Chapitre 7 (Partie II)

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Ma frustration –je crois que c'est le terme- retombe à plat devant ce petit cube coloré. Intriguée, j'attrape ma fourchette et avec, je pousse légèrement cette drôle de forme, éclatant de rire en la voyant bouger. C'est presque plus fort que moi. Je trouve cette chose vraiment drôle ! Mais ça se mange vraiment ?

Quittant des yeux le petit cube, je croise ceux de l'infirmière, qui m'observe, toujours souriante, notant quelque chose sur son écran lumineux. Cela faisait un moment que je ne l'avais pas vu avec. Et pourtant, elle semble avoir continué d'écrire des choses malgré mon silence et mon manque de réactivité.

Est-ce que mon « dérapage » est inscrit sur l'écran ? Dans quel but ? Mais mes questions se fanent dans mon cerveau dès mes pupilles croisent un mouvement vert translucide venant du plateau, étirant mes lèvres en un sourire presque forcé. C'est vraiment drôle ce machin !

« C'est quoi ? », je signe, pointant du doigt le petit cube à la fin de ma question.

L'infirmière range son écran et observe quelques secondes la petite chose, comme si la réponse se trouvait à l'intérieur. Est-ce que les robots peuvent lire dans la nourriture ? Si ça se trouve, c'est possible. Il faudrait que je demande à Aira, quand elle passera me voir cette semaine.

— C'est de la gelée à la pomme. Par contre, je ne sais pas pourquoi c'est en forme de cube et non dans un pot. Je le signalerai au personnel, elle aurait pu tomber du plateau pendant que je l'apportais, m'apprend-t-elle avec un sourire embêté.

J'ouvre de grands yeux et plonge mon regard dans cette fameuse « gelée ». Reprenant ma fourchette, je m'amuse à la faire bouger dans plusieurs sens, pendant plusieurs minutes, savourant la répercussion du mot dans mon esprit. Gelée. C'est à la fois drôle et intriguant. Gelée. Ça sonne bien. Je lève à nouveau les yeux vers la seule autre personne présente dans la pièce et sourit.

« Il y a plusieurs formes ? Plusieurs goûts ? », je demande, excitée.

Je ne sais pas trop pourquoi ça me fascine autant. C'est juste... Amusant. Divertissant. C'est différent de la nourriture habituelle, qui n'a qu'une forme et qu'un goût. Il y a quelque chose d'attirant, qui sort de l'ordinaire, en quelque sorte. Un truc qui saute aux yeux, qui n'est pas comme le reste des plats sur ce plateau.

Quelque chose qui me ressemble, en fait. Et ça me plaît. Je n'irai pas jusqu'à essayer de goûter ce truc, je trouve sa forme et sa couleur un peu trop repoussante à mon goût. Mais c'est intriguant à découvrir et ça, personne ne peut vraiment le dénier. Enfin... Je ne crois pas.

L'infirmière éclate de rire et hoche la tête, visiblement très contente de me voir m'amuser autant avec mon dessert. Son rire résonne dans la pièce silencieuse, à tel point que je peux presque distinguer les bruits presque cachés des plaques de métal qui s'entrechoquent pour créer ce son presque humanoïde.

— Oui, il y a plusieurs formes. Je me souviens avoir vu un demi-cercle, une fois. Il y avait aussi un androïde qui savait faire des sculptures en gelée ! Des animaux, des bâtiments, des êtres humains... Il pouvait tout faire ! Et pour les goûts... Exact. Je ne les connais pas tous, mais je suis sûre que oui, me confie-t-elle avec un nouveau clin d'œil raté.

Je cligne des yeux et me retiens de lui demander d'arrêter de faire ses fichus clins d'oeil, préférant reporter toute mon attention sur cette fameuse « gelée ».Demi-cercle ? Qu'est-ce que c'est ? Je connais le cube et le rond. Mais le demi-cercle ? Ça se mange aussi ? Ou peut-être que ça se boit.

Il va falloir que je demande à Aira, si je m'en souviens d'ici là ! Dans la liste des choses à demander, il faut que j'ajoute le mot « animaux ». Est-ce que ça se mange, ça aussi ? Ou peut-être que c'est un élément de décoration, comme une table. Je n'ai jamais vu d'animaux ici. Peut-être qu'il y en a dans la salle commune ?

Je suis sûre qu'il y en a dans la salle commune. L'infirmière m'a dit que c'était un endroit incroyable, avec tout ce dont je rêve. Alors il doit bien y avoir un « animaux ». En tout cas, c'est encore un drôle de mot. « Animaux ». Quoi que ça désigne, je suis prête à parier que c'est tout aussi vert que la « gelée ».

