Chapitre 41 (partie I)

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Le plan est annoncé le lendemain. Le 8 Février 2022. Les réactions sont moins mitigées qu'il y a deux semaines. Les Survivants sont prêts à passer à l'action, quelles qu'en soient les conséquences. Ethel et Calliste m'évitent, détournant le regard lorsque l'on se croise dans les couloirs, sous le regard inquisiteurs d'Aksel. Benny s'approche dès la fin du discours pour s'excuser, m'entraînant dans un endroit calme pour craquer et fondre en larmes avec moi quand je lui explique les raisons de ma colère. Je ne sais pas combien de temps nous restons là à pleurer ensemble, acceptant l'idée que ce sont peut-être nos derniers instants. Que dans quelques semaines, j'affronterais l'androïde le plus mal codé de l'histoire de l'humanité et que je ne reviendrais peut-être pas. Malgré les larmes et l'angoisse qui me tiraille le ventre, j'apprécie de me retrouver une nouvelle fois seule avec le jeune homme, comme avant. J'apprécie également l'ironie du sort qui a voulu que ma nouvelle vie commence et se termine avec Benny.

— On peut peut-être fuir ?, suggère le jeune homme en reniflant.

Je souris à travers les larmes.

— On a déjà essayé, ça s'est plutôt mal fini, réponds-je.

Le jeune homme hoche la tête, me rendant mon sourire.

— Et où irions-nous, pas vrai ?

Je soupire et acquiesce.

— Au moins, vous m'accompagnez jusqu'au bout, je lâche.

Benny se rembrunit aussitôt.

— Sauf que ça ne devrait pas être le bout. Si je pouvais..., commence-t-il, mais je l'arrête.

— Non. Ethel a raison. Ça ne peut être que moi. Et qui sait, peut-être que R.O.B me laissera repartir tranquille !

Benny hausse un sourcil et mon sourire retombe. Clairement, aucun de nous deux n'y croient. Nous restons silencieux quelques minutes, avant que Benny ne se mette à fouiller ses poches. Il en sort une petite chaîne, au bout de laquelle pend une petite sculpture faite de figures géométriques. Il me le donne et j'attrape la petite figure du bout des doigts, réalisant après quelques minutes qu'il s'agit d'un tout petit Kraken. Je lève les yeux vers Benny.

— C'est magnifique. Ton premier tatouage, je souffle, faisant rouler l'animal en métal entre mes doigts.

Benny hoche la tête.

— J'en avais fait un pour mon fils. Je voulais lui donner quand il aurait eu dix-huit ans et qu'il aurait quitté la maison, pour qu'il se souvienne de moi. Peu après le retour de mes souvenirs, sans trop savoir pourquoi, je l'ai refait. Je ne savais pas trop quoi en faire et le souvenir était douloureux alors je l'ai rangé dans une poche et je l'ai oublié. Mais heu... En discutant du plan, hier... Je voulais que tu l'aie, explique-t-il.

Je renifle assez disgracieusement tout en admirant le collier au creux de ma paume. Sans un mot, Benny le prend pour le passer autour de mon cou. Je frissonne au contact du métal contre ma peau et pose une main sur le petit Kraken qui pend désormais sur le haut de mon pull, admirant les traits fins et nets de la sculpture. Je finis par lever les yeux sur Benny, qui observe également le collier avec un regard empli de fierté.

— Merci, Benny. Pour tout. Pour m'avoir sorti de l'hôpital, m'avoir traînée jusqu'ici, m'avoir soutenue même en sachant ce qu'il y avait dans mon crâne... Je ne pourrais probablement jamais te rendre la pareille, mais sache que tu feras toujours partie de ma famille, dis-je, la voix cassée par l'émotion.

Je le prends dans mes bras, inspirant longuement pour reprendre mes esprits et ne pas fondre une nouvelle fois en larme. Lorsque je finis par m'écarter, Benny me sourit une dernière fois et quitte la pièce, me laissant seule avec mes pensées. Suite à cela, il faut préparer les armes, les munitions, les nouveaux sérums d'alimentation qui durent pour la journée. Je croise encore Calliste, qui m'offre un sourire gêné et disparaît le plus vite possible ensuite. En allant au Labo, j'ai le droit à une nouvelle confrontation avec Aksel, qui s'est lui-même embrouillé avec Ethel au sujet de mon rôle dans le plan. Clairement, le jeune homme n'est pas emballé par l'idée et le fait savoir.

— Je ne comprends pas comment elle a pu penser à ça ! C'est de la folie, on l'avait déjà dit à Evans au départ, proteste-t-il avec véhémence.

— Elle veut simplement s'assurer que la majorité survive, je réponds laconiquement.

Aksel se fige.

— Attend, tu es d'accord avec le plan ?, demande-t-il, incrédule.

Je fronce les sourcils.

— Bien sûr que non et tu le sais !

— Alors pourquoi tu la défends ?

