Chapitre 7 ~ Confrontation

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Elle n'était pas morte. Je savais bien que cela devait me soulager à un point, mais ce n'était pas le cas. Le Roi n'était pas un homme de parole, donc même si Serindë, envers qui il n'éprouvait absolument rien, s'en sortait intacte, il enverrait ces détraqués à la chasse au loup. Ce qui n'était pas bon signe pour moi. J'hésitai avant de quitter la salle. Quelqu'un pouvait la retrouver inconsciente. Cette personne serait effectivement prise de panique, songeai-je en repensant à Amalia qui réagirait semblablement dans une situation de la sorte. Et de plus, si elle se réveillait ce serait un véritable scandale.

Alors, que faire ?

Encore des questions, tout était si compliqué. J'évitai donc de me casser la tête de nouveau en me disant que je ne tarderais pas à revenir et en partant, embêté, vers les marches. Elles me guidèrent jusqu'à l'étage principal, où je longeai le couloir avant de pénétrer une partie du château que je ne côtoyais jamais. Je dépassai les grands escaliers de chêne en vitesse, atteignant finalement ma destination : la pièce d'armes. Je respirai longuement, prenant mon courage à deux mains, compressai la poignée argentée, puis la tournai avec précaution. La porte s'entrouvrit progressivement, donnant place à une sombre vue. La sueur commença alors à perler le long de ma peau. Cependant, le sentiment de frayeur qui m'accaparait acharnement devint de l'incommodité suite à quelques instants, pour enfin laisser place au mécontentement et à la colère lorsque je l'aperçu. Egnor. Il me faisait dos, tout comme Serindë, puis il se redressa brièvement. Je réalisai aussitôt qu'il avait en sa possession une étrange masse qui scintillait de loin. Au tout début, je lui prêtai nullement attention, oppressé par cette rage interne. Je serrai les poings et m'apprêtai à l'interpeller lorsqu'il fut le premier à s'adresser à moi.

— Je t'attendais, dit-il sèchement.

Il eut un moment de silence. Je ne savais pas quoi répondre à ce moment. La peur se frayait de nouveau un chemin dans mon esprit. Je tentai de me ressaisir.

— Je m'en doutais, ripostai-je sur un ton similaire.

— Que veux-tu encore ? lâcha-t-il agacé.

— Vous m'attendiez, c'est donc vous qui devriez le savoir, n'est-ce pas ainsi ?

Il fit mine de réfléchir.

— Ce n'est pas faux, admit-il indifféremment. Mais, ne vois-tu pas que je suis occupé ?

— Je me fiche de cela.

— Vois-tu, Annael, le forgeron m'a confié cette petite merveille. Elle pourrait m'être bien utile à l'avenir, qu'en penses-tu ? m'informa-t-il en se retournant, révélant au passage ce qu'il retenait soigneusement dans ses mains.

— Pathétique. Espériez-vous m'effrayer à l'aide de cette piètre dague ?

— T'effrayer ? Inutile. Ne l'es-tu pas déjà ?

Il exprima un sourire sinistre lorsque ma frustration lui fut perceptible, ce qui m'embêta davantage.

— Tu es blessé ? me demanda-t-il en signalant le sang qui tachait le col de ma chemise.

D'un geste inconscient, je ramenai ma main à ma nuque.

— Ce n'est rien, soufflai-je en détournant son regard honteusement.

— Je ne m'inquiète pas pour toi si c'est cela que tu penses, clarifia-t-il.

— Je ne pense pas à cela, répliquai-je aussitôt sur la défensive.

— Alors à quoi penses-tu, Annael ?

— Je... formulai-je péniblement.

— Saeros ne t'a-t-il pas appris à répondre proprement à d'aussi simples questions ?

Je restai perplexe. Maître Saeros n'avait rien à voir dans tout ceci.

— Tout comme il ne t'a jamais montré à toquer à une porte, ou bien, à ne pas épier par l'une ? N'exerce-t-il donc pas de professionnalisme dans son métier ? Quel minable.

