Chapitre 30

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La pluie s'abattait avec force dehors, ruisselant sur les carreaux de ma fenêtre, telles des larmes sur un visage. Le vent s'engouffrait sous les tuiles dans un bruit monstrueux, me glaçant le sang. Je tremblais de tout mon être, recroquevillé au pied de mon lit. Mère venait de me laisser. A cette époque, je n'avais que cinq années d'existence, j'étais bien trop jeune pour comprendre cette femme. Je ne savais pas pourquoi elle revenait toujours vers moi. A chaque fois que mon père la froissait, elle venait me tirer hors de mes draps dans un horrible vacarme, ses doigts brûlants sur mon faible poignet. Elle me ruait de coups, exaltant sa rage et sa frustration sur moi, un fils indigne, né de l'union entre un noble marchand, et une courtisane.

Mais son visage était si doux. Ses yeux sombres contrastaient avec sa chevelure blonde, ondulant, à la façon des anglaises, sur ses épaules blanches. Elle était toujours vêtue de manière raffinée, et passait son temps à lire, et à jouer du piano. Il n'y avait qu'avec moi qu'elle montrait des traits aussi déplaisants.

Enfant, je ne savais pas pourquoi elle me détestait. Je ne connaissais même pas le visage de mon père, et je doute qu'il connaissait mon existence. L'esclave qui s'occupait de moi, m'avait dit un jour, que ma mère m'aurait enfermé ici dans le but de me cacher aux yeux du Monde. Cacher le fruit d'un adultère, qui amènerait le déshonneur sur la famille.

J'étais trop jeune. Je ne comprenais pas. Je ne pouvais pas comprendre, pas encore. Ou peut-être que je ne voulais pas le voir. Je ne pouvais qu'observer, et constater. Constater que cette mère, me détestait. Elle me haïssait, et pourtant, elle m'avait isolé dans des appartements bien plus que convenables. Certes, ils se trouvaient au grenier, mais j'étais logé, et bien nourrit. Et le regard de cette femme me poursuivait, même dans mes songes. Il était empli de culpabilité, de remords, et de douleurs. Je ne pouvais pas savoir que j'en étais la cause, mais cela me troublait déjà. Je la craignais. Je craignais toutes les femmes depuis qu'elle avait posé ses mains sur moi. Chaque femme me rappelais ma mère.

Mes yeux larmoyants se posèrent sur le coin de ma chambre, attirés par un petit point noir qui s'agitait dans le vide. Je me rapprochais, rampant sur le sol, bien trop épuisé pour me relever. Ma jambe me faisait horriblement mal. J'avais beau essayer de la masser, rien n'y faisait.

Une fois prêt du mur, je pus clairement distinguer cet insecte. Cette passionnante créature qu'est l'araignée. C'était la première fois que j'en voyais une. J'étais fasciné par la manière dont elle se balançait pour tisser sa toile, c'était comme une danse. Une danse parfaitement calculée, et ordonnée. C'était magnifique...

Mais souvent, les plus belles choses sont les plus dangereuses. Ce n'est que deux jours après que j'ai pu observer l'utilité de son œuvre, lorsqu'une pauvre mouche était venue se piéger dans cette toile. Le prédateur était sortit de l'ombre, lentement, sûrement, comme pour faire durer son plaisir. La proie s'agitait, essayant bien que mal de s'échapper, mais on ne pouvait s'échapper de cette toile. Une fois qu'on y est piégé, tout est fini. L'araignée observa encore quelques instants sa proie, comme pour se délecter de sa souffrance, puis, d'un geste vif, elle l'assaillit, enfonçant ses crocs dans la carcasse de l'insecte. Elle l'entoura ensuite d'une toile, se déplaçant à une vitesse fulgurante. Il ne restait qu'un cocon de fils lorsque le monstre se tapit de nouveau dans l'ombre.

Je sursautais quand la porte s'ouvrit dans un grincement sourd, laissant apparaître la petite tête blonde de la servante. J'hurlais de terreur à la vue d'une femme, bondissant sous mon lit pour m'en cacher. Je pouvais sentir mon cœur palpiter contre ma poitrine, et ma respiration se faisait de plus en plus saccadée.

- Monsieur... Je ne vous ferais aucun mal... Sortez de votre cachette...; murmura-t-elle en se penchant pour rencontrer mon regard.

J'hurlais de nouveau, lui faisant savoir que je ne voulais pas qu'elle m'approche. Je ne voulais pas qu'elle me touche, je ne voulais pas qu'elle me frappe...!

J'appelais désespérément à l'aide, au grand désespoir de la domestique. Des bruits de pas se firent entendre, ils accouraient vers nous. Une lueur d'espoir naquit dans mon regard lorsque je reconnu la voix d'Icris, l'esclave qui s'était toujours bien occupé de moi. Sans plus attendre, je sortais de ma cachette, courant me réfugier derrière lui.

- Anna ! Tu sais bien que le petit ne supporte pas la compagnie des femmes !; s'écria-t-il en me prenant dans ses bras.

