Courir, sauter, pousser, tirer. Courir, sauter, pousser, tirer. Jay se releva et attrapa le gobelet en métal posé à côté d'elle. Elle but une longue gorgée d'eau, reprit sa respiration et étira ses jambes. Elle sortit de la grande salle remplie de machines, longea le couloir et s'arrêta devant une petite porte en métal blanc. Appartement 112, le sien, depuis bientôt un mois. A ses dix-neuf ans elle avait obtenu l'autorisation de quitter le foyer familial pour vivre seule. C'était mieux ainsi. Plus de fausse famille à supporter, plus besoin de jouer le jeu, plus d'obligations.

En suivant d'avantage les règles, Jay avait fait bonne impression devant les médecins, et au vu de son comportement mature et responsable, ils avaient jugé bénéfique pour elle de vivre séparée de ses parents. Le 30m2 qu'ils lui avaient donné lui suffisait amplement. Elle pouvait vivre librement, sans contraintes, sans obligations. Son emploi du temps était toujours à respecter à la lettre, mais elle s'était habituée, et le rythme soutenu lui plaisait presque. Elle avait redoublé d'efforts dans ses exercices sportifs, et elle se plaisait. Ses activités lui remplissaient suffisamment la tête pour ne pas penser à ses problèmes.

Si les médecins contrôlaient le monde, la seule chose qu'elle pouvait faire était de se plier à leurs volontés. Il n'y avait pas d'autres chemins possibles, les résistants se trompaient. Le schéma politique n'était pas à revoir, c'était ainsi et pas autrement. Le monde était mort, le passé était fini. C'était mieux ainsi.

Après ces lourdes réflexions, assise sur le canapé du salon, Jay s'allongea, un coussin calé derrière la tête. Elle appuya sur un bouton de son TP, situé à son poignet, et elle ferma les yeux. Autour d'elle, la mer. Une longue plage de sable comme on en voit dans les films. Des palmiers, pour compléter le tableau paradisiaque, bien sûr, et le doux son des vagues sur lequel elle calait sa respiration. Le soleil brillait, il faisait beau. Autour d'elle, le calme et le silence de la solitude, car personne n'était là pour interrompre son léger sommeil. Tout était paisible, tout était beau. Elle était presque heureuse.

***

-C'est bien Jay, tu progresses, c'est parfait...

Un médecin, blouse blanche et tablette à la main, debout près de la machine de sport sur laquelle Jay travaillait depuis près d'une heure, observait ses résultats avec contentement.

-Merci. Mais je n'ai pas encore atteint mes objectifs. Je peux faire mieux je le sais.

-Et tu vas faire mieux, j'en suis convaincu.

Il s'éloigna de son pas droit et pressé, traversant la salle vide.

Jay s'acharnait, chaque jour, pour obtenir de meilleurs résultats. C'était son but, sa direction, sa seule raison de vivre.

En rentrant chez elle le soir, son TP lui indiqua, à son grand déplaisir, qu'elle avait une consultation médicale nécessaire moins d'une heure plus tard. Déjà épuisée par sa journée, elle n'avait absolument pas le courage de s'y rendre. Sachant cependant la menace qui pesait sur elle en permanence, elle prit son courage à deux mains et s'y rendit. Il n'était pas inhabituel qu'on l'appelle au dernier moment pour un rendez-vous. Elle savait rarement le but même de ses entretiens, mais elle subissait. Elle faisait confiance aux médecins. Ils savaient ce qu'ils faisaient, après tout, c'était leur métier.

Elle pensait parfois à Dee. Aux résistants aussi. Mais elle n'avait aucun regret. Sa rencontre avec eux n'avait été pour elle qu'une erreur de jeunesse, elle en était convaincue. Elle était heureuse en suivant les indications des médecins, alors pourquoi lutter ? C'était un combat perdu d'avance. Résister ne servait à rien, il fallait juste supporter, et peut-être, avec quelques efforts, en être heureux.

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Désolée pour ce léger retard...
Pour cause de non-wifi la semaine prochaine (je suis en vacances hehe...) je ne pourrais pas vous publier le prochain chapitre. Il sera publié la semaine suivante. Sorry...
Allez bonnes vacances ❤️