~[IV/28]~

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Tome IV : Chapitre 28 – LARROW


- Larrow.

Ce n'était pas un plan trop compliqué, vraiment ; il avait eu affaire à des missions mille fois plus complexes et risquées. De toute évidence, même Meyer avait décidé de lui donner une tâche plutôt aisée cette fois-ci.

- Larrow ?

Mais même s'il s'agissait d'une mission des plus simples, les plans étalés devant lui lui semblaient étrangement incompréhensibles. Il pouvait les décrypter sans mal – là, un arbre, ici, une montagne, cette flèche, un itinéraire – mais les assembler pour former une attaque stratégique valable lui paraissait presque impossible. C'était comme voir toutes les pièces d'un puzzle sans pouvoir les réunir dans le bon ordre.

- LARROW !

Il leva enfin les yeux vers Cléandra, qui l'appelait apparemment depuis un moment déjà, l'air agacé et un peu inquiet.

- Qu'est-ce que tu as, par Ladon ? Tu es distrait dernièrement.

Il faillit admettre qu'il ne dormait plus, tourmenté par encore plus de cauchemars qu'en temps normal, mais il se rattrapa à la dernière seconde. Se confier à Cléandra ne ferait que l'inquiéter, et elle serait bien capable d'aller demander à Meyer de décaler la mission, puisqu'elle n'avait rien d'urgent. Or il n'était pas question que Larrow repousse ses responsabilités. Sa fatigue n'était pas une excuse pour négliger son devoir en temps que Dragomir.

Déjà qu'il s'agissait de sa première mission depuis qu'il avait été capturé à Arcem...

Il détestait avoir à l'admettre, mais même s'il avait eu l'impression de bien s'en sortir et de plutôt bien se rétablir les premières semaines qui avaient précédé son retour, apparemment sa capture avait laissé des traces bien plus profondes et douloureuses qu'il ne l'avait pensé. Et il ne parlait pas des cicatrices encore visibles sur son corps, particulièrement autour de ses poignets, les liens y aillant fait couler le sang, si bien que même s'il avait voulu cacher ses plaies il en aurait été incapable, peu importait la longueur des manches qu'il portait. Non, les cicatrices, ça, il s'y connaissait ; il y était habitué, à force.

Simplement, sa concentration avait été ébranlée. Si ses cours avec Dali l'aidaient, il avait tout de même du mal à se transformer en Stryge, ce qui avait toujours été d'une aisance presque ridicule pour lui. D'après Dali, c'était un mécanisme de défense tout naturel – il avait subi une torture affreuse sous sa forme de Stryge, incapable de se retransformer s'il voulait survivre. Son corps associait donc son Élémentarisme à la douleur, la soif et l'angoisse.

Larrow avait cru bien cacher ses troubles dernièrement ; mais lorsque Shay était venu lui parler en lui conseillant de chercher une psychanalyste à qui parler, Larrow avait réalisé qu'il ne s'était pas montré le moins du monde discret. Si même Shay, d'entre tous, avait remarqué, alors la moitié de l'île devait voir sa récente fatigue aussi clairement que le nez au milieu du visage.

- Tu recommences, soupira Cléandra. Tu veux faire une pause ?

- Non, non, s'empressa-t-il de dire, gêné. On continue. Donc, si j'ai bien compris, ils habitent... ici ?

Il baissa les yeux vers le plan ouvert devant lui, réalisa qu'il n'avait pas la moindre idée de quel point indiquer, et fit un geste vague vers l'une des montagnes sur la carte, la choisissant totalement au hasard. Cléandra leva les yeux vers lui, le scrutant, regard assombri par le pli entre ses sourcils.

- Bon, ça suffit, on fait une pause, décréta-t-elle impérieusement.

- On doit préparer la mission, protesta-t-il.

- C'est ce qu'on fait depuis une demi-heure, et tu ne sais même pas où sont les dragonneaux qu'on doit aller chercher. Ça ne sert à rien. Va te reposer, on reprend après.