- Je... Je suis désolée Icris... Je pensais que ce n'était qu'avec Madame...; hoqueta la servante d'un air confus.

Icris lui adressa un regard noir. Je ne l'avais jamais vu comme ça, avant. Elle frémit, avant de sortir de la pièce le pas rapide. Il se retourna vers moi, soudainement apaisé. Sa main caressa mon crâne. Cet esclave était le seul à m'offrir de la tendresse. Je ne savais pas ce qu'était réellement un "père". Mais pour moi, Icris en était l'incarnation idéale. Il examina les bleus laissés sur ma peau par ma mère, en même temps que les traits de son visage se déformaient par la tristesse.

- Je vous promet que ce soir, tout prendra fin.; m'annonça-t-il d'une voix tremblante.

Je le questionnais du regard, cherchant dans ses yeux une quelconque explication. Que voulait-il dire par "prendre fin" ? Il essuya du revers de sa main mes joues encore humides, avant de me soulever de ses bras puissants. Mes pieds s'éloignèrent du sol, pendant que je les agitais gaiement. J'écartais les bras, un sourire illuminant mon visage, pendant qu'Icris me faisait tournoyer dans les airs. Après quelques tours, il me ramena contre lui, et m'installa dans mon lit. Il ébouriffa une dernière fois mes cheveux, avant de souffler sur la petite bougie qui éclairait la pièce. Tout devenait soudainement noir, et Icris avait disparut de mon champ de vision.

J'avais oublié ses paroles, tout comme j'avais oublié que le Mal était déjà tapit dans l'ombre, prêt à attaquer, tel une araignée.

Un hurlement strident me tira hors de mon sommeil. Je me redressais, transpirant, cherchant désespérément un repère dans ces ténèbres. Je cherchais à tâtons la fenêtre de ma chambre, chutant soudainement de mon lit pour rencontrer la fraicheur du sol avec violence. La paume de ma main s'appuya sur le mur, je pouvais enfin me repérer. Je m'aidais de cet appuie pour me relever, grimaçant quand la douleur de ma jambe se réveilla. Je parcourrais le mur, avançant lentement, quand mes doigts effleurèrent une crevasse, et un carreaux froid. J'avais enfin trouvé la fenêtre...! J'allais me réjouir quand ma vue fut soudainement rouge, et les carreaux brûlants. Je criais de surprise, tombant en arrière. La chambre était maintenant éclairée par de gigantesques flammes qui se propageaient sur les hauts arbres de la propriété. Je finis ma chute sur le parquet, mon bras droit ayant violement heurté le bois dur. Je relevais difficilement la tête, et mon cœur manqua un battement. Je me retrouvais nez à nez avec l'araignée au coin de ma chambre. Sa carcasse noire laissaient les flammes se refléter sur son corps. Je reculais, poussant un nouvel hurlement de terreur. Et je n'étais pas le seul à hurler.

Je pouvais entendre les serviteurs qui appelaient désespérément à l'aide. Des hurlements de terreurs, de douleurs... Je repliais mes jambes sur mon ventre, plaquant mes mains sur mes oreilles. Je ne voulais plus rien entendre... C'était un rêve... Un cauchemar... Et j'allais me réveiller...!

Je fermais les yeux si fort qu'ils se plissèrent.

J'attendis quelques secondes, avant de les rouvrir.

Mais à mon plus grand désarroi, je ne m'étais pas éveillé. Je ne pourrais jamais m'éveiller.

Il fallait que je réagisse, mais mon corps endormi, refusait de m'obéir. Tout mon corps tremblait. La chaleur était intense, et pourtant, je claquais des dents. Je ne voulais pas mourir... Je gémissais, horrifié à l'idée de mourir brûlé. Je prenais alors mon courage à deux mains, courant vers la porte de ma chambre et tambourinant le bois.

- Laissez-moi sortir ! A l'aide !; criais-je à plein poumons.

Je toussais sèchement, tombant à genoux. La fumée avait déjà commencé à pénétrer dans mon corps. Je donnais un dernier coup à la porte, avant de tomber définitivement, les larmes noyant mon visage.

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Je pouvais entendre des voix.

Des voix qui m'étaient inconnues, accompagné de frémissement et de craquements sourds. Mes lourdes paupières s'ouvrirent, et une silhouette trouble m'apparut. Deux bras puissants me soulevaient, pendant que cet homme marchait. La pluie tombait, mêlée aux braises orangées qui dansaient dans le ciel tels des flocons de neige. Je posais finalement les yeux sur mon sauveur. Une capuche retombait sur le haut de son visage, m'empêchant de distinguer ses yeux. Il portait des vêtements semblables à ceux des chevaliers, bien qu'il ne portait aucun insigne royale. Son menton était décoré d'un bouc brun, et sa mâchoire d'une barbe de quelques jours, rêche. Il était accompagné d'autres hommes, portant un uniforme semblable au sien. J'aurais voulu m'enfuir, mais sa poigne était trop forte, et je n'en avais pas les forces. Je ne pouvais même pas articuler un mot. Un simple gémissement étouffé parvint à se faire entendre.