— Mais parce que son plan est censé ! Il est logique, mathématiquement, scientifiquement, humainement, tout-ce-que-tu-veux-ment. Son plan est parfaitement logique, tu peux en convenir, je souffle.

Aksel grimace et se mord la lèvre. Quand il lève les yeux vers moi, je sais qu'il a compris où je voulais en venir.

— Oui. Je peux en convenir. Mais je refuse de l'accepter. Je suis persuadé qu'il y a une autre façon de faire, contre-t-il.

Je hoche la tête. J'ai encore le mince espoir qu'on puisse trouver une nouvelle solution lors de la longue marche jusqu'à la tour de R.O.B, mais je ne m'y accroche pas trop. Je pense qu'une partie de moi a déjà accepté l'idée que ça soit mon combat. Le dernier.

— Sûrement. Mais nous n'avons plus le temps d'y songer. Benny m'a promis d'y réfléchir pendant les prochaines semaines de marche. Mais s'il ne trouve rien d'autre, alors il faudra l'accepter. Je préférerais qu'on soit en bon terme si je dois y rester, j'admets avec un petit sourire.

Aksel soupire. Je peux voir dans son regard à quel point je lui en demande.

Si Benny ne trouve rien d'autre et que tu es d'accord avec l'idée, alors je te promets de ne pas protester. J'accepterais ton choix. Je ne serais pas d'accord avec le principe, mais je respecterais ta décision. C'est promis.

Je souris et dépose brièvement mes lèvres sur les siennes avant de me remettre au travail. Risu s'est déjà réfugié dans la poche de ma veste tandis que je termine d'emballer les derniers packs de sérum dans mon sac à dos. Ethel nous a désignés, Aksel et moi, comme les distributeurs officiels de sérums pour la marche à venir, ce qui signifie que l'on doit s'assurer d'en avoir assez pour tout le monde. Eternel optimiste, Aksel pense encore que nous pouvons tomber sur des animaux sauvages qui pourront nous faire économiser quelques packs, mais nos deux sacs à dos sont vite remplis et tendu au maximum. Pourtant, ils ne sont pas bien lourd, les sérums étant assez léger. Heureusement, d'ailleurs, si nous devons marcher vingt heures par jour. Le départ est prévu pour le lendemain. Le temps de trajet est estimé à trois mois et je n'ai aucune idée de combien de Survivants parviendront à destination. Beaucoup sont encore blessés, certains ont encore besoin d'antidouleur ou de calmants, pour la nuit. Mais personne ne souhaite rester au QG plus longtemps. Cette nuit-là, personne ne dort, si j'en crois les nombreux murmures entendus depuis le couloir et les pas incessants. Je ne saurais dire si c'est de l'anxiété ou s'ils ont juste hâte de quitter l'endroit qui leur donne des cauchemars. Il fait encore nuit quand Ethel donne le départ. Personne n'ose parler lorsque nous traversons le champ de cendre, même si certains ralentissent et reniflent. Benny aide l'une des plus jeunes, Klam, à marcher, car l'une de ses jambes a dû être coupée suite à l'effondrement d'une commode. Mais ils parviennent à garder le rythme malgré tout. De façon générale, tout le monde semble réussir à garder le rythme sans se plaindre.

Les premières semaines se passent sans encombre. Personne ne se plaint du froid, tout le monde continue de marcher sans s'arrêter et personne ne semble avoir faim. Les nuits sont toujours difficiles pour certains qui se réveillent en pleurant ou en hurlant de douleur. Nous devons dormir en duo pour avoir chaud et je me retrouve à réveiller régulièrement Aksel lorsqu'un Survivant a besoin de moi pour une session de thérapie à deux heures du matin ou qu'un jeune a eu un cauchemar à six heures. En général, le groupe se remet en marche vers sept heures du matin, toujours dans la nuit. C'est après le premier mois que les soucis surviennent. Klam se plaint du froid et est obligée de s'arrêter plusieurs fois, incapable de continuer à suivre le groupe. Une autre jeune tombe de fatigue dans la neige, obligeant Calliste à faire demi-tour pour le relever et l'aider à marcher. Certains ont faim, veulent « de la vraie nourriture » qu'on ne peut leur offrir. Cette nuit-là, le vent souffle fort et est particulièrement froid. Nous sommes obligés de tous nous coller pour rester au chaud. Et malgré ça, au petit matin, trois jeunes ne se réveillent pas. Cette fois, pas de pleurs ou de cris, seulement des regards désolés et de la résignation. Calliste, Aksel et moi les recouvrons de neige pour leur offrir un semblant de tombe et nous reprenons la route. Ironiquement, nous sommes devenus des sortes de machines, concentrés seulement sur le but final : atteindre R.O.B.

