Praefacio de bleu chap 1 résumé

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Kyle Marlon ~"Mer Hark" ~

J'avais abandonné la gestion du territoire de l'Ancien Lucifénia, et je retournais à Marlon pour la première fois depuis un an et demi. Sur le pont principal du Victoricia, un navire de guerre, je fixais le coucher de soleil sur la mer. Ca faisait un petit moment que j'étais comme ça. Les courants marins s'étaient avérés très mauvais alors, pour atteindre Marlon en tout sécurité, nous avions dû faire un grand détour par le sud. L'Amiral Dylan affirmait que cela leur permettrait, de plus, d'arriver à Marlon en tout discrétion, mais de toute manière je n'aurais jamais pris le risque de couler l'un des plus grands navires de guerre marlonais. Nous devrions arriver à Marlon d'ici une demi-journée.
Même avant que Lucifénia ne devienne une colonie de Marlon, j'avais toujours rêvé d'aller dans d'autres pays. Je pensais que Marlon n'était pas vraiment d'une grande beauté, même si je n'aurais jamais osé le dire tout haut. Ce serait mal vu de la part du Roi de critiquer son propre pays. Mais pourquoi voyais-je mon royaume ainsi ? Peut-être était-ce le ciel perpétuellement nuageux de la capitale, Bariti. Peut-être préférais-je la diversité de la cuisine étrangère, par rapport au manque de goût flagrant des plats de Marlon. Ou peut-être était-ce par ce que j'étais devenu roi à contre-coeur, après avoir eu tout mes rêves détruits et avoir été forcé de suivre un chemin glorieux tracé par ma mère, qui considérait mes désirs comme des caprices enfantins.
Non, ce n'était aucune de ces raisons.
Mais pourquoi, elle, faisait-elle tout cela ?
"Je veux simplement en savoir plus sur le monde !"
C'était apparemment l'unique motivation de celle qui observait la mer avec lui, Yukina Freezis, et la seule raison pour laquelle elle s'était enfuie de chez elle.
[Petit résumé à propos de Yukina. Sa vie, sa famille, sa naissance]. Les parents de Yukina, surtout Keel, l'aimaient tellement que cela en devenait ridicule, et ils l'avaient gâté toute sa vie. Le sujet du mariage n'avait jamais été abordé pour l'innocente et enfantine Yukina car, de toute manière, les éventuels prétendants auraient dû affronter la colère de Keel ; même si son fiancé dormait dans une chambre séparée, aucun des deux ne pourrait se reposer en paix. Bien évidemment j'exagérais, mais avec ce noble marchand cela pouvait bien devenir réalité. Je le connaissais avant qu'il n'obtienne ses titres de noblesse, et j'étais étonné de voir à quel point il était devenu poli et puissant ; il fallait dire que ce marchand venait d'un milieu plutôt sauvage et violent. Bien sûr, le vieux Keel était toujours là, caché quelque part sous toute cette affection. Jamais il ne se laissera marcher sur les pieds, et jamais il ne laissera quelqu'un faire du mal à sa famille.
Je me demande si je serais ainsi, une fois père ? Etant célibataire, j'avais du mal à l'imaginer.
Yukina était le genre de prodige qui n'apparaît qu'une fois par siècle. Son talent pour l'écriture était indéniable. Toutes ses oeuvres avaient été compilées, éditées et publiées, de véritables best-sellers. Bien évidemment, cela avait attiré l'attention sur elle. Cela rendait Keel très heureux, et j'en étais secrètement ravi. Mais en même temps, j'étais un peu jaloux. Dans ma jeunesse, je rêvais d'être peintre. Si ma mère n'était pas intervenue, j'aurais sans doute pu me faire connaître.
Le temps n'était pas doux pour les perdants. J'avais rencontré tellement de personnes qui avaient réalisé leurs rêves d'enfant. Comme Yukina. Mais Keel s'était trompé. L'ambition de Yukina l'avait poussé à faire des choses que même lui n'aurait pu imaginer. Afin d'en savoir plus sur le monde, pour ses histoires, elle s'était enfuie de chez elle et avait commencé un tour du monde.
Maintenant, accompagnés de tout ceux qu'elle avait rencontré durant son voyage, Yukina et moi nous rendions à Marlon. Ses yeux ne trahissaient aucune émotion particulièrement, simplement un état de tranquillité.
"Dans combien de temps allons nous arriver à Marlon ?"
Cela n'allait pas prendre plus de quelques heures. Je répondis : "Tu pourras bientôt voir la terre."
Je faisais face au nord-ouest. Une fois arrivé, je ne pensais pas me rendre directement chez Keel. Je retira un parchemin de ma poche. C'était une lettre de Keel, supposée être une "invitation" pour un dîner organisé par la famille Freezis. Cette lettre contenait d'ailleurs la mention suivante : "Si jamais tu oses poser tes sales pattes sur mon adorable petite fille, je viendrais chez toi et je te ferais regretté d'être né, sale bâtard."
Etant Roi de Marlon, j'aurais dû normalement me rendre au palais en premier. J'eu un sourire amer. Il faut dire que j'avais été possédé par un démon et que j'avais mis Yukina en danger. Je me résigna à me rendre chez Keel, prêt à affronter ses remontrances.
Yukina lui avait conseillé de se rendre au château d'abord. "Vous devriez en premier rendre visite à la Reine Mère. Elle sera sûrement ravie de vous voir."
Elle disait cela en riant, avec un grand sourire. J'étais honoré de son inquiétude, mais je ne me sentais pas prêt à affronter ma mère. Une telle rencontre serait dix fois plus douloureuse qu'un combat au corps à corps avec Keel. Il devrait se retenir pour ne pas lui demandé en premier : "Pourquoi m'avez-vous offert un miroir maudit possédé par un démon ?".
