Chapitre 7 (2)

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TW attention hein c'est encore vraiment pas la joie ici, ne pas lire en étant déprimé.e



Ma notion du temps ne faisait plus aucun sens. J'étais profondément épuisée mais je n'arrivais pas à dormir. Nikolaï essayait de me donner mes somnifères mais je refusais de les prendre. Sans eux Léo et Cassiopée seraient en vie.

Si je n'étais pas une épave humaine, si je n'étais pas brisée, si je n'avais pas besoin des autres en permanence comme j'avais besoin de Nikolaï pour me garder en vie, ils seraient avec nous. Ils le méritaient plus que moi.

À un moment, Nikolaï me demanda quelque chose, me lever, je crois. Je n'avais pas l'énergie de prêter attention à quoi ce soit. Devant mon manque de réaction il me porta, m'entoura d'un manteau et sortit. Je ne sais pas où il m'amenait, ça aurait pu être n'importe où, je m'en fichais.

Des odeurs de nourritures m'indiquèrent que c'était le dîner. Il m'amenait au diner, parce que la règle de Monokuma tenait toujours apparemment. La majorité des plats étaient froids. Les seuls qui ne l'étaient pas étaient ceux que Violaine était en train de réchauffer avec un réchaud qu'elle avait trouvé je ne sais où.

Remington était avec elle, en train de lui tenir des assiettes. Royale était assise à sa place, en bout de table, l'air songeuse, jouant avec un petit pois congelé du bout de sa fourchette.

En nous voyant arriver, les autres se tournèrent vers nous et commencèrent à parler. À moi je crois, mais je n'ai pas répondu, je n'avais pas envie, j'ai tourné la tête, cachant mon visage contre Nikolaï. Les autres continuèrent de parler, j'imagine qu'ils posèrent leurs questions à mon porteur et gardien.

Par moment je somnolais. Les voix étaient un bruit de fond réconfortant. De temps en temps, on essaya de me nourrir, j'ai vaguement accepté certaines bouchées, mais je me sentis rapidement nauséeuse et j'ai refusé le reste à partir de là.

Un moment plus tard, nous sommes rentrés.

En arrivant, Nikolaï ne me laissa pas devant le feu, comme tout à l'heure. Il me posa sur le canapé et essaya d'attirer mon attention. Il voulait me dire quelque chose, et que je l'écoute.

J'ai fait l'effort de le regarder et me concentrer sur ses mots

- Il faut que je change tes bandages et que je désinfecte tes brûlures.

J'ai voulu hausser une épaule mais la force me manqua, j'ai juste hoché de la tête lentement, comme signe d'accord.

Il sembla hésiter, puis revint avec des bandages, et des bouteilles de produit, une pince et un bric à brac de petites affaires de soin. Probablement plus que ce dont il avait besoin, mais il avait tout prix au cas où, un peu confus sur ce qui servait à quoi.

Et puis il s'agenouilla devant moi. C'était rare de le voir du dessus. Il avait probablement coupé lui-même ses cheveux, parce qu'ils étaient restés courts mais de longueurs un peu irrégulière avec des mèches bizarrement droites là où le couteau était passé tout droit. Cassiopée aurait fait ça plus proprement.

J'ai poussé cette idée plus loin, continuant de l'observer.

Maintenant que j'y pensais, il avait perdu un peu de masse, du gras et du muscle. Il paraissait légèrement moins imposant qu'avant. Amaigrie, mais comme nous tous. Moi aussi j'avais perdu du poids, quand je respirais fort, la silhouette de mes côtés se dessinait sur mon torse. Il n'y avait que Remington qui avait même pris du poids, je le voyais grignoter en permanence, ça l'aidait j'imagine, même si c'était en cachette parce que nos provisions étaient limitées. Cassiopée faisait pareil, elle mangeait pour se remonter le moral.

J'ai encore poussé cette idée plus loin.

Son raclement de gorge me sortit de mes pensées.

