Chapitre 38 (partie II)

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Je ne peux m'empêcher de lâcher un ricanement face à ces remarques tandis que la jeune femme tente d'imiter la voix de mon I.A et quelques commentaires disgracieux qui, selon elle, aurait pu être dit par l'androïde.

Voir Ethel ainsi me rend aussi confuse qu'heureuse, même si je ne sais pas si je dois mettre ça sur le compte de la boisson ou non. Finalement, après quelques minutes de grimaces, nous reprenons notre sérieux.

— Non, elle ne commente pas toute ma vie. Elle a des avantages, elle me prévient tous les mois quand mon cycle commence, elle me permet de réfléchir plus vite, c'est sûr... Mais je pense qu'elle me permet aussi de trop réfléchir. Et il est vrai que la période ne se prête pas vraiment à ces genres de réflexions. Je veux dire, nous sommes en guerre, ce n'est pas vraiment le moment de se demander si je dois finir avec Aksel ou mon TRK-773, j'admets avec une grimace.

Après avoir levé les yeux au ciel, Ethel pose finalement son verre sur l'herbe et une main sur mon épaule, me regardant.

— Felidae. De une, c'est parce que nous sommes en guerre que tu ne peux pas perdre de temps à refouler tes sentiments ! Je suis responsable d'un groupe entier, de plusieurs dizaines de vies et pourtant, je m'autorise aussi à aimer. Et heureusement ! Sans Calliste, je serais incapable de faire tout ça, de tout gérer, pas sans perdre la boule ! Et c'est aussi pour ça que je lui ai demandé de garder un œil sur Evans ce soir. Parce qu'entre lui et moi, c'est lui qui a assez de jugeote pour savoir si on peut lui faire confiance ou non, avoue la jeune femme avec un petit sourire.

Sa réflexion me fait réfléchir. Il est vrai qu'Ethel est loin d'être le genre de fille qui se focalise plus sur une amourette que sur ses responsabilités. Et si même elle s'est autorisée à faire face à ce qu'elle ressentait... Qu'est-ce qui m'en empêche ? « Les morts, la guerre, la revanche, ton envie de justice... La liste est encore longue, tu veux que je continue ? », souffle la petite voix dans ma tête que je refoule le plus loin possible jusqu'à ce que je n'entende plus rien.

— Oh, et de deux, si tu en es vraiment à choisir entre Aksel et un TRK-773... Choisit l'arme. C'est quand même plus pratique en période de guerre, sauf si tu sais comment tirer des balles avec un être humain, lâche la jeune femme avec un brin d'humour qui me fait sourire.

Je la frappe dans l'épaule et elle émet aussitôt un glapissement de surprise, venant prendre son épaule endolorie de l'autre main. Mon sourire se fige, le cœur battant, espérant ne pas être allée trop loin et avoir brisé ce petit moment de complicité avec un réflexe aussi idiot – un réflexe que j'ai pris l'habitude de faire avec Aksel, d'ailleurs. Finalement, elle reprend la parole :

— Si je peux me permettre, pour vous avoir observé depuis le jour où tu es entré dans le Laboratoire... Je suis surprise qu'Aksel ait attendu si longtemps avant de te dire quoi que ce soit. Et je suis d'autant plus sidérée de voir que ton I.A n'a rien détecté ! Pour un truc qui peut prendre possession de ta cervelle à n'importe quel moment, elle est incroyablement aveugle sur certains sujets !

Je grimace.

— Mon I.A n'est pas vraiment conçue pour analyser les sentiments humains. M'aider à calculer, à trier mes souvenirs pour me rendre plus performantes et compartimentaliser mes émotions oui, mais me signaler que je tombe amoureuse, ce n'est pas dans ses programmes. Et de toute façon, je préfère largement que ce soit Aksel qui me le dise plutôt que de l'apprendre de la part de ce truc, je rappelle.

Ethel soupire, se prenant le visage dans ses mains.

— Je sais Feli', c'était de l'humour, souffle la jeune femme.