La couleur de la mer avait légèrement changé. Autrefois bleu claire, comme le cristal, l'eau s'était assombrie. C'était à cause du sable qui s'y mélangeait, signe que la terre était proche.
"Oh, je la vois !"
Yukina pointait du doigt l'horizon, où les silhouettes de montagnes apparaissaient. Il s'agissait des Montagnes Jamet, sur la côte est de Marlon. Du moins, c'était ce que Yukina croyait voir.
Mais la vigie n'était pas d'accord avec elle.
"Un bateau approche. Des pirates !"
A ce cri, les matelots à moitié endormis s'éveillèrent.
"Si jamais ils utilisent des canons, je vous prierais d'évacuer le navire."
L'Amiral Dylan venait de sortir de sa cabine. Il portait son chapeau de capitaine indigo.
L'Amiral avait 42 ans. C'était un homme gentil pourvu d'une fine moustache. Il était grand, mais mince, et avait passé près de 90% de sa vie sur son navire. Il avait une femme de 20 ans qui l'attendait à Marlon. Pour lui, les pirates n'étaient pas une si grande menace ; une fois les marins calmés, il leur demanda :
"Leur nombre ?
— Ils sont six navires au total, répondit la vigie. On dirait qu'il s'agit de vaisseaux de taille normale.
— Ils ont du nous confondre avec un navire marchand. Personne ne serait assez idiot pour attaquer un navire de guerre, même en grand nombre." expliqua l'amiral.
Il y eut soudain une lumière faible et des bruits de tir.
"Pas de panique. A cette distance, ils ne peuvent pas nous atteindre."
Les boulets de canons atterrirent dans la mer, loin du Victoricia.
"Yukina, dis-je. S'il te plaît retourne dans ta cabine, c'est dangereux."
Je la poussais dans le dos pour la faire bouger.
"Vous ne venez pas avec moi, Monsieur Kyle ?
— Tu vas pouvoir admirer l'héroïsme réputé de l'amiral Dylan, mais seule et de loin."
Yukina fit la moue. Connaissant sa curiosité, elle devait mourir d'envie de voir une bataille navale avec moi. Mais je la força à retourner dans sa cabine. Keel aurait été enragé si j'avais laissé une telle chose se produire.
En plus d'être un bateau royal aux riches décorations, le Victoricia était le plus souvent utilisé afin d'affronter les pirates. En mettant de côté la question du confort, ce navire de guerre était sans doute le moyen le plus sûr de traverser la mer. Comme l'avait dit l'amiral, les chances pour que des pirates gagnent contre un navire de guerre étaient faibles. Cependant, je n'avais vu un combat entre des pirates et des marins jusqu'à maintenant. J'étais un peu frustré. Enfant, même si j'étais introverti, j'aimais les choses viriles et guerrières, comme les épées ou les canons. Mais Mère m'avait formellement interdit de m'approcher de ce genre d'objets.
"Il est nécessaire qu'il apprenne l'art de l'escrime, pour se défendre."
"S'il veut devenir un homme, et le roi de cette nation, il doit connaître l'art de la guerre."
Mais parler à Mère était comme parler à un mur.
"Le roi n'a pas besoin d'être devant son armée. Son rôle est de poser majestueusement derrière les soldats" avait-elle répondu.
C'était ainsi que combattait l'armée royale de Marlon depuis très longtemps. Si à Lucifénia le roi et ses généraux menaient leurs troupes, aux yeux de Marlon c'était une folie. Mais j'ai rapidement perdu tout intérêt pour ce genre de choses, et je suis devenu obsédé par le dessin à la place. A la fin de mon adolescence, lorsque j'eu abandonné mon rêve de devenir peintre et réalisé que je ne pouvais échapper au trône, je me suis décidé à apprendre l'escrime. Keel se moquait aussi du fait que je ne savais pas manier une épée, et c'était très humiliant. C'était la situation inverse de celle que j'avais connu avec ma mère : elle, elle n'avait cessé de me rabaisser à propos de mes peintures, et j'avais fini par abandonner. Mais aujourd'hui, j'étais fier de mes talents au combat.
Mon professeur, Lutwidge, m'avait un jour dit "Si vous recevez un bon enseignement depuis votre plus jeune âge, alors vous pourrez sans doute devenir l'un des dix plus puissants guerriers d'Evillious." Peut-être n'était ce que de la flatterie, les compliments qu'il réservait à chaque membre de la famille royale, mais en tout cas cela m'avait donné une grande confiance en moi. Je n'avais pu tester mes capacités qu'une seule fois, lorsque j'avais affronté aux côtés de l'armée une petite bande de pirates. Bien évidemment, ma mère avait été furieuse, et ses vassaux avaient eut de sévères remontrances. Par la suite, elle m'avait interdit de partir en voyage sans des gardes du corps.
Enfin, cela suffit avec mon passé. Je ne pouvais m'empêcher d'être enthousiaste : l'une des fiertés du "Pays Bleu" allait mener une batalle navale devant ses yeux. Je n'aurais voulu manquer cela pour rien au monde.
Le Victoricia avait déjà commencé à contre-attaquer. La stratégie de l'amiral Dylan reposait sur la délicatesse : il ne devait pas perdre leur position avantageuses, ni gaspiller leurs précieux boulets de canons, et pour cela ils évitaient le plus possible d'attaquer. Ils allaient assurer calmement leur position face à l'ennemi, et n'allaient l'attaquer qu'une fois sûrs qu'ils pourraient le toucher. Alors, ils les priveraient de leur force d'attaque en visant les flancs des navires.
Je vis l'Amiral froncer ses sourcils. "Bien sûr, vous allez devoir vous mettre à l'abri.
