1 - M. Citrouille et le Sorcier

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31 Octobre 2011

Il fait chaud, j'étouffe et je meurs de soif. Je souris à la demoiselle qui me fait face et lui indique le bar. Je n'attends ni qu'elle me réponde, ni qu'elle s'imagine que je pars lui chercher une verre. Certainement pas, je ne roule pas sur l'or. Et puis, les filles ne sont pas forcément ce qui m'intéresse aussi.

La soirée a commencé depuis quasiment deux heures, ma cousine m'a lâchement abandonné pour sauter dans les bras d'un garçon et je me suis fait courtiser par quatre pimbêches sorties tout droit d'une séance de botox. En effet, elles ont réussi le pari de venir déguisé et méconnaissable à cette fête d'Halloween.

Un sourire flotte néanmoins sur mes lèvres quand je m'accoude au bar pour commencer un mojito.  En réalité, j'ai énormément de difficulté à me déplacer. Quelle idée d'avoir pris un tel déguisement ! J'attrape le verre qu'on me tend et savoure la boisson alcoolisée. En me tournant vers la piste, j'aperçois ma cousine rire avec le même type pour qui elle m'a laissé tomber.

- Je ne savais pas que les citrouilles pouvaient se déplacer.

Je sursaute et me tourne brusquement vers la droite. Le rire amusé du garçon face à moi me fait froncer les sourcils. Il ne me dit rien du tout. Habillé d'une cape, baguette à la main et sacoche sur l'épaule remplie de plusieurs bouquins, il me sourit et récupère le verre que lui ramène le barman. Il porte un grand chapeau pointu noir, une fausse barbe blanche et une perruque de la même couleur. Je fronce les sourcils avec un sourire amusé. Sa prestance est impressionnante et l'aura qu'il dégage me fait frémir doucement.

- Gandalf a joué dans un film d'horreur ?, je réplique et il éclate de rire en secouant la tête.

- Aucun ressemblance avec Gandalf. Je ne suis qu'un vieux sorcier, il joue avec sa barbe sans perdre son sourire envoûtant. 

- Évite de me transformer en grenouille alors, j'ai Cendrillon à ramener chez elle à minuit, je lance avec un clin d'œil.

- Oh, tu es accompagné ?, il marmonne tout en tentant de garder son rictus chaleureux.

Je penche ma tête sur le côté pour le détailler un peu plus. Grand, yeux marrons, carré et sûrement musclé, il n'est vraiment pas mal. Son regard vole aussi sur mon corps et il pétille. Sûrement l'alcool. Quand ses iris s'accrochent aux miennes, ses lèvres s'étirent : ce n'est pas que l'alcool. Je lui plais, c'est flagrant sur son visage, ses yeux rieurs et le sourire charmeur qu'il ne perd pas.  Il est affreusement sexy en fait. Mon cœur tambourine alors un peu plus dans ma poitrine quand son pouce passe sur sa lèvre inférieure dans un geste mécanique.

- La citrouille a perdu sa langue ?, pouffe-t-il et je secoue la tête, revenant brutalement à la réalité.

- Non, pardon. J'ai accompagné ma cousine, j'explique alors rapidement en la pointant du doigt sur la piste pour ne pas porter à confusion mes propres. Je suis seul sinon : elle m'a abandonné dès qu'on est arrivé.

- Ah d'accord !, son ton rassuré me fait ricaner et il s'appuie contre le bar, effaçant quelques autres centimètres entre nous. Contrairement à toi, je suis venu seul. Mon frère devait m'accompagner mais il n'a pas pu.

- C'est embêtant, je déglutis alors qu'il rive ses yeux sur mes lèvres.

- Pas forcément... Sinon, dis-moi, pourquoi ce déguisement ?, s'amuse-t-il alors en venant tirer la tige verte au dessus de ma tête.

J'écarte sa main en lui donnant une légère tape mais ça ne l'empêche pas de rire. Je grogne et roule des yeux pour cacher mes rougeurs. Je savais que je n'allais pas être discret habillé ainsi. Mais ce n'est pas une raison pour se moquer. Je détourne les yeux de son sourire et fixe la piste de danse bondée. Son rictus me met dans tous mes états et son regard braqué sur mes lèvres n'aide pas. 

- C'est ma cousine qui a choisi, je marmonne.

- Et elle a pris une énorme citrouille orange fluo ? Elle est pas un peu sadique ?, il se marre et fouille dans sa sacoche tandis que je lui jette un coup d'œil furtif.

