Prologue

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Il avait mal, très mal. Et honnêtement, il s'en voulait d'être tombé dans ce piège à la con. Il avait passé l'âge pour ces conneries ! Le groupe d'anges qui l'avait agressé ne l'avait pas loupé. Il saignait de partout, et il grimaça de douleur en repensant au sale quart d'heure subi plus tôt. Il aurait dû y rester, mais la chance lui avait sourit.

En attendant, il songea à se reposer dans un endroit sûr. Une bonne nuit de sommeil devrait lui permettre de reprendre des forces puis de retourner chez lui, en un seul morceau. Il trouva rapidement une grotte et se mit à l'abri de la pluie à venir. Il alluma un feu avec ce qu'il trouva sur place et grelotta de plus belle. Il était difficile pour lui de visualiser toutes ses plaies. Il en distingua d'abord une large qui sillonnait son bras gauche et la légère taillade sur son torse. Rapidement, il inspecta son crâne et ne sentit aucune douleur anormale. Il ne pouvait pas vérifier l'état de son dos mais il se doutait, de mémoire, qu'il devait avoir deux, voir trois contusions. Il soupira, la fatigue et la faim prenant le dessus sur tout le reste. Il était loin d'être invulnérable. Il cala son dos contre la paroi rocheuse et laissa le sommeil l'emporter.

Lorsqu'il se réveilla, ce fut pour sentir une lame pointer contre la chair de son cou. Et face à lui se tenait son pire ennemi.

- Enfin je te retrouve, dit l'inconnu d'une voix claire.

- Connard.... fous-moi la paix Veniel.

- Tu es en bien piteux état Claön. Mes aînés t'ont donné du fil à retordre ?

- Mais casse-toi putain ! Arg...

- Arrête de bouger et laisse la mort t'étreindre, fit l'ange en dévoilant de sa tunique deux superbes dagues.

- Dans tes rêves blondasse !

Claön n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une poigne de fer le saisit à la gorge. Il sentit une violente migraine se pointer et le sang se remit à couler de son bras alors qu'il essayait de se dégager. Conscient de son état, il cessa de se débattre au bout de quelques instants, ce qui surpris son vis-à-vis.

- Pourquoi tu ne te débats plus ?

- J'en ai marre de me battre contre toi ou tous les emplumés que je croise. Vous avez que ça à foutre de nous traquer.

- Si vous n'étiez pas aussi néfastes, on ne perdrait pas autant de siècles à vous exterminer.

- Néfastes.... tu sais même pas ce que ça veut dire... Sans nous les humains...

- Se porteraient bien mieux ! Vous ne faîtes que les traîner dans la boue !

- La ferme !

Le démon trouva la force de se relever et asséna un coup de poing sur la joue droite de l'ange. Ce dernier le fixa d'un air mauvais. Dieu tout puissant, qu'il pouvait le haïr, ce stupide démon qui était né le même jour que lui. Pourtant tout les opposait : lui était élancé, à la peau hâlée et aux longs cheveux blonds alors que le démon bien qu'aussi grand avait la peau beaucoup plus blanche que la sienne et des cheveux noirs comme la nuit. Leur seule ressemblance se trouvait dans leur coiffure : une longue tresse élaborée qui glissait dans leur dos.

- Je vais vraiment finir par te tuer Claön.

- Te gêne pas ! Comme ça tu pourras étaler ton ego auprès des autres emplumés !

Sans prévenir l'ange fonça droit sur lui et enfonça l'une de ses dagues dans son flanc. C'en fut trop pour Claön qui cracha du sang sur la tunique immaculée de l'être céleste.

- Bien joué... Veniel.

L'ange se crispa, l'odeur du sang et les plaintes de douleur émanant du démon auraient du lui soutirer de la joie. Il avait senti l'extase monter en lui en retrouvant son ennemi. Alors pourquoi n'arrivait-il pas à se réjouir ?

- Claön... Espèce de !

Mais le démon ne répondit rien. Il était évanoui, probablement à cause de la perte de sang qui l'affaiblissait depuis plusieurs heures. Soudain, l'ange se retourna brusquement en entendant un froissement reconnaissable entre milles.

