERABLE

la partie my little pony de mon cerveau: STOP!!!!!!!! LYM TEINT CHOUCROUTE EN ROSE. TOUT VA BIEN!!!!! PERSONNE NE MEURT!!!!!!

la partie super dark de mon cerveau: FAIS SOUFFRIR LES PERSONNAGES LES PLUS ADORABLES ET INNOCENTS QUE TOUT LE MONDE AIME

la partie my little pony de mon cerveau: ARRÊTE!!!!!!!!!!!!!

la partie super dark de mon cerveau:      TUE.   S O F Y .

la partie my little pony de mon cerveau: WHAT!!!! THE FUCK!!!!!!!!!!

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