Prologue

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Danila n'aurait pas dû boire cette coupe de cidre.

Sa tante l'avait prévenue qu'une alpha devait toujours rester maîtresse d'elle-même. Ne pas toucher à l'alcool lors des réceptions était une règle de base, à laquelle il ne fallait déroger.

À présent qu'elle avait cédé à la tentation, elle en payait le prix.

— Gla... Gladis, bredouilla-t-elle en titubant vers sa tante. Je ne me sens vraiment pas bien, j'ai... J'ai comme la tête qui tourne.

Et c'était un bel euphémisme. Les lumières et les couleurs vacillaient tellement dans son champ de vision qu'elle voyait à peine le visage pâle de Gladis. L'image de celle-ci se dédoublait et se distordait en de drôles de formes, la transformant en monstre terrifiant.

— Qu'est-ce que tu as bu ? Ce n'est pas du champagne qui a pu te mettre dans cet état, si ?

Danila avait toujours trouvé que la voix de Gladis était un peu trop aiguë. Cependant, jamais elle n'avait sonnée aussi sifflante à ses oreilles.

— Non, je... C'était juste du cidre. Je ne pensais pas que c'était aussi fort et...

Ses mots se brouillèrent dans son esprit, alors qu'elle chancelait sur ses pieds. Sa tante lui attrapa doucement le bras et l'accompagna vers le bord de la terrasse. Danila n'avait pas vraiment compris l'intérêt d'organiser une soirée en extérieur, surtout avec les températures presque négatives, mais elle n'avait pas voulu contredire Gladis.

— Tu n'as qu'à t'éloigner un peu de la fête, lui suggéra cette dernière. C'est peut-être tout ce bruit qui te donne le tournis.

En effet, Danila peinait de plus en plus à supporter les sons qui lui parvenaient depuis une petite estrade, où jouaient des musiciens. Quelques minutes plus tôt, elle s'était pourtant émerveillée du récital donné par un vampire, virtuose du violon. Elle aurait voulu avoir la chance de lui parler – d'autant plus qu'il était très séduisant – or elle s'en sentait désormais bien incapable.

— Les invités ne doivent pas te voir dans cet état. Va faire un petit tour et reviens quand tu te sentiras mieux.

Danila manqua de trébucher sur le rebord de la terrasse. Gladis la retint à temps et l'encouragea à partir vers la forêt. La jeune alpha suivit son conseil et s'éloigna tant bien que mal de la fête.

Bien qu'assez petits, ses talons s'enfoncèrent dans la neige et la mousse, rendant sa marche encore plus compliquée. Elle ne sentait même pas l'eau glacée s'infiltrer dans ses chaussures. Au contraire, elle avait horriblement chaud.

Sans réfléchir à ce qu'elle faisait, elle laissa ses mains tremblantes dégrafer sa cape. Le manteau bleu tomba à ses pieds et pendant un instant, tout parut rentrer dans l'ordre. La fraîcheur ramena un peu de clarté dans son esprit et elle cessa de marcher. Elle prit une grande inspiration et la seconde d'après, son malaise revint.

Les arbres tourbillonnèrent autour d'elle, comme s'ils s'étaient mis à danser. Elle voulut faire un pas pour s'accrocher à l'un des troncs, mais il se déroba avant qu'elle ne l'ait atteint. Elle se sentit partir en arrière et tomba sur le dos, sans pouvoir faire quoi que ce soit pour se retenir.

Le froid enfonça ses aiguilles dans son cou et entre ses omoplates, or elle ne les sentit pas longtemps. Tout fut bientôt remplacé par un terrible engourdissement, qui ankylosait chacun de ses membres. Lorsqu'elle voulut plier un bras pour se redresser, il refusa de lui répondre. Elle essaya alors d'appeler à l'aide, mais son souffle resta bloqué dans sa gorge.

Plus la panique pulsait dans ses veines, plus son corps devenait douloureux. L'engourdissement se transforma en violents spasmes, qui semblaient contracter ses muscles. Elle ignorait si des larmes tombaient de ses yeux, car elle ne voyait plus rien. Rien, si ce n'était les étoiles et la lune, qui luisaient au-delà des branches.

Danila n'avait jamais été très croyante, mais elle se surprit à implorer l'astre argenté. S'il te plaît. Fais que quelqu'un me trouve. Elle ne comprenait pas pourquoi la Lune s'acharnait ainsi sur elle. Elle lui avait d'abord volé ses parents, avant de la condamner à jouer un rôle qu'elle ne maîtriserait jamais. Chaque jour, Danila devait endosser le masque d'une parfaite dirigeante, alors qu'elle n'était qu'une gamine maladroite et passablement stupide. Les spectateurs, au premier rang de ses piètres essais, auraient toujours de quoi rire. Une chute inopinée, une parole de travers, un discours mal structuré...

Quand serait-elle enfin libérée de cette malédiction ?

— Mademoiselle ?

Quelque chose – ou plutôt quelqu'un – apparut au-dessus d'elle. Elle devina les contours d'un visage masculin, aussi pâle que la lune.

— Mademoiselle, j'entends les battements de votre coeur et... Ils sont de plus en plus faibles.

Malgré les brumes où elle se perdait, ces paroles intriguèrent Danila. Comment cet homme pouvait-il entendre son coeur en restant si éloigné ? S'agissait-il du vampire musicien ?

Ces questions désertèrent complètement son esprit lorsqu'un noeud commença à enserrer sa poitrine. L'air déserta ses poumons, sans qu'ils ne parviennent à se remplir de nouveau.

— Je... Je crois que vous êtes en train de mourir, vos... Vos muscles sont paralysés.

Mourir ? Paralysés ? Danila voulut hurler sa détresse, mais elle ne contrôlait plus rien. Elle devenait étrangère à son propre corps, qui ne lui appartenait plus.

— Je n'ai pas le temps d'aller chercher les autres, mais... J'ai peut-être un moyen de vous aider. Le seul problème, c'est que... Vous vous réveillerez vampire.

Il parlait si vite qu'elle ne comprenait rien. Vampire ? Il ne devait pas avoir vu qu'elle était une louve et que toute transformation était impossible.

— Pas... Mourir, trouva-t-elle la force d'articuler. S'il vous...

Ce fut tout ce qu'elle put dire. Son dernier souhait resterait vain, puisque rien ne pourrait l'empêcher de mourir. Elle se sentait partir et...

Un liquide ne tarda pas à couler dans sa gorge. Elle en eut à peine conscience et ne put déterminer de quoi il s'agissait. Tout disparaissait petit à petit, pour ne laisser place qu'au néant.

Elle disparaissait.

— Vous n'allez pas mourir, affirma l'homme. Je vous le promets.

Si Danila avait pu songer à quelque chose, elle se serait demandé comment il pouvait en être aussi sûr.

Était-il son prince, destiné à la sauver ?

De dernières paroles parvinrent à ses oreilles, juste avant que les ténèbres ne l'emportent :

— Tout va bien se passer, ne vous inquiétez pas. À partir d'aujourd'hui, vous êtes une survivante.

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