Comment avait-il obtenu de tels renseignements ? Tenant compte qu'il se référerait à son rendez-vous secret avec Serindë, dont j'avais par hasard été témoin. Mais plus important, que savait-il d'autre à ce sujet ? Du moins, bien plus que je ne le croyais.

— Ne te force pas à me contredire ou à rester silencieux, nous savons tous les deux de quoi je parle. J'avais tout prévu, tu sais ? Depuis le début, ricana-t-il.

— Qu'insinuez-vous par cela ?

Je repensai à tout ce qui c'était produit aujourd'hui. À Serindë, son étrange comportement, sa soudaine disparition... Je me remémorai également des draps. Elle les avait ramassés plus tôt que normalement, puis avait oublié d'en mettre de nouveaux. Au premier abord, cela m'avait semblé ordinaire. Il s'agissait tout de même de Serindë. Toutefois, je l'avais appelée en raison de cela, et puisqu'elle ne répondait pas à mon appel, j'étais parti à sa recherche. C'est à ce moment que je les avais surpris dans la grande salle, lors de leur petite discussion, où Egnor lui avait offert le poison qu'elle comptait utiliser pour me tuer... Quelle idiote. Par contre, si cela n'était pas arrivé, je n'aurais pas eu le besoin de les confronter... cette peste et le soi-disant Roi d'Esmeradia... Avait-elle réellement osé se rebeller contre moi ? J'en avait peut-être la preuve, mais il m'était toujours difficile de croire qu'elle souhaitait ma mort. J'en était presque peiné. Quant à Egnor... Non, ce n'était pas possible. Tout ceci, toute cette situation, ça ne pouvait pas être lui... Enfin, ça n'importait plus. Que cela ait été intentionnel, comme il l'insinuait, ou que ça ne l'ait pas été, j'étais face à lui, et je ne pouvais plus lui échapper. Il n'avait plus qu'à m'achever, en recourant à son précieux couteau.

— Je pense que tu as compris.

Ce que je comprenais, certes, c'était que son plan était insensé.

— Vous m'aviez l'air plus raisonnable.

Je m'efforçais de garder mon calme, car, au fond, j'étais déstabilisé. Encore une fois, je ne savais pas quoi m'attendre de lui. Il avait toujours été un homme violent, pourtant, il s'exprimait avec tant de passivité à cet instant.

— Je le suis. C'est pour ça que je fais cela. Tu n'es pas digne de succéder à mon trône, tu ne le seras jamais. Et pourtant, il n'y a que moi qui semble s'en apercevoir, il n'y a que moi à qui le futur de notre royaume importe, et il n'y a que moi pour me débarrasser de la peste que tu es une fois pour toutes.

— Vous ne savez pas de quoi je suis capable.

Il déposa délicatement la dague, et me fit de nouveau face, de sorte à ce que je distingue son expression pervertie.

— Tu te souviens de ce garçon, le fils de ce pauvre villageois... Quel était son nom ?

Sa question était si vague, mais je n'eus pas de mal à déduire que le-dit fils de cet homme, s'agissait de...

Mes mains tremblaient à seulement la pensée de son nom. Je croyais son existence oubliée, je croyais ma crainte d'être découvert par lui vaincue, je croyais que plus jamais je ne serais confronté à cette réalité, non pas encore. J'avais suffisamment souffert, j'avais suffisamment pleuré, pour lui, mais aussi pour mon humanité, perdue, j'avais suffisamment regretté mes actions. Je n'avais jamais pensé que ces efforts pour me faire oublier sa mort, seraient vains. Cependant, une parole suffisait pour que tous les souvenirs reviennent violemment frapper ma mémoire. Il n'avait qu'à dire son nom.

Darren.

Les battements de mon cœur s'accélérèrent, j'avais soudainement l'impression de manquer d'air.

— Oui, je me souviens maintenant. C'est si clair, à présent. Sais-tu pourquoi, Annael ?

Tout devint soudainement si calme. Mon souffle angoissé venait toutefois contrecarrer ce silence palpable.

— Non ? Ton silence m'intrigue. Toi qui
as pourtant tendance à constamment ouvrir ton incorrigible bec.