Ses mots lui rappelèrent lorsque, des années plus tôt, Cléandra, Larrow et Abel se réunissaient pour prévoir leurs missions ensemble. Cave savait que s'il devait trouver des équipiers à Larrow (même s'il préférait souvent l'envoyer en mission seul) Abel et Cléandra étaient le choix parfait. À eux trois, ils formaient une équipe de choc. La mission qu'ils préparaient aujourd'hui était semblable à tant d'autres qu'ils avaient effectuées avec Abel ; trouver un angle de tir pour tuer un videntis qui cherchait à cacher les œufs de dragon qu'il avait dérobés, voir si Abel pouvait négocier avec lui, et sinon, Cléandra et Larrow le tuaient, puis tous les trois allaient récupérer les œufs. Sauf que cette fois-ci, Cléandra servirait de diplomate. Abel n'était plus là pour occuper cette place...

- Row...

- Oui, dit-il soudain, levant les yeux vers elle. Pardon. Tu disais ?

- Va te reposer. On reprend demain.

Il hésita. Il n'avait pas dormi depuis des jours, incapable de fermer les yeux sans être hanté par des souvenirs atroces, ou, pire encore, des souvenirs heureux d'époques révolues et d'êtres aimés qu'il avait perdus.

Mais il serait encore plus inutile à Cléandra, à Meyer, à l'Ordre, s'il ne pouvait pas se concentrer plus de quelques minutes. Il finit par acquiescer, et, sous le regard inquiet de son amie, il sortit de la chambre de Cléandra pour se diriger vers la sienne.

Sur le chemin, il glissa de la branche, et parvint jusqu'à sa chambre tout ébranlé. Bien évidemment, l'enchantement qui protégeait les élèves en altitude l'avait empêché de tomber, le poussant gentiment sur ses pieds pour qu'il puisse reprendre son chemin. Seulement, là où les maladroits comme Lym et Ash perdaient pied sans arrêt et avaient recours à l'enchantement de sécurité presque tous les jours, Larrow, lui, n'en avait jamais eu besoin auparavant. Le pied toujours sûr, les gestes toujours si précis qu'ils en étaient presque mécaniques.

Ceci lui fit prendre conscience d'à quel point il devait être épuisé pour se montrer aussi maladroit, et, en arrivant dans sa chambre, il se laissa tomber sur son lit sans hésiter, accueillant le sommeil à bras ouvert. Ce qu'il regretta presque aussitôt en sombrant dans la mer de cauchemars qui l'attendait impatiemment, l'attirant dans les tréfonds de son propre esprit comme des mains avides l'entraînant vers d'obscures profondeurs pour l'y noyer.

Il prenait la décision de défendre cette nouvelle élève aux cheveux roux face à sa plus vieille amie, alors qu'il avait toujours soutenu Cléandra, envers et contre tout. Même s'il s'était éloigné d'elle, et même s'il restait à son côté davantage par familiarité et sécurité que par affection, une part de lui-même tenait à elle. Et il n'approuvait peut-être pas de ses méthodes violentes, mais il ne s'en mêlait pas en temps normal. Soudain il se tenait entre Cléandra et la nouvelle. Et pour la première fois il se demandait pourquoi il avait fait un choix aussi déraisonnable, qui allait à l'encontre de toutes les décisions qu'il prenait habituellement dans des situations semblables. Il avait amené des dizaines de videntis à l'Académie et ne s'était jamais senti responsable d'eux. Tant d'élèves lui avaient tenu tête sans qu'il n'ait envie de devenir leur ami. Pourquoi se tenait-il entre Cléandra et elle à lui inventer des excuses à présent ? Elle n'avait pas l'air des plus fréquentables. Insolente, moqueuse, sarcastique, traînant avec le garçon Estrell dont le père était réputé pour la méchanceté et la froideur, et qui devait sûrement être exactement pareil que lui.