L'inconnu abaissa sa tête, et ses yeux gris rencontrèrent les miens. Ils étaient attendris, et à la fois plein de pitié.

- N'essaies point de parler, l'ami. Tu auras tout le temps pour ça quand tu auras repris des forces.; sourit-il en me maintenant plus fermement, comme pour me rassurer.

Je ne comprenais pas... Etaient-ils des ennemis ? Ou des amis ? Etait-ce eux qui avaient fait ça ?

- La chance est avec ce garçon !; s'enthousiasma un autre; Si l'esclave ne nous en avait pas parlé, il serait sûrement mort, le veinard.

Mon sauveur lança un regard sombre à son coéquipier.

- Je n'aime pas que l'on parle de la sorte de mes amis, Théo. Et encore moins quand il s'agit d'Icris.; gronda-t-il de sa voix raillée.

Le jeune homme s'arrêta, apeure pendant quelques secondes, puis afficha un sourire faussement enjoué. Le genre de sourire que l'on affiche lorsque l'on a fait une bêtise, et que l'on souhaite changer de sujet.

Le troisième homme, un peu plus âgé, s'approcha de mon porteur.

- Tu es vraiment sûr pour cet enfant ?; demanda-t-il en me lançant un regard inquiet.

- Oui.; souriait le concerné; Je ferais de lui mon fils.

Il me déposa à l'avant de son cheval, me maintenant contre son torse à l'aide d'un cordage. Je regardais sur ma droite, pendant que nos agresseurs discutaient de la trajectoire à suivre. Le grand et si beau château de ma famille était en train de brûler, piégé au cœur des flammes. Les jardins n'étaient plus que branches mortes, et cendres. Les écuries s'étaient écroulées, et le chevaux s'étaient enfuis. Les pierres ocres qui décoraient les façades avaient noircies, et le bois continuait de tomber dans un craquement sordide. J'aurais tellement aimé que la pluie éteigne ce feu. Mais elle n'était pas assez forte.

Et j'étais comme la pluie. Je n'étais pas assez fort pour me défendre, ni pour protéger ce qui m'était chère.

Un nœud se nouait dans mon estomac quand j'aperçu au loin, Icris. Il nous épiait, sans bouger, depuis les flammes.

"Tout sera fini."


- Pourquoi Icris ?; hurlais-je la rage au ventre; Pourquoi ?


Le concerné détourna son regard, disparaissant dans les flammes. Je voulais crier, hurler, pleurer, mais je ne savais pas quel visage afficher. Quel masque devais-je porter après une trahison aussi douloureuse ...?

La monture brune entama sa marche, me tirant hors de mes pensées. Je me débattais vivement, essayant de descendre. Une main puissante attrapa mon col, me soulevant pour me rassoir correctement. Je jetais un regard haineux vers l'homme qui m'avait sortit des flammes. Mais il souriait d'un air satisfait.


- Attends d'être un homme pour me lancer ce regard.; ria-t-il à gorge déployée.


Je n'eu pas le temps de protester qu'il agitant les reines du cheval, appuyant ses talons contre le ventre de l'animal. La bête hennit, avant de partir au galop, suivit des deux autres guerriers. De mes yeux enfantins, je voyais ma demeure s'éloigner, tomber en ruines. La rage me tenait les tripes, et pourtant, je me sentais comme libéré. Libéré d'être sortit de cette prison, et vexé d'avoir été trahit par Icris. Je resserrais mes doigts sur le crin rêche de la monture.

J'étais si fatigué... Si épuisé... Que mes yeux, mi-clos, finirent par se fermer malgré moi. Je sombrais dans le vide, le noir total.


A mon réveil, j'étais dans un lit confortable. J'examinais la petite chambre dans laquelle je me trouvais. les murs étaient faits de bois sombre, et minutieusement taillé. A ma gauche, sur la table de chevet, était disposé un plateau en bronze, présentant deux morceau de pain, et une soupe. Mes yeux étaient rivés sur ce plat. La faim me tenaillait. J'allais prendre un morceau de pain, quand ma raison me rattrapa. Je ne devais pas. Je reculais au fond du lit, avant de me lever. Il fallait que je sorte d'ici. Mon attention se déporta sur les pans de bois. J'effleurais de mes doigts les tracés qui y avaient été gravés. C'était des noms, des desseins, des cartes grossièrement décrites...

C'était complétement différent des tapisseries raffinées qui ornait mon ancienne chambre. L'image rougeoyante et la chaleur des flammes étaient encore présentes dans mon esprit. Je m'agenouillais, portant mes mains à mes yeux, gémissant. Si seulement tout cela avait été un cauchemar...!

