Samedi 06 Juillet 2019

hOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOiiiiiiii !

Quoi de neuf ?

Pour cette partie, j'ai fait 5 dessins pour le concours de LakAlice. On devait inventer une créature en se basant sur un texte qu'elle a écrite. Et voici les points essentiels du texte :

- Selon une légende, une créature vivrait sur une île. Plus précisément dans une grotte inaccessible ;

- Elle se réveillerait tous les soirs d'automne, à une certaine heure ;

- Personne n'en sait davantage sur cette créature (son apparence, son sexe s'il en a un, si elle est seule ou non ...);

- Son existence même pose questions.

Voilà. 

Contrairement à d'autres parties de concours où l'analyse des dessins était assez concrète, je vais cette fois-ci l'intégrer entièrement à l'histoire que je vais vous raconter. Pour faire simple, elle sera plus subtile (enfin, je pense), hormis pour certaines informations qui seront citées après le récit.

Bref. Voici la légende des ...

... Revenants Maudits.

~*~*~*~

Des siècles auparavant sur une île mystérieuse, les lois de la vie & de la mort y étaient particulières.

Une première particularité était la présence d'une grotte menant directement vers l'Enfer. Une seconde particularité était quant à elle la résurrection des âmes pécheresses, issues de ce même Enfer. Ainsi l'ancien peuple les appelait les Revenants Maudits. Si ce nom pouvait paraître surprenant, il n'en était rien quand on connaissait le calvaire qu'était cette nouvelle vie temporaire.

En effet, durant l'automne le peuple humain célébrait les Morts et priaient les Dieux afin que leurs proches défunts puissent séjourner paisiblement dans leur demeure céleste. Bien que certaines âmes partaient immédiatement pour les cieux, d'autres plus impures étaient emmenées en Enfers. Cependant, en écoutant les prières du peuple humain, les Dieux acceptaient de donner une seconde "chance" aux pêcheurs défunts. Mais cette "chance" n'était ni moins qu'un cadeau empoisonné, mettant à l'épreuve les âmes impurs.

Ainsi, elles quittaient l'Enfer pour revenir dans le monde des mortels. Mais elles ne ressemblaient en rien à ce qu'elles étaient de leur ancienne vie. Toutes se ressemblaient au point où on ne pouvait deviner leur identité, comme si celle-ci leur avait été arrachée. De plus, leur apparence humaine n'avait rien à envier de celle qu'elles subissaient.

Ces frêles créatures ressemblaient énormément à des prisonniers. Elles portaient tout d'abord un masque qu'elles ne pouvaient retirer, comme si ce dernier cherchait à dissimuler le peu d'identité qui leur restait. Quant à leur manteau, il rappelait la gentiane : une fleur d'automne évocatrice de douleur et de mépris des Dieux à l'égard des Revenants. De plus, de lourds bracelets & collier de plomb à l'image d'Ouroboros (symbole de l'éternel recommencement) leur serraient non seulement leur cou et bras pourtant atrocement squelettiques, mais ils leurs rappelaient également leur condition de prisonniers des enfers dont la liberté temporaire leur serait de nouveau arrachée s'ils ne se rachetaient pas. Aussi, la partie inférieure de leur corps n'était qu'une vulgaire matière visqueuse rendant leurs déplacements pénibles et lents telles des limaces, voire pire. Cette matière, sensible à la lumière du jour, dissuadaient les Revenants Maudits de rencontrer les humains éveillés au risque de subir d'atroces brûlures. Enfin, la couleur et la taille du corps changeaient en même temps que les phases émotionnelles par lesquelles passaient ces êtres maudits.

1. Le DENI :

Illustration d'un Revenant Maudit au bord d'un lac, choqué par son apparence actuelle.

Durant cette première phase, le DENI, les Revenants sont de petites tailles. Les croix en guise de yeux & la couleur violette de son corps révélaient le mensonge dans lequel se trouvaient ces êtres maudits. Au fond d'eux, ils se disaient qu'ils étaient toujours humains, qu'ils n'avaient rien des monstres que montrait leur reflet. Que tout ceci n'était qu'un cauchemar.

Et pourtant. Ce cauchemar, en plus d'être réel, ne faisait quecommencer.

2 . La COLERE :

Illustration d'un Revenant enragé, détruisant des arbres en les arrachant et brûlant.

Au moment où les Revenants réalisaient enfin ce qu'ils étaient devenus, la colère submergeait la plupart d'entre eux.

Elle grandissait de la même manière que leur taille. Des cornes poussèrent de leur tête et de leurs bras. Le corps désormais rougeâtre brûlait - étonnement en silence - les arbres qu'il touchait, témoignant de cette rage. Leurs yeux prenaient une forme ovale aux traits descendants, comme si ces êtres maudits pleuraient. En d'autres termes, les Revenants ressemblaient à des démons enragés.