— Peut-être désirerai-je écouter ce que vous avez à me dire pour une fois. Ça m'intéresse, proférai-je la gorge serrée.

— Pourquoi ? Tu as quelque chose à cacher, c'est cela ? Et de peur que je confirme ce doute que tu as, celui que j'aie découvert ton terrible secret, tu te tais sagement ?

— Vous avez perdu la t... commençai-je avant qu'il ne m'interrompe brusquement.

— Comment peux-tu avoir oublié une telle chose ? Ce fut une véritable tragédie. Les gens ne parlèrent que de sa pendant des jours, sa mort les bouleversa certainement. Ils étaient terrifiés à l'idée que ce jeune garçon ait pu être victime de telles atrocités. Il n'avait que quinze... seize ans ? L'âge que tu avais à l'époque, je crois bien... Il avait trouvé sa fin bien trop tôt, raconta-t-il, prenant un air faussement attristé. Son corps défunt avait été retrouvé dans un état critique, couvert de morsures, d'égratignures, son cou ayant été ravagé par complet. Quelle horreur pour ceux qui avaient du témoigner cela... Puis, vinrent les rumeurs, qui ne tardèrent pas à faire le tour du village. Suite à trois longues années, elles n'ont toujours pas cessé... Tu les connais, n'est-ce pas Annael ? Celles à propos de la bête demeurant dans les bois de Smaragdos... La créature patientant les soirs de pleine lune que la parfaite victime s'aventure sur son territoire, n'espérant que faire d'elle son prochain repas. Cela ne t'est pas familier ?

— Non.

— Quel menteur tu es. Tu sais qui d'autre possède un don pour le mensonge ?

— Qui donc ? demandai-je crûment, m'apprêtant à l'attaquer de vive voix si jamais les mots qui sortaient de sa bouche m'outrageaient.

Elora.

Ma gorge se resserra, rien ne put s'en échapper.

— En fin de compte, vous n'êtes pas si distincts l'un de l'autre. Tout comme toi, elle tente de fuir sa réalité, puisqu'elle est terrifiée d'affronter le monstre qu'elle a mis au monde.

Un sentiment de colère me submergea. Il s'était si aisément permis de me comparer à elle. Cette femme que je méprisais tant. Cette femme qui m'avait négligé durant toutes ces années, qui m'avait jugé du haut de son misérable siège, qui m'avait évité, n'importe les circonstances, même lorsque, de sa chambre, elle entendait mes hurlements agonisants, ceux d'un enfant se faisant brutalement fouetter, se faisant mutiler et subissant le châtiment que son supérieur lui réservait sans la moindre pitié. Mais, si je la détestais, c'était plus que tout pour m'avoir déshonoré. Son unique fils.

Mon sang bouillonnait, ma peau me piquait, quant à ma vue, elle se brouillait quand je repensais à cela. Je savais ce que cela signifiait, et je devais me contrôler, seulement, je pensais ne pas y parvenir.

— À ses yeux, tu n'est qu'un disgracié. Elle ne supporte pas de te voir.

Taisez-vous ! m'écriai-je hors de mes gonds.

Il se tut. Nous restâmes quelques secondes à nous dévisager, moi, le souffle saccadé, le front en sueur, les membres tremblotants par l'émotion, lui adressant un regard haineux tandis que le sien était rempli d'amusement. Puis, il éclata de rire. Un rire si cruel, me faisant tressaillir davantage. Lorsque son ricanement s'acheva, l'écho de celui-ci m'était toujours perceptible. Ça me donnait mal au cœur.

— Je te laisse une chance, proclama-t-il, saisissant mon attention de nouveau.

— Si je refuse de la saisir ? prétextai-je, d'une voix menaçante.

— Je serai enchanté de te livrer aux chasseurs de nuit. N'est-ce pas eux que tu crains tant ? nargua-t-il.

— Vous ne vous débarrasserez pas de moi aussi facilement, le prévins-je, le regard absorbé par la noirceur de ses iris.