On toqua à la porte. Je relevais brusquement la tête, portant mes yeux à la poignée ronde qui commençait à tourner sur elle-même. Je me précipitais sous mon lit, épiant la silhouette qui venait d'entrer.

C'était une femme, aux formes rondes et généreuses. Elle avait un teint rosé, et de petits yeux vert foncé, et ses cheveux châtain étaient rassemblé en un chignon quelque peu négligé. Elle portait une longue robe terne, recouverte d'un tablier blanc et taché. Ses grands pieds nus s'approchaient du lit, et elle se pencha pour me sourire.


- Allez, sors d'là dessous, mon p'tit !


Je la regardais encore quelques secondes, immobile. Elle était vulgaire et laide, tout le contraire de ma mère. Je secouais vivement ma tête en guise de "non". Son sourire s'effaça, et elle fronça les sourcils, l'air mécontente. Ses fortes mains vinrent m'attraper les poignets pour me tirer hors de ma cachette. J'hurlais de terreur, alors qu'elle poussait un soupir d'exaspération. Elle m'assit sur le lit, en m'ordonnant de ne pas bouger d'un cil. Elle se retourna ensuite vers le plateau disposé sur la table de chevet, et afficha un air concerné quand elle conclu que rien n'avait été mangé. Pendant qu'elle réfléchissait, j'inspectais mes poignets. Ils n'étaient pas rouges. Ils ne me brûlaient pas...

Je levais vers elle un regard interrogateur. Elle comprit mes attentes, et me décocha un doux sourire. J'en fus surpris. Son visage si laid semblait maintenant rayonner de tendresse, il en était presque devenu magnifique. Sa lourde main se posa délicatement sur mon crâne, caressant mes cheveux. Je sursautais, soudainement rappelé à la réalité : Une femme me touchait. Je ne pouvais pas savoir si elle n'allait pas profiter de mon inattention pour me frapper. Je reculais brusquement, me cachant sous mes draps, et gardant toutefois un œil sur elle. Elle soupira de nouveau, posant ses mains sur ses hanches.


- Clovis m'avait dit qu't'étais craintif... T'inquiètes po, va. Je n'te ferais aucun mal !; déclara-t-elle en s'en allant joyeusement.


Qui était cette femme ? Pour qui se prenait-elle ? Une femme normale se serait énervée ou découragée à mes réactions. Je n'eu pas le temps de prolonger ma réflexion : la porte s'ouvrait de nouveau. Un homme de la trentaine entra le pas léger. Il avait les cheveux bruns, très courts, une cicatrice sur son front dégagé, une barbe de quelque jours et un bouc. Ses mains attrapèrent une chaise, et il la plaça à côté de mon lit, passant ses jambes de chaque côtés du dossier. En en juger par sa tenue, il n'était pas très riche, mais se préoccupait tout de même de son apparence. Il était vêtu d'une chemise en lin blanche, ou plutôt beige, légèrement entrouverte au niveau du col. Ses manches étaient très amples au niveau de ses avant-bras, et un fil les resserrait au poignet. Il portait un pantalon en lin brun, assez moulant pour laisser paraître la forme de ses cuisses; et des bottes en cuir lui montant jusqu'aux genoux. Ses yeux gris étaient braqué sur moi, et son visage était décoré d'un sourire satisfait.

Ses yeux gris... Je les avais déjà vu quelque part...

Le premier souvenir qui vint frapper mon esprit fut les flammes submergeant mon ancienne demeure. La sensation de deux bras puissants me soulevant, et me portant hors de danger. Une ombre vacillante entre les braises, et le vide. Oui, je me souvenais clairement, désormais. Ses yeux gris appartenaient à l'homme qui avait brûlé ma maison, tué ma famille... Mais aussi à l'homme qui m'avait sauvé. Je ne comprenais pas la raison de son geste. Il aurait pu me tuer comme les autres, alors pourquoi étais-je encore en vie ?

Il sembla deviner les questions qui se bousculaient dans mon crâne. Il inspira profondément, avant de se lancer :


- Ne me vois pas comme le pire des déchet. Je ne tue pas pour le plaisir, je le fais car c'est mon devoir en tant qu'Elu. Notre assemblée vole les riches pour donner aux pauvres. Ce pays souffre, petit. Le peuple a faim, et vit dans la crasse et la misère. Et pourtant, les nobles peuvent se permettre des caprices. Ton père était un marchand très prisé, ayant fait alliance avec la religion. Il était évident qu'il n'était pas concerné par ce que nous vivons. Je ne devais pas le tuer. Normalement, nous ne tuons pas. Mais il a essayé de défendre ses richesses, et nous n'avons pas eu d'autre choix que de l'éliminer. Si tu te demande pourquoi nous ne t'avons pas tué, petit, c'est parce que tu es innocent.

- Qu'Est-ce qui vous fait croire que je le resterais ? Vous avez pillé ma maison, tué ma famille, et brûlé les restes auxquels j'aurais pu me rattacher. Pourquoi resterais-je les bras croisés à ne rien faire ?