- Beau travail Veniel, fit une voix grave derrière lui.

- Nous allons pouvoir te monter d'un grade avec cet exploit Veniel.

- Félicitations, Veniel.

Les trois voix sonnèrent faux à ses oreilles. Depuis quand cela l'énervait-il ? Il adorait le trio d'anges. Fussuän, Malaël et Nirimel étaient ses mentors, ils lui avaient tout appris. Alors pourquoi avait-il tant envie de les frapper pour lui imposer leur présence ?

- Merci à vous, fit-il en s'inclinant.

- Nous te laissons l'honneur d'éradiquer ce démon de l'univers.

- Je... je ne veux pas, pas maintenant.

- Qu'est-ce que tu racontes, enfant. Il faut le détruire, tu le sais, l'équilibre de l'univers en dépend. Nous devons protéger les humains.

- Justement, il voulait... me dire quelque chose.

- Veniel, si tu ne le fais pas maintenant, alors ce seront nous qui le ferons et tu seras disgracié.

- Je vous demande juste d'attendre ! Une simple journée !

- Il n'en est pas question Veniel. Ecarte-toi.

- Je refuse !

- Veniel, firent les anges en augmentant leurs auras qui devinrent menaçantes.

- Vous ne le toucherez pas ! Il est à moi !

Les trois anges se regardèrent et décidèrent de quitter les lieux, non sans une dernière menace.

Lorsque Claön se réveilla, tout son corps lui faisait un mal de chien. Ah oui... peut-être parce qu'il ressemblait à une passoire.

- Veniel ?

- Salut...

- Pourquoi je suis encore en vie ? Et tu es où ?

- Au fond. Et tu es encore en vie parce que je le veux bien !

- ... T'as jamais su mentir enfoiré. Viens ici.

- Claön ferme-là j'ai pas envie de voir ta gueule.

- Si tu ne viens pas à moi c'est moi qui viendrais à toi !

Le démon essaya de se lever mais trébucha bien vite. Ce furent deux bras puissants qui le soutinrent et lui évitèrent de rencontrer le sol.

- Heu merci... Veniel... qu... ?

Lorsque son regard se leva vers l'ange, il n'en crut pas ses yeux. A la lumière, il comprit et ses poings se serrèrent.

- Veniel regarde moi.

- Dégage...

- Veniel... Tes ailes...

- On me les a arrachées...

- Mais pourquoi ? Fit le démon en le secouant par les épaules.

- Parce que j'ai refusé de te tuer Claön.

Le démon resta interdit quelques instants. Pourquoi Veniel avait-il fait ça ? Au risque de perdre tout ce qu'il chérissait depuis toujours ?

- ...

- Y a rien à en dire de toute façon. Je sais pas ce qu'il m'a pris et je le paie cher, c'est tout.

- Est-ce que ton dos te fait mal ?

- C'est pas tes oignons Claön. Faut que je me tire d'ici...

- Attends tu... qu'est-ce que tu comptes faire là hein ? Tu crois vraiment que je peux pas lire tes pensées ?

- Comment ça tu lis mes pensées connard ?

- Je vais pas te laisser te suicider Veniel merde !

Le démon fut plus rapide que l'ange à réagir et il lui asséna un second coup de poing qui fit tomber l'ange à la renverse.

- Putain je sauve ton cul et c'est comme ça que tu me remercies ?

- Quel est l'intérêt de l'avoir fait si c'est pour te tuer après c'est toi qui est con !

- Tu me fatigues. Vraiment.

- Et toi donc.

Ils restèrent à terre pendant quelques minutes, en se regardant un chien de faïence. Lorsque leurs yeux se rencontrèrent, ils détournèrent immédiatement la tête.

- « J'avais jamais remarqué mais pour un démon il a un visage assez doux... »

- « Derrière son caractère de merde, il m'a quand même sauvé la vie... »

La nuit ne tarda pas à tomber et les deux hommes tombaient de fatigue et de froid.

- Je vais raviver ton feu, ne bouge pas.

- C'pas comme si je pouvais bouger de toute façon, j'ai perdu trop de sang... et ce sera un miracle si je passe la nuit. Occupe-toi de toi.