J'ignore son côté mélodramatique et me contente de sourire, laissant le silence retomber. Discuter avec Ethel à ce sujet était probablement la meilleure idée que j'ai pu avoir ces derniers jours, bien qu'au final, la décision soit mienne. Que je décide d'agir ou non sur ces révélations est quelque chose que ni elle, ni mon I.A ne peuvent décider pour moi. Et ce n'est pas ce soir que je prendrais ma décision, quoi qu'il arrive. Je laisse Ethel reprendre son verre et le finir d'une traite avant de reprendre la parole pour revenir sur l'une de ses précédentes révélations.

— Au sujet d'Evans... Et si c'est un espion ? demandé-je sans filtrer mes pensées, ni mes propos, me fustigeant mentalement à peine la question posée.

La jeune femme se fige, inspire un grand coup et pose son verre lentement sur le sol, se donnant probablement le temps de réfléchir à la possibilité. Son visage expressif redevient distant et posé, la même expression qu'à chaque fois qu'elle doit prendre une décision. Son visage de leader.

— Alors il sera jugé, puis banni du camp, ou tué, selon la gravité de sa trahison, déclare la jeune femme sans la moindre trace d'émotions.

Je frissonne devant cette réponse, même si je m'y attendais. Ethel s'adoucit et m'offre un petit sourire désolé.

— Evans est mon frère et une partie de moi l'aimera toujours pour cette raison. Mais après tout ce temps passé loin l'un de l'autre, je pense que j'ai pris assez de distance pour me permettre de prendre la bonne décision. Evans restera toujours de ma famille biologique, mais je me dois désormais de penser à ma nouvelle famille avant tout. Et ça t'inclus, Felidae. Comme toi et Evans, je pense que son plan est logique et sur papier, il semble parfait. Mais comme Calliste, Benny ou Aksel, je refuse de te mettre en danger sans savoir les réelles motivations de mon frère, mais aussi sans prendre le temps de considérer d'autres options, déclare la jeune femme avec une certaine tendresse.

Je lui souris, avant de décider de faire diverger la conversation une nouvelle fois pour ne pas non plus lui pourrir la soirée.

— Est-ce que ça veut dire que pour toi aussi, je suis la petite sœur parfois ennuyeuse, parfois tête brûlée ?

Ethel hausse un sourcil, puis prend un air choqué et pose une main sur sa cage thoracique, laissant son gobelet rouler dans l'herbe.

— Qui a osé te faire une pareille déclaration avant moi ? Je suis outrée ! J'aurai sa tête, proteste la jeune femme.

Je hoche la tête, baissant les yeux vers le sol tandis que la jeune femme est prise d'un court fou-rire.

— Disons que d'autres personnes avaient besoin de réconfort ce soir, j'admets d'une petite voix, ma gorge se nouant en repensant aux confidences de Benny.

Ethel reste silencieuse quelques secondes, avant de poser une main sur mon épaule.

— Benny a raison, tu sais. On est tous une famille. Tous les Survivants. Mais comme dans chaque famille, il y a les frères et sœurs, soit nous quatre, parce que je refuse de considérer Calliste comme mon frère, si tu me le permets. Et puis... tu as tous les cousins qui vivent avec nous pour une raison qui m'échappe encore, mais qu'il faut supporter et gérer parce qu'à eux tous, ils accumulent environ 10 points de QI, plaisante-t-elle.

Je ne peux réprimer le sourire qui s'étire sur mes lèvres, ce qui semble ravir Ethel qui se contente de m'adresser un clin d'œil. Puis, je fronce les sourcils en remarquant qu'elle a directement pensé à Benny.

— Je n'ai pas dit...

Ethel balaye l'air d'une main, roulant des yeux.

— Aksel et Calliste discutaient dans la cantine quand je suis montée, donc la seule personne a qui tu aies pu parler en sortant de la forêt, c'est Benny. Je suis peut-être par une surdouée génétiquement avancée par ordinateur, mais je peux faire des déductions quand même Feloche, souffle la jeune femme.