— Je voulais pourtant admirer les capacités du Victoricia, répondis-je. Pensez-vous qu'ils vont nous manquer ? Je parle des boulets ennemis."
Il y avait une immense différence entre les canons du Victoricia et ceux utilisés par les pirates. Tout d'abord, le canon en lui même était une arme très récente, donc seul Marlon possédait le savoir suffisant pour en fabrqiuer. Les navires de guerre étaient spécialement équipés afin de pouvoir contrecarrer des attaques, et les pirates ne devaient pas posséder des canons de bonne qualité. Si les navires pirates arrivaient à s'aligner, ils pourraient attaquer tous en même temps. Néanmoins le timonier, qui était très doué, réussissait à leur rendre la tâche compliquée.
Dylan était heureux d'être dos au vent. Je poussa un soupir déçu.
"Ces pirates ne sont en fait que du menu fretin, pas la peine de s'inquiéter, déclara l'amiral.
— Pourquoi croyez-vous cela ?"
L'amiral désigna les montagnes Jamet au loin.
"La terre est proche, et ils nous attaquent avec un vent contraire : cela proue qu'il s'agit d'amateurs. Même avec ce déséquilibre numérique, notre navire peut facilement surpasser ces six là réunis."
Rapidement, deux vaisseaux pirates coulèrent. Il n'en restait plus que quatre.
"C'est déjà la fin pour eux." remarqua Dylan
Les pirates allaient sans doute rapidement se rendre compte qu'ils ne pouvaient pas gagner, et tenter de s'enfuir.
Mais en réalité, ils eurent une réaction totalement innatendue.
Les quatre navires restant foncèrent toutes voiles dehos sur le Victoricia. C'était extrêmement téméraire. Même moi je m'en rendais compte. Les canons sur leurs flancs leur permettait de mener des attaques à distance. Ils ne pouvaient pas engager de combat de proximité. Bien sûr, l'amiral ne les manua pas et un véritable mur de boulets de canon furent tirés. Deux autres vaisseaux furent immédiatement détruits. Les navires restant continuaient cependant d'avancer.
"Ne me dites pas... qu'ils veulent se suicider ?" demanda l'amiral d'une voix hésitante.
C'était la première fois que je le voyais impatient.
Ils continuèrent de tirer et un autre navire coula. Il n'y en avait plus qu'un seul, qui ne diminuait pas sa vitesse.
"Votre Altesse ! s'écria Dylan. Accrochez-vous à quelque chose !"
Je m'agrippa à une corde à proximité. Un bruit assourdissant résonna tandis qu'un tremblement secouait le navire. La proue des pirates avait violemment frappé le flanc du Victoricia.
J'avais l'impression de danser dans les airs. Sauf que cette fois je n'avais plus d'ailes. La seule chose qui pouvait m'arriver, c'était de tomber dans l'océan. Heureusement, la secousse n'était pas très forte. Le Victoricia était un navire de taille standard, et l'assaut d'un bateau aussi petit que celui-ci ne pouvait pas le faire couler si facilement. Dylan savait sans doute cela. Même s'il m'avait dit de le faire, lui ne s'était pas accroché à un objet : il se tenait tranquillement debout, sans même plier les genoux.
"On dirait qu'ils veulent monter à bord !"
En entendant cela, les marins se mirent sur leurs défensives et s'armèrent.
Dylan était amusé et étonné. "Un combat rapproché est une méthode plutôt classique..." Il me fixa.
"Je ne vais pas me cacher. Je veux voir ces pirates de mes propres yeux.
— S'il vous plaît restez derrière moi, au cas où." grommela-t-il.
Mais il savait déjà que l'on ne pouvait pas me faire changer d'avis. Nous avions une très bonne relation, en un sens. Il avait sans doute entendu parler de mes talents à l'épée.
"Palsambleu !! Morbleu !!"
Une voix forte et ridicule résonna depuis le vaisseau pirate.
"Ce vaisseau est commandé par le Pirate Yarera ! Rendez-vous calmement, chiens d'eau douce, et donnez-nous le butin et le rhum !!"
Eh bien au moins ce type essayait de coller le plus possible à l'image du pirate. Le propriétaire de la voix était un géant avec une barbe de trois jours. Ses cheveux étaient coupés court, une bonne idée pour quiconque veut combattre.
"Faites comme dit grand frère Yarera ! A moins que vous ne vouliez être occis, chiens !!"
Celui qui criait ça était un petit homme situé à côté du géant. Il était très mince, et avait une coupe de cheveux très particulière. Ils devaient être le capitaine et le second du navire.
(... Eux ?)
J'ignorais pourquoi, mais j'avais la sensation de les avoir déjà vu. Le nom de Yarera m'était familier. Mais je ne pouvais pas connaître de pirates. Cela devait être une erreur. D'ailleurs je m'en fichais royalement.
Les marins Marlonais n'allaient jamais accepter de se rendre ; ils étaient jeuns et vigoureux, des soldats prêt à attaquer de toutes leurs forces les pirates. Néanmoins, en comptant les pirates et les marins, je me rendis compte qu'étonamment les premiers étaient légèrement plus nombreux. Pourtant leur bateau était plus petit que le notre. Comment avaient-ils pu y mettre autant de monde ?
Maintenant les canons étaient inutiles. J'avais peur que les utiliser maintenant aurait été en notre défaveur. Nous faisions des progrès dans le domaine des armes à feu transportables, mais nous étions loins de la perfection. Nous n'avions pas encore créé de modèles adaptés au combat de proximité. Que ce soit sur terre ou sur mer, pour le corps à corps on se battait avec des épées et des arcs.
Pour des amateurs, les pirates étaient étonnamment forts ; ils ne se laissaient pas faire. Mais c'était au début. Lentement, les marins prirent le dessus et les pirates furent battus un à un.
(Mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que je les ai déjà vu quelque part...)
Cela devait sans doute remonter à longtemps, peut-être même à mon enfance. Mais je n'avais pas l'impression qu'il s'agissait de vieilles connaissances. Je n'arrivais pas à me souvenir du tout.
Lorsque j'avais revu Yukina au manoir Corpa, je ne l'avais pas reconnu. Peut-être que je commençais à perdre la mémoire. Je ne pense pas que ce soit du à mon âge.
Le capitaine des pirates, Yarera, et son second, étaient très doués. Ils affrontaient les marins un à un sans problème. Néamoins, la différence numérique devenait énorme. Ils allaient finir caputrés ou — juste au moment où je pensais à ça.
"Arrr !"
Quelque chose jaillit du gant de l'intrépide second et fonça vers moi. Pensant qu'il s'agissait d'une sorte de flèche, je l'esquiva. La "chose" frôla ma tête et se fixa dans le mât. C'était en effet une flèche, mais une corde y était attachée. Mes yeux remontèrent l'instrument, jusqu'à la main du second.
L'instant suivant, son corps dansait dans les airs avec celui du capitaine. Ils remontaient le long de la corde et se rapprochaient de plus en plus du mât, avec lequel ils finirent par entrer en collision. Le bruit retentit partout sur le pont.
"Arrg, ça fait mal..."
Les deux hommes étaient tombés à mes pieds. Le choc ne semblait pas avoir été très brutal, puisqu'ils se relevaient déjà.
"Au vu d'la manière dont vous êtes habillés, remarqua le capitaine, z'êtes probablement le gars qui commande ce vaisseau. Z'avez bien des ch'veux bleus, comme la jeune dame l'a bredouillé... [Texte manquant]. On s'attendait pas à ce que vous nous d'niez du fil à retorde."
Le capitaine me pointa de son épée.
"Espèce de misérable matelot d'eau douce ! Tu ne vas plus interférer !"
L'amiral Dylan voulut donner un coup au pirate avec son épée, mais ce dernier l'esquiva et l'amiral tomba au sol;
"Qu'est-ce que c'était que ça ? Tu es facile à battre vieux bougre."
Le capitaine, qui regardait d'un air déçu l'amiral rampant, lui donna un coup de pied au visage. Dylan perdit connaissance. Cela faisait longtemps que je le connaissais. Donc je compris. Il donnait l'impression et se croyait très fort, mais il ne l'était en réalité qu'au niveau stratégique : il n'était absolument pas doué avec une épée. Je venais à peine de poser ma main sur le pommeau de mon épée que l'éclat glacé d'un couteau brillait déjà sur ma gorge.
"Attendez, tirez donc pas votre épée."
Je n'avais pas surveillé le second. Il s'était glissé dans mon dos. Je ne pouvais rien faire d'autre qu'obéir.
"Halte ! hurla le capitaine aux marins. Pourquoi est-ce que vous n'iriez pas là-bas ! Ce serait dommage d'avoir à tuer le jeune homme !!"
Quel honte, je les avait laissé me changer en otage.
"Salauds. C'était moi votre objectif ?"
Le second eut un sourire vulgaire.
"Ouais. On peut avoir un beau butin en te ramenant. Comme ça, on pourra dire au revoir à la piraterie."
J'ignorais qui pouvait bien organiser l'enlèvement d'un roi, mais cette personne avait un sacré culot.
"Et vous pensez pouvoir vous échapper si facilement ?"
J'essayais de les intimider, mais je ne pouvais pas jouer avec la vie des marins. Je n'étais pas dans la meilleure des positions pour tromper les pirates, ni pour tirer mon épée. Au milieu de l'ambiance pesante de défaite, une voix innocente retentit.
"Oh ! Quel retournement de situation !"
Au sommet des escaliers qui menaient aux quartiers privés, Yukina tenait son carnet, les yeux grand ouverts.
"Yukina ! Qu'est-ce que tu fais ici !?"
J'avais hurlé sans réfléchir. Yukina sembla se rendre compte de la gravité de la situation, et elle se mit à agiter les bras, paniquée.
"Hein !? Eh bien, puisque Mademoiselle Germaine a dit qu'elle allait sacrément vomir, nous avons décidé de sortir ensemble et..."
Yukina regarda autour d'elle.
"Oh ? Où est-ce que Mademoiselle Germaine est allée ?"
Je n'avais pas suffissamment prêté attention à la situation. Les marins et les pirates non plus.
"ARG !"
Un cri retentit derrière moi. En me retournant, je compris que c'était le second qui avait crié. Et il y avait quelqu'un d'autre, une femme habillée de rouge qui vomissait au pied du mât — c'était Germaine Avadonia.
"Aaaarrrrggg, je l'ai fait sur le bateau..."
Sa main gauche était sur le mât et elle avait la tête baissée. Elle était vraiment en piètre forme.
"Q-Quelle femme répugnante !"
Le second voulut s'éloigner du mât, mais je ne rata pas ma chance.
"Attends, ne bouge plus."
Je menaçais le second de mon épée. Grâce à la distraction de Germaine, j'avais pu la sortir de son fourreau.
"Tch."
Ignorant mon avertissement, l'ennemi courut vers le capitaine. Maintenant qu'ils étaient côte à côte, je me rendais compte que leur différence de taille était beaucoup plus importante que je ne le croyais. De loin, on aurait pu facilement les prendre pour un père et son fils.
"Mais si ce n'est pas Yarera et Zusco !"
Germaine avait enfin levé les yeux, et parlait d'une voix enrouée.
"T-Tu es Germaine Avadonia !! s'écria le apitaine. Qu'est-ce que tu fais dans un endroit pareil !?"