Pourtant il était là, essayant de raisonner Cléandra, de trouver pour la première fois depuis des années dans ses yeux à présent méchants celle qui avait été son amie avant que la mort d'Abel ne la brise.

Une première de ses loyautés de toujours, soudain ébranlée par cette nouvelle videntis aux cheveux roux. Des années passant, et une autre.

- Je suis désolé.

Sincère, d'une sincérité qui lui faisait mal, qui le déchirait. Là encore, la surprise face à sa propre décision, le choc de ne pas reconnaître ses propres pensées. Sa main qui se stabilisait autour de son pistolet, sûre, automatique, habituée à viser, tuer, et soudain une balle, et la fin d'une vie. Le corps de Cave s'effondrant, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte ; une constante dans sa vie soudain effacée, le seul qui avait remplacé ses parents à ses yeux, quelqu'un qu'il voyait comme immortel, invincible – soudain un corps, qui lui avait tant fait confiance pour tuer Lym – qui avait tant eu confiance en ses propres compétences lorsqu'il l'avait entraîné toute sa vie à lui obéir – qu'il n'avait pas eu le temps de réagir. Un chef, un mentor, un père. Soudain il n'était qu'un cadavre. De sa main.

Lym ouvrait les yeux et semblait ébahie lorsque Larrow la regardait enfin. Le soulagement dans leurs yeux à tous les deux, un sentiment de liberté grisant, pour la première fois depuis des années. Et Lym, bien là, bien présente, bien en vie, grâce à lui, car il avait su prendre la bonne décision ; l'envie enivrante de la serrer dans ses bras. L'horreur, le dégoût, la panique viendraient plus tard lorsqu'il réaliserait les conséquences de ses actes. À ce moment-là, Larrow ne ressentait que la joie de voir Lym le regarder avec ses grands yeux verts si remplis de vie.

Ses mêmes yeux, plus tard, soudain dévorés par la brume rouge, devenus étrangers et distants. Larrow se sentant tout à coup en danger face à elle, alors qu'elle lui donnait toujours une sensation de sécurité en temps normal. Il avait soudain envie de fuir, de la combattre, de l'empêcher de devenir ce qu'elle finirait inévitablement par devenir, d'être celle qu'elle était destinée à être, une tempête mortelle, un danger, une menace à exterminer. L'horreur, la réalisation – celle qu'il avait sauvée, celle à qui il tenait tant après s'être interdit les attachements, devenue sa plus grande peur et l'une des plus grandes menaces pour l'Ordre qu'il s'était juré de protéger. La prise de conscience qu'il aurait à la tuer le moment venu. Le doute, pour la première fois depuis Abel, en serait-il capable, le moment venu ? Pourrait-il en finir, sauver l'Ordre comme toujours, le moment venu ?

Puis le souvenir qu'au moment venu, sa balle avait dévié pour atteindre Cave à la place. Larrow était devenu le traître qu'il détestait plus que tout, celui qui choisissait ses sentiments au lieu de sa cause. Celui qui tuait l'homme qu'il s'était juré de protéger.

La réalisation qu'il ne se connaissait plus lui-même, qu'il était un étranger. Que le Larrow qu'il croyait connaître n'aurait jamais fait ce choix-là. Qui était-il maintenant s'il allait à l'encontre de tout ce en quoi il croyait ?

Des liens lui entravant les poignets, la douleur et la peur, essayant envers et contre tout de ne pas se retransformer, de ne pas laisser son humanité le ressaisir, car s'il y cédait, s'il cessait d'être un Stryge ne serait-ce qu'un instant, la Toxine serait diffusée dans la salle et il serait infecté. Son pire cauchemar. Devenir un soldat à la solde de l'Empire. Comme Abel. Comme Abel.

Mais les cauchemars n'avaient jamais été le pire que son inconscient avait à lui offrir durant ses rares heures de sommeil.