Après un mois et demi, il n'y a plus de calmants et il faut trouver d'autres moyens de soulager la douleur. Benny a beau essayer, il ne parvient plus à aider Klam et cette dernière propose qu'on la laisse. Ethel et Calliste refuse net. Personne ne sait exactement où nous sommes, il fait froid, la neige commence à fondre et les beaux jours sont à l'horizon... Laissant mon sac à Benny, je me propose de l'aider. Je passe un bras sous ses épaules et la laisse s'appuyer contre moi, reprenant la marche derrière le groupe. Klam est adorable, faisant régulièrement des petits commentaires sur ma vitesse de marche et la non-existence de mes muscles, mais on s'en sort. Deux mois sont passés et Calliste, avec un petit groupe, sont parvenus à trouver quelques animaux sauvages, ce qui me vaut un regard triomphants de la part d'Aksel. Cela nous permet surtout de faire une vraie pause et Klam en profite aussitôt pour s'allonger et se reposer. Pendant le repas, j'entends de nouveaux quelques rires tandis que les chasseurs racontent leur aventure.

— Combien de temps tu penses que l'on peut tenir ?, me demande Ethel à voix basse, observant un petit groupe engloutir de larges morceaux de viandes.

Je soupire, créant une petite fumée blanche.

— Je n'en sais rien, je souffle en retour.

Le silence retombe, l'angoisse du lendemain commençant tout doucement à me tordre les entrailles. Que se passe-t-il si nous n'y arrivons pas ? Est-ce que le plan fonctionne toujours avec quinze personnes ? Fonctionnera-t-il avec dix ? Et avec cinq ? Qui sait combien de Survivants parviendront à la côte si le soleil ne revient pas... Comme s'il avait entendu ma prière, l'astre du jour est de retour trois jours après, faisant fondre la neige. Les estomacs ont été rassasiés par les bêtes sauvages –quoique plusieurs ont tout de même rendu le premier déjeuner– et les esprits sont au beau fixe. Plus personne ne se plaint et c'est comme si nous venions tout juste de quitter le QG. J'entends plusieurs survivants parler du bunker, le soir. Se racontant des histoires sur ceux qui y ont vécus. Les cœurs commencent à guérir, petit à petit, des ravages de l'explosion. Risu semble survivre à tout : la vague de froid, le manque de vivre, les hauts et les bas de l'esprit humain... Il se contente d'aller et venir, marchant parfois à côté de moi, parfois se posant sur mon épaule pour observer le monde. Il découvre les maisons abandonnées où la nature a repris ses droits, les champs couvert d'éclats de bombes, les forêts rasées... Ethel a probablement travaillé la route en amont de façon à ce que nous ne croisions aucun hôpital sur notre chemin, ni même une patrouille d'androïde. Les jours et les semaines défilent et le paysage ne change pas. Toujours ravagé, brûlé, mis à nu. Mais au moins, le soleil nous tient compagnie. Les jours sont plus longs, nous couvrons plus de terrain. Nos vêtements s'adaptent et rapidement, nous sommes en tee-shirt. Benny a retrouvé sa place auprès de Klam et je marche aux côtés de Calliste et d'Ethel, à l'avant du groupe. Ce n'est que lorsque mes pieds touchent pour la première fois du sable que je comprends. Nous y sommes parvenus. Il nous aura fallu plus de trois mois et la perte de cinq survivants, mais nous sommes désormais près de la côte. Enfin, à sept heures de la mer, pour être exact. C'est ici que le groupe se sépare et que le plan commence. Lorsqu'Ethel annonce que le voyage prend fin ici pour notre petit groupe de six, je n'entends que les bruits sourds des sacs à dos jetés sur le sol. Pour les huit autres, c'est un ballet d'échange de regards, à la fois excité et terrifié. A partir de maintenant, les androïdes peuvent être n'importe où.

— Nous faisons une pause d'une journée. Après ça, nous repartirons vers la côte, annonce Calliste.

Des soupirs de soulagement se font entendre. Je vois Klam se laisser tomber sur le sol, plongeant ses mains dans le sable, émerveillée. Comme beaucoup. Pour certains, c'est la première fois qu'ils voient du sable. Pour les autres, c'est juste une célébration. De mon côté, je pose lentement mon sac sur le sable et m'assoit à côté, plongeant ma main dans la masse chaude et sèche qui s'écoule entre mes doigts. Je ne peux m'empêcher de sourire.

— On a réussi, murmure Aksel en venant se poser à mes côtés.

Je hoche la tête.

— On a réussi, je répète, incrédule.


J

OYEUX NOËL ❤️🌈
Comment ça va ?
Je doute que vous lisiez ça le 24 au soir 😂😂 du coup, vous avez eu quoi pour Noël ? Des trucs bien j'espère ?

Sinon, ce chapitre ? 🤔
J'avoue, j'avais peur qu'il soit long et chiant, mais en fait ça va ? Non ? Vous me dites ! Moi je trouve.
Le plan : pour ou contre ?
La marche : trop longue ou bien ?
Le chapitre : long ou chiant ? 👀
Votre personnage favoris ?
Celui que vous aimez le moins ?
Pourquoi ?

Sur ce, bonne soirée de Noël 🎄❤️
Et à mardi prochain !

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