Ces créatures qui maudissaient les Dieux ne pouvaient cependant ni être entendues ni vues des hommes et des animaux, tels des fantômes qui ne trouveraient pas de réconfort auprès de leurs proches vivants.

Aux yeux des hommes, les arbres tombaient, brûlés par les flammes enragées des Revenants, sans qu'ils n'arrivaient à expliquer cet étrange phénomène.

3. Le MARCHANDAGE :

Illustration d'un Revenant donnant en offrande une tête de lapin, au clair de la lune.

Une fois "calmés", les Revenants Maudits suppliaient les Dieux de les laisser rentrer dans leur demeure.

Bien qu'ils n'appréciaient guère cette nouvelle vie, ils ne supportaient non plus leur séjour en Enfer. Et il y avait de quoi craindre ce lieu, au vu des récits de diverses religions.

Les créatures faisaient alors tout leur possible pour satisfaire les tout-puissants: faire des offrandes de toute sorte; faire repousser les plantes qu'elles avaient brûlées; emmener les âmes impures qui venaient à peine de quitter leur corps en Enfer - et qui deviendront l'année suivante des Revenants - bien qu'elles n'appréciaient guère cette tâche, en connaissance de cause...

Elles enviaient tellement les habitants du Paradis, comme en témoignait la couleur verdâtre de leur corps.

Et si les Dieux appréciaient en partie ces attentions, ils n'étaient pas non plus enclins à leur offrir le salut désiré.

4. La DÉPRESSION :

Illustration d'un Revenant en train de ruminer dans sa grotte, à l'aube.

Réalisant que leurs tentatives de négociations envers les Dieux étaient vaines, les Revenants Maudits devenaient les proies d'une profondeur tristesse.

Leur corps, aussi flasque que de la bile noire, transpirait la mélancolie. Leur robe de Gentiane devenait crasseuse et leurs bras ne cessaient de s'amaigrir.

La plupart de ces créatures restaient dans la grotte la nuit en plus de dormir le jour. D'autres tentaient de se retirer la "vie", en vain. Certaines visitaient leur propre tombe, se remémorant leur vie d'antan. Elles devaient toutes attendre la fin de l'automne pour quitter le monde mortel, quelle que soit leur destination.

Cette période de mélancolie durait très longtemps. Et rare sont les Revenants qui en ressortaient.

5. L'ACCEPTATION :

Illustration d'un Revenant lévitant au dessus d'un lac, en pleine. Sur son reflet, son ancienne apparence humaine.

La plupart des Revenants retournaient en Enfer lorsque l'hiver arrivait. Mais certains partaient pour les cieux.

Ces derniers étaient ceux qui avaient reconnu leurs péchés, accepté cette punition qu'était l'état de Revenant.

La partie inférieure de leur corps se transformait alors en une sorte de vapeur, rappelant un nuage d'un blanc pur. Les bras reprenaient de la chair et les mains retrouvaient leurs cinq doigts. Les menottes disparaissaient et le collier de plomb laissait place à une jolie chaîne de deuil, sertie d'une pierre précieuse dont la couleur reflétait leur âme. De plus, le masque commençait à se briser. Puis de petites ailes poussaient de leur dos et de leur tête, là où se trouvaient leurs cornes.

Des rumeurs racontaient que certaines personnes auraient vues ces êtres éthériques, se baladant au-dessus de l'unique lac de l'île au clair de la lune. Peut-être que les Dieux avaient décidé que ces créatures ne méritaient plus d'être ignorées.

Lorsque l'automne sonnait son glas, les Revenants Maudits qui allaient être acceptés au Paradis retrouvaient alors leur apparence humaine. Seules ailes, plus grandes, les différenciaient des vivants.

***

Les années passaient en même temps que la foi du peuple de l'île s'essoufflait de plus en plus. Et lorsque les prières envers les Dieux cessaient, plus aucun Revenant Maudit ne surgissait de l'Enfer.

Mais ce conte n'est peut-être que pure fantaisie. Ou une métaphore d'un aspect de notre vie : le deuil. Le deuil d'un proche ou de notre propre vie.

Qui sait.

~*~*~*~

Voilà pour l'histoire.

Concernant le plan purement technique, j'ai opté pour un style qui puisse faire penser à des illustrations de vieux livres. De plus, l'aspect brouillon du line et le cadre noirs renforce le côté tragique et horrifique des Revenants, hormis pour le 5ème dessin en raison de l'aspect plus positif.

~*~*~*~

C'est tout pour aujourd'hui.

Tschüss -3-