- Si, mais elle voulait que je sois parfaitement dans le thème, j'explique en riant aussi alors que j'écarte les bras sous ses yeux. C'est réussi, non ?

- En effet, elle a vraiment été très forte, il rie. Tu as dû galérer à l'enfiler.

- Le pire, c'est de bouger avec, je lance en terminant mon mojito. Une horreur.

- À fond dans le thème d'Halloween alors, il pouffe et tire un paquet de clopes entre ses doigts. Tu fumes ?, il demande et je hoche la tête. On sort ?

Sans m'attendre, il se dirige déjà vers la porte de sortie et je le suis. Il m'intrigue, sa manière d'être, son sourire, ses yeux perçants me rendent fou. Et la manière dont il m'a détaillé me reste en tête. Je jette un coup d'œil à l'horloge mural électronique : 23h 27. Bon, encore vingt grosses minutes avant de partir pour ramener la jeune fille chez elle. Vingt minutes qui peuvent me permettre de mieux connaître le sorcier.

Dehors, il me tend une cigarette que j'accepte avec plaisir. Son briquet en main, il me l'allume puis fait brûler la sienne avant de tirer dessus. Un soupire s'échappe de ses lèvres quand il expire et il baisse les yeux vers moi, un nouveau sourire aux lèvres. 

- Dis moi, monsieur citrouille, tu n'aurais pas des prétendantes en masse ?, il ricane en pointant du bout de sa clope un groupe de filles qui nous regarde.

- Non Gandalf, c'est mon teint orangé qu'il leur plaît, je réplique avec un grand sourire identique au sien. Elles aimeraient sûrement avoir le même !

- Vu la tonne de silicone qu'elles ont implantée, ça ne m'étonnerait pas, il acquiesce en les dévisageant. C'est terrible.

- C'est affreux. Et il se moquent de tout !, je chantonne alors et il s'étouffe avec la fumée de sa cigarette, s'esclaffant.

- Mais... Mais non ! Je n'avais encore jamais entendu une citrouille chantée, c'est excellent !

- C'est un de mes nombreux talents !, je fais semblant de m'incliner, une main sur le cœur. Tu devrais le savoir Gandalf !

- Ne m'appelle pas comme ça, je suis un vieux sorcier, c'est tout, il réplique avec une indignation feinte.

- Gandalf est un vieux sorcier, j'indique alors en jetant ma clope au sol pour l'écraser.

- Toi, tu cherches les problèmes..., il marmonne avec un sourire prédateur.

- Pas du tout, je continue en entrant dans son jeu. Je dis simplement que la vérité : tu es Gandalf même si tu n'oses pas l'avouer. En fait, tu n'es pas du tout dans le thème et... Ah !

Sa main a agrippé ma hanche et il me tire contre lui. Ses bras me soulèvent et je bascule sur son épaule, tête en bas alors qu'il trottine vers le fond du parking, me secouant dans tous les sens. Je hurle, me débats alors qu'il continue de rigoler comme un enfant, répétant qu'il n'est pas Gandalf. Son rire enclenche le mien et j'ai l'impression de planer tant mon coeur éclate de bonheur dans ma poitrine.

Il me dépose finalement au sol, loin de la salle et à l'abri des regards. Mon poing rencontre gentiment son épaule alors qu'il garde son visage souriant. Bordel, il est vraiment sexy. Je me mords la langue et tente de garder l'équilibre. Sauf qu'il s'en amuse et ses doigts viennent accrocher ma joue, la secouant doucement.

- On n'a pas aimé ce tour de manège monsieur la citrouille ?, il s'écarte de moi en trottinant quand j'essaye à nouveau de le frapper.

- Tu m'as transporté comme un vulgaire sac à patates !, je crie en le coursant, voulant à mon tour l'embêter.

- J'aurai plus dit une vieille citrouille toute molle !, il ricane, fier de lui et je retiens de justesse un éclat de rire.

- Même pas drôle ! Je suis tout beau, tout jeune ! Arrête toi le sorcier !, je pousse sur mes jambes et -dans un élan de courage- saute sur son dos.

Mon bras s'enroule autour de son cou, mes jambes capturent sa taille et il s'arrête rapidement, posant ses doigts sur mes cuisses. J'ai le souffle court et lui aussi : se rappeler de ne jamais courir après quelques verres et une clope.

Ses doigts brûlent ma peau malgré le tissu qui les séparent. Je ressens la chaleur de son corps, l'emprise de ses mains et son corps frissonne quand je pose mon menton sur le haut de son crâne, attrapant le chapeau avec mon autre main. Je souris, victorieux et pose mes mains en haut de son torse, toujours une partie de son déguisement entre les doigts. Mes cuisses se resserrent sur ses hanches et il pince ma peau.