En effet l'ange pouvait se soigner lui-même. Son dos était d'ailleurs presque complètement rétabli. Mais le démon ne pouvait pas en faire autant. Après avoir ramassé du bois, l'ange s'approcha de Claön et se mit à lui parler durement.

- Enlève ton haut.

- Pardon ?

- Déshabille-toi !

- Heu... je sais que tu es frustré vieux mais t'es pas obligé de « déverser » tout ça sur moi... ou en moi je sais pas, fit le démon en se reculant en prenant un air horrifié sur la fin.

- Claön, t'es vraiment le pire des imbéciles parfois. Et je serai sûrement totalement taré de vouloir baiser... « ça », fit-il en désignant le corps de Claön, avec la moue de convenance, c'est à dire de dégoût.

- Tu sais combien de personnes rêveraient de ce corps ? Tch.

- Nan et je m'en fous. Je t'ai demandé de te désaper pour te soigner andouille.

- Me soigner ? Avec quoi ?

- Ma magie de soin.

- Veniel, tu le fais exprès ou quoi ? Tu sais très bien que ...

- Ça n'est pas censé être compatible, oui je sais ! Mais qui a déjà essayé hein ?

- Ben quelqu'un a du si on nous dit et répète de ne pas le faire.

- Hein hein et tu en as déjà entendu parler de la part des princes des enfers ?

- Ben... en fait non. Et des archanges ?

- Non plus. Et puis soit ça marche soit ça te tue ce qui finalement m'irait aussi bien.

- Je te suis vraiment pas Veniel. Tu veux me sauver en espérant me tuer ?

- Je comprends pas moi-même... Mais quand les aînés ont menacés de te liquider... Je n'ai pas pu supporter cette idée.

- ...

- Allez ,fini de bavarder, plus on attends et plus ton état empire.

- Ok.

Le démon se débarrassa de son manteau avec grand mal. Il essaye ensuite d'enlever sa chemise mais le sang collé et l'effort à fournir lui firent abandonner.

- Ven, tu peux m'aider ?

- Arrête avec ce surnom stupide ! Ça fait quoi, 500 ans que tu l'as plus utilisé !

- Je sais, c'est le surnom que je te donnais quand on était encore enfants...

- Ça remonte... fit l'ange en se rapprochant. Bon, on va le faire à l'ancienne.

- Arg non, j'adore cette chemise !

- Désolé mais dis lui au revoir, elle était déjà foutue de toute manière, rétorqua l'ange en déchirant la chemise avec sa dague. Lorsque le torse du démon fut dévoilé, l'ange ne put s'empêcher laisser s'attarder son regard. Le démon était sacrément bien foutu.... et désirable au possible dans cet état.

- « Va te faire soigner mon vieux. »

Il remarqua sans trop de mal la blessure qu'il avait infligé au démon et son regard se baissa de honte.

- Je suis désolé de t'avoir poignardé, j'aurais pas dû...

- C'est pas la première ni la dernière fois de ce que j'ai cru comprendre...

- Je vais essayer le soin ça risque...de piquer.

- De me défoncer sa race oui !

Le démon eut à peine le temps de finir que l'ange avait posé ses deux mains sur son torse. Le contact était à la fois agréable et terriblement préoccupant. Le démon se mit malgré lui à trembler.

- Détends-toi Claön.

- J'essaie mais... c'est un réflexe. J'ai peur... admit-il à demi-voix.

- Fais-moi confiance. Je pensais que tu avais compris que je voulais t'aider.

- Je le sais mais... tu vas appliquer de l'angélique sur moi, y a de quoi flipper !

- J'y vais.

L'ange ferma les yeux et fit appel à son pouvoir. Une lueur violette émana de ses paumes et il la dirigea vers la plaie. Mais il dut bien vite arrêter car le démon se mit à hurler de douleur. Il tenta plusieurs fois de le calmer mais rien n'y faisait. Il avait pourtant enlevé ses mains !

- Claön bordel ressaisis-toi ! Tu vas alerter tous les environs !