Le monde était plus simple, alors. Il avait le temps de rire, de s'attacher aux autres, d'admirer le soleil dans les feuilles de l'Académie, d'oublier un instant la guerre, l'entraînement intensif, la vengeance qu'il pourchassait. Il avait le temps de s'asseoir avec Cléandra et Abel pour parler du temps, des autres élèves, des cours.

- N'importe quoi...

- Si, si. Il l'a projeté par terre comme s'il était aussi léger qu'une plume et lui a mis l'épée sous le menton. C'était super impressionnant.

- Tu exagères, protestait Larrow, les yeux scintillants, sachant qu'elle n'exagérait pas du tout.

- Ouais, Sean serait incapable de battre un prof à l'épée, alors Cave ? disait Abel en levant les yeux au ciel. Il n'a jamais pu battre Luis, et Cave n'est pas son remplaçant pour rien. Sean n'a pas pu le battre. Il se serait fait écraser. Tu inventes.

- Mais non, pas du tout ! insistait Cléandra, le taquinant d'un coup de coude tandis qu'Abel riait, cherchant à l'éviter. Tu dis ça parce que tu lui en veux toujours de t'avoir battu à plate couture devant ton crush.

- Monroe n'est pas mon crush ! On est amis !

- Amis, mmh, c'est ce qu'on va dire, oui...

Cléandra, souriante, légère, sans l'horreur de ce qui l'attendait, encore une enfant. Abel, en vie, toujours si plein d'énergie et de bonne humeur. Le soleil encore brillant, ou en tout cas Larrow était assez décontracté pour en remarquer la splendeur.

- Larrow ! Coff ! Seymour ! Vous vous êtes assez amusés, revenez à l'entraînement !

- Rôôôh, grognait Abel, tandis que Larrow et Cléandra se levaient. On sèche ?

- Abby, allons...

- Allez, quoi ! Vous êtes tous les deux déjà doués, vous avez pas besoin de plus de cours. Sean ? Clé ? S'il vous plaît ?

Encore quelques plaintes, des moqueries, des rires, et soudain tous les trois couraient en se tenant par les mains pour échapper à Cave qui les appelait, énervé, les bras croisés en signe de frustration.

- Tu as une horrible influence sur nous, Abby, grognait Larrow en le suivant, mais il ne lâchait pas sa main pour autant, et même si Cléandra hochait la tête, elle non plus ne le lâchait pas. Abel riait simplement, le soleil donnant à ses cheveux très noirs des reflets caramel, un grand sourire éclairant son visage. Les yeux pétillants de vie.

Les même yeux soudains veinés de noir se vidant de vie. Épuisés, accueillant la mort avec reconnaissance. S'effondrant par terre de la main de Larrow. Avant d'avoir tué son mentor, il avait tué son meilleur ami.

Il ne se réveilla pas en sursauts, ouvrant les yeux tout en restant immobile et silencieux, réalisant qu'il avait les joues humides. Larrow renifla et se redressa dans son lit, toujours tout habillé, n'ayant pas pris la peine de se changer la veille. Il jeta un coup d'œil à la fenêtre, dont les rideaux à moitié tirés laissaient entrer du soleil à flots. Il n'arrivait pas à en apprécier la beauté comme lorsque ces rayons chaleureux illuminaient également Abel et le rire insouciant de Cléandra.

Il fourra son visage dans ses mains, séchant ses larmes avec énervement et contant jusqu'à treize au fur et à mesure de ses inspirations, pour se calmer. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas ressassé le passé, qu'il n'avait pas été si hanté par ses actions dans son sommeil. Qu'est-ce qui avait changé, dernièrement ? Qu'est-ce qui avait soudain réveillé les souvenirs d'Abel, de temps plus heureux et plus sereins, d'une époque où même sans parents une part de lui-même croyait qu'il aurait droit à une fin heureuse ? Les années où même s'il cherchait à se venger, il osait encore s'imaginer une vie au-delà de sa vengeance, au-delà de la victoire de l'Ordre. Où l'univers pacifique qu'il cherchait à bâtir lui appartiendrait à lui aussi, et pas seulement aux autres. Où la perspective d'une mission suicide utile à l'Ordre l'aurait horrifié au lieu d'intéressé.

