Chapitre 30 (partie III)

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Mes pieds me poussent à suivre le plus grand, le suivant dans les escaliers puis dans une nouvelle pièce, se mettant alors dans un placard où je ne le suis pas. Je n'arrive même pas à comprendre tout ce qui se passe tant tout cela va vite.

Je peux le voir entrer, se diriger directement vers le placard et s'enfermer dedans, la porte se fermant dans un claquement que j'entends parfaitement. Je reste dehors, allant m'asseoir sur ce que je devine être un lit, malgré le fait que tout soit flou.

De temps à autre, certains détails deviennent parfaitement visibles, comme une couleur, une porte, un objet, mais rien de plus. Je me rends alors compte que je n'entends plus un bruit venant du salon, si ce n'est des voix sourdes et d'atroces détonations que je reconnais entre milles : ce sont des armes à feu.

Pourquoi est-ce que je rêve de ça ? Je me souviens d'avoir déjà vu cela une fois, dans un « faux-rêves ». Il y avait même du sang sur les vitres du salon dans un autre rêve. Mais ce n'était que des rêves, pas vrai ? Mon cœur bat la chamade sans que je ne sache pourquoi. Mes yeux tombent sur la porte du placard, mais rien ne bouge.

L'enfant à l'intérieur sait se cacher et ne bouge absolument pas, ce qui paraît me rassurer. Le rêve est encore trop flous mais il commence à devenir plus tangible, comme si plus je passais du temps dedans, plus il prenait forme. Est-ce que mon cerveau est réellement en train d'inventer tout ça ? J'entends alors une voix que je connais par cœur résonner en bas de la cage d'escalier :

— Allez vérifier là-haut qu'il ne reste plus personne.

Aïra ? Mais qu'est-ce qu'elle vient faire dans ce rêve ? Je regarde une nouvelle fois l'armoire avant de me rendre compte qu'elle est nette. Elle est nette. Le rêve est devenu lucide. Je peux voir l'armoire et sa jolie couleur blanche, les draps du lit sur lequel je suis assise, qui sont bleus ou encore la porte de la chambre qui est également blanche.

Je peux entendre les courtes respirations de l'enfant dans le placard, ainsi que l'atroce bruit d'une machine qui monte l'escalier. Pourquoi est-ce que tout est parfaitement visible maintenant ?

Qu'est-ce qui a changé ? Est-ce la présence d'Aïra qui permet cela ? Les bruits de pas se rapprochent et je retiens mon souffle, ne souhaitant vraiment pas revoir d'androïde de sitôt. Mais je le sais, je le sens, quelle que soit la machine qui monte les escaliers, elle finira par atteindre cette chambre...

Mon cœur se serre quand j'entends des portes s'ouvrir en bas et je ferme les yeux, priant pour que personne ne trouve l'autre petit enfant. Pourquoi est-il resté en bas ? Pourquoi a-t-il été caché en bas et non en haut ?

Pourquoi les enfants se sont-ils séparés ? Ils auraient dû rester ensemble, ils auraient peut-être eu plus de chance ensemble... Ou pas. Les androïdes sont redoutables.

J'entends une femme hurler depuis le salon et un homme courir dans les escaliers tout en tirant sur la machine qui y montait. Je ne comprends plus rien. Il y avait deux autres enfants ? Pourquoi ne se sont-ils pas cachés ? Oh non... c'était les parents ?

Je peux sentir mon cœur se comprimer en regardant l'armoire, comprenant que les parents de ces deux enfants viennent de se jeter entre les androïdes et leurs enfants pour leur donner quelques minutes de plus à vivre. Une tentative plutôt vaine, si j'en crois les dires d'Ethel sur l'efficacité des robots et ce qui est arrivé à tous les plus de vingt-cinq ans.

J'entends l'androïde des escaliers émettre des bruits affreux, comme s'il se détruisait lui-même. C'est là que j'en entends un second venir au secours du premier et ma respiration se bloque. Puis deux coups secs sont tirés, faisant taire le cri et l'arme du père, que j'entendais encore il y a deux secondes.

Je refoule des larmes, comprenant que les parents viennent probablement de subir le sort réservé à tous les plus de vingt-cinq ans. J'entends une nouvelle porte se faire ouvrir et un nouveau cri. Je me fige, sentant mon cœur s'arrêter quand je comprends que l'enfant a été trouvé.

Je bondis hors du lit, me ruant sur la porte pour aller lui porter secours avant de me rendre compte que c'est inutile. Le souvenir veut que je reste dans cette pièce, derrière cette porte. Le sort du petit est déjà scellé.