Les pirates étaient très énervés. Elle semblait les connaître. Sans baisser ma garder, je m'approcha de Germaine et lui tendit mon mouchoir.
"Tu les connais Germaine ?
— Je sais deux trois petits trucs à propos d'eux... Mais tu étais là aussi, non ? Yarera et Zusco; Les gars que l'on a attaqué dans la taverne, à Lucifénia."
Ah, oui ! Je m'en souvenais. Ces types. Yarera et Zusco, des Mercenaires Venom.
[Texte récapitulant le rôle de Kyle dans la Révolution et comment il les avait rencontrés à la taverne. Kyle précise également que la dernière fois qu'il les avaient vu, ils étaient jetés dans la rivière : il en conclut qu'ils ont du survivre.]
"Mais qu'est-ce qu'ils font déguisés en pirates ?"
Même si je pensais à d'autre choses, j'avais une vague idée. Après la Révolution et la mort de leur chef, Gast Venom, les Mercenaires s'étaient séparés. Ils n'avaient plus de raison de rester ensemble et au fil des évènements... on aurait dit qu'ils s'étaient retrouvés ici. De toute manière leur histoire ne m'intéressait pas. Ce qui était le plus important c'était... qui les avait engagés.
"Super... On va pouvoir te faire payer notre humiliation."
Yarera et Zusco maintenaient leurs armes avec difficulté. Leurs yeux étaient emplis de haine. Et cette colère semblait être uniquement tournée vers Germaine. A l'époque, je portais un masque. Donc ils ignoraient qui j'étais réellement.
"Ne les tue pas, lui murmurais-je à l'oreille. Je veux les capturer afin de savoir qui est leur employeur."
Germaine ouvrit grand la bouche.
"Hein !? On combat ensemble ?
— Bien sûr.
— Mais je n'ai pas d'armes."
C'est vrai qu'elle était désarmée et en vêtements civils.
"Tu n'es vraiment pas prudente. N'es-tu pas supposée être la garde du corps de Gumillia ?"
Germaine me lança un regard noir.
"Désolé de ne pas porter tout le temps une armure dans laquelle on étouffe ! En plus, c'est à cause de toi que mon épée est cassée !!"
[Petite récapitulatif du combat qui opposa Germaine et Kyle, lorsque ce dernier était possédé par le Démon. Kyle se sent coupable.]
"Mademoiselle Germaine, par ici !"
Yukina lança un objet en forme de barre à Germaine. La jeune fille n'avait pas la force nécessaire de soulever ce lourd objet, donc il atterrit aux pieds de Germaine avec un son métallique. Elle le ramassa et enleva le tissu qui l'entourait. C'était une nouvelle rapière.
"Mademoiselle Chartette me la donné avant notre départ ! expliqua Yukina. S'il vous plaît, utilisez-la !"
Germaine retira l'arme de son fourreau et se positionna. La lame brillait au soleil.

"Je me sens déjà mieux. Merci !"
Mais le corps de Germaine semblait la contredire. Ses jambes étaient tremblantes. Etant un vrai gentleman, je me devais de lui glisser quelques mots doux.
"Est-ce que tu vas bien ? Tu n'as pas besoin de te surmener.
— C'est toi qui me demandais de me battre avec toi il y a une minute.
— Non, j'ai dit... Est-ce que tu aurais la gueule de bois ?
— Je ne bois pas d'alcool ! J'ai juste le mal de mer !!"
Son corps se remit à trembler. Même si nous pouvions gagner un peu de temps, en attendant que les marins reviennent du bateau pirate, Germaine aurait fini par s'effondrer rapidement au sol.
"Eh bien, on va le faire, dis-je. D'une manière ou d'une autre.
Yarera nous regardait de ses petits yeux.
"D'une manière ou d'une autre, vous dites ? Faites vos prières alors."
Zusco rajouta avec sa bouche tordue : "Nous avons changé depuis la dernière fois."
Les deux hommes se rapprochaient. Germaine affichait un sourire. J'avais remarqué que ces derniers temps, elle se baladait de plus en plus souvent désarmée.

Germaine ne m'avait jamais parlé de son passé. Tout ce que je savais, c'est qu'elle était la fille adoptive de Léonhart. York, un membre de l'Armée Révolutionnaire, lui avait raconté qu'elle était une orpheline, peut-être abandonnée à la naissance. York ne m'aimait pas beaucoup, mais on avait eut quelques discussions et après la Révolution, on s'était retrouvé à boire ensemble au bar. C'est là qu'il m'a raconté son histoire, "même si ce ne sont que des rumeurs" avait-il précisé.
"Je pense qu'elle est l'expiation de Sir Léonhart."
Même si le nom de Léonhart Avadonia était encensé comme celui d'un héros dans la région Evillious, il avait dans sa jeunesse, à cause de son immense loyauté, était contraint de commettre de nombreuses atrocités contre des pays étrangers. Il s'en était d'ailleurs plus particulièrement pris à la lignée impériale de Beelzénia. — Par exemple, un jour, il a massacré de nombreux beelzéniens innocents, et il trouva par hasard un bébé, le seul survivant de sa tuerie. Il s'était alors rendu compte de la bêtise de son acte —.
Néanmoins, maintenant que Léonhart était mort, on ne pourra jamais savoir la vérité.
Il refusait d'enseigner l'art de l'épée à sa fille, au grand déplaisir de cette dernière. Germaine avait donc espionné son père pendant qu'il donnait des cours à son frère. York, un ancien soldat qui vivait dans le voisinage à l'époque, lui avait également appris l'escrime en secret : c'était comme ça qu'elle s'était débrouillée pour devenir une guerrière. Qu'une épéiste improvisée comme Germaine ait pu battre une personne du niveau de Gast Venom était un véritable miracle. Et, après la Révolution, quand Germaine était partie en voyage, elle avait rencontré un épéiste Asmodéen, Nahed, qui lui avait enseigné tout ce qu'il savait. Le vieux Nahed avait été en son temps le professeur de Léonhart. Et maintenant, Germaine était une très puissante guerrière... du moins quand elle ne buvait pas.