Tous les mots rigolos désignent des choses vertes. Peut-être que le vert est la couleur du rire ? Est-ce que les couleurs peuvent désigner des sensations, comme « le rire » ? Et paf, encore une question pour Aira... Je devrais peut-être essayer de les écrire dans le carnet que m'a donné l'infirmière.

Enfin, le jour où je saurais comment écrire. Parce que le souci, c'est que bien que j'apprenne à signer, je ne sais pas écrire un mot. J'ignore comment se forment les lettres, ni même dans quel ordre les placer pour qu'elles forment un mot. Aira ne m'apprend pas à écrire, seulement à « parler ». Je me souviens avoir essayé de demander à l'infirmière si elle pouvait m'apprendre, mais elle ne m'avait pas répondu.

Je ne sais pas si elle n'avait juste pas compris ou si elle avait fait exprès d'ignorer ma requête. C'est marrant, de la voir m'ignorer, parce que je n'ai aucune idée de la raison. Je veux dire... Elle est là pour m'aider, me faire aller mieux, mais aussi me faire sentir bien ici. Or, dès que je pose des questions pour en savoir plus sur moi-même ou ce que je peux faire, elle est aussi expressive qu'un mur.

Et ils ne sont pas expressifs. Je le sais, j'ai essayé de leur parler, sans succès. A part les quelques androïdes qui viennent me voir, rien d'autres ne veut me parler, dans cette pièce. Comme s'ils ne m'entendaient pas. Alors je n'ai plus posé de questions à ce sujet, me contentant de me creuser les méninges pour savoir quel était l'intérêt de m'offrir un carnet si je ne peux rien marquer dedans.

Je me demande si les autres patients savent écrire... Est-ce qu'ils pourront m'apprendre ? Au moins, ça me ferait discuter avec eux. Mais je doute qu'ils aient la patience ou même l'envie de m'aider. Je crois que c'est plutôt le rôle des androïdes, finalement.

Peut-être devrais-je tenter ma chance avec Aira. Même si quelque chose me dit qu'elle ne sera pas forcément encline à s'ouvrir à nouveau depuis ma « crise de colère ». Il y a forcément des choses qui ont changé depuis mon second réveil.

« Tu peux encore fuir Felidae. Fuir avant que tout ne s'effondre. Fuir avant que tu ne retournes dans ta cage. Fuit ! Va-t'en ! Fait-le pour nous, pour moi... Fait-le pour toi ! », me crie la petite voix, faisant naître une grimace sur mes lèvres tandis que je tourne sèchement ma tête sur le côté pour chasser la douleur.

Ça aussi, ça a changé. Maintenant, quand elle me parle, la petite voix me fait mal. Elle crie, elle frappe, elle martèle chaque mot dans mon cerveau, jusqu'à ce que je laisse échapper une complainte, un geste énervé. Quelque chose qui alerte l'infirmière, ou qui montre que je l'ai entendu.

Cette dernière relève les yeux vers moi, visiblement alerte, étudiant chaque parcelle de mon visage comme si la réponse se trouvait dessus, avant de se détendre ostensiblement, ce qui est marqué par un relâchement significatif de son corps annoncé par un petit « clic ». M'adressant un dernier clin d'oeil qui me fait soupirer, elle se recule et dépose un petit couteau en plastique sur mon plateau, à côté de la cuillère qui s'y trouve déjà.

— Tu devrais manger, ton corps n'a rien avalé depuis un moment. Je vais devoir y aller, d'autres patients m'attendent. Je ne sais pas encore si je vais repasser avant que le médecin ne vienne pour les tests, mais tu n'as pas à t'inquiéter. Tout ira bien maintenant, c'est promis. Et quoi que tu puisses penser maintenant, tu peux nous faire confiance. Ce qu'on fait, c'est uniquement dans ton intérêt, pour que tu puisses te remettre le plus rapidement possible sur pieds et rentrer chez toi, déclare l'infirmière en s'approchant de la porte de ma chambre, son fidèle sourire plaqué sur ses lèvres synthétiques.

Je lui adresse un petit signe de main bien malgré moi. Cette histoire de « gelée » et de « animaux » m'a mise de bonne humeur et si je pouvais sortir de mon lit pour courir dans le couloir, tout en hurlant ma joie, je le ferais. Mais non. Je ne peux pas crier ma joie.

Enfin... Pas encore. Disons que je pourrais bientôt le faire, si mon cou guérit. Apparemment, pendant mon coma, ils m'ont nourri à l'aide d'une aiguille reliée à un tube, plantée dans mon cou. Alors forcément, il reste des marques, ce qui nécessite un pansement, mais mon cou est encore trop fragile pour que l'opération puisse être tentée.

Toujours d'après le médecin, l'opération pourrait m'être fatale si mon cou et notamment ma gorge sont trop faible car ils risqueraient de se briser net. Autant dire que je préfère attendre d'être guérie que de remettre ma vie en danger.