Il se leva, se changea et prit les documents et rapports que lui avait prêtés Cléandra. Il descendit dans la cafétéria, prêt à se mettre à travailler sur les plans qu'il avait délaissés la veille, mais Lym lui fit signe depuis une table voisine. Après un temps d'hésitation, il marcha jusqu'à elle et s'assit à ses côtés lorsqu'elle se poussa pour lui faire de la place sur le banc.

- Salut ! l'accueillit-elle, un large sourire aux lèvres.

Larrow savait que Lym aussi avait traversé beaucoup d'épreuves, qu'elle aussi était hantée par les cauchemars. La différence entre eux deux était qu'elle, il en était persuadé, remarquait le soleil et en appréciait la chaleur lorsqu'ils sortaient. S'attardant pour admirer les veines des feuilles que faisait ressortir les rayons dorés. S'arrêtant pour les prendre en photo, remplissant sa galerie d'images variées de l'île qu'elle peindrait plus tard. Malgré tout ce qui lui était arrivé, elle prenait le temps d'admirer la beauté du monde. Beauté qui s'était ternie pour Larrow depuis longtemps.

- Salut, répondit-il en lui rendant son sourire.

- Tu as l'air épuisé !

- Pourquoi tout le monde me dit ça ? soupira-t-il, et elle sourit de plus belle.

- Parce que tu as l'air d'un zombie, voilà pourquoi ! Pas vrai, Estrell, qu'il a l'air tout droit sorti d'un mauvais film d'apocalypse zombie ?

Et voilà qu'ils débattaient tous sur les morts-vivants des films, Kosh soutenant les arguments d'Elyra même les plus incongrus et riant aux plaisanteries de Shay, Ash se lançant dans des discours passionnés sur les meilleurs zombies du cinéma avec Larrow tandis que Lukas hochait la tête de temps à autres pour essayer nerveusement de leur cacher qu'il ne s'y connaissait pas du tout.

Cette discussion parvint à le réveiller, l'arracher à ses soucis et ses cauchemars habilement, Lym atteignant sans difficultés et avec naturel le but que Larrow avait pourchassé ardument pendant des jours. Il aurait aimé pouvoir rester aussi alerte et presque heureux en permanence, mais même s'ils étaient à nouveau amis il ne pouvait pas suivre Lym partout en espérant qu'elle l'arrache à l'étrange mélancolie tourmentée dans laquelle il était coincé en lui parlant de zombies et de films.

Et bien évidemment, Lym dut partir, allant assister à un cours, et bien sûr Shay la suivit sans hésitation, l'écoutant parler comme si ce qu'elle disait était le discours le plus intéressant du monde. Kosh et Elyra finirent par se lever à leur tour, puis Lukas et Ash, lui disant au revoir et allant visiter Joy à l'infirmerie. Larrow pensa brièvement à les accompagner – il n'avait pas vu Joy depuis bien trop longtemps – mais étrangement la simple idée de la voir, plongée dans un coma et ravagée par la Toxine, lui donnait la nausée. Il le cacha habilement lorsqu'ils lui proposèrent de venir en leur souriant d'un air désolé et disant qu'il ne pouvait pas car il devait travailler sur sa prochaine mission.

Ce qui semblait être une dizaine de minutes plus tard, ils revinrent tous s'asseoir à la table où il était toujours, la table qui leur appartenait aux yeux de tout le monde sur Eleuth. Cléandra se joignit à eux – elle ne s'était plus assise à son ancienne table, celle qu'occupaient ses acolytes et elle autrefois, depuis des mois.

Ils se mirent à dîner en bavardant, et Larrow réalisa qu'il faisait noir dehors, et que le soleil s'était couché pendant qu'il travaillait. En baissant les yeux vers ses plans que Cléandra regardait également, il réalisa qu'il avait pris quelques notes très utiles, mais peu nombreuses, et dont il ne se souvenait pas très bien. Les dernières heures étaient vagues.