Germaine luttait contre les pirates, esquivait leurs attaques, restait calme et sûre d'elle. Afin de ne pas la perdre de vue, je m'étais mis à combattre aussi, et tout les deux nous arrivions à les maintenir à distance.
Le visage de Yarera dégoulianit de sueur.
"P-Pauvre petite merde ! C'est pour ça qu'on déteste les forces armées des navires marchands !"
J'avais donc raison : Yarera pensait à tort que le Victoricia était un bateau de commerce. Leur eployeur ne semblait pas les avoir beaucoup informés : ils avaient juste vu les uniformes miliaires des marins, et en avait déduit cela. Puisqu'ils étaient ses anciens subordonnés, j'avais maintenant presque de la peine pour feu Gast Venom.
Les marins, revenus du bateau pirate, se regroupaient autour du mât. Les derniers pirates avaient été capturés.
"C'est la merde, grand frère ! Fuyons !" hurla Zusco à Yarera. Celui-là répondit par un "Arrrr !"
Zusco tira une autre flèche avec son gant, et cette fois elle se planta dans le mât du bateau pirate. Je voulus les arrêter, mais j'étais trop lent : ils atterirent sur le pont de leur navire. Même si je m'en fichais, l'homme du nom de Zusco devait porter sur son dos Yarera. Ce dernier était bien plus grand que lui. Et Zusco se mouvait dans les airs tel un acrobate.
"Des techniques d'assassin, hein ?"
Germaine avait apparemment déjà vu ce genre de choses.
"J'en ai vu de semblables en Asmodin, expliqua-t-elle en désignant la flèche reliée au gant.
— Est-ce que tu en as déjà utilisé ?"
Germaine secoua immédiatement la tête.
"Pour les utiliser, il faut s'être entraîné depuis l'enfance. Ce n'est pas un truc que l'on peut apprendre en une nuit."
Que quelqu'un pouvant utiliser une telle technologie finisse en mercenaire ou en pirate était vraiment stupide, ou plutôt, pathétique. Mais bon, il ne fallait pas non plus être un génie pour manier ce genre de choses, et les hommes avec une véritable puissance n'en ont pas besoin.
Zusco et Yarera n'heurtèrent pas le mât cette fois-ci : ils atterirent sans égratignure sur le pont et partirent. Ils ignoraient leurs surbordonnés qui criaient "Revenez ici ~" et semblaient hurler des mots d'adieux ridicule, comme "Nous reviendrons ~".
Leur navire se dirigeait vers Marlon.
(On devra peut-être les affronter de nouveau là-bas.)
Pourquoi est-ce que je me souciais de ça ?
De toute manière, j'avais tort.
Quelque chose enlaça le bateau pirate, qui disparut dans les flots en silence. Je pensais qu'il s'agissait de l'oeuvre de nos canons. Mais Yukina hurla :
"Q-Qu'est-ce que c'est que ça !?"
Elle pointait du doigt — c'était très prêt de là où se trouvait le bateau pirate — une ombre qui jaillissait de la mer. A cause de la distance, je ne pouvais distinguer avec précision sa forme, mais cette chose semblait être énorme. Ce n'était pas un bateau. Ce n'était fait ni de bois, ni de fer. C'était de la chair et, à mes yeux, ce n'était qu'un amas d'innombrables serpents géants. Chaque reptile se mit à batttre l'eau. Ils s'approchaient.
"T-Tirez !  Préparez les canons !!"
Avant même que j'ai pu réagir, l'Amiral Dylan donnait déjà des ordres. Tout les marins fascinés étaient des vétérans, donc ils retournèrent rapidement à leurs postes. Ils tirèrent sur les serpents géants, mais ces derniers se cachaient dans l'eau et les boulets les rataient. La forme ne cessait de s'approcher.
Et — dans une énorme gerbe d'eau, nous vîmes la chose sous sa vraie forme ; ce n'était pas un amas de serpents, mais des tentacules... Les bras de la chose. C'était — une pieuvre géante...
La gerbe qu'avait soulevé la pieuvre se changea en une vague géante, qui se dirigeait vers le Victoricia. Le bateau trembla en la percutant. Yukina courut vers moi, mais trébucha, et je la rattrapa.
"M-Merci beaucoup.
— Toi qui sais beaucoup de choses, tu n'aurais jamais entendu parler ou vu une pieuvre géante ?
— Je n'en ai jamais vu de mes propres yeux. Néanmoins, des histoires parlent de démons marins."
Les yeux de Yukina étaient brouillés par les larmes, mais elle n'était pas le genre de personne à pleurer à cause de la peur. Son expression était joyeuse, sans doute parce que c'était la première fois qu'elle rencontrait une pieuvre géante. Dans ce genre de situations, même si je lui ordonnais de quitter le pont, elle ne m'obéirait pas.
"Germaine !"
Elle s'approcha de moi.
"Mais que c'est charmant, Roi de Marlon. Tu tentes encore d'ajouter des femmes à ton tableau de chasse.
— Moi qui pensais que tu étais ma parfaite âme-soeur.
— De toute manière, tout le monde finit par en avoir marre de moi."
Germaine semblait énervée. Nous ne pouvions pas nous permettre une querelle futile. Mais cela prouvais que j'avais raison : pour cette femme, qu'il y ait un monstre marin ne changeait absolument pas à ses habitudes. Elle n'avait pas peur et restait réaliste.
"Tu n'as donc pas peur ? lui demandais-je.