- Tout simplement car tout te tombe dessus, gamin. Ton père t'as laissé entre les mains de sa femme, sans se préoccuper de ton existence, et tu as passé ta vie dans un grenier, à attendre que les coups viennent rythmer tes journées. Je ne t'ai pas seulement sauvé des flammes, je t'ai aussi sauvé de ton passé.; répondit-il fièrement; de plus, tu peux geindre autant que tu le désires, je sais qu'au fond de toi, tu me remercies.


Sur ces paroles, ces yeux se plongèrent dans les miens, et un sourire sournois se dessinait sur ses lèvres. Je ne pouvais pas le nier. Il avait raison. Je n'avais jamais vu mon père, donc je ne pouvais pas m'y être attaché. Et la seule affection qu'avait dénié me donner ma mère, était un enchaînement de coups par jour. Mais les esclaves... Les esclaves n'avaient rien fait. Je baissais la tête, les larmes me montant aux yeux. Il se leva pour s'assoir à côté de moi, et me regarda longtemps avec un air concerné, et inquiet. Il devait sûrement avoir pitié de moi. Il leva sa main droite vers mon crâne. Allait-il me caresser les cheveux comme l'avait fait l'inconnue tout à l'heure ? J'avais cruellement besoin d'affection...

Le revers de sa main vint heurter mon crâne, qui s'inclina en avant sous la force du coup. Je rester immobile quelques instants, les yeux grands ouverts. Mes larmes s'étaient arrêtées de couler. J'orientais un regard incompréhensif vers mon assaillant. Il expira bruyamment, avant de se relever, croisant les bras, et se tenant droit.


- Un homme ne pleure pas !; s'écria-t-il.


Je pouvais sentir la rage me prendre par les tripes. Pour qui se prenait ces paysans ? Je me relevais brusquement, me tenant sur mon lit afin de rivaliser avec sa taille.


- Qui es-tu pour me dire comment dois-je me tenir, paysan !; hurlais-je rouge de colère.


Il semblait intrigué par mon soudain emportement. Allait-il me tuer cette fois-ci ? J'attendais en haletant une réaction de sa part, mais il resta ainsi quelques secondes encore, avant d'annoncer fièrement, et en gonflant ses poumons :


- Je suis Clovis Drossard, et à partit d'aujourd'hui, tu dois m'appeler "père".


Mon cœur manqua un battement. Que venait de dire ce fou ? Que je devais l'appeler père ? Impossible. Je devais rêver. Je laisser s'échapper un petit rire, mêlé à un souffle, avant d'éclater de rire, retombant sur mon lit. Je riais jaune. Toute ma nervosité accumulée jusqu'ici semblait s'évacuer dans ce rire. Il s'était rassit sur sa chaise, me regardant avec des yeux attendris.


- C'est bien...; murmura-t-il; Il vaut mieux rire que pleurer.


C'est ainsi que ma nouvelle vie commença. J'étais très méfiant au début, mais avec les années, ces doutes s'étaient dissipés. Je goûtais enfin aux liens familiaux, avec un père, et une mère. Ma douce mère, n'était qu'autre que la femme ronde qui était venu me voir à mon premier réveil ici. Elle portait le nom de Berthe Drossard, et il n'existait pas plus belle femme qu'elle. J'avais été stupide de juger par les apparences. Elle était toujours à mes petits soins, et essayait toujours de me satisfaire, même malgré nos problèmes d'argent. Clovis attendait toujours que je l'appelle "père". Devant lui, je faisais le malin, et je m'amusais à le torturer de la sorte. Mais au fond de moi, je n'ai jamais autant aimé une personne autre que lui. Il avait des airs rudes, et il m'entraînait durement pour que je devienne fort; mais il était bon, et juste. Avec lui ,j'avais tout intérêt à me tenir dans le droit chemin. Car il était d'un naturel plaisantin, mais quand quelqu'un commettait une faute, il était sans pitié. J'avais pu le voir à l'œuvre avec d'autres Elus, comme il s'appelaient, autrement dit, les deux autres hommes qui avaient détruit ma maison. Ils venaient souvent manger à la maison, boire jusqu'à ne plus tenir debout. Mon père et ses amis aimaient faire la fête, et je ne pouvais pas leur reprocher d'aimer les bonnes choses.

Les années avaient passées. Mon corps s'était sculpté grâce aux entraînements acharnés de mon père. Il voulait que je devienne comme lui, que j'intègre l'Ordre des Elus. Mais j'avais encore quelques réticences. Leurs règles étaient strictes. Ils respectaient, pour ainsi dire, le code de la chevalerie. Mais ce qui m'effrayait le plus... C'était de ne pas être capable de protéger mon père. Il se faisait vieux, le temps avait déjà prit la couleur de ses cheveux, et avait déjà fait son œuvre sur son corps, même si ce vieux loup persistait à me dire le contraire.