- Hé !, j'attrape sa joue entre mon pouce et mon index. T'es un cheval là, alors bouge, avance ! Ramène moi au château, je rigole alors qu'il pouffe.

- Tu t'es pris pour un roi ?, il se met pourtant à marcher en direction du bâtiment.

- Non, trop de contraintes. Je suis un prince qui courtisane les dames, je corrige avec une voix exagérée de la haute-société.

- Imbécile, il rie et renforce sa prise sur moi. Dis-moi, tu t'appelles comment ?

- Hein ?

- C'est une simple question, il hausse les épaules alors que je fronce les sourcils. Je ne veux que ton prénom.

- C'est une soirée où on ne doit pas être reconnu, je réplique alors avec un sourire amusé, attendri qu'il cherche à en savoir plus sur ma personne.

- On ne se connait pas, il me reprend alors qu'on est bientôt arrivé. Donc, tu peux bien me donner ton prénom.

- Ça enlèverait du charme à ce moment...

Je souris et plonge ma tête dans sa nuque, mordant la peau fine derrière son oreille. Il tressaille et enfonce ses doigts dans ma chair, à travers le déguisement. Un couinement s'échappe d'entre ses lèvres et je lèche la peau meurtrie avec malice. 

- Descend de là, il grogne et je retrouve rapidement le sol.

Il se tourne alors vivement vers moi et ses mains viennent capturer mon visage en coupe. Je déglutis quand ses yeux tombent dans les miens. Si puissants, si expressifs. Ils pétillent et ses dents s'enfoncent dans sa lèvre. Mes doigts viennent s'accrocher à ses hanches pour me soutenir. J'ai l'impression d'être une minette attendant son premier baiser.

J'inspire alors que ses lèvres s'étirent dans un sourire carnassier.

- Dès que je t'ai aperçu au bar, je t'ai trouvé craquant, monsieur citrouille, souffle-t-il. Je suis bien content que tu ne m'aies pas refoulé, même quand tu as vu comment je te matais...

- Je savais que je n'avais pas déliré, je marmonne alors qu'il rapproche son corps du mien.

- Je savais que tu étais aussi de ce bord là, ricane-t-il en venant frôler mon nez avec le sien. Si tu veux, on peut continuer la soirée ail...

- Chris ! Je te cherche depuis cinq minutes !

Je m'écarte de Gandalf et regarde ma cousine, un zombie, arriver comme une furie vers moi. Elle ne fait pas attention au sorcier et tape son index contre mon torse.

- Faut qu'on rentre, tu pouvais pas faire attention à l'heure ?! Mon père va me massacrer !

- Il est quelle heure ?, je soupire, étant certain qu'elle exagère.

- Minuit moins cinq !

Mes yeux s'écarquillent. J'ai passé autant de temps dehors avec cet inconnu ? Mes yeux se relèvent vers lui alors qu'il suit notre échange, un sourire amusé sur les lèvres. Ces mêmes lèvres qui ont failli m'embrasser. Je secoue la tête quand ma cousine me presse de bouger. Oui, on est vraiment en retard, elle n'a pas exagéré pour une fois. Je lui ordonne d'aller dans la voiture et elle s'enfuit, rouspétant qu'elle ne pourra plus sortir à cause de moi et du retard que j'accentue en restant deux minutes de plus avec le sorcier.

- Tu dois partir, il annonce avec une moue triste et je hoche la tête. C'est embêtant, on aurait pu s'amuser plus longtemps...

Ses doigts reviennent sur mon visage et il se penche vers moi. Je souris et le laisse faire. C'est ce que je demande depuis que ses iris sont tombés dans les miennes, que mon cœur s'est envolé quand il m'a souri et que nous sommes sortis. Un baiser.

Mais alors que ses lèvres vont pour se poser sur les miennes, ma cousine klaxonne dans la voiture comme une folle. Je sursaute et m'écarte brusquement du sorcier. Il grogne, tente de me retenir mais je m'écarte. Je n'ai vraiment plus le temps, sinon c'est ma cousine qui va avoir des problèmes.

Alors je pars, avec un dernier signe de main, le visage crispé dans un grimace de déception.

J'aurai aimé sentir ses lèvres contre les miennes.

- Au moins, je connais ton prénom !, il hurle quand je rentre dans la voiture.

Un sourire déchire mon visage alors que je démarre. Oui, il le connait.

Mais Chris est le diminutif de beaucoup de choses.

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