— Eh bien, j'ai été un peu surprise, répondit-elle avec un rictus avant de rire. Mais bon, j'ai déjà vu un monstre ailé, alors...
— Prends soin de Yukina."
Je m'approcha de l'amiral Dylan. Les canons n'arrêtaient pas de tirer, mais cela ne semblait avoir aucun effet. La pieuvre continuait de s'approcher. Dylan avait le front rouge à cause du coup de pied de Yarera, mais de toute manière, en ce moment, il devait s'en ficher.
"Jusqu'à maintenant, est-ce que vous avez déjà du affronter un monstre comme ça ?"
Je m'imaginais la réponse, mais j'avais besoin de l'entendre de vive voix.
"J'ai déjà tué une baleine. Mais elle était beaucoup plus petite que ça.
— Faudrait-il s'enfuir ?
— Nous sommes en train de la faire ! Le bateau est toutes voiles dehors. L'ennemi est rapide."
C'était sans doute son pire voyage. Je me demande s'il allait s'en plaindre à sa femme, une fois de retour à Marlon. Si jamais il revenait à Marlon.
Les canons devaient sans doute affecter le monstre d'une manière ou d'une autre. Il s'agissait des meilleurs armes du Victoricia. Mais la pieuvre ne ralentissait pas. Les boulets lui rentraient dans la chair et en ressortaient avec un petit "plop".
Même l'amiral Dylan, un expert de la guerre navale, n'était pas qualifié pour affronter des monstres.
(Un expert en monstres, hein ?)
Je connaissais quelqu'un qui correspondait à cette description et voyageait sur le Victoricia avec eux. Je fis signe au messager, qui venait de terminer son rapport à l'amiral.
"De quoi avez-vous besoin ?
— Savez-vous où se trouve la magicienne Gumillia ?
— Eh bien, je l'ai vu il y a quelques temps au niveau des canons. Elle semblait se disputer avec les canonniers."
J'allais lui demander d'aller la chercher, mais ce ne fut pas nécessaire. Je vis en me retournant qu'elle était déjà sur le pont.
"Qui est le capitaine de ce bateau ?"
Elle parlait toujours de manière vague et superficielle.
"Je le suis, répondis Dylan. Qu'y-a-t-il ?
— Je veux agir sur les canons. Je vous en demande la permission."
L'amiral fut surpris de la demande de Gumillia.
"Comme vous le voyez, nous ne le pouvons pas maintenant. De plus, les canons ne devraient pas être manipulés par une amatrice. Vous pourriez vous blesser.
— Je veux juste écrire, quelques mots, sur les canons. Ça ne prendra pas plus de dix minutes."
J'interrompis leur conversation.
"Amiral Dylan, faites ce qu'elle vous demande.
— Mais...
— Elle en sait plus que n'importe qui sur les monstres. Et, à ce rythme, tout le monde finira au fond de l'océan.
— ..."
Dylan ne semblait pas convaincu.
"Elle m'a sauvé autrefois, expliquais-je. Nous n'avons d'autres choix que de lui faire confiance.
— ... Hé !"
L'Amiral alpagua la vigie.
"Combien de temps avant que ça ne nous frappe ?
— A sa vitesse actuelle, près de 15 minutes !
— Une marge de 5 minutes à peine..."
L'amiral se tourna vers Gumillia.
"Magicienne, ce bateau possède près d'une centaine de canons. Est-ce que dix minutes vous suffiront ?"
Gumillia calacula la quantité de travail, et décida qu'elle pourrait en faire seule 50. "De plus, j'ai préparé de l'aide."
Gumillia claqua des doigts, et un garçon apparut, suivi d'un groupe d'hommes en habits noirs. C'était le jeune frère de Yukina, Shaw, et son escorte.
"Vous m'avez appelé, Mademoiselle Gumillia !
— Nous avons reçu la permission. Je vous fait confiance pour la suite du travail.
— Oui, mademoiselle !"
Shaw et son escrote descendirent immédiatement dans la cale.

La magicienne Gumillia était un mystère aux yeux de tous. Elle était l'apprentie d'Elluka Clockworker, une des Trois Héros, tout comme Léonhart, et durant ces dernières années elle avait été la conseillère de l'Empire Beelzénien. C'était tout ce que je savais à son sujet. Pour être honnête, ma relation avec elle n'était pas des meilleures. Je l'avais rencontré à plusieurs occasions, et nous nous étions même affrontés. J'avais également fait lancer un avis de recherche national, la considérant comme une "sorcière" fugitive (J'avais rangé Germaine dans la même catégorie). [Petite résumé des relations entre Gumillia, Kyle et Michaela].
C'était ma faute. Mais je ne pouvais pas m'excuser auprès d'elle pour cela. Si je m'excusais pour la mort de Michaela, ce serait admettre qu'il s'agissait de ma faute. J'avais peur que son regard [texte manquant]. Même après les évènements de la Forêt de l'Arbre Millénaire, j'avais inconsciemment évité de m'approcher d'elle. Même maintenant, durant cette conversation avec l'Amiral Dylan, je ne pouvais pas la regarder dans les yeux.
Shaw était le seul fils de la noble famille Freezis. Je ne suis pas sur du fait qu'il soit devenu l'assistant de Gumillia, mais en tout cas il réussit à compléter sa demande en dix minutes.
La pieuvre allait bientôt nous atteindre. Ses tentacules créaient des vagues de plus en plus hautes.
"Sur mon commandement, vous ferez tous feu d'un seul coup, ordonna Gumillia à l'Amiral. Visez le front de la pieuvre.
— Son front ?
— Oui, ici."
Elle appuya brutalement sur le front rouge et enflé de Dylan.
"C-Ca fait mal, ça fait mal !
— C'est ic que se trouve le point faible de la pieuvre."