Je grimace face au surnom employé, mais ne le relève pas. Le silence retombe et j'observe la foule qui danse et chante, parfois. Je distingue Madigan et Eloeiz, qui dansent ensemble, observées du coin de l'œil par Adrien, qui est en pleine discussion avec d'autres survivants que je ne connais pas. Ethel les regarde également, un petit sourire sur les lèvres.

— Madigan et Eloeiz. Je ne m'y attendais pas à ça, murmure la jeune femme.

Je me tourne vers elle.

— Vraiment ? Je ne sais pas, ça m'a paru évidemment quand je les aie rencontrées. Tu as la pile électrique et son accumulateur, je souffle, pointant successivement à Madigan, puis Eloeiz.

Le silence retombe et je dois tourner la tête pour me rendre compte qu'Ethel m'observe, les yeux plissés, la bouche légèrement entrouverte. Elle finit par cligner des yeux se passer une main sur les yeux, étouffant par la même occasion le début de fou-rire qui la gagne, trahi par le mouvement de ses épaules. Elle finit cependant par céder devant mes prunelles interrogatrices.

— Je retire ce que j'ai dit, je comprends totalement pour Aksel a autant attendu pour te faire sa déclaration, s'esclaffe la jeune femme.

Je fronce les sourcils, perdue. Qu'est-ce que ça vient faire là-dedans ? Ethel hausse les sourcils.

— « La pile électrique et son accumulateur » ? Vraiment ? C'est probablement le truc le moins romantique que j'ai pu entendre de ma vie, souffle la jeune femme.

C'est à mon tour de hausser un sourcil.

— Je ne savais pas que tu avais écrit la définition du romantisme, dis-je.

La jeune femme lève les yeux au ciel.

— Fel', je t'assure que comparer les gens à des accessoires électriques, quel que soit ta définition du romantisme, c'est juste bizarre, conclut la jeune femme juste avant que sa poche ne se mette à vibrer.

Tandis que la jeune femme sort son communicateur de sa poche pour y lire le message qui vient de lui être envoyé, je repasse les événements de la soirée dans ma tête. Mon cœur se serre une nouvelle fois lorsque je repense à Benny et je lève les yeux, le cherchant du regard. 

Il ne me faut pas plus de deux minutes pour le trouver, adossé à un grand arbre, le regard perdu dans la foule de jeunes qui dansent, traçant du bout des doigts son tatouage en hommage à son fils. Autour de lui, je peux voir d'autres survivants discuter et rire, comme s'ils ne voyaient pas Benny avec eux, comme s'ils ne remarquaient pas la douleur inscrite dans ses traits ou les larmes qui brillent aux coins de ses yeux. 

J'aimerai pouvoir lui dire que tout ira mieux, qu'il pourra se reconstruire une vie quand nous serons sorti de cet enfer, mais je ne peux pas. J'ignore tout de la peine qui l'habite, des souvenirs qui le hantent. Nos expériences sont similaires et pourtant différentes et il n'y a que la douleur et la colère qui nous unit. 

Que se passera-t-il après ? Quand tout sera fini, qu'il n'y aura plus que le calme et le silence ? Une fois les morts vengés, que rester-a-t-il de notre amitié ? Une nouvelle fois, Ethel coupe court à mes pensées lorsque je sens son coude s'enfoncer dans mes côtes, me faisant grimacer. Tournant la tête vers elle, je remarque qu'elle s'est mise debout et semble m'attendre. Pour aller où ?

— Je viens d'avoir un message de Calliste, Evans, Aksel et lui sont dans la cantine et ils ont besoin d'un coup de main pour remonter de la nourriture et des boissons ici. Tu viens avec moi ?

Je tourne la tête vers Benny, indécise. Devrais-je le laisser seul, ruminer ses pensées, ou devrais-je retourner à ses côtés et trouver un autre sujet de discussion ? Je l'ai déjà trop longtemps laissé seul, je ne peux pas le faire une nouvelle fois. Même si c'est seulement l'affaire de quelques minutes. Ethel peut bien se trouver une autre paire de bras non ? Je suis sûre qu'Eloeiz et Madigan seraient ravies d'aider. Cette fois, je pense que Benny a vraiment besoin de quelqu'un à ses côtés pour l'aider à apprécier un tout petit peu cette soirée. Décidée, je relève la tête vers Ethel, lisant son impatience dans ses yeux et d'un coup, j'hésite. Finalement, j'ouvre la bouche pour répondre à la jeune femme quand elle me devance.

