- Ven... ça fait des heures qu'on marche tu veux pas qu'on fasse une pause ?

- Tu es trop épuisé pour nous téléporter alors on marche. Répliqua durement l'ange.

- Rien ne nous empêche de nous reposer quand même. Ça sert à rien de se tuer comme ça...

- Je te rappelle qu'on a un groupe dangereux à nos trousses, peut-être même qu'il y en aura plus. On a été sauvés une fois, ça n'arrivera plus Claön. On ne peut compter que sur nous même.

Le démon soupira, résigné. Cela faisait des jours qu'ils marchaient. Le paysage défilant sous leurs yeux, changeant, capricieux souvent. Le démon s'inquiétait pour lui bien sûr mais l'ange le préoccupait beaucoup plus. Après tout, il avait perdu ses ailes et c'était ses propre supérieurs qui cherchaient à le tuer...

- Bon ça suffit, moi, je m'arrête là. Continue si ça te chante, moi je vais chercher de quoi faire un feu.

L'ange ne dit rien et continua d'avancer. Le démon le regarda partir, sans tenter de l'arrêter.

Une profonde tristesse lui sciait le ventre depuis cette fameuse discussion qu'ils avaient eu quelques jours avant.

Après que leurs supérieurs soient partis, les deux jeunes hommes étaient restés assis par terre, accusant le contrecoup de tout ce qu'il s'était passé.

- On est vivants... dit simplement le démon.

- C'est maintenant que tu t'en rends compte ?

- Bah quoi ? C'est plutôt réjouissant ! on aurait pu tomber indéfiniment dans ce putain de trou noir ! mais on est vivants !

- Et bien au moins, y en a un qui se réjouit.

- Ven... qu'est-ce qui va pas ?

- Montre-moi tes blessures plutôt, j'ai pas confiance dans la capacité de soin d'un démon, aussi puissant soit-il.

Claön ne put s'empêcher de rigoler devant le sérieux de son compagnon.

- Laisse, je vais bien. Ta magie et les soins de mon seigneur devraient suffire. Maintenant, dis-moi ce qui ne va pas.

L'ange parut hésiter quelques instants. Il regarda son vis-à-vis dans les yeux et se décida enfin à parler.

- Tout à l'heure.... quand on s'est embrassés... c'était pas... on était sous le coup de l'euphorie d'accord ? On était contents d'être en vie, rassurés de s'avoir l'un l'autre mais ça s'arrête là Claön. On ne sera jamais comme eux. Je veux pas... être comme eux. Et c'est pas parce que je t'apprécie pas. C'est juste... pas concevable pour moi de te voir autrement aussi vite.

- Oh... ouais t'inquiète, je comprends... On a peut-être voulu trop se précipiter, avoua le démon.

Un silence gênant s'installa entre eux, durant lequel les minutes paraissaient interminables.

- Bon on devrait... trouver un autre endroit et se concentrer sur la fusion de nos pouvoirs.

- Mmmh ok.

Claön soupira encore et encore en repensant à tout ça. Lui et Veniel étaient tellement différents. Il avait détesté l'ange bien sûr, et l'avait combattu des centaines de fois. Pourtant, il n'avait jamais voulu ou pu le tuer. Il savait qu'il y avait autre chose au fond de lui, peut-être pas de l'amour mais quand il imaginait sa vie sans ce petit merdeux d'emplumé, son cœur se comprimait. S'il ne pouvait plus jamais le revoir.... il en mourrait. Alors pendant des siècles, ils s'étaient détestés, parce que c'était comme ça entre leurs deux espèces. Mais maintenant qu'ils connaissaient la vérité, tout semblait encore plus compliqué que quand ils vivaient dans le mensonge.

Le feu ne démarra toujours pas, au bout d'une énième tentative. Quel temps de merde... Il avait plu et le bois était trempé.

- Laisse je vais m'en occuper.

- Qu'est-ce que tu fais là ? je te croyais parti.

- Je maîtrise le vent, je vais sécher le bois. Essaie de construire un abri pendant ce temps.

Le démon fut soulagé de voir que l'ange avait décidé de revenir. Il se leva et concentra son énergie afin de bâtir une sorte de dôme pratique et douillet.

- Est-ce que ça te convient ?

- Tant qu'on est protégés, oui, ça me va. Le feu est prêt. J'en ai profité pour chasser aussi.

- T'es incroyable... murmura le démon.

- Qu'est-ce que t'as dis ?

- Rien rien, je marmonne. Bon qu'est-ce qu'on fait demain ? lui demanda Claön.

- J'ai pensé que je pourrais prévenir l'un de mes amis qui est assez... rebelle dans l'âme. Il saura se faire discret et il sera pas contre nous filer un coup de main.

- Je pourrais faire de même. Un combattant en plus ne nous ferait pas de mal.

- Ok on fera ça demain. On mange et on dort.

La nuit fut glaciale mais instinctivement, les deux corps n'avaient pu s'empêcher de se rapprocher, en quête d'un peu de chaleur...

Fin ce de ce premier chapitre, ils ne seront pas très longs mais on sera toujours aussi ravies que vous nous laissiez vos impressions !