Chapitre 27 (partie II)

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Je hoche la tête et lève un pouce vers le haut, laissant la jeune femme retourner à ses patients. J'espère être prête à voir Benny ce soir. Honnêtement, je n'ai aucune idée de comment je vais réagir. Ou comment lui va réagir. 

On ne s'est pas vu depuis six mois, il y a tellement de choses qui ont changé depuis... J'ai de nouveaux amis, une vie ici, ce qui n'est pas encore le cas de Benny. 

Cette fois, ça sera à mon tour de le guider à travers le QG et de l'accueillir dans le groupe, comme il l'a fait lorsque nous étions à l'hôpital. Je me tourne vers Aksel, remarquant avec surprise que la porte du Laboratoire est ouverte et que le jeune homme est déjà à l'intérieur, en train d'enfiler sa blouse. 

Je le rejoins rapidement et attrape la mienne, attachant d'abord mes cheveux en une queue de cheval haute et serrée. Le jeune homme se tourne alors vers moi, clairement surpris de me trouver là. Son regard passe derrière moi, vers l'escalier, là où Madigan a disparu il y a quelques secondes. 

Ses iris finissent par retrouver les miennes et j'y lis sans mal la question qui s'y trouve : pourquoi suis-je ici et non là-haut ? Je lui offre un petit sourire et désigne un tube à essai dans lequel se trouve un liquide d'une couleur verdâtre.

« Tu ne t'en sortirais pas sans moi », je signe lentement, laissant Aksel déchiffre chaque terme.

Ses lèvres se fendent en un sourire avant qu'il ne finisse par rire quelques secondes, ses yeux quittant mes mains pour fixer le sol. L'une de ses mains posées sur la table qui nous sépare se lève dans ma direction et sa bouche forme un petit rictus, tandis qu'il souffle « je vois, je vois ». 

Il faut dire que depuis mon rangement, il est fréquent qu'Aksel me demande d'aller chercher certains éléments, car il n'a plus aucune idée de l'endroit où ils sont rangés, malgré le fait que les étiquettes numériques encastrées dans chaque tiroir affichent leurs contenus. 

Au départ, je pensais qu'il faisait ça uniquement pour me tester, mais je commence à croire que c'est sa manière de m'aider à me sentir utile maintenant qu'il n'y a plus vraiment de rangement à faire. Et comme mes connaissances en chimie ne sont pas assez complètes pour l'aider dans tout ce qu'il fait ou me faire faire quelque chose. 

Aksel finit par planter ses yeux bleus dans les miens une nouvelle fois, les sourcils haussés, ses bras venant se croiser sur sa poitrine. Il tourne sa tête vers le tube, l'observant quelques secondes.

— Très bien. Alors, petit tigre, par quoi commence-t-on ? me teste-t-il, les yeux plissés.

Je hausse un sourcil.

« Petit tigre ? », je signe en direction du jeune homme.

Le jeune homme sourit et hoche la tête, murmurant un « je t'expliquerais » avant de répéter sa question. Je lève les yeux au ciel, incapable de supprimer pour autant le petit sourire que ce surnom a provoqué. 

Je regarde à mon tour le tube, cherchant à trouver la réponse à la question d'Aksel tout en terminant de fermer ma blouse. 

Finalement, ma main droite vient envelopper mon menton délicatement —une poste souvent adoptée par les gens qui sont en proie à d'intenses réflexions — et je laisse mon cerveau analyser ce qu'il voit et ce qu'il sait des procédures habituelles du Labo. Finalement, ma main retombe, un petit sourire naît sur mes lèvres et je me tourne vers le jeune homme qui attend sa réponse avec un petit sourire en coin. 

Face à cette réaction de la part du jeune homme, je décide alors aussi de m'amuser et réfléchit quelques secondes à la phrase que je vais devoir signer, mes doigts bougeant seuls le temps de mon interrogation. 

Finalement, j'arrête tous mouvements et fixe Aksel, laissant mes mains bouger presque d'elles-mêmes désormais. Je ne sais même pas quand est-ce que j'ai appris tous ces mots, probablement grâce à l'I-Feuille —qui fonctionne dans les deux sens : traduisant les signes en phrases et vice-versa —.

« On commence par faire l'analyse du sérum afin de voir comment il réagirait au sein d'un corps humain et ensuite, on retravaille les éléments défectueux afin de le rendre opérationnel au plus vite », je signe avec un sourire moqueur, sachant parfaitement qu'Aksel ne comprendrait que partiellement ma réponse.

Le jeune homme s'accroche au début et finit par abandonner en cours de route, m'offrant un gros soupir et —probablement malgré lui — un sourire. Avec une moue satisfaite, je pointe du doigt le tube à essai, puis la machine permettant de faire les analyses de sérums, avec un mouvement de tête accompagnant mes gestes. 