Devant l'absence de réaction de son compagnon d'infortune, l'ange ne vit pas d'autre choix s'offrir à lui, il lui fallait un autre traitement de choc pour surpasser le premier. Il prit le visage de Claön entre ses mains et déposa ses lèvres sur les siennes, doucement, sans le brusquer. Le démon ouvrit enfin les yeux et Veniel y lut la peur et la détresse. Il accentua alors le baiser et caressa tendrement les longs cheveux ébènes du démon. Lorsqu'il jugea que cela était assez, il reprit sa manœuvre de soin. Le démon tiqua entre ses lèvres mais se laissa faire. Quand l'ange relâcha sa prise sur les lèvres de son ennemi, il remarqua que la plaie était totalement refermée.

- Ça a marché ! Claön !

- Tu... tu...

- Quoi ?

- Tu m'as embrassé ! glapit le démon en écarquillant les yeux

- C'est tout ce qui t'importe là vraiment ? Je viens de te soigner avec de la magie angélique !

- Rien à foutre ! T'avais pas le droit de faire ça putain !

- Si tu y tiens tant que ça, je peux annuler ma magie et te faire redevenir une loque dégueulasse !

- Dégage Veniel, j'en ai marre de toi. J'ai essayé de faire des efforts mais tu es...

- Je suis quoi Cläon? Fit l'ange menaçant.

Le démon ne répondit rien. Au fond de lui, sa colère était tellement grande qu'il préféra tourner le dos à l'ange et ne pas regretter ses paroles futures. L'ange, quant à lui, serrait les poings, se demandant encore pourquoi il avait gaspillé son énergie à sauver la vie de cet abruti ingrat.

- J'ai perdu ma grâce à cause de toi saloperie de démon, tu ferais bien de t'en souvenir.

Sur ces paroles, Veniel partit sous la pluie. Claön ne le regarda même pas, préférant s'asseoir et enfouir son visage entre ses bras. Au bout de quelques heures à entendre la pluie battante, le démon, enfin calmé, fut surpris de ne pas voir l'ange revenir. Certes, ils étaient vraiment en rage l'un contre l'autre, mais leurs combats, leurs disputes, aussi nombreuse furent elles depuis leur naissance, avaient toujours finis par les ramener l'un vers l'autre, inexorablement. Or cette fois-ci le démon avait un mauvais pressentiment. Et si...

- Et merde Veniel !

Le démon s'élança sous la pluie à son tour. Il ne savait pas où aller exactement mais son instinct le guidait. Il savait. Veniel était en danger ! Ses ailes lui avaient été arrachées par le trio et ils n'allaient pas en rester là ! Quel con il avait été de le laisser partir ! Il ne pouvait pas voler mais il avait pour lui un talent que nul autre n'avait : le dressage impromptu de bêtes sauvages ! Et une fois n'est pas coutume, la chance lui avait souri, un dragon avait perçu son aura et l'avait laissé le monter. Plus confiant que jamais, Claön chevaucha son nouveau camarade baptisé Sword, et se jura de retrouver cet entêté d'emplumé !

Au bout de quelques heures qui lui parurent une éternité, Claön finit par sentir l'aura de Veniel et ça virait au rouge dans son esprit. Quand il le vit dans son champ de vision, l'ange était effectivement en mauvaise posture, encerclé par les trois autres anges. Il ordonna à Sword de plonger, ce qui attira l'attention de ses ennemis.

- Tiens donc mes chers frères regardez qui voilà.

- Fussuän, toi qui voulait te défouler te voilà servi, fit Malaël.

- On te le laisse volontiers, rajouta Nirimel. Nous on s'occupe de notre petit égaré.

- COMME SI J'ALLAIS VOUS LAISSER FAIRE, hurla Claön dans leur direction.

- T'approche pas ... ducon...

La voix de Veniel venait de résonner dans sa tête. Et l'info se perdit dans le brouhaha des milles pensées qui l'assaillaient. Puis elle revint à nouveau, plus forte, Veniel, Veniel avait parlé dans sa tête ! D'abord le soin puis ça... Claön secoua la tête, il s'en préoccuperait plus tard, l'objectif prioritaire restait de sauver cet enfoiré !