Et celui de l'enfant dans cette armoire aussi. Je ne peux m'empêcher de frapper la porte, espérant la voir s'ouvrir malgré tout, en vain. Je ferme les yeux, me laissant glisser le long de la porte, les yeux clos. Je redoute le coup de feu, attendant le bruit qui confirmera la mort de ce pauvre petit, qui semblait si jeune...

Combien d'autres enfants sont morts de cette manière ? Je coupe ma respiration, le cœur battant. Mais le coup ne vient pas. Alors j'ose espérer, penser que peut-être que Benny, Ethel et tous les autres ont tort, que les enfants de moins de quinze ans sont en vie mais juste ailleurs.

Que peut-être que d'autres enfants de mon âge ont survécus, que je n'étais pas la seule avec une I.A dans la tête. Peut-être. Je m'autorise même à sourire un petit peu, le cœur un peu plus léger, jusqu'à ce que j'entende la porte de l'armoire s'ouvrir et que je tombe nez-à-nez avec l'enfant que je suis depuis le début.

Il s'agit clairement d'une petite fille. Elle est brune, ses longs cheveux cachant la moitié de son visage. Elle n'est pas bien grande, voire un peu chétive, mais son corps est tendu, prêt à se battre si nécessaire –même si elle ne tiendrait pas une minute face aux androïdes-.

Comme moi, elle s'approche de la porte et se colle contre cette dernière. Ses petites mains passent sur ses yeux, essuyant les larmes qui s'y trouvent. Elle ne dit rien et elle attend, comme moi, le potentiel coup de feu qui ne vient pas.

D'un coup, je vois un hologramme apparaître au beau milieu de la chambre. L'image n'est pas fixe, des bouts apparaissent et disparaissent régulièrement, mais je reconnais sans problème le visage d'Aïra. Elle est debout, une arme que je n'ai jamais vue avant dans la main, collée contre la tempe d'un petit garçon.

Mon cœur s'arrête. Elle ne va quand même pas lui tirer dessus devant moi ? Devant la petite fille ? Ça serait horrible ! Je vois l'androïde sourire, tandis que le petit garçon pleure en silence mais ne hurle pas. Ses yeux ne regardent pas dans notre direction, il voit quelque chose sur le sol. Je manque de vomir en réalisant qu'il s'agit probablement du corps de l'un de ses parents qui doit joncher le sol.

— Coucou petit bonhomme ! La partie de cache-cache est terminée ! Et si tu sortais rejoindre ton frère ?, demande la voix mielleuse d'Aïra à travers l'hologramme.

Je grimace face à cette demande. Le son est atroce, presque inintelligible, mais au-delà de ça, je comprends sans problème qu'elle veut simplement récupérer les deux enfants pour les tuer tous les deux !

Et l'écho que j'entends dans la pièce voisine me rassure sur le fait qu'elle ne sait pas où se trouve la petite fille. Mais elle sait qu'il y a un deuxième enfant, ce qui n'est pas vraiment rassurant. Cela veut dire que si la jeune fille ne sort pas, c'est l'androïde qui ira la chercher. Et elle doit se douter de la direction puisque le père venait de l'étage.

D'ailleurs, a-t-elle rappelé les deux autres machines ? Je n'entends plus personne monter les escaliers. A-t-elle laissé tomber ? A côté de moi, ladite petite fille observe l'hologramme, les mains toujours sous les yeux, essuyant chaque larme qui franchit ses iris.

Elle paraît si perdue, si terrifiée, mais je peux aussi voir les remords dans ses yeux. Je sais ce qu'elle pense. Elle n'aurait pas dû laisser son frère seul en bas, elle aurait dû rester avec lui ou le prendre avec elle... Mais une partie égoïste en moi comprend son geste.

En s'éparpillant, ils rendaient la tâche plus dure aux androïdes pour les retrouver. C'est un plan risqué mais logique, qui malheureusement cette fois n'a pas fonctionné. Et les remords que je lis dans ses yeux me brisent le cœur, mais je ne peux rien changer, ni la réconforter. Quoi que je fasse, je ne semble pas pouvoir faire quoi que ce soit dans ce rêve.

Elle ne bouge pas, ce qui me fait sourire tristement. Elle a compris le but d'Aïra, au moins. Enfin je l'espère. Peut-être imagine-t-elle déjà un plan pour sauver le plus petit ? J'en doute, elle paraît bien trop fragile et trop jeune pour penser à quoi que ce soit d'autre que sa propre peau.

