Je n'ai pas dormi de la nuit, les cris et les gémissements autour de moi m'en avaient empêché, et ce qui m'était arrivé aussi. D'ailleurs, il s'était passé quoi? J'étais assise dans un coin de la pièce, assise dans une petite mare de sang sèchant à peine, mon sang n'avait toujours pas coagulé, pensive. La porte s'ouvrit d'un coup et Jean entra, à mon plus grand désarroi, je ne voulais pas le voir.

-Tes médocs! C'est quoi tout ce sang?!

Je marmonnais dans mon coin sans le regarder. Sa main m'agrippa à la gorge et me souleva comme si j'étais une poupée.

-Répète!?

Mes larmes coulèrent sans que je le veuille, il me faisait mal, j'avais mal, j'avais peur, je voulais rentrer chez moi.

-Je-je suis hémophile...

-Pétasse! Tu pouvais pas le dire à l'accueil?

Il m'envoya au sol et sortit en laissant la porte ouverte, braillant et vociférant. J'étais mal retombée sur ma main meurtrie. Je vis en coin de mon oeil une boite sur le plateau qu'il avait fait tomber, une boite pleine de médicaments.

Et si... et si je m'étais fin à mes jours? De toute façon, j'étais condamnée à vivre... survivre... souffrir et subir ici pour le reste de ma vie. A quoi bon lutter? Je me trainais avec peine jusqu'au plateau et pris d'une main tremblante le petit cylindre de plastique blanc, elle était pleine, tant mieux.

Un... deux... trois... quatre... cinq... six... sept... huit... neuf... dix... onze... douze... treize... quatorze... quinze... seize... dix-sept... dix-hu

-ARRETE!?

Une main fine m'arracha la boite des mains et je lachai les cachets sous le coup.

Mais c'était trop tard.

Je basculais sur le coté, l'effet des calmant était rapide. je me mis à convulser et à baver abondamment comme si je faisais une crise d'épilepsie, mon coeur peinait à battre puis battait la chamade à des intervalles irrégulières. Je vis le visage affolée de Sally qui hurlait des choses incompréhensibles pour moi puis l'obscurité m'accueillit, j'avais réussi à me libérer.

J'étais... bien. Je ne voyais rien, j'avais les yeux fermés, je sentais à peine mon corps. Un Bip assourdissant et régulier irritait mes tympans. Soudain, tout mon système nerveux avait l'air de s'éveiller et de chialer comme un bébé, se plaignant de tout et de rien, je grimaçais. J'avais l'impression d'avoir des crampes partout, ma bouche était horriblement sèche et j'avais faim.

-Elle se réveille!

-Doucement, Sally. Ne la brusque pas.

Un trait lumineux arriva à franchir mes paupières et me brula la rétine, je plissais les yeux avant de les ouvrir. Un énorme poids de fatigue m'assomma presque. Je vis Sally qui avait l'air très inquiète, je pouvais voir encore des traces de sillons de larmes sur ses joues. SOM se tenait de l'autre coté de mon lit, l'air grave. Sally me serra fort dans ses bras, extrêmement soulagée.

-Refais plus jamais ça! Compris?

Je ne dis rien, surprise. Elle se mit à pleurer dans mon cou, ce n'était pas vraiment agréable et je n'aimais pas la voir triste. Je m'excusais obligeamment, désolée de lui avoir fait de la peine.

-J'ai dormi combien de temps?

-En fait, 2 heures seulement, c'est surprenant d'ailleurs. Vu tout ce que tu as avalé, même un éléphant aurait pas survécu!

-Ah...

-Tu dois avoir faim, à ta place je quitterai mon lit maintenant. C'est Jean qui est de fonction à l'infirmerie...

Je me redressai aussitot, j'avais soudain presque plus mal. L'homme sans visage me prit par la taille et m'aida à sortir, je sentais sa main descendre.

-Hm hm, tu sais que j'ai la main facile?

-Ah ah! Oh oui EJ peste souvent contre "la salope de blonde qui lui casse les couilles", je peux te dire qu'il a un vocabulaire beaucoup plus fleurie qu'avant maintenant!