— Je ne pense pas qu'il soit d'humeur à parler, même avec toi. Il a besoin de faire la paix avec lui-même avant de pouvoir passer au-delà de sa douleur. C'est encore nouveau pour lui tu sais. Il a besoin de temps, admets la jeune femme, les yeux rivés sur le sol.

J'aimerai protester, mais quelque chose dans la voix d'Ethel me retient. Avec un sourire triste, je me frotte doucement les tempes, comme pour effacer la sensation de culpabilité qui me ronge. Au final, je me contente de hocher la tête, me relevant doucement pour éviter la sensation de vertiges et emboîte le pas de la jeune métisse, ne pouvant m'empêcher de tourner une nouvelle fois la tête vers le jeune homme que je laisse derrière moi. 

Cette fois, sa tête est tournée vers un autre garçon à côté de lui et il sourit. Rassurée, je fais une plus longue foulée et rattrape Ethel, qui se contente de hocher la tête et passer son bras sous le mien pour me mener vers l'intérieur du bunker. Je l'entends me glisser une anecdote à l'oreille qui la fait rire, mais ma tête est ailleurs et je remarque à peine que l'on passe les portes métalliques pour descendre à l'étage inférieur jusqu'au moment où mon I.A s'allume soudainement, venant me vriller les tympans. 

Je grimace mais continue de marcher, ignorant le regard interrogatif d'Ethel, qui raffermit sa prise sur mon bras. Une fois arrivées au -1, je peine à continuer de marcher, le bruit de l'I.A devenant de plus en plus fort, forçant Ethel à m'emmener dans un dortoir au hasard pour m'asseoir sur un lit. Je crois qu'elle me parle, mais le son est diffus. 

L'I.A hurle de plus belle et je m'effondre sur le sol avec un cri de douleur, les mains plaquées sur mon crâne. J'entends vaguement quelques cris venant d'au-dessus de nous avant que la lourde porte de l'étage ne se ferme. Je crois entendre Ethel crier quelque chose, mais tout est étouffé. Les ultrasons deviennent de plus en plus forts, m'empêchant d'entendre quoi que ce soit de plus. 

J'ai l'impression que ma tête va exploser tant les bruits deviennent fort. D'un coup, tout s'arrête et mes mains retombent de chaque côté de mon corps. Je ferme les yeux et inspire avant qu'une onde de choc ne me percute, m'envoyant rouler vers le mur le plus proche et je sombre dans l'inconscience.

Hello tout le monde !
What's up ?
Oui je sais, la fin de ce chapitre vous a fait frémir...
Et le mieux, c'est qu'il n'y a pas de suite !
Enfin si, mais pas écrite ? xD

Bien sûr, comme vous vous en doutez peut-être, je n'ai pas vraiment repris l'écriture depuis cet été. Enfin si, j'ai pu rédiger quelques phrases par-ci, par-là, mais rien de concluant. Entre les déboires avec mon mémoire (dont il ne faut prononcer le nom), les confinements, mon stage et maintenant ma prépa... Je n'ai plus vraiment le temps d'écrire, en dehors de mon blog. Pourtant, j'ai suffisamment d'avance sur mon blog pour me permettre d'écrire Féfé maintenant... Mais rien. Alors j'espère honnêtement pouvoir vous offrir de la lecture la semaine prochaine, mais sinon, ne m'en voulez pas d'accord ? 

Sur ce, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Qu'est-ce qui s'est passé, selon vous ?
Pourquoi l'IA de Felidae a-t-elle crié si fort ?
Qu'est-ce que cela signifie ?
A votre avis, approche-t-on de la fin pour nos héros ?

Dites-moi tout, je lis tout ^^
J'espère vous retrouver la semaine prochaine pour un nouveau chapitre !
Bonne fin de semaine :)

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