À nous regarder ensemble, quelque chose n'allait pas. Nos apparences physiques n'étaient pas les moindrement similaires, et cela faisait parler les gens. Ils ne se gênaient pas, ils n'en prenaient pas la peine. Et alors ? Je savais déjà que ce que racontaient ces misérables villageois s'agissait de la vérité. Personne, pas même ma mère, qui était pourtant celle qui tenait à ce que cela reste secret le plus longtemps possible, ne pouvait le prévenir. Elle qui voulait à tout prix garder son erreur discrète.

— Je croirai ce que je veux, tu n'es absolument rien à mes yeux. Désormais, c'est moi qui aura le pouvoir absolu sur Esmeradia, nul ne pourra m'en empêcher, surtout pas toi.

— Ça ne pourrait pas m'importer moins.

En toute honnêteté, si. Je me sentais impuissant face à lui. Je ne voulais pas fuir uniquement parce qu'il me l'ordonnait. C'était ce qu'il avait toujours fait. Je devais me rebeller. Il n'était absolument personne pour m'effrayer, moi. J'étais plus fort que lui, grâce à mon habilité.

— Bien.

Mon être refusait simplement de bouger.

— M'as-tu clairement compris, saleté de vermine ? Ou devrais-je également recourir aux services de mes loyaux serviteurs ?

Je déglutis, essayant aussitôt d'occulter ma peur. Malgré cela, il l'eut perçu. J'étais piégé. Il était conscient de toutes les émotions qu'il me faisait vivre à l'instant. Et pas seulement maintenant. Les souvenirs de tous les actes barbares qu'il m'avait autrefois fait enduré revenaient inévitablement à mon esprit. C'était eux qui me rendaient faibles, c'était ma souffrance, c'était lui, et ses répugnantes bêtes qu'il surnommait stupidement ses loyaux serviteurs. Je souhaitais que cela ne paraisse pas, même si c'était d'avance une cause perdue. Il avait gagné. Du moins, pour l'instant. Mais, je m'efforçai certainement de garder la tête haute, lui laissant fièrement parvenir mon mépris.

— C'est une vilaine blessure que tu as. Tu ferais mieux de la soigner au plus vite, me conseilla-t-il.

Rétorquer quoique ce soit à ce moment m'aurait apporté le moindre sentiment de dignité, puisque c'était, en partie, par sa faute si ma nuque était ainsi estropiée. Cependant, rien ne me vint à l'esprit... Et certes, pour le moment, je ne considérais pas cela comme étant grave. Tout de même, cela représentait encore une fois mon impuissance face à lui. Cela prouvait qu'il n'avait pas tort lorsqu'il disait que j'étais débile. Cette pensée me tourmentait sans cesse.

Je sortis de la pièce, tenant à tout prix à éviter son regard, son jugement. Je me faisais suffisamment honte, c'est pourquoi je fis cela en lui tournant le dos. Enfin, peut-être que c'était pour le mieux. Je n'avais plus à m'infliger la torture constante qu'était côtoyer cette demeure maudite, qui avait témoigné tant d'atrocités au fil des ans.

— Ne m'oublie pas, Ubel.

Je m'arrêtai, soudain, sous le choc. Il ne m'avait pas appelé ainsi depuis si longtemps... Je secouai la tête. Je ne devais plus permettre ce misérable de me briser.

— Plus jamais, affirmai-je avant de refermer pour de bon la porte derrière moi.

Je fis le chemin du retour, sans oser jeter un coup d'œil par dessus mon épaule affaissée. Mes pas devenaient de plus en plus constants, ils résonnaient en écho, lorsque, pour ce qui m'ait semblé la cinquième fois aujourd'hui, je parcourus le couloir damné qui unissait la pièce d'armes à l'énormesque escalier de chêne, celui-ci donnant à la fois sur l'entrée du château et sur l'étage supérieur à celui où j'étais. Après avoir scruté les marches de haut en bas, je descendis, incertain de ma décision.

Lorsque j'eus atteint le corridor de l'entrée principale, j'assimilai sa présence. Elle était là, accoudée au rebord d'une fenêtre, contemplant de loin la vue. Je stoppai aussitôt le pas, paralysé, terrorisé par cette éventuelle confrontation. Puis, ce que je craignais le plus arriva. Elle s'adressa à moi.

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