Je souriais un peu, tant mieux. Sa souffrance et sa rage compensaient la mienne. On alla au réfectoire sans attendre. Evidemment, ma main n'avait pas été soigné, ni même nettoyé... Il y avait beaucoup de monde à cette heure mais beaucoup discutait surtout. Je vis Toby, Joey et Marie entrain de parler à la même table qu'hier. SOM ne perdit pas de temps pour les interpeller.

-Hey les jeunes! Regardez qui revient d'entre les morts!

Je n'entendis pas les saluts des autres, ni ne vis leurs sourires, par contre je ressentais une douleur atroce à mon oeil gauche et le sol froid dans mon dos, une main appuyée sur ma gorge. Je posais ma main sur mon oeil fermé, un liquide chaud teinta ma main d'écarlate et coula sur ma joue telles des larmes. Je peinais à chercher mon souffle. Le géant de la bande força Toby à me lacher.

-C'est elle! C'est elle! Je dois la tuer ou elle va encore m'attaquer!

-Joey, amène le à Noki, elle va le calmer un bon coup.

-Lou! Ca va?

-Sally, écarte toi! Je vais la soigner.

Des membres fins me serrèrent contre le Slender à veste en cuir, je sentais qu'on se déplaçait. Il me déposa sur une couchette, sans doute la sienne car il y avait des sachets de forme carré en aluminium un peu partout, certains avec des bananes dessinées dessus. Des doigts fins et tièdes se balladaient au niveau de mon oeil.

-Hm la bonne nouvelle c'est que ton oeil est intact mais tu auras une belle cicatrice de l'arcade sourcilière à la joue... Dis moi, s'est il passé quelque chose de "bizarre" hier soir?

J'hésitais à parler de ce qui s'était passé avec le fantome. En voyant son regard... son visage sérieux, je ne pus résister.

-Merde! Ca c'est pas bon... Bon, à ta place, j'irais me reposer, même si tu as survécu. Ton corps, lui, est épuisé.

Il mit un bandage sur mon oeil pour arreter l'hémorragie même si cela n'allait rien faire. Je le remerciais quand même pour les soins puis allais me coucher, c'est vrai que j'étais crevée.

J'ai dormi TOUTE la JOURNEE! Je devais vraiment être crevée. Je somnolais paresseusement, profitant de cette pause méritée, quand j'entendis des voix, graves et tentant de se faire discrètes.

-Et pourquoi c'est moi qui devais t'accompagner?

-Parce que c'est de ta faute! Bon sang, pourquoi tu as changé ton mode opératoire?

-J'ai pas changé, elle m'agaçait.

-Attends, c'est parce que cette enfant ne croit pas à nous que tu as voulu jouer avec?!

-Pas jouer, l'effrayer. A cause d'elle, j'ai perdu ma place de number one sur le top creepy sex.

-... Non mais tu te fous de ma gueule?! Toi, LJ et Masky, vous serez puni!

-Quoi?! C'est injuste!

-Bon, on l'emmène, d'après mon ... cousin, elle est possédée par la soeur de Toby.

-Bah on la laisse se faire buter.

Je sentais un courant d'air chaud chatouiller mon nez. Je me mis à éternuer, dans le réflexe, je me mis en boule. Mes genoux tapèrent dans quelque chose alors que je pensais rêver. Le rêve n'en était pas un quand j'entendis un gémissement et un juron.

-Putain, mes couilleuh!!!!!......

-Hein?

Je me réveillais complètement en voyant EJ et un autre type qui ressemblait à un coton tige. Je n'osais plus bouger.

-Mais tu vas arreter de taper là oui?! Oh bordel, j'ai mal....

-Hm... je crois que tu as eu ta punition... Lou, c'est bien ça?

L'homme se pencha sur moi.

-Euh o-oui?

-Je suis le Slenderman, le cousin de SlenderOffenderMan. C'est lui qui m'a dit de venir te chercher. Te sens tu prêtes à nous suivre sans protester?

Le Slender... J'avais le Slender devant moi, je ravalais un rire nerveux, ou hystérique, puis hochais la tête. J'étais complètement folle d'avoir accepté. Il me prit dans ses bras et une sorte de porte noire apparue devant nous. J'avais peur de ce noir, j'en ai toujours autant peur.

Et pourtant, dans ses bras...

Je me sens... Bien.