- Hm. Lyslas je suis désolée de te demander ça mais - si tu préfères que ça soit Violaine je peux aller lui demander - c'est juste, j'ai besoin d'avoir accès à tes blessures...

Ah oui, mes brûlures qui recouvraient quasiment tout mon corps. J'ai hésité une seconde. Est-ce que je m'en préoccupais encore vraiment ? Est-ce que j'allais faire preuve de pudeur ?

Ce qui me dissuada, c'était que Violaine serait probablement bien plus maladroite et me ferais beaucoup plus mal que l'ultime bûcheron (ironiquement pour une tatoueuse, mais sa consommation d'alcool n'avait pas l'air d'avoir diminué ses derniers temps).

Je lui ai épargné la gêne de me déshabiller (mais je ressemblais à une momie sous mes vêtements de tout manière, un squelette flétri et pelé entouré de bandelettes de gaze) en le faisant moi-même.

Ensuite, il enleva une bande sur mon bras, fit couler du produit désinfectant le long me tirant une grimace. La fraîcheur du liquide m'avait fait mal en passant sur la peau martyrisée.

Il tamponna doucement avec des cotons imbibés, puis replaça doucement un nouveau bandage propre.

Mon bras gauche se passa bien, le droit un peu moins. Il eut plus de mal à décoller le bandage de mes cloques ouvertes. Mais les blessures en dessous restait assez propre.

Puis il s'attaqua aux bandages qui couraient autour de mon ventre. Heureusement pour moi, mes brûlures à cet endroit étaient propres, et ne remontaient pas trop haut.

Puis il fallut faire mes jambes. C'est là que les choses se corsèrent. Certains bandages étaient complètement collés par le sang et le pus séchés. Nikolaï devait ramollir le tout avec de l'eau et de l'alcool à désinfecter, et utiliser une pince pour décoller petit bout après petit bout, coupant au ciseaux certains morceaux pour faciliter le tout. En dessous ma peau était rouge et en lambeaux, pleine de sang et suppurant.

Pour la première fois depuis des heures (ou plus ? Je ne saurais pas dire) j'ai utilisé ma voix, rendue rauque par mon mutisme :

- Ce serait presque plus simple de couper mes jambes directement.

Nikolaï me jeta un regard mi-triste, mi-étonné et peut-être un chouïa agacé aussi. Mais il n'y avait que moi pour saisir ce genre d'éclats dissimulés sous un air neutre.

- Je ne m'y connais pas en amputation.

- Tu as plein de haches dans ton chalet.

- Tu n'es pas un tronc d'arbre.

Je me suis tut une seconde.

- Ce serait bien d'être un arbre.

- Peut-être, ce serait tranquille en tout cas.

- Tu serais quoi comme arbre ?

Il continuait de s'occuper de mes bandages, petit bout par petit bout.

- Un épicéa.

- Un peu banal.

- Oui. Mais c'est un bois de lutherie, non ?

J'ai souris, lancée sur le sujet, comme un vieux réflexe d'automate :

- Oui mais il faut que cet épicéa soit parfait. le bois de lutherie doit être d'excellente qualité. Il doit être coupé au bon moment et de la bonne façon, puis il doit sécher des années, on dit souvent minimum 5, mais j'ai déjà utilisé du bois qui avait des décennies entières. Il faut que ses cernages soient parfait et aucune imperfection, pas de nœuds ou de boules de sève.

- Tu penses que je serais un épicéa médiocre ?

-Je n'ai pas dis ça.

Il me jeta un rapide regard.

- Je serais un bon épicéa alors ?

- Je ne sais pas, il faudrait mieux que tu pousses en haute montagne. Une croissance plus lente favorise un bon cernage. Dans un endroit sans pollution de préférence

- J'ai grandi vite.

- Ah mince, tu serais un mauvais épicéa alors.