Aksel lève les yeux au ciel et hoche la tête sans se départir de son sourire avant de reproduire son mouvement favori : le pouce en l'air, me signifiant que j'ai eu raison. Il manipule alors le tube, le plaçant dans la machine avant de lancer les tests, tandis que je me laisse happer par les révélations de la veille et de tout à l'heure en attendant les résultats.

Au fil des semaines, le Laboratoire est devenu une sorte de nouvelle maison pour moi. Un endroit où tout peut être dit sans jugement ni conséquence. Et je me rends compte que la confiance que j'ai placée en Aksel est tout bonnement immense. 

Et qu'il en a fait de même pour moi en s'ouvrant sur son passé. Et lorsque je repense à ma réaction face à l'annonce de Benny allant revenir, je me questionne. N'est-ce pas le moment de révéler à Aksel la raison de mes cauchemars ponctuels ? 

De lui montrer que j'ai confiance en lui autant qu'il a confiance en moi ? Le petit « bip » aigu de la machine me sort de mes pensées et j'observe Aksel s'approche de l'écran, analysant les résultats avant de soupirer, clairement déçu. Il se tourne alors vers moi, le tube à la main.

— Si on injecte ce sérum, le taux de triglycérides augmenterait, provoquant soit du diabète, soit une hypertriglycéridémie chez le patient. On risque également une augmentation anormale de gamma GT et le taux de passerait à 18ml/litre de sang, soit un taux beaucoup trop élevé pour être bon pour la santé. Autrement dit, il est impossible d'administrer ça dans l'état. Il faut faire des modifications, encore. Je suis à court d'idées là, je crois que j'ai pratiquement tout essayé. Et ce sont les résultats les plus optimistes depuis le début de la confection, déclare le jeune homme tout en posant le tube sur la table et passant une main gantée dans ses cheveux.

J'observe les petites pattes du tube se déployer afin de rester droit même posées sur une surface plate comme la table. Ce genre de petites choses ne cessent de m'émerveiller, alors que cela fait partie de notre quotidien depuis visiblement un long moment. 

Je jette un œil en direction d'Aksel, qui continue de fixer le tube avec une sorte de désespoir dans le regard. Je ne sais comment l'aider. Même après trois mois dans le Labo, je n'ai pas compris la moitié des termes qu'il vient d'employer dans ses explications. Des gammas « GT » ? Des protéines « CRP » ? 

Et moi qui pensais que Madigan parlait une autre langue quand elle racontait les résultats de prise de sang de certains patients pour me divertir... Il faut croire que tous les scientifiques parlent cette langue. Je me demande si je les comprendrais mieux une fois mes souvenirs revenus. 

Cela expliquerait que je me sente bien dans cette partie du QG en tout cas, plus que chez les Artistes ou les Trieurs. J'entends Aksel se redresser au moment où je risque un nouveau coup d'œil, nos regards se trouvant à mi-chemin. 

Il m'observe une seconde et je l'entends claquer des doigts, réprimant un sourire. Sa tête bouge de haut en bas à plusieurs reprises sans qu'il ne dise un mot, avant qu'il n'inspire profondément et bloquant ses iris dans les miennes.

— Tu n'as pas compris un mot de ce que je viens de dire, pas vrai ? demande-t-il.

Je secoue la tête en plissant le nez et je l'entends échapper un rire étouffé qui ne dure que quelques instants, mais cela suffit pour me faire sourire en retour. Il reproduit ma petite moue et me souffle :

— Les résultats sont mauvais et je ne sais pas comment les améliorer.

J'avais déjà compris ces informations lors de son discours, je butais plutôt sur les termes techniques. Mais j'acquiesce tout de même, le laissant comprendre que j'ai bien reçu le message, une deuxième fois. Le silence retombe et Aksel retourne auprès de la machine, ses yeux lisant encore et encore le rapport affiché sur l'écran, au point de m'en rendre malade. 

Je peux sentir mon cœur se contracter devant l'incompréhension du jeune homme. Je sais qu'il déteste être confronté à un échec, qu'il n'a pas l'habitude de ne pas réussir ses sérums, surtout après une aussi longue période. 

Je m'avance vers la machine et appuie sur un petit bouton juste derrière l'écran, ce qui l'éteint aussitôt. Pour autant, Aksel ne bouge pas, ses yeux rivés sur la surface désormais noire. Mais je sais qu'il n'observe pas les résultats, il cherche simplement à comprendre comment réussir le prochain sérum. 

Comme il le fait à chaque fois. Mais je sais aussi, dormant dans la même pièce que lui, qu'il n'a pas eu une seule nuit de plus de deux heures depuis une semaine et que même un cerveau aussi ingénieux que le sien ne peut pas fonctionner dans ces conditions. 

Alors je lui attrape une main et force le jeune homme à se tourner vers moi, ce qu'il fait une demi-seconde après avoir senti ma main sur la sienne, nous surprenant tous les deux.

Il lui suffit d'un regard pour comprendre que je veux lui dire quelque chose. Son visage reste sérieux bien que son regard se fasse plus doux et compréhensif. Je prends une inspiration, sentant mon cœur se contracter violemment dans mon estomac, me faisant prendre des respirations plus courtes et irrégulières. 

