Il faisait froid cette nuit-là. L'hiver était bien installé désormais. Par dessus le marché, il avait commencé à pleuvoir. Je regardais mes camarades, tout autour de moi, en train de se protéger comme ils le pouvaient.

Je suis déjà venu ici, il y a de nombreuses années, lorsque je n'étais qu'un enfant. Tout était si différent d'aujourd'hui. Je tentais de relever un peu la tête, dans la nuit noire.

Non, l'arbre sous lequel nous avions joués avec mon frère n'est plus là. Emporté avec tout le reste.

Alors, je me suis renfoncé dans mon trou, avec tout les autres.

-Dis... Tu vas le terminer ?

Je jetais un coup d'œil à mon voisin, avant de regarder ce qu'il restait de ma boite de conserve. Il ne restait que quelques petits haricots, tournant dans l'eau de pluie.

-Non, tu peux le prendre... Je n'ai plus faim.

L'homme n'en attendit pas plus pour me prendre la conserve des mains, et manger son contenu. Malgré ses airs de porcs lorsqu'il mange, je l'envie presque d'avoir réussi à garder l'appétit malgré tout ça.

J'ai perdu tout souvenirs de la bonne nourriture que je trouvais avant tout ça. Le gout, et l'odeur qui la précède. Tout ça est parti, maintenant.

Un léger filet d'eau coulait à mes pieds. La nuit n'allait pas être agréable. Pour changer.

Je relevais la tête vers le ciel. Les nuages commençaient lentement à se dissiper.

Suffisamment pour laisser entrevoir quelques étoiles. Ca fait longtemps que je n'avais pas prit le temps de les regarder. Tout ces petits points lumineux, que j'avais tant observé autrefois. C'était beau.

Aujourd'hui, c'est à peine si elles arrivaient à me faire sourire.

C'était le bon vieux temps. Celui qui ne reviendrait plus jamais. Maintenant, c'est trop tard. J'étais perdu.

Le désespoir, la violence, tout le reste, ont tué ce qu'il y avait de meilleur en moi. Mais je crois qu'aujourd'hui, je ne vaux pas mieux que tout ça. M'être abandonner à tout ça. Je ne me suis pas suffisamment battu. Ou alors trop.

Il est trop tard pour y réfléchir.

J'entendis une alarme, accompagné de plusieurs cris.

Je regardais les gens autour de moi, avant de passer la tête par dessus la tranchée. Une attaque de nuit.

C'est l'heure d'y retourner, laissant de côté ma soirée de nostalgie. C'était peut-être la dernière.