Même si la cible était énorme, cela allait être difficile de faire tirer tout les canons sur un seul point. Si jamais l'on réussisait, Marlon pourra être fière de ses canons. La pieuvre s'approchait encore, et son corps ne cessait de monter et redescendre.
Et au moment où son corps fut soulevé par une vague.
"... Feu !"
Tout les canons tirèrent en même temps.
Les boulets frappèrent son front. D'après ce que je savais, une pieuvre ne devait pas émettre de sons, mais ce monstre semblait différent. Il rugit.
"KISYAAAAAAN !"
Peut-être était ce le son des vagues, et non sa voix. Mes oreilles bourdonnaient encore quand le monstre s'affaissa. On aurait dit que l'attaque avait été plus efficace que ce que l'amiral imaginait, car celui-ci poussa un grognement d'admiration et de chagrin. J'ignorais quelles "modifications" Gumillia avait fait aux canons, mais cela semblait avoir marché.
"Très bien ! Tirez tous, vite !"
L'amiral n'eut que le silence pour réponse.
"Mais qu'est-ce que... Pourquoi vous ne tirez pas !?"
Le messager accourut vers l'amiral.
"C'est horrible, capitaine ! Les canons sont tous cassés !"
Le messager était à bout de souffle. Gumillia remarqua calmement :
"Ils n'ont pas pu tenir le coup. Il faut dire que c'était des préparations hâtives."
"Changez de cap, ordonnais-je à l'amiral. Passez par la pieuvre géante, et dirigez-vous vers Marlon.
— ... Est-ce que vous êtes fou !?
— Maintenant que le monstre est affaibli, il faut en profiter pour atteindre la terre.
— ... On dirait que nous n'ayons pas d'autres choix."
Le bateau changea de cap et sa vitesse augmenta de plus en plus. Lorsque le navire passa à droite de la pieuvre, je comptai jusqu'à dix dans ma tête. Les tentacules frappèrent mollement le bateau alors que nous passions. Ses yeux nous frolèrent. L'Amiral et les autres marins avalèrent leurs salives. L'un des tentacules se tordit.
Nous finîmes par tous passer, sains et saufs.
"Après cela, même si le vent ne change pas, on devrait pouvoir atteindre les côtes sans se faire attaquer !"
Tout le monde sur le pont poussa des vivats.

Même si tous les marins se réjouissaient, une personne affichait une mine triste. C'était Gumillia. Curieux, je décida d'aller lui parler. Sans elle, nous aurions tous finit dans l'estomac de ce monstre.
"Merci beaucoup, c'est grâce à vous si nous avons survécu. Merci Gumillia."
Elle ne réagit pas à ma voix. Je m'attendais à ce qu'elle m'ignore, donc cela m'importait peu. Mais j'étais un représentant de Marlon, et donc je voulais la remercier officiellement. Je retourna dans ma cabine.
Bientôt, nous accostâmes et descendirent du navire.
Gumillia murmura quelque chose dans mon dos.
"C'était... Une Très Étonnante Pieuvre."
(Une Très Étonnante Pieuvre ?)
Ce terme m'était très familier. Il y a cinq ans, quand le premier ministre de Lucifénia avait rendu visite à Marlon, ma mère lui avait donné cette pieuvre en cadeau.
"C'était cette pieuvre !?"
Je me retourna brutalement vers Gumillia. Au moins maintenant elle ne m'ignorait plus.
"Cette pieuvre ?
— La pieuvre d'il y a cinq ans. Mère — La Reine Mère Prim avait donné cette pieuvre à Elluka Clockworker. Je suis certain que Mère a dit qu'il s'agissait d'une "Très Étonnante Pieuvre".
— Ah... Non, ce n'est pas celle là. La pieuvre de votre mère a fini en sacrifice.
— Donc celle-ci est... !?"
Quand elle m'avait montré la pieuvre autrefois, j'avais demandé à Mère pourquoi on appelait cela une "Très Étonnante Pieuvre", car elle ressemblait à une pieuvre ordinaire.
"De manière générale, elle n'est rien d'autre qu'étonnante." C'était ce que m'avait répondu Mère, et elle n'avait plus rien dit à ce sujet.
Mère avait cependant dit autre chose. Seul deux personnes à Marlon savaient distinguer une Très Étonnante Pieuvre d'une pieuvre ordinaire : elle même, et Abyss I.R. Cette pieuvre avait donc dû être envoyée soit par Mère soit par cette sorcière.
(Est-ce que Mère essaie de me tuer... !?)
Je secoua la tête. Il ne fallait pas faire de conclusions hâtives. Est-ce que quelqu'un avait pu utiliser la magie afin de manipuler cette pieuvre géante ?
"Gumillia, est-ce que vous pourriez, par exemple, créer ou invoquer une pieuvre géante comme celle que nous avons affronté ?
— Pour moi, c'est impossible. Afin de réaliser un tel exploit, il faut une énorme quantité de magie."
Même si Mère était obsédée par la magie, je ne pense pas qu'elle soit capable de lancer de tels sortilèges. Donc cela devait être l'oeuvre de cette effrayante vieille femme, Abyss I.R.
Je me demande si elle avait été l'instigatrice de tout cela.
Gumillia prit une profonde inspiration et continua :
"Contrôler une Très Étonnante Pieuvre... Une seule personne en ce monde en est capable — la Magicienne de l'Éternité, Elluka Clockworker."

Cela faisait 25 heures que nous avions quitté le territoire de l'Ancienne Lucifénia. Cela avait été quelque peu difficile, mais nous avions pu atteindre le port Jamet. Keel avait tout préparé pour notre arrivée.
Je ne suis pas sûr que nous détenions la bonne réponse à propos de tout cela, mais maintenant nous ne pouvons que continuer d'avancer.


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