Chapitre 6 ~ Vengeance

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Je brûlais d'envie d'interrompre leur petite indiscrétion, toutefois je savais que cela ne servirait qu'à causer encore plus de chaos.
Je fermai alors les yeux, afin de diriger mon attention vers la discussion que nos deux traîtres avaient entamé, et qui apparement s'avérait plus intéressante que ce baiser rempli de malice.

— Je ne supporte plus ce mode de vie ! J'ai effectué tout ce que vous m'avez exigé et en vain, je ne reçois que les grossièretés de cet ingrat, termina par cracher Serindë qui affichait une expression débordante de misère. Ses sourcils froncés démontraient sa frustration, tandis qu'elle resserrait ses poings sur sa robe.

— Sois patiente, dans peu de temps nous ne devrons plus nous soucier de lui, la rassura son supérieur.

— Que comptes-tu faire ? le questionna-t-elle, ramenant son regard confus vers lui.

— Ce qui est nécessaire pour anéantir la menace qu'est notre prince, affirma-t-il.

Quelque chose vint aussitôt percuter mon odorat. Je remarquai le contenant que la domestique possédait dans la main. Le fluide était visible à travers la vitre épaisse du petit flacon, l'odeur nauséabonde que je détectais me glaçait le sang. Je reculai perturbé par l'arôme perçante de cette substance douteuse qui ne pouvait tromper mes sens. Ce liquide jaunâtre ne pouvait s'agir que de venin.

— Utilise-le sagement, ajouta-t-il, lui tournant le dos et enjambant son pas vers la pièce avoisinante.

— Je ne vous décevrai pas, mon roi, répondit-elle avec détermination, ce qui me dégoûta amplement.

Je reculai prudemment. Le bois, étant ancien, ne m'était pas de toute aide, puisqu'il émettait quelques crissements légers au passage. Pourtant je réussis tant bien que mal à m'en sortir. C'est alors que j'accrochai maladroitement le vase qui décorait la table de couloir, il vacilla. Heureusement, j'eus le réflexe de le rattraper avant qu'il ne se brise en heurtant le sol. Un soupir de soulagement s'échappa de ma bouche.

Que faire maintenant ? Regagner mon compartiment et faire comme si de rien n'était ? Face à tous ces événements j'avais entièrement oublié la présence d'Aveleen dans ma chambre. Je devais vite y retourner avant qu'elle ne se doute de quelque chose. Je parcourus donc le corridor dans lequel je m'étais aventuré tout juste avant d'assister à cette scène que j'aurais souhaité ne jamais avoir à témoigner, et remontai enfin les escaliers, chaque marche semblant être de plus en plus dure à surmonter. L'esprit tourmenté, les idées emmêlées, l'air embêté, j'arrivai enfin à ma destination. J'ouvris les portes de mon compartiment de manière déchaînée et lorsqu'Aveleen m'aperçut, elle soupira et me jeta un regard qui me réclamait évidemment quelque chose. À mon tour, je ne pus m'empêcher de souffler.

— Ça fait bien trop longtemps que j'attends, et puis n'étais-tu pas censé aller chercher... Serindë ? me demanda-t-elle sur un ton de reproche.

— Je l'ai trouvé.

— C'est donc quoi le problème ?

— Il n'y a pas de problème, répliquai-je, essayant d'éviter le moindre soupçon de sa part en gardant une allure raisonnable.

— Alors pourquoi cette simple tâche t'a prise autant de temps à effectuer ?

— Je ne sais pas, peut-être parce qu'elle était bien cachée ?

— Tu mens, constata-t-elle enfin, affichant un air réprobateur, et croisant ses bras.

— Bien sûr que je mens, mais rien ne me force à te révéler la vérité, argumentai-je fièrement.

Elle roula des yeux.

— Annael, t'ai-je déjà dit que tu m'énerves au plus haut point parfois ?

— Si, je crois, répondis-je dignement.

— J'imagine que ce bain devra également patienter ?

— Pardon ? formulai-je, ne comprenant pas ce à quoi elle faisait allusion.

Elle me jeta un regard exaspéré puis reprit la parole.

— Annael... commença-t-elle.

— Ah oui ! Pardonnez-moi ma demoiselle, Amalia mon adorable servante s'occupera de vous sans plus tarder ! m'exclamai-je en me rattrapant.

— Tu es un cas désespéré, continua-t-elle.

Contrairement à Serindë, ma seconde domestique répondit immédiatement à mon appel. Lorsqu'elle fut arrivée, elle escorta Aveleen à notre salle d'invités. Convenablement, je n'aurai plus à me soucier de cette dernière.

Je restai donc là, immobile, au beau milieu de la pièce, songeant à ce qui pourrait se produire dans les instants à venir. J'inspirai une grande bouffée d'air, puis après avoir longuement réfléchi à cette situation, je me décidai à confronter Serindë. Que cela ait été une bonne ou une mauvaise idée, je ne pouvais pas rester ici sans rien faire. Je m'acheminai alors vers l'escalier, celui menant au couloir du rez-de-chaussé, déterminé à faire face à ma domestique. Malgré ma fureur, je traversai discrètement la grande salle, puis repris mon chemin de l'autre côté du corridor, où celui-ci s'achevait. Je pris la porte de droite, celle qui menait au sous-sol à l'aide d'une descente étroite, et lorsque je pénétrai la cuisine d'où provenait une chaleur ambulante, je me retrouvai devant elle. Insouciante, sans qu'elle puisse se douter de quoique ce soit, elle chantonnait son air favori en faisant bouillir de l'eau dans une petite chaudière. Lorsque qu'elle fut prête, elle la déversa dans une théière à motifs floraux et la laissa reposer quelques instants avant de verser le contenu dans une tasse de thé posée paisiblement sur un plateau argenté. Ses actions m'étaient insignifiantes, jusqu'au moment où elle enfouit sa main dans l'une des poches de son tablier. Il ne s'agissait que d'un bref geste, et pourtant, il affecta de façon permanente l'image que j'avais toujours eu de ma douce Serindë. Puisque de cette même main elle entreprit de sortir le poison que le Roi lui avait confié, me condamnant ainsi à mort en le vidant dans le breuvage qui m'était destiné. Elle m'avait trahi et pour cela elle devait en subir les conséquences.

