Quelque part, dans le Tartare, Sisyphe, qui s'était jadis moqué des Dieux de l'Olympe, continue encore et encore de subir sa célèbre sanction.

Cependant, Sisyphe est loin d'être un homme mécontent.

Au tout début, il se trouve en bas de la colline. Il garde espoir dans sa manœuvre. Un nouvel essai s'offre à lui. Il va pouvoir réessayer.

Ses deux mains se posent sur le lourd rocher. Ses muscles se contractent. Il est en plein effort. La colline lui semble devenir montagne. Il peine de plus en plus à pousser sa pierre. Mais il garde espoir. Persuadé qu'il atteindra le sommet, il arrive encore et encore à placer un pied devant l'autre.

Ne pensant plus à ses bras meurtris, ni à ses jambes endoloris, il réfléchit à sa gloire prochaine. Ses rêveries se lisent dans son sourire.

Son objectif grandit à vue d'œil, à chaque fois qu'il ose jeter un coup d'œil par dessus son énorme pierre. Il y arrivera bientôt, il le sent, il le sait.

Les minutes défilent, les heures passent. La fatigue hurle dans le corps de Sisyphe. Mais il ne désespère pas. Ses yeux se ferment malgré eux. L'envie de s'allonger un moment l'envahit. Pour se faire passer l'envie de dormir, il entonne un chant de chez lui. L'hymne des Corinthiens résonne et le raisonne. Il ne doit pas abandonner.

Il passe une dernière fois par dessus son lourd tribut, et aperçoit son but tout proche.

Sisyphe se trouve tout en haut de la colline. Il se détend. Heureux d'être enfin parvenu jusque là. Il ne peut s'empêcher de laisser partir un rire non contrôlé. Il est en haut de cette petite montagne ! Il observe le Tartare, impressionnant, imposant, désolant.

La fatigue l'a enfin abandonné. Il n'est plus question de dormir à présent !

Un bruit attire son oreille. Sa pierre. Elle est en train de descendre de la colline. Roulant à toute vitesse, l'énorme rocher atteint en à peine quelques secondes le bas de la petite montagne.

D'abord paniqué, Sisyphe court chercher sa pierre. Plus d'une fois, il manque de trébucher dans les racines, sur les cailloux, sur la terre... Il dévale la colline, à toute vitesse, lui rappelant ses jeux d'enfants avec ses frères et sœurs. Cette idée lui donne quelques sourires et un léger rire.

Tout en bas, il retrouve son rocher. Il regarde la colline.

Il ne perd pas espoir. Un nouvel essai s'offre à lui.

Sisyphe pose ses mains sur la pierre. Ses muscles se contractent. Il est en plein effort.