Il sourit et j'en ai fait de même. Ce genre de conversation faisait du bien. La douleur de mon changement de bandage me maintenait assez réveillée pour tenir la conversation.

J'ai ajouté, comme dans la confidence :

- Mais ne t'inquiète pas, je suis l'ultime luthière, je saurais faire un bon violon d'un épicéa moyen.

- Juste un petit violon ?

- Un violoncelle si tu préfères. Ou même une contrebasse.

Il ne répondit pas, mais garda son sourire.

- Merci Nikolaï.

- De rien.

Il était passé à ma deuxième jambe.

- Tu n'as pas besoin d'en faire autant.

- J'en ai envie.

J'ai baissé les yeux avec un peu de honte. Et j'ai dit doucement :

- Est-ce que tu pourras m'apporter du papier, et un crayon, après ?

- Bien sûr.

- Est-ce que tu peux aussi me faire une promesse ?

- Oui, quoi ?

- Ne dis pas oui avant de savoir ce que c'est...

Il haussa les épaules.

- Alors dis-moi ?

- Tu sais que Cassiopée a un fils, je l'ai dit au procès, il s'appelle Ashley, tu pourras le sauver pour moi... si je ne sors pas ?

Il me regarda dans les yeux, l'air d'hésiter à me sortir un truc stupide du genre "mais si, tu sortiras" et puis comprenant surement que ce genre de promesse là m'importait peu, il répondit à ce qui me tenait vraiment à cœur directement :

- C'est promis.

Je me suis relâchée un petit peu, rassurée. Je lui faisais confiance pour le faire. Ou du moins essayer.

Quand tous mes bandages furent remplacés, il me ramena du papier et un crayon, et je me mis au travail, la seule chose qui m'aidait à tenir bon. Dans mon état, impossible de faire de la lutherie, alors autant rester dans le thème avec de la composition.

Au bout d'un moment difficile à déterminer (peut-être 2 ou 3 heures, ou bien plutôt 10 ou 12 ?) mon crayon me tomba des mains. J'ai tendu le bras pour l'attraper mais je n'y arrivais pas. Le monde a basculé autour de moi et je me suis effondré.

Je crois que Nikolaï se précipita sur moi pour me relever, surveiller mon état, et me sauver une énième fois, mais mon esprit était parti ailleurs. Une brume fiévreuse voilait mon regard, insinuait des images hallucinatoires sous mon crâne.

J'ai appelé des noms, celui de Cassiopée bien sûr, d'Anoushka aussi. Et puis mon père aussi.

- Pardon, pardon papa, pardon, reviens, j'irais dehors, je parlerais aux gens, reviens, ne me laisse pas seule papa-

j'haletais les yeux ouverts (ou fermés) sans savoir où j'étais ou qui j'étais.

- Cassiopée je mentirais, pardon, je n'ai pas pu mentir, je mentirais mieux-

Plus rien n'avait de sens.

- Anoushka, pourquoi tu m'as menti, tu l'as tué, tu m'as tué, tué, meurs, je meurs, meurs, meurs !

Je crois que je me débattais, mais je ne suis pas sûre de quoi que ce soit de ce que je faisais. Les infections avaient brûlé mon cerveau de fièvre, et je baignais dans ma sueur. Mes cheveux longs et abimés collaient sur ma peau comme un filet. J'étais comme une créature marine qu'on avait arraché à son océan, jeté dans un bateau qui tanguait, asphyxiant lentement, emmêlée, piégée.

je tremblais tantôt comme de nouveau plongée dans ma fournée, tantôt comme abandonné dans la montagne gelée.

Dans mon délire je voyais notre station déformée. Les chalets étaient vivants et les planches brisées faisaient comme des dents de monstres cherchant à nous avaler. La neige devenait des sables mouvants dans lesquels on s'enfonçait à chaque pas, rendant la fuite impossible. Le ciel était gris et rouge. Je voulais courir mais je tombais à genoux, devant lutter pour décoller mes mains du sol. Je regardai derrière moi et mon chalet, encore plus monstrueux que les autres, s'enflammaient. Il s'arrachait de ses fondations et se mettaient à ramper vers moi.