L'infirmière m'a assuré que mes parents étaient d'accord avec moi et qu'ils étaient prêts à attendre que j'aille mieux pour venir me voir et discuter. Quant à l'opération qui pourrait me rendre mes souvenirs, je n'en ai plus entendu parler depuis que le médecin me l'a proposée. Peut-être qu'il ne m'en pense pas capable non plus ? Donc pour l'instant, je ne peux pas crier ma joie dans le bâtiment.

Tout ce que je peux faire, c'est sortir de mon lit. Alors, doucement, je relève les couvertures et pose mes pieds nus sur le sol chauffé de ma chambre, appréciant avec un sourire ravi la sensation de chaleur contre ma peau. J'inspire longuement et bloque ma respiration le temps de me redresser et envoyer tout mon poids dans mes jambes, relâchant toute cette pression une fois debout et stable.

Mon sourire se fait plus grand et je lève mes bras vers le ciel en signe de victoire. Depuis mon réveil, je n'ai pas souvent été autorisée à me mettre debout en dehors des tests médiaux, alors j'apprécie pouvoir le faire lorsque je ne suis pas observée. Il y a moins de stress et plus de plaisir à le faire pour moi-même que pour une foule de curieux.

Lentement, j'amorce quelques pas vers l'autre côté du lit, où se trouve le plateau-repas et surtout, la machine reliée à mon cœur. Il faut que je la débranche si je veux essayer d'aller au moins dans le couloir.

Si je veux pouvoir marcher plus loin que le bout de mon lit, sans risquer de la faire crier. Le son de cette machine peut vraiment devenir insupportable si mon cœur s'emballe, par exemple. Alors il faut que je reste calme, que je débranche le câble et marche jusqu'au couloir.

Une vague d'appréhension me traverse soudainement. Aurais-je le courage d'aller jusqu'au couloir ? La dernière fois que j'étais debout, l'infirmière me tenait au niveau des hanches avant d'éviter une chute.

Et il y avait également le médecin, qui testait les réflexes de mes jambes ! Autrement dit, c'est la première fois que je suis debout par moi-même. Donc je ne suis pas sûre qu'essayer d'aller dans le couloir est une bonne idée. Et si je tombe ? Qui sera là pour me retenir ? Ou pire, si je m'assomme, ou me tue ?

Personne ne sera là pour être sûr que tout va bien ! Paralysée, mes yeux font un aller-retour entre la porte et la machine, qui continue de biper régulièrement. Je sens un flot de paniquer se diriger vers mon cœur et mes pieds décident avant moi, accélérant légèrement le pas afin de débrancher le câble avant que la panique ne me gagne.

A peine le câble retombe-t-il mollement le long de la machine que cette dernière se met à hurler comme une folle, me faisant reculer, trébucher et tomber sur le sol, hébétée. Je cligne des yeux et me couvre mes oreilles, essayant d'étouffer ce bruit atroce qui vrille dans mes tympans et agresse mon cerveau déjà meurtris.

C'est avec bonheur que j'entends des pas pressés se diriger vers la porte et cette dernière s'ouvrir sur mon médecin, visiblement inquiet. Son regard sonde la salle avant de courir vers la machine, arrêter le son et se tourner vers moi, un sourire à la fois fier et soulagé sur le visage. Etrangement, ce robot-là semble être le plus humain en termes de faciès.

Il n'est pas capable de vraiment ressentir, mais il peut imiter à la perfection les visages humains lorsque ces derniers ressentent quelque chose. Il a beau sembler être fier et soulagé, tout ce qu'il voit n'est qu'une succession de chiffres et de codes compliqués, comme me l'a avoué Aira pendant l'une de nos séances. S'approchant alors de moi, il s'accroupit pour être à ma hauteur.

— On te laisse seule dix minutes et voilà tout ce que tu trouves à faire, lâche le docteur, amusé, tout en m'attrapant délicatement le bras pour me relever.

Désolé xD. J'avoue que je panique pas mal, les examens arrivent vendredi prochain et je ne me sens tellement pas prête... J'ai peur de rater mon année, devoir refaire une L3 ou un truc du style... Bref, c'est ma plus grande peur. Mais bon, ça devrait aller ! On y croit ! Ou sinon, je ferais ma Felidae.

Sinon, quoi de neuf dans ce chapitre ?
Vos théories sont-elles toujours les même, ou pas du tout ?
Et quelles évolutions ont-elles subies ? J'espère que vous ne vous ennuyez pas... Je sais que c'est lent à démarrer, mais ne vous en faites pas, vous allez bientôt rencontrer quelqu'un de nouveau ! 😉😉

Allez, dites-moi tout 🙌
Et bon vendredi soir !
Quel(s) film(s)/série(s) est au programme ? 📚🤩🙌

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