Chapitre 7 (5)

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- Lyslas ! Réveille-toi !

J'ai ouvert les yeux en sursaut, en alerte en l'espace d'un dixième de seconde. Dans l'obscurité j'ai vu une silhouette penchée sur moi. La panique monta si vite que je n'eus pas le temps de réfléchir. Mon corps agit avant que mes pensées se forment et j'ai agrippé au col la silhouette, avant de la faire basculer sur le côté de toute mes forces, décuplées par la peur. La personne résista et posa son genoux à terre pour s'équilibrer mais j'ai fauché sa jambe avec un coup de pied avant de rouler au dessus de cette dernière et bloquer ses poignets au sol. Alors seulement je me mis à utiliser ma tête, et vis plus clairement la personne que je venais de plaquer par terre sur le plancher du chalet commun à tous maintenant.

Royale - Nyx - retenait un grognement et me jeta un regard surpris tout en chuchotant :

- Dis donc... Je sais que j'ai la force d'un fiscello mais quand même !

J'ai ouvert la bouche pour pâteusement poser une question mais elle s'interrompit avec son espèce d'enthousiasme étrangement indifférent, si caractéristique.

- Attention Yssi, je t'ai réveillé toi pour avoir une conversation privée, sinon j'aurais juste crié pour réveiller tout le monde, ou ouvert grand la porte pour leur faire un petit coup de froid.

Je l'ai fixé confuse, avant rétorquer :

- Okay, alors... qu'est-ce que tu voulais me dire ?

Elle me fit un sourire espiègle et répliqua :

- Tu pourrais me relâcher avant peut-être ?

Je me suis redressée un peu embarrassée en libérant ses poignets, puis je me suis décalée pour la laisser se rassoir à côté de moi

- Alors ?

Elle perdit soudain son air jovial pour une expression un peu plus sérieuse. Un changement subtil étant donné que son sourire ne l'avait pas quitté, mais je le sentais à sa respiration. Elle n'était pas tranquille.

- On pourrait aller dans mon chalet ? Ça ne te dérange pas ?

Le fait qu'elle n'ajoute ni surnoms, ni blagues, ni rallongements inutiles à sa phrase étaient d'autant plus de signes qui me tendirent. Elle ne rigolait pas.

Je l'ai suivie jusqu'à chez elle, heureusement juste à côté, et elle m'invita à entrer.

Comme dans mon souvenir, son bazar étrangement organisé était toujours là. Sauf que cette fois, le sol était couvert de feuilles, clouées au sol avec des épingles, des couteaux ou des aiguilles, plantées à même le plancher, au point qu'il était difficile de marcher dans cet espèce de piège.

- Attention à tes pieds, et n'écrase pas les feuilles s'il te plait.

J'ai dégluti en acquiesçant et j'ai zigzagué jusqu'au canapé où je me suis effondrée. Nyx marchait dans la pièce comme si de rien n'était, elle savait exactement où poser ses pieds. Un petit feu mourant brûlait encore dans la cheminée et empêchait l'endroit d'être complètement glacial.

Nyx revint vite avec une tasse de café pour moi et chocolat chaud pour elle. Elle m'offrit une couverture et tenta de relancer le feu.

C'est à dire pas du tout le comportement habituel de Royale Flush, l'ultime croupière - en vérité plutôt ultime joueuse - qui d'ordinaire m'aurait juste tout balancé comme ça sans prévenir. J'ai finis par craquer.

- Nyx ? Qu'est-ce qu'il y a ? C'est quoi tout ça ?

Elle sauta sur ma première question. Je sentais le rythme de son corps déréglé par rapport à la normale. Je ne savais pas comment l'expliquer autrement, elle me paraissait juste.... à contre-temps. Elle sautait des mesures, faisait trop durer ses demi-pauses, elle ratait ses croches.

Elle se pencha soudain pour attraper une feuille et me l'a montra, tapa un peu dessus en riant puis la lâcha soudain comme si ça n'avait aucun intérêt.

- Mes recherches, mes idées, mes dialogues avec Monokumas mot pour mot que je relis pour essayer de comprendre quelque chose.

J'ai fixé le capharnaüm autour de moi, abasourdie.

- Tu cherches... tu cherches encore à faire parler Monokuma ? Mais il ne te voit même plus ! Tu te rends compte d'à quel point c'est dangereux maintenant ?! Si tu foires ne serais-ce qu'un peu, et que son programme te "revoit" tu seras mise à mort !

Elle bondit nerveusement et se mis à faire les 100 pas en évitant parfaitement aiguilles et couteaux plantés dans le bois.

- Il veut nous aider, autant qu'il lui soit possible de vouloir quelque chose. Je sais qu'il essaie de m'aider. Il ne me voit plus mais il sait vaguement que je suis là quelque part. Et je fais attention. Il ne me répond pas directement, il ne m'entend pas vraiment, il monologue tout seul un peu toute la journée, et je cherche les réponses dans ce qu'il dit