Elle délaissa le plateau sur le comptoir de bois, se déplaça avec aise dans la pièce, se dirigeant d'un côté à l'autre, préparant la marmite pour le repas de ce soir. Quelques minutes s'écoulèrent, puis elle rapporta finalement son attention vers le plateau, se rapprocha de celui-ci et pris doucement ses deux extrémités. Elle se retourna ingénument, puis lorsqu'elle leva le regard, l'objet lui glissa des mains. Elle laissa échapper un cris de surprise. Un bruit sourd retentit alors dans les environs de la pièce. Ce fut celui de la théière en porcelaine heurtant le plancher et se brisant en petits morceaux, la tasse de thé, elle non plus fut épargnée, et à présent le sol mouillé allait devoir être nettoyé par cette minable.

— Bonté divine, Prince Annael ! Vous m'avez surprise, lâcha-t-elle en se mordillant le lèvre inférieure, visiblement paniquée.

Ou serait-ce plutôt de la nervosité ? Celle-ci se lisait dans son expression, elle craignait le fait que j'aie découvert ses véritables intentions. Et c'était le cas.

— Ce n'est pas le moment adéquat pour me distraire, m'informa-t-elle, hésitante à me contredire de la sorte.

Serindë ! J'ai le droit de me promener où et quand bon me chante dans les environs de cette demeure, donc je t'en prie, garde tes restrictions stupides pour toi même, lâchai-je sur le point de perdre toute patience qui résidait en moi.

Une lueur de colère traversa son visage lorsque je prononçai ces paroles. La mâchoire serrée, elle se contenta de dissimuler sa haine, et m'adressa un sourire forcé en guise de réponse.

— Pardonnez-moi, je vous en prie... Ce n'était pas mon intention... bégaya-t-elle frénétiquement.

— Ce n'est jamais ton intention, n'est-ce pas ? Dis-moi donc Serindë, n'étais-ce pas ton intention de verser le poison dans la tasse qui me correspondait ?

— J... Je ne sais pas de quoi vous parlez, mon prince...

Foutaises ! Cesse de me mentir salle ordure, j'ai absolument tout témoigné ! Me prends-tu pour un imbécile ?

Un silence de plomb s'installa suite à ma contestation. À mes yeux, ce n'était que la preuve des ses indignes actions. Elle se pencha, et fit mine de ramasser le dégât qu'elle avait causé. Puis, après avoir songé à quoi riposter, elle céda.

— Vous avez raison, admit-t-elle, je ne vous ai jamais porté dans mon cœur. Depuis le tout début je vous ai méprisé, et ce, du à votre incessante arrogance. Vous ne savez pas à quel point je sacrifie, âme et cœur, jour et nuit, pour une peste telle que vous. Un autre de ses vauriens de la royauté qui se croit supérieur à ceux qui l'entourent. Je vous méprise. Car vous avez rendu ma vie un véritable enfer. Et c'est par votre faute que je suis misérable.

Elle avait dit tout cela d'une façon si captivante que je n'avais guère remarqué qu'elle avait conservé un des fragments de la porcelaine fracassée, et qu'à présent elle le retenait dans l'une de ses mains blanches. C'est pourquoi je m'approchai d'elle, sans crainte, d'un air menaçant. Elle se redressa vivement, recula de quelques pas, puis se stopa lorsqu'elle eu atteint la limite de la pièce. Je m'avançai lentement, calmement, comme un fauve à la chasse, prêt à s'attaquer à sa proie. Je sentais son souffle chaud et angoissé sur ma peau d'où j'étais, considérant le fait que nous n'étions plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Ma main caressa sa joue d'un geste doux, puis se glissa jusqu'à son menton pour le soulever de façon à ce qu'elle me perçoive clairement.

— Tu es une vilaine petite insolente, murmurai-je.

À peine mon refrain complété, elle haussa son bras droit furtivement et entailla le fragment empoisonné dans ma nuque sous un râle de douleur que je laissai échapper. Pris d'une rage instatanée, je ne pus m'empêcher de la plaquer contre le mur en serrant son cou de mes griffes. Elle avait osé me défier une fois de plus et c'était une raison suffisante pour l'achever. Seulement, elle ne me supplia pas de l'épargner. Elle continua uniquement à me dévisager intensément de ses iris sombres et cela me perturbait.

— Si vous me tuez, le Roi enverra les chasseurs de nuit à vos trousses, me prévint-t-elle d'une voix rauque et méconnaissable.

Contrarié, je serrai de plus belle. J'avais une envie impulsive de lui ôter la vie en cet instant même, et puisqu'elle disait la mépriser tant, ce serait lui rendre une faveur. Elle arrivait péniblement à respirer, puis les derniers de ses moments, elle les gaspilla à se débattre contre moi. Mais je ne comptais pas lâcher mon emprise sur elle, pas tant que je n'aie savouré l'exquise saveur de la vengeance.

Soudainement, la raison me revint. J'ouvris grandement les yeux, réalisant l'erreur que j'avais commise. Je m'éloignai aussitôt d'elle, puis son faible corps, le moindre signe de vie l'ayant déserté, s'écroula au sol tel un pantin. Elle ne disait pas faux, les chasseurs me persécuteraient sans aucun doute, donc qu'avais-je encore fait ?

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