J'avais quinze ans, lorsque Clovis vint me voir pendant mon entraînement du soir, ce qu'il ne faisait jamais. Son air était grave, ses yeux vides. Je m'arrêtais, prenant un linge pour essuyer la sueur qui ruisselait le long mon visage et de mon torse.


- Mon fils...; dit-il d'une voix raillée.

- Qu'Est-ce qui t'amène Clovis ?; riais-je en accourant vers lui.


Il plongea ses yeux dans les miens, semblant chercher en moi quelque chose. Sa main tremblante se leva pour caresser mon visage, et les traits tendus de son visages se relâchèrent. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, et sa main descendit sur ma nuque, plissant légèrement ma peau. Il avait l'air étrange. Très étrange.


- Clovis ?; l'interpellais-je incertain.

- Mon fils...; reprit-il; fais-moi une faveur...


Ces mots commençaient à m'inquiéter. Je pouvais sentir mon cœur commencer à s'emballer.


- Laquelle Clovis ? Demandes-moi tout ce que tu veux, si c'est en mon pouvoir, je le ferai !; luis assurais-je.

- Ne rejoins jamais l'Ordre des Elus.; gémit-il en relâchant ma nuque, et baissant les yeux.


Je restais immobile. Avais-je mal entendu ? Mon père m'avait toujours entraîné pour que je puisse y entrer, et sa dévotion pour cet ordre était inégalable. Alors pourquoi ? Je m'empressais de lui demander la raison de cette demande, mais il ne me répondit pas. "Jures-le moi.", avait-il insisté. Troublé de voir Clovis de la sorte, je ne pus que le lui jurer. Ayant vérifié ma sincérité, il se détourna, pour retourner dans la maison, le pas lourd.

J'y avais repensé toute la nuit. Cette pensée me tourmentait, me torturait. Elle me tirait hors de mon sommeil, et m'obligeait à m'imaginer tous les scénarios possibles, plus horribles les uns que les autres. La nuit sembla longue. Terriblement longue...

Au bout de plusieurs heures, les premiers rayons de soleil vinrent se faufiler aux travers de mes volets. Ils m'éblouirent, et me brûlèrent mes yeux fatigués. Un bruit m'interpella. Le bruit familier d'une lame glissant dans son carquois. Je me précipitais hors de ma chambre, sans même prendre la peine de me vêtir convenablement. Mon père se trouvait dans le salon, dans sa tenue de travail. La même tenue dans laquelle je l'avais rencontré pour la première fois. Il me lança un regard surpris. Je ne me levais pas aussi tôt, d'habitude.


- Clovis, c'est de la folie !; m'écriais-je en lui attrapant le bras.


Il prononça mon prénom du bout des lèvres, et d'une voix sous-entendant des milliers de remords, et de reproches. A son âge, prendre un mission était plus que risquée : C'était du suicide.


- Je vais y aller à ta place... Je t'en pries... Tu sais comme moi que ton corps n'a plus les capacités qu'il avait antan...; gémis-je en essayant de lui retirer l'épée des mains.

- Non !; cria-t-il d'une manière se voulant autoritaire.


Je m'arrêtais subitement. C'était l'une des rares fois où Clovis me parlait sur ce ton. Je pouvais voir dans son regard des excuses. Il se rapprocha de moi, et m'examina longuement.


- Regardes-toi...; murmura-t-il; tu fais la même taille que moi maintenant... Tu es un homme. Un beau jeune homme. Comme le temps passe vite...Tu dois faire des jalouses autour de toi. N'oublies jamais mon fils : Vis ta vie sans rien devoir à personne, et vas où ton cœur veut te mener.

- Pourquoi me dis-tu cela maintenant...?; demandais-je d'une voix tremblante.


Il ne répondit rien. Il semblait perdu dans mes yeux. Et, pendant quelques secondes, il me semblait les avoir vu pétiller, comme si il se retenait de pleurer.


- Clovis...; insistais-je.

- Appelles-moi "père". Pour une fois, appelles-moi "père".; reprit-il.

- Tu sais très bien que je ne peux t'appeler que Clovis.; souriais-je en espérant le voir plaisanter comme à son habitude.


Il souriait tout en soupirant. Puis, il passa sa lourde main dans mes cheveux, et m'amena contre lui, afin de me serrer dans ses bras. Il n'avait jamais fait ça auparavant. Voulait-il vraiment que je l'appelle "père" à ce point ?


- Allez mon fils ! Je te dis à bientôt !; s'exclama-t-il soudainement, en ayant reprit sa joie de vivre habituelle.


Je restais pensif quelques instants, mais le père que j'avais toujours connu était en face de moi, comme il l'avait toujours été. Je soupirais, soulagé de voir que je m'étais inquiété pour rien. Il franchit d'un pas décidé la porte, sa cape se soulevant avec le vent. Il rabattit sa capuche sur son visage, et me décocha un dernier sourire triomphant avant de disparaître dans le brouillard. Je le saluais, avant que le froid de l'extérieur de vienne me glacer le sang. Je refermais la lourde porte en bois, et pris quelques bûches pour allumer le feu de la cheminée. Je frottais mes mains afin de les réchauffais, et attendais patiemment que la maison se réchauffe.