Je criais dans mon cauchemar, mais peut-être dans la vraie vie aussi. Et je tentais de partir, fuir, éviter le monstre qui me poursuivait, mais la neige était comme vivante et m'aspirait vers le bas. Ma lutte était vaine, et pourtant je n'arrivais pas à m'y résoudre, la peur faisant tambouriner mon cœur.

Du ciel soudain un nuage d'insecte de fer aux yeux rouge pleuvaient sur moi. Des drones hybride avec des criquets, des cafards et des scarabées. Ils griffaient ma chair et arrachait ma peau. Je criais, encore et encore, de l'aide, de l'aide. Et je me roulais en boule alors que le sol mou et froid tentait de m'avaler. Ma tête s'enfonçait et je n'arrivais plus à respirer.

Je tendais mon bras libre vers le ciel pour attraper quelque chose, n'importe quoi. Une main froide comme la mort me retenait, et me tirait vers le haut.

les chalets-monstres avaient disparu, et les drones. Le sol ondoyant sans m'absorber pourtant. Le silence était assourdissant et devant moi une silhouette se découpant dans la lumière pâle et le ciel rouge sang.

Je n'arrivais pas à fixer la silhouette, comme si elle n'était pas réelle, comme une minuscule lumière dans l'obscurité qu'on ne voit que du coin de l'oeil et qui disparaît quand on l'observe de face.

Mais sa voix était claire, et dissonante. Je comprenais ses mots sans arriver à les reconnaître.

- C'est ta faute.

- Je sais, je sais, je sais

Je sanglotais de façon incontrôlable.

- Tu ne sers à rien.

- Je sais, je sais

- Tu ne fais rien du tout.

- Pardon, pardonne-moi

- Tout le monde te gâte et toi tu leur fait du mal.

Cette fois je n'arrivais plus à répondre. Je pleurais bruyamment, je peinais à reprendre mon souffle entre deux gémissements mouillés de larmes.

- Tu ne mérites même pas

La silhouette informe continuait. Mais sa voix changeait légèrement à chaque fois, comme si une multitude de personne se suivait pour faire leur commentaire :

- Tout le monde s'inquiète à cause de toi.-

- Ils pleurent pour toi, ils te cherchent partout

- Ta vie c'est les autres, mais tu leur pourrit l'existence.

- Ta vie c'est les autres, sans eux c'est comme si tu n'existais pas

- Ils te pardonnent et t'offrent tout, qu'est-ce que tu leur donnes ?

- Du soucis et des larmes

- Ils en auront marre, tu finiras toute seule

- De toute façon c'est ce que tu voulais non ? Non ?

- Il y a ceux qui t'aiment et ceux qui te veulent du mal, qui est qui ?

- Qui est qui ? Tu te trompes toujours, regarde, tu t'es encore trompée.

- Tu te trompes sur tout

- Tu es une erreur.

La silhouette s'était alors lentement rapproché. Elle avait attrapé mon visage, m'avait forcé à la regarder. Les traits floues et changeants s'étaient enroulés, les couleurs saturées, et deux yeux bleu intense, le reflet de mes propres yeux, s'étaient plongés dans les miens. De ces yeux, des larmes comme celle d'un dessin d'enfant, arrondies vers le bas et pointues vers le haut, d'un bleu vif et opaque, tombaient en silence.

- Tu aurais du rester là-bas

- Dans la forêt

- Mourir dans cet arbre

- Nourrir cet arbre.

- Tu aurais fait un bel instrument.

- Le violon à la voix la plus triste de toute.




Le délire dura plusieurs jours. Quand enfin j'ouvris les yeux sur le plafond de la chambre de Nikolaï, l'infection s'était résorbée, et la fièvre enfin partie.


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