5. Plaquage-casier

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Aaron, Melville... Wilma était perdue, ne voyant pas du tout de qui il pouvait bien s'agir. Le jeune homme, qui venait d'alerter Avery à leur sujet, lui était d'ailleurs tout aussi inconnu. Cependant, la joueuse de volley, à mille lieues du désappointement de son amie, s'écria aussitôt :

« Où ça, Pline ? »

À défaut de pouvoir faire autre chose, Wilma enregistra le prénom aux consonances antiques dans son esprit. Il devait forcément faire du latin. Rien qu'avec ce prénom, il était prédestiné. Par contre, cela devait être lourd à porter au quotidien.

Le garçon avait sans doute une ou deux années de moins qu'elle, à en juger par ses joues encore rondes — qui étaient par ailleurs légèrement rouges, témoins d'une course précipitée. Sa taille assez haute était associée à une stature maigrichonne et peu imposante, résultat d'une poussée de croissance soudaine. Il n'était pas très impressionnant et était l'exemple typique du jeune homme persécuté dans les films (il aurait même pu tourner gothique).

« Aux casiers... Suivez-moi, articula-t-il. »

Et il s'élança vers l'entrée du lycée. Cependant la foulée entraînée d'Avery était bien plus rapide et elle disparut à l'angle d'un couloir en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Wilma et Pline, quant à eux, essayaient de ne pas se faire distancer : le sport ce n'était vraiment pas leur truc.

Lorsque la rousse et le brun rejoignirent enfin Avery, celle-ci s'approchait à grands pas d'un petit attroupement. Petit, car si certains paraissaient intéressés par l'incartade qui avait apparemment lieu, la plupart n'y portaient pas grande attention. Ils étaient sans doute trop blasés ou trop préoccupés par la rentrée. Ou tout simplement apeurés.

Curieuse, et ce malgré le fait que cette caractéristique soit un vilain défaut, Wilma s'approcha à son tour. Elle n'eut pas besoin de jouer des coudes pour voir la scène ; Avery s'en était chargée. D'une manière peu délicate. Trois personnes étaient étalées sur le sol.

Deux garçons étaient en pleine altercation. Wilma supposa qu'il s'agissait des dénommés Aaron et Melville ; mais elle était bien incapable de savoir qui était qui. L'un était brun et possédait des yeux bridés ; l'autre, légèrement plus grand, avait une tignasse noire qui semblait vaguement familière à Wilma. Cependant, ne voyant pas bien son visage, elle n'aurait pas été dans la possibilité de le reconnaître.

Le plus grand des deux jeunes hommes avait adopté une posture menaçante et assurée, tandis que l'autre, clairement en position de faiblesse, était plaqué contre les casiers d'un rouge métallique. Son expression oscillait entre la colère et la peur.

« Bah alors la tapette, on ne dit rien ? se moquait l'autre garçon. »

Wilma fronça les sourcils en entendant l'insulte et le ton haineux avec lequel elle avait été prononcée. Elle aurait sans doute réagi s'il n'y avait pas eu tout ce monde autour d'elle (parce que son objectif était « se fondre dans la masse », ne l'oublions pas). Heureusement, ce fut Avery qui s'en chargea. Elle poussa l'épaule du plus grand, l'obligeant à se détourner de sa victime.

« Tu le laisses tranquille ! s'écria-t-elle, hors d'elle. Tu n'as pas autre chose à faire ? Nan, mais sérieux, vire de là : tu fais chier tout le monde ! »

Sa colère contrastait fortement avec sa bonne humeur de tout à l'heure. Son interlocuteur la fusilla du regard et c'est alors que Wilma le reconnut : il s'agissait du garçon du parking ! Le jeune homme qui avait failli l'écraser, pour ensuite lui parler atrocement mal, quand elle s'était rendue au Target le jour de son déménagement. Le peu d'estime qu'elle avait pour lui venait de considérablement se réduire. Voire d'arriver à l'équivalent du néant. C'était un détestable personnage.

« Oh c'est mignon, Avery Crawford qui vient défendre la tapette ! T'en as pas marre de toujours prendre sa défense ?

— Et toi : tu n'en as pas marre de t'en prendre à tout le monde qui n'est pas comme toi ? Grandis un peu Aaron ! Tu es ridicule ! »

Le dénommé Aaron allait répliquer sur le même ton, mais un professeur, attiré par le bruit et l'attroupement, se dirigeait maintenant vers eux. Prudent, il préféra laisser tomber, non sans un regard mauvais pour Avery et l'autre garçon, Melville.

Alors qu'il s'éloignait, ses yeux croisèrent ceux de Wilma. Une expression malveillante passa sur son visage, arrachant un sursaut à la jeune fille.

« Qu'est-ce qu'elle fait là, la rouquine ? Je croyais t'avoir dit que t'avais pas intérêt à ce qu'on se rencontre de nouveau... »

Wilma ravala la réplique acerbe qui lui brûlait la langue, et se contenta d'un regard noir. Aaron leva les yeux au ciel, et la bouscula en passant. La jeune fille s'empressa de rejoindre Avery. Elle discutait activement avec Melville et Pline. L'incident étant terminé, les autres lycéens s'étaient dispersés et le professeur était reparti.

« Ne te laisse pas faire Melville ! disait Avery d'un air décidé. Il n'a pas à faire sa loi ici !

— C'est bon, ça va... Et puis je ne peux rien faire contre lui, il possède la popularité, l'argent, l'intelligence et même la beauté... Plus une armée de pions !

La blonde semblait prête à insister, mais il lui coupa l'herbe sous le pied.

« Bon, on devrait y aller maintenant. Je me demande si on est dans la même classe. »

Toujours un peu fâchée, Avery hocha la tête de mauvaise grâce. Il s'écoula encore quelques secondes avant qu'elle ne remarque Wilma, cette dernière ayant véritablement le don de se fondre dans le décor.

« Oh ! Tu es là. Les garçons, je vous présente Wilma. Elle vient d'emménager. Wilma, voici Melville et Pline.

Ils se saluèrent mutuellement. Avery glissa à son amie :

« Ils n'ont pas beaucoup d'intérêt, ils ne jouent pas à Pokémon GO ».

Wilma se dit que, au moins, ils ne lui voleraient pas ses Rattatas, et rien que pour ça, elle les appréciait déjà.

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