L'Hiver passa, et mon père n'avait plus donné aucun signe de vie, à part quelques lettres, dans lesquelles il nous affirmait qu'il allait bien, et qu'il priait Dieu pour que nous restions en bonne santé. Ce n'est qu'à la fin du printemps, à l'aube de l'été, qu'Arnaud, un des deux amis à mon père, vint franchir le seuil de la porte en trombe, paniqué. Ma mère et moi avions accourut pour l'accueillir, et il nous annonça entre deux bouffée d'air :


- Clovis... Clovis... Clovis a été attrapé par les gardes...!


Mon Monde s'effondrait. Nous savions tous les trois ce que cela voulait dire. Ayant pillé, tué, mon père allait sûrement se faire exécuter. Je ne le réalisais toujours pas. Je ne prenais même pas la peine de consoler ma pauvre mère. Je les avais laissé seuls, pendant que je partais aux prisons. Je dévalais les rues à en perdre haleine, mes poumons menaçaient d'imploser. L'air me semblait lourd, et la panique me gagnait. Par miracle, j'avais réussis à voir mon père. Je devais sûrement trop faire pitié aux gardes de la prison. Il était enchaîné à un mur de pierre, dans une cellule sombre et humide, avec comme seul couche un tas de foin sec. J'empoignais les barreaux, collant mon visage contre la grille, afin de pouvoir me rapprocher le plus possible de lui.


- Clovis...!; gémis-je.


Il leva les yeux vers moi, et une lueur de joie vint animer ses yeux gris. Il se leva avec difficulté. Je pus constater que ses vêtements étaient déchirés, son visage était creusé, et sa peau était sale, couverte de sueur, et de suie. Il répétait mon prénom, souriant de soulagement. Il me demanda vite des nouvelles de Berthe, comme si tout était normal. Avait-il conscience de sa situation ? Je ne le crois pas. Alors, en colère, je lui hurlais dessus, l'accablant d'injures. Je lui demandais pourquoi il était partit, pourquoi il m'avait fait juré, pourquoi il s'était fait prendre. Tout prenait un sens, désormais. Sa faveur, son comportement étrange, ses aveux, et son emprisonnement... Tout avait déjà été prévu. Il trouva ma réaction touchante, et normale. Il semblait heureux que je me fasse du soucis pour sa personne. Je ne voulais pas le perdre... Pas lui...! Non...

Non...!

Il posa sa main sur mon crâne, apaisant mes craintes. Son visage semblait si paisible. Je passais mes bras au travers des barreaux, voulant l'enlacer, le serrer contre moi. J'approchais ensuite mes lèvres de son oreille pour lui murmurer :


- Il n'y aurait pas un moyen de te faire évader ...?


Il leva un regard noir vers moi, se reculant doucement.


- Non, mon fils. L'exécution aura lieu demain. Et je ne suis pas le genre d'homme qui fuit.; annonça-t-il avec un soupir.

- Je t'en pries...; gémis-je en essayant bien que mal de le ramener vers moi.


Il reculait, jusqu'à se tapir dans l'ombre. Je l'appelais désespérément, mais il ne me fit pas l'honneur d'une réponse. Je devais sûrement l'avoir déçu, mais qu'importe... Je ne voulais pas le perdre...! Les gardes vinrent me tirer hors des cachots, et me jetèrent dehors, sous les manifestations et les hurlements des prisonniers. Je levais les yeux vers cette immense bâtisse, où ils attendaient leur dernière heure, puis je pris la fuite, ne pouvant plus supporter la vision de cet endroit. Mon ventre me faisait horriblement mal. Les nausées me donnaient des vertiges. Je manquais soudainement l'équilibre, et m'écrasais contre le sol boueux, sous le regard méprisant des passants. Je me relevais, avec difficulté, et m'appuyais contre un mur avant de vomir. Depuis quand la ville de Paris était-elle aussi laide ? Les pavés des rues étaient boueux, et les excréments de ses habitants étaient encore visibles dans les canalisations. L'air empestait. Les rats se dandinaient dans les rues. Les maisons de bois, entassées les unes sur les autres, s'élevaient, masquant ainsi la couleur du ciel. Je voulais m'enfuir. M'enfuir loin d'ici...

Sur ma route, je croisais plusieurs mendiants. Des femmes et des enfants criant famine. Pourquoi n'avais-je jamais remarqué cela avant aujourd'hui ? J'avais pourtant traîné dans les rues avec d'autres enfants, pour voler quelques fruits, mais je n'avais jamais remarqué toute cette misère et cette crasse. J'arrivais enfin devant chez moi, et je poussais à contrecœur la lourde porte qui me séparait de ma mère, en pleurs. Elle se rua vers moi, m'enlaçant de ses bras, et ses larmes mouillant ma chemise. Je respirais d'une manière saccadée, et me contentais de refermer mes bras sur elle. Je ne savais pas quel visage afficher. J'étais perdu. Je voulais me réveiller de ce cauchemars.