Il fonça sur Fussuän qui brandit sa longue épée dans sa direction, avec un air de victoire avérée. Claön savait que les trois anges étaient trop forts pour lui, il le savait. Mais il avait juste espéré récupérer Veniel et dégager d'ici au plus vite. Voilà pourquoi il s'en prenait toujours plein la gueule, le scénario ! Il partait trop souvent sans plan d'action précis et il finissait inévitablement par se faire taper sur les doigts ! Sauf que d'habitude, c'était Veniel qui le foutait dans la merde et que là, il lui prenait l'idée délirante d'aller lui sauver la couenne !

- Petit importun, crois-tu vraiment que nous ne savons pas ce que tu comptes faire?

- Vous me faites rire, je sais même pas ce que je compte faire, alors je m'en fous bien de ce vous croyez ou pas. Ce que je sais c'est que vous ne nous tuerez, ni lui, ni moi !

Le combat s'était engagé entre le démon et l'ange au sourire narquois, mais rapidement, Claön perdit l'avantage de sa vitesse et de son âge face à un ennemi beaucoup plus expérimenté.

- J'ai exterminé des centaines et des centaines de tes congénères. Crois-tu vraiment pouvoir y échapper ? Fit l'ange en se rapprochant de lui après l'avoir fait chuter au sol. Le démon eut à peine le temps de lever les yeux qu'une douleur profonde lui scia le torse. Sans aucun effort, l'ange le souleva dans les airs du bout de son épée. Le démon tenta de se débattre mais cela ne faisait qu'accentuer la douleur. Puis l'ange le jeta sur le côté, le laissant agonisant.

- Claön ! Non ! hurla Veniel. Laissez-le par pitié...

- Dire que nous avions placé tant d'espoir en toi enfant. Tu ne vaux pas mieux que cet être abject. Quel déshonneur pour nous. Nous n'allons pas te tuer cependant, clama Malaël.

- Hein... ?

- Nous allons éradiquer tout ce qui te concerne sur ce plan de l'existence, pour que cette honte n'entache pas plus longtemps la grâce divine puis ensuite nous nous occuperons du démon, lentement.

Cläon et Veniel entrèrent dans une torpeur dans nom. Leurs regards se croisèrent et chacun put voir des larmes perler au coin de leurs yeux brillants. L'un et l'autre savait qu'ils allaient mourir. Les trois anges se mirent en cercle afin de commencer leur funeste besogne.

- Claön...Je suis désolé...songea l'ange en fixant le sol, abattu.

- Tu n'as pas d'excuses à me faire Veniel.

Quand la voix du démon répondit à sa pensée, il releva la tête surpris, les yeux grand ouverts croisant ceux mélancoliques de celui-ci. Un sourire triste lui indiqua qu'il ne rêvait pas et qu'ils partageaient à l'instant une soudaine télépathie.

- On a vraiment un truc qui cloche hein, poursuivit le démon en ne cessant pas de le fixer.

- Qu'est-ce que tu voulais me dire tout à l'heure, sur vous...

- ça sert plus à rien maintenant Veniel.

- Je veux savoir.

- Haaan très bien. Nous les démons, on a accepté d'endosser les rôles des méchants pour que vous, vous puissiez briller d'avantage aux yeux des humains. C'est dans le contrat.

- Qu'est-ce que tu racontes enfin ?

- Si nous n'étions pas là pour effrayer les humains, tu crois vraiment qu'ils apprendraient la prudence? Nous sommes là pour les protéger nous aussi, mais d'une autre façon. Sans la peur, ils prendraient des risques inconsidérés et beaucoup mourraient tu ne crois pas?

- Oui c'est... vrai. Si les humains n'avaient pas peur... et les défauts alors?

- On ne crée pas les défauts mon vieux ! On doit pousser les humains à atteindre l'équilibre, tu comprends? Les défauts ne sont pas forcément néfastes. Dans certains cas, ils aident et font de chaque humain un être authentique.

- ... Mais tu ne me l'a jamais dit ! Et les autres, ils savent ?

- C'est comme ça que fonctionne l'univers Veniel. Toi et moi on est... les deux faces d'une même pièce. Et même plus que ça je pense...

- Claön que..

Ils n'eurent pas le temps de finir leur conversation, les trois anges les prirent chacun par le cou et les soulevèrent du sol. Trop faibles pour répliquer, l'ange et le démon virent sous leurs pieds un gouffre noir, profond et sans fin.

