Depuis notre sortie de la forêt, nous organisons notre retour. Ou plutôt mon retour parce que celui des Pirie et de Rigel n'est pas compliqué, le mien par contre... Déjà, les Pirie et Rigel ont eu la bonne idée de régulariser ma situation au Brésil avant de me retrouver, ce qui fait que maintenant j'ai légalement le droit de m'y trouver même si j'y suis vraisemblablement entrée illégalement, ça risque déjà de facilité le passage de la frontière pour le retour. Par contre, le fait que je sois en possession d'un arc, de flèches, d'un singe et d'un magnifique collier en patte de jaguar risque de compliqué le passage de la frontière et vu que ça s'annonce définitivement trop compliqué de régularisé mes possessions, il va falloir se montrer ingénieux pour qu'il passe inaperçu. Et espérer que les douaniers ne soient pas trop regardants.

Après mûre réflexion et parlementions, nous décision d'essayé de faire passer mon arc et mes flèches en soute, officiellement, il faut des autorisations pour le transport et nous ne les avons pas, mais s'il reste bien précieusement en soute et qu'il n'est pas spécialement repéré, ça devrait le faire, surtout qu'il n'a rien de métallique dessus et que le tube ferme bien. Nous tentons aussi de faire passer discrètement ma bourse en patte de jaguar au milieu des bagages, en espérant qu'il ne sera pas particulièrement repéré parce que sinon nous risquons d'avoir des encore plus gros problèmes avec une naturalisation d'une partie d'un animal en danger d'extinction ? Notre plus grosse interrogation, c'est Happy. Nous avons bien réfléchi pour possiblement le faire passer en soute avec les bagages, mais ça m'embête, nous avons près de quinze heures de vol au total et je ne sais pas du tout comment les bagagistes traitera les bagages qui ne sont pas sensés renfermé un être vivant. Donc nous tentons le tout pour le tout et je vais essayer de le garder sur moi. Si ça ne fonctionne pas, je vais avoir des gros problèmes et nous serons séparés, mais c'est la meilleure solution pour lui. Heureusement, Happy est un petit singe, ça peut rester discret. Donc nous avons confectionné une espèce d'écharpe enrouler autour de mon ventre dans lequel il peut se blottir avec des coussins pour limiter ses mouvements visibles qu'il fait et lui laisser un peu d'espace libre. Ainsi, je ressemble franchement à une femme enceinte, mais si les douaniers ne font pas de fouille corporelle, ils ne devraient rien découvrir. Une fois que nous sommes prêts, nous allons donc à l'aéroport de Sao Paulo pour le départ.

Et j'ai cruellement l'impression d'être revenue en arrière deux ans plus tôt lorsque j'ai pris l'avion pour la première fois en direction de la Ceuta avec mon couteau sur moi. J'ai le même sentiment d'illégalité en ayant Happy blotti contre mon ventre. Ça fait si longtemps. Et mine de rien c'est lors de ce voyage qu'il y a eu le début des vrais problèmes et j'ai la furieuse impression qu'après ce nouveau voyage, ce sera le retour des vrais problèmes. Si j'étais seule, j'aurais fait demi-tour en courant depuis longtemps.

Malgré tout, je reste. J'ai déjà fait trop de chemin pour faire demi-tour, maintenant c'est trop tard. Dans l'aéroport, nous nous enregistrons, puis nous passons les différentes sécurités apparemment sans encombre, en tout cas aucun problème n'est signalé. Par chance, Happy semble avoir très bien compris ce qu'il se passait et ce que je lui ai demandé parce qu'il garde le silence de manière exemplaire pendant tous les contrôles et toute l'attente avant de monter dans l'avion. Il s'endort même contre moi avant le décollage. Et cette fois, le début du vol est moins dur contrairement au petit avion qui nous avait transportés jusqu'à Sao Paulo. Au moins là, nous ne survolons pas la forêt et je n'ai pas les larmes aux yeux. Maintenant, les paysages que j'aperçois par le hublot ne sont plus ma jungle. Je les ai déjà quittés depuis longtemps. Heureusement que je garde des traces de ce que j'ai vécu et connu dans la forêt amazonienne. Au moins ça je ne l'ai pas perdu et rien ni personne ne pourra me l'enlever.