Là encore, Lym et les autres dînèrent, bavardèrent quelques heures en tirant Larrow de son étrange et inexplicable torpeur, puis ils partirent, allant se coucher un par un. Cléandra fut la dernière à s'en aller, insistant pour aider Larrow sur les plans de la mission, mais elle bâillait tellement qu'il finit par lui faire signe de partir. Il y avait encore plusieurs élèves dans la cafétéria, mais Larrow se pencha malgré tout vers ses plans en essayant d'ignorer leur charabia.

Bon. Une mission. Des dragonneaux à libérer. Des œufs à récupérer. Cléandra essaierait de convaincre celui qui les détenait illégalement de se rendre ; elle n'y arrivait pas, elle lui faisait signe, il tirait et le tuait. Les dragonneaux étaient libres et sains et saufs.

Tout n'était pas si facilement réglé, cependant. Il fallait choisir où se poster pour pouvoir mieux tirer et mieux voir la scène. Prendre compte de tous les rochers, toutes les crevasses – et si sa cible se déplaçait ? Il fallait qu'il trouve l'endroit parfait, le plan parfait, la meilleure manière de déplacer les œufs et dragonneaux sans qu'aucune coquille ne soit fendue, qu'aucun bébé ne soit blessé. L'enchantement pourrait marcher à moins que l'un des œufs n'ai déjà éclot, ce qui était possible puisqu'ils avaient décalé la mission, auquel cas il serait difficile de maintenir le dragon en place assez longtemps, et...

Larrow commençait déjà à en avoir assez des autres élèves qui parlaient si fort autour de lui ; il avait l'impression de ne pas pouvoir réfléchir, ses pensées noyées sous les discussions de ses voisins. Il grogna, ferma les yeux à s'en faire mal aux paupières et se les frotta avec ses poings comme un enfant essayant de rester éveillé. Il riva les yeux vers ses fiches, prit une profonde inspiration, et se concentra du mieux qu'il put.

Le charabia des autres autour de lui finit par s'estomper, bien que le bruit de fond soit toujours bien présent. Mais il parvenait un peu mieux à comprendre ce qui était écrit sur le papier fin, et au moins les mots ne dansaient plus devant ses yeux lorsqu'il essayait de les déchiffrer.

Bon, pas de problème. C'était une mission simple. Il en avait fait des milliers comme ça auparavant. Surtout sous les ordres de Cave. Se positionner en hauteur, attendre un signal, tirer par un bon angle, la menace était éliminée, c'était facile, presque trop. Il pouvait le faire sans problème. Pas de problème.

Les mots commencèrent à se brouiller, et les murmures autour de lui se firent plus forts. Il fixait le plan devant lui avec insistance. Ce n'était pas une tâche difficile. Il devait trouver un bon endroit où se positionner sur la carte devant lui. Celui où il serait le moins susceptible d'être vu, et où il aurait le meilleur angle de tir. Choisir l'endroit était crucial mais facile ; un jeu d'enfant pour lui. Très bien. Il y avait quatre angles de tir possibles... Quatre manières de tuer cette cible. Tuer ce videntis qui... Tuer ce videntis...

Sans prévenir, comme de plus en plus souvent ces derniers temps, le visage d'Abel apparut devant ses yeux à la place des plans. Il ferma les yeux et chassa cette image de son cerveau. Il ne s'agissait pas d'Abel. Il s'agissait de cette cible qu'il devait éliminer. Il avait une mission facile. Il devait trouver le bon angle de tir pour s'en occuper, malgré les conversations qui l'entouraient.

- Drake, apparemment...

- L'Empire...

Il gronda, un son semblable au grognement d'un animal en colère qui aurait en temps normal fait taire n'importe qui, mais on ne lui accorda pas la moindre attention. Les murmures continuèrent sans s'arrêter ou même baisser d'un ton ; au contraire, ils semblèrent s'intensifier. Larrow avait fourré son visage dans ses mains et s'efforçait de respirer à un rythme régulier.