Arnaud m'avait prit à part, pour m'expliquer que les gardes avaient vu son visage. Découvrir le visage d'un Elu revenait à mettre en danger l'Ordre entier. Dans ces cas là, le coupable devait se faire passer pour un tueur et un voleur indépendant, et mourir, emportant dans sa tombe le secret de l'Ordre des Elus. Je trouvais cela horriblement injuste. Et si Arnaud n'était pas un ami à mon père, je l'aurais battu, et foutu dehors de force. Mon père avait aidé les pauvres, mais personne n'allait retenir cela, personne n'allait seulement le savoir. Le peuple allait l'accabler d'injures, sans savoir ce que cet homme avait fait pour lui. Il allait mourir comme une vermine. Un moins que rien. J'hurlais de rage avant de m'enfermer dans ma chambre. Si le Monde entier était contre lui, Berthe et moi allions le soutenir durant ses dernières heures.

Je n'avais pas fermé un œil de la nuit. Je m'habillais de noir, des plus beaux habits que j'avais. Berthe m'attendait, les yeux gonflés, dans une tenue que je n'avais jamais vu auparavant. Elle s'efforça de me sourire, d'une manière angélique, mais cachant une femme morte de chagrin. Je pris son bras, et nous partîmes sur la place où devait avoir lieu l'exécution. Chaque pas qui nous en rapprochait se faisait plus lourd. Le courage qui m'avait amené ici, semblait se noyer en moi. Mais je devais y aller. Pour lui.

Une foule était amassée devant un échafaud sur lequel s'élevaient deux piliers, rassemblés par une poutre d'où pendait une corde. Une silhouette familière se tenait sur un tabouret, face à cette corde. Un homme masqué, vint lui passer une corde autour du cou, pendant qu'un autre faisait un discours, énonçant les méfaits de cet homme. Les méfaits de mon père. Clovis parcourait la foule du regard, l'air paisible. Il regarda ensuite le ciel, envieux. Ma respiration se coupa quand je le vis sur ce tabouret. Je lâchais brusquement le bras de ma mère, bousculant les gens pour pouvoir me rapprocher de l'échafaud. Peu importe si je meurs, il fallait que j'essais de le sauver.


- Clovis ! Clovis !; hurlais-je au travers des blâmes de la foule.


Ses yeux semblaient me chercher. Et il afficha un air triste quand il me vit, en train d'essayer de me frayer un chemin au travers du peuple. Je continuais d'appeler son prénom. J'étais sur la pointe des pieds, en espérant que c'était bien moi qu'il voyait. Je n'arrivais pas, malgré mes efforts, à le rejoindre. Mais je ne me décourageais pas pour autant. Le bourreau se rapprocha d'un levier, et mon cœur manqua un battement.


- CLOVIS !; hurlais-je en vain.


Il plongea ses yeux fatigués dans les miens, et je pu lire sur ses lèvres mon prénom.


- Père...; murmurais-je en comprenant que je ne pourrais rien faire.


Il fronça les sourcils, n'ayant pas entendu. Un nœud se noua dans ma gorge, et je respirais moins que je ne gémissais. Je pouvais entendre Berthe m'appeler au loin, mais cela n'avait plus d'importance. Je recommençais pas course, criant de rage, et ordonnant aux gens de me laisser passer. Le discours venait de se terminer. Le noble lança un regard funeste au bourreau, qui plaça ses mains sur le levier. Ma respiration se coupa, et tout autour de moi devint silencieux. Les personnes semblaient s'évaporer, pour ne laisser apparaître que Clovis.


- PERE !; hurlais-je en éclatant en larmes.


Il ouvrit de grands yeux, avant de sourire tendrement.


- Je t'aime mon fils.; prononça-t-il avant de fermer ses paupières.


J'hurlais pendant que la trappe soutenant le tabouret s'ouvrir, laissant pendre le corps de mon père dans le vide. J'arrivais enfin à l'échafaud, essoufflé et en larmes. La corde s'était abaissée pour déposer le corps sans vie de mon père au sol. Je le pris dans mes bras, blottissant mon nez au creux de sa nuque. La colère et la tristesse se bousculaient en moi. Et je ne pouvais qu'hurler désespérément, et pleurer toutes les larmes de mon corps pour l'évacuer. Mon cœur me faisait atrocement mal, jamais je n'avais eu aussi mal. J'aurais préféré que l'on me poignarde plutôt que de le voir ainsi. Je gémissais de douleur, le berçant vainement. Berthe vint me rejoindre, m'enlaçant d'une manière protectrice.

Je devais venger sa mort... je devais le venger ...! Cette pensée me tourmentait, et tournait à l'obsession. J'allais faire souffrir tous ceux qui avaient osé me l'enlever...

C'était les dernière larmes qui eurent couler le long de mes joues.


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