Aussitôt, je peux sentir les mains d'Aksel sur mes épaules et l'entendre respirer avec moi, m'aidant à retrouver un souffle plus régulier. Je hoche la tête une fois que je me sens capable d'inspirer normalement sans sentir le nœud dans mes boyaux, bien que je sache qu'il est encore là. 

Je repense à mes visions, surtout celle qui me pose problème. Je sais qu'Aksel ne me jugera pas, mais son regard sur moi changera forcément. Et je ne suis pas sûre de le vouloir. Mais c'est trop tard pour reculer de toute façon, il saura que je lui cache quelque chose si je reprends l'analyse comme si de rien n'était. 

Alors je plonge ma main dans la poche de ma blouse, en sortant mon stylet et mon I-Feuille qui y est roulée, pour poser tout cela sur la table derrière moi. Ma main tremble tandis que j'attrape le crayon, traçant sur le papier tout ce qui tourne en boucle dans ma tête depuis plusieurs mois maintenant. 

Je commence par parler de mon hallucination —il est déjà au courant que j'en ai eu suite au sérum K.T.A —, décrivant ce qui j'y vois et ce que je ressens, avant de faire glisser la feuille vers lui.

Aksel cherche mon regard lorsqu'il attrape la feuille, comme pour s'assurer que je sois certaine de vouloir lui faire lire ce que j'y aie écrit. 

J'inspire fortement et esquisse un sourire d'encouragement avant de hocher brièvement la tête, retenant ma respiration lorsque ses yeux commencent à déchiffrer la première phrase. Je peux observer son visage se durcir au fil de sa lecture, voyant sa mâchoire se contracter, tout comme ses poings, vers la fin. 

Lorsque je parle de la douleur qui semblait avoir pris le contrôle de mon corps et de mon cerveau. Je me souviens encore de la voix de mes parents —si c'était bien eux — et de cette voix inconnue et numérique qui résonnaient dans la pièce tandis que mon cerveau semblait se faire ouvrir en deux. 

Rien que d'y penser, je frissonne, si fort qu'Aksel laisse tomber la feuille pour bloquer mes bras d'une poigne de fer. Je peux lire l'inquiétude dans ses yeux qui a une nouvelle fois remplacé la colère qui y brûlait quelques secondes auparavant. 

L'une de ses mains passe sur mon front, douce et délicate, comme pour me prouver que mon cerveau n'est pas ouvert, qu'il est bien en un morceau. S'assurant que tout va bien, il se baisse pour récupérer la feuille et la pose sur la table, sans un mot de plus. 

Ses doigts pianotent sur ma « tablette » quelques secondes pendant lesquelles je souffle doucement, appréhendant la réaction du jeune homme. Son visage retrouve son expression grave lorsqu'il se décide finalement à parler :

— J'ignorais que le sérum pouvait donner d'aussi violentes et ultra réalistes hallucinations. Mais je comprends pourquoi la majorité des sujets qui sont injectés finissent rapidement par mourir, murmure le jeune homme.

Je récupère la feuille sans réagir au commentaire d'Aksel. Je ferme les yeux quelques secondes, chassant les larmes qui commencent à se former derrière mes yeux. Je mords ma lèvre inférieure, me demandant comment expliquer au jeune homme la réelle raison de ma confession sur cette hallucination. 

Je savais déjà que je faisais partie des rares chanceux ayant survécu au K.T.A, voire l'unique chanceuse à ne pas avoir reçu la dose complète. Je me demande seulement ce que ces hallucinations signifient. 

Pourquoi ai-je vu ce que j'ai vu et non quelque chose de totalement fantaisiste ? Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, des mois après l'évacuation de tout sérum de mon corps, seule l'une de ces hallucinations n'est restée complètement, alors que le reste commence à se dissoudre ? 

Lentement, je trace la question que je me pose depuis quelques jours, une question que je n'ai jamais osé formuler ailleurs que dans le tréfonds de mon cerveau, que je n'ai jamais voulu accepter. Je tourne ensuite la feuille d'un mouvement sec qui fait craquer mon poignet, laissant Aksel lire.

« Et si ce n'était pas une hallucination ? »

Salut les courginettes !

C'est officiel, j'ai perdu la notion du temps ET je ne sais plus lire une horloge.

Pardon pour le retard, vraiment, vraiment, vraiment. J'espère que vous ne m'en voudrez pas. Nouvelle partie de "Felidae", je crois savoir que la prochaine va vous laisser SUR LE CUL. Et je pense que celle-ci aussi ? 

Qu'en pensez-vous ? 

Hallucination ou non ? 

Rêve préfabriqué ou non ?

Réalité ou non ?

Quelle est votre avis là-dessus ? 

See you mardi prochain pour la fin de ce chapitre ^.^ Bonne fin de semaine à tous et profitez bien du soleil !

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