- La Toxine...

- J'ai entendu dire que les Endormis...

À nouveau, le visage d'Abel apparut derrière ses paupières closes ; ses grands yeux noirs et vides de robot, ses gestes automatiques, ses supplications dans la tête de Larrow qui lui demandaient de le tuer, d'en finir avec lui, de mettre fin à ses souffrances, de...

- Sur Arcem...

- Les infectés par la Toxine...

Larrow secoua la tête et, les yeux toujours fermés avec une détermination farouche et une sorte de désespoir fervent, essaya de chasser les images de sa tête. Les murmures autour de lui se faisaient plus fort jusqu'à en être assourdissants.

Drake a créé la Toxine...

Aucun remède.

Il abattit les poings sur la table sans faire attention au bruit de verre brisé qui lui indiqua qu'il venait probablement de casser quelque chose. Les conversations continuaient, et il frappa à nouveau la table de ses mains pour essayer de les faire taire, sans succès. Ne l'entendaient-ils donc pas ? Ces élèves ne pouvaient-ils pas interrompre leurs discussions quelques instants ?

Larrow avait mal à la tête.

Tu as entendu ce qu'ils disent... ?

Apparemment, la Toxine...

Les Endormis seraient...

Sean... Sean, s'il te plaît...

Les yeux de Larrow s'ouvrirent en grand. Ces mots au milieu des conversations n'avaient pas pu être prononcées par un élève – il aurait reconnu la voix d'Abel entre toutes. Écartant ses mains de devant son visage, il se leva d'un bond, faisant tomber la chaise sur laquelle il était assis plus tôt, et regarda autour de lui, perplexe.

La cafétéria était vide. Complètement vide. Et si l'on en croyait la lumière de l'aube qui apparaissait par l'entrée de l'Académie, elle l'avait probablement été pendant un bon moment. Larrow baissa les yeux sur sa montre, et découvrit qu'il l'avait cassée en frappant la table de ses mains. Il saignait abondamment, et regarda ses poings serrés rouges de sang, perplexe, ne sentant qu'une douleur lointaine. De ses mains tremblantes et couvertes d'écarlate, alors qu'habituellement ses mains ne tremblaient jamais, il sortit son téléphone de sa poche.

Il avait l'impression d'avoir commencé à travailler une dizaine de minutes plus tôt. Apparemment, il s'était assis à cette table presque six heures plus tôt, et il était à peu près sûr de ne pas s'être endormi.

Il regarda autour de lui, ébahi. Les conversations assourdissantes s'étaient interrompues, mais il entendait encore un vague murmure persistant, comme un bourdonnement dans son oreille.

Pourtant il était seul. Il l'avait été depuis des heures.

Qu'est-ce qui m'arrive ?

...................................

yeah

ANYWAY

est-ce que je suis pardonnée pour ce chapitre si je vous offre des memes.............?

........................................

GALLENY

DRAKE

LYM

LARROW

LUKAS

DRAKE

haha.. c'est drôle hein..... des memes.... alors je suis pardonnée pas vrai?

non........?

toujours pas........?

ummmmmmmmmmmmmmmm

euuuuuuuh

DISTRACTION : défi!! essayez d'avoir orion sur le quiz!! si vous réussissez à avoir orion je vous offre... umm.. une surprise. tadam.

https://uquiz.com/ehPcy0

(C'EST BON? CA A MARCHÉ? ON A OUBLIÉ LE CHAPITRE? OK COOL ENCORE QUELQUES MEMES POUR FAIRE DISTRACTION BIM BAM BOUM IM VERY GOOD AT THIS DISTRACTION STUFF)

ASH

SHAY

ORION

ELYRA

(kosh gets pegged. good for him honestly)

LYM

SHAY

ELYRA

LYM

ASH & LUKAS

LARROW

:)

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