Ou peut-être qu'il y a même un troisième enfant dans la maison, déjà caché ? Je n'en ai vu que deux avec la mère dans le salon, mais ça ne veut pas dire qu'elle n'a pas pu en cacher un autre avant. En parlant du salon...

Il ressemblait beaucoup au mien, quand même. Est-ce que ce rêve se base sur des éléments réels, lui aussi ? C'est possible. Ce ne serait pas le premier rêve à agir de la sorte. J'ai lu quelque part, probablement sur mon I-Feuille, que les rêves s'inspirent régulièrement d'éléments réels afin de construire un environnement connu et familiers, permettant aux rêveurs d'accepter et d'intégrer le rêve.

Et que parfois, si on ne se souvient pas d'un rêve, c'est qu'il ne nous était pas bénéfique ou qu'il contenait des passages trop violents pour notre subconscient. C'est peut-être pour ça que les rêves fait à l'hôpital ne sont pas restés dans ma mémoire. Je fronce les sourcils, observant la chambre. Elle aussi, elle me dit quelque chose...

Je suis tirée de mes réflexions par la jeune fille qui s'est subitement levée pour aller chercher quelque chose. Ou plutôt... Pour essayer quelque chose. Je la vois sortir une tablette de sous son oreiller, s'approchant de l'hologramme pour essayer... De le fermer ?

Je n'en ai aucune idée. Mais comme ça ne marche pas, je l'observe jeter la tablette sur son lit et retomber à même le sol, en boule. Une position qui m'est familière. Sur l'hologramme, Aïra semble perdre patience puisque je la vois grimacer face au manque de réaction de la jeune fille, puis hausser les épaules.

J'entends quelque chose être annoncé derrière elle, ce qui la fait tourner la tête une demi-seconde, permettant au petit garçon de regarder droit devant lui et donc dans notre direction. Ses yeux sont directement plantés dans les miens, comme s'il savait que j'étais là.

Je fronce les sourcils tandis que quelque chose semble bouger dans ma tête et dans ma gorge. Je connais ces yeux. J'ai déjà vu ce regard. Je crois... Je crois que j'ai déjà vécu cette scène. Je peux sentir mon cœur remonter vers ma gorge et mes muscles se tétanisent. J'ai déjà vécu ça !

— Très bien. Tu as fait ton choix, soupire l'androïde à travers l'hologramme, se tournant à nouveau face à nous.

Je comprends le sous-texte en même temps que la petite fille à mes côtés. J'ai déjà entendu ces paroles auparavant ! Mes yeux s'ouvrent grand et je sens quelque chose remonter d'un seul coup depuis mon cœur, fusant dans ma gorge plus vite que la balle logée dans l'arme d'Aïra. C'est comme si quelque chose explosait en moi, comme une sorte de tsunami qui emporte tout sur son passage :

— Aignan !

Le cri de la petite fille trouve son écho dans ma bouche tandis que le bruit de l'arme résonne dans la pièce et que le corps du petit sort du champ de l'hologramme.

J'entends Aïra hurler quelque chose avant que le rêve ne s'éteigne à son tour, le décor familier de la cellule se dessinant sous mes yeux tandis que je continue de pleurer, hantée par cette dernière image. Je pleure encore malgré mes yeux secs, faisant fi de la douleur encore présente dans ma boîte crânienne.

J'ai envie de vomir, de pleurer, de crier et de frapper n'importe quoi pour soulager la douleur qui me comprime la poitrine. C'est là que je l'entends, d'abord faiblement, comme un murmure, puis plus fort. Plus affirmé. Tel un fantôme revenu du monde des morts. Aignan.

« Tu m'as manqué Felidae ».

Dun, dun, dun....

Ainsi s'achève (déjà !) la partie III de ce roman.

Qu'en pensez-vous ? 

Avez-vous compris ce qu'il vient de se produire ?

A votre avis, que signifie la fin de cette partie ? 

Êtes-vous sur les fesses, vous aussi ? :o 

Dites-moi tout, je lirais et répondrai à toutes vos questions, à toutes vos théories (sans évidemment vous spoiler la fin !) ! Tout cela dans le but, évident, de vous faire revenir pour le prochain chapitre mardi prochain heheh.

Sur ce, je file continuer à écrire le chapitre 38 qui est tout aussi choquant, au niveau du final, que celui-ci. Plus que seulement cinq petits chapitres avant la fin de cette première version, je ne sais trop quoi en penser. J'ai hâte de revenir dessus pour peaufiner l'histoire, placer les easter eggs dans les premiers chapitres qui serviront pour la suite et répondre aux questions que j'ai soulevé au début et peut-être oublié d'ici la fin du roman.

Gros bisous et bonne fin de semaine !

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