- Fini de bavarder, vous allez disparaître.

- Adieu espèce d'enfoiré... fit Claön.

- Salut emplumé de mes deux...

Mais au moment où les trois anges allaient les lâcher, de nouvelles présences se manifestèrent.

Deux êtres, l'un noir de jais et l'autre blanc comme neige apparurent. Un archange et un prince des enfers...

- Stoppez cela tout de suite vous trois ! Fit l'archange d'une voix excédée.

- Gabriel... firent les trois voix. Que fais ce... prince avec vous? Firent-ils en désignant Béhémut à ses côtés.

- Je viens sauver l'un de mes fils, déclara celui-ci le plus calmement du monde.

- Vous n'avez nullement le droit de les éradiquer de la sorte. Vous n'en avez ni le droit ni le pouvoir. Reposez-les. Maintenant. Fit Gabriel étrangement calme mais menaçant. Le trio s'exécuta puis partit dans un froissement d'ailes exaspéré non sans jeter un regard noir aux deux jeunes hommes. Soulagés mais épuisés, Veniel et Claön s'écroulèrent mais furent rattrapés par leurs aînés. Étrangement, ce fut Gabriel qui rattrapa Claön et Béhémut, Veniel.

- Merci seigneur, fit Veniel en s'inclinant. Claön en fit de même pour son supérieur.

- Allons, allons, pas autant de formalités Veniel.

- Vous... vous connaissez mon nom?

- Oui, tout comme mon cher confrère connaît parfaitement Claön.

- Viens ici, que je te soigne, fit le prince en s'approchant de Claön, qui ne put s'empêcher de rougir. Sentir un être aussi puissant près de lui... Tant de démons en rêvaient.

- Seigneur, pardonnez-moi ma familiarité, mais pourquoi êtes-vous là? Demanda Veniel.

- Et bien pour être francs, fit-il en se tournant vers Béhémut, nous vous observons depuis votre naissance.

- Vous êtes spéciaux tous les deux, rajouta le prince en bandant la blessure du jeune démon, du coup, nous n'allions certainement pas vous laisser périr de la sorte.

- Spéciaux? Comment ça?

- Vous êtes un duo nés en même temps, vous le savez?

- Oui, on sait.

- Combien d'autres démons et anges connaissez vous dans le même cas?

Ils se tournèrent l'un vers l'autre et haussèrent les épaules.

- Aucun en effet, fit l'archange. Cela est du au fait que vous êtes une rareté. A notre époque, c'était courant mais au fil du temps, cela s'est perdu avec la guerre.

- Avant, reprit le prince, chaque ange naissait en même temps qu'un démon. Ils allaient de pair et travaillaient ensemble au maintien de l'équilibre. C'est notre cas à Gabriel et moi-même.

- Mais alors... pourquoi on en est arrivés là si nous sommes tous complémentaires? Questionna Claön, qui ne comprenait qu'on ait pu en arriver là.

L'ange baissa les yeux, comme s'il était honteux de la question de Claön. Ce fut le prince qui répondit, soupirant puis posant un regard lourd sur eux.

- Comme vous avez sans doute put le constater avec ce trio d'enragés, une maladie s'est emparée des anges, il y a 15 000 ans de cela.

- Attendez, 15 000 c'est ....

- Le début de la guerre entre le Paradis et les Enfers oui.

- Je n'ai pas été affecté par la maladie mais... j'ai vu lentement mes frères devenir fous et se mettre à éradiquer nos autres frères. Sans raison. Ils disaient agir au nom de notre Seigneur mais moi je n'avais jamais reçu cet appel. J'ai contacté dès que j'ai pu Béhémut mais je fus vite pris de court par ma fratrie. Ayant finalement été pris en otage... Je ne pouvais agir sans risquer d'emporter avec moi la vérité. Alors nous avons laissé faire... Nous avons...

- Tout va bien Gaby, ce n'est pas de ta faute. Je suis aussi fautif que toi.

« Gaby » pensèrent par télépathie, les deux jeunes hommes en souriant.

- SI j'étais vous je ne rigolerais pas, fit Béhémut. Vous faites exactement pareil vous deux.

Pris en flag', le démon et l'ange baissèrent les yeux devant l'air amusé de Gabriel.

- Allons Mut, ne les gronde pas, ils ont eu une journée assez difficile, tu ne penses pas?

- Toi et ta gentillesse maladive...

- Qu'est-ce qu'on doit faire alors? Demanda Claön, perdu dans tout ce flot de révélations.

- Continuez de rester en vie, ce sera déjà bien. Nous ne serons pas toujours là pour vous venir en aide comme cette fois. Vous devez devenir suffisamment forts, ensemble.

- Ensemble? firent-ils en choeur avec une pointe d'appréhension.

Comme pour leur démontrer ses dires, Gabriel s'approcha du prince et joignit ses mains aux siennes. De ce contact, un éclair de feu mêlé à de la foudre apparut, terriblement beau et redoutable. Claön et Veniel en restèrent bouche bée.

- Voilà le vrai pouvoir d'un ange et d'un démon combinés.

- On peut vraiment faire la même chose?

- Quand vous serez plus âgés, oui. Avec du vent et de la terre, puisque ce sont vos attributs.

Claön et Veniel se regardèrent et sourirent pour la première fois depuis bien longtemps.

- Bien, il est temps pour nous de repartir. Gaby, tu me suis?

- J'arrive, fit l'ange en s'approchant des deux jeunes hommes. Au fait vous deux... vous devriez ressentir sans aucun doute des sentiments très contradictoires sous peu, leur dit-il une lueur malicieuse dans le regard.

- Gaby, qu'est-ce que tu marmonnes encore? Grommela le prince des enfers.

- Rien rien, on y va, sourit-il. A bientôt vous deux !

Puis il décolla suivit du prince des enfers qui se téléporta, non sans un dernier hochement de tête.

- Ven?...

- Hmmm?

- Il voulait dire quoi par... sentiments contradictoires?

- Mon dieu, dans quoi on est tombés... fit Veniel en soupirant.

- Allez explique-moi !

- Les rumeurs sont vraies...

- Quelles rumeurs? Fit Claön en panique.

- Ils sont amants...

- Quoi? J'ai pas entendu !

- Eux deux là ! Ils sont des putains d'amants Claön !

- Que quoi?

- J'en ai entendu parler une fois, quand j'étais gosse et que j'espionnais aux portes. Apparemment, ça ferait depuis belle lurette qu'ils couchent ensemble.

- Oh punaise... et tu m'en as jamais parlé?

- J'étais censé te dire ça comment hein? et puis c'est pas censé s'ébruiter ! Ils vont nous tuer pour de vrai s'ils le savent !

- Attends y a pire... il a pas dit que ça nous arriverait à nous aussi?

- Je crois... que ça nous arrive déjà Claön... Enfin pour moi en tout cas. Le fait de ne pas pouvoir te tuer et de me sentir mal en te voyant blessé... J'aurais pu supporter de mourir seul mais pas d'accepter ta disparition, avoua-t-il.

- Moi aussi, quand je t'ai pas vu revenir comme d'habitude, j'ai cru que mon coeur allait exploser. Je sentais au fond de moi que tu avais besoin de moi.

- Crois-tu qu'on soit...

- Amoureux? J'en sais rien. Mais ... je veux bien que tu m'embrasses de nouveau ! Fit le démon en souriant de toutes ses dents écarlates.

- Espèce de pervers !

- Viens là et tais-toi pour une fois... fit le démon d'une voix chaude.

Il rapprocha son corps de celui de l'ange et emprisonna ses lèvres des siennes. L'ange gémit à ce contact et entoura machinalement ses bras autour de son compagnon. Il n'avait peut-être plus ses ailes mais il avait quelque chose d'autre à la place.

- Je volerai pour toi.

- Hein?

- Tu ne peux plus voler maintenant mais je serai tes ailes. Plus personne ne nous séparera et je ne tuerai plus aucun ange.

- Moi non plus, je m'engage à ne plus tuer un seul de mes frères.

Ils s'embrassèrent de nouveau et le soleil du matin pointa le bout de son nez sur les deux êtres enlacés, observés en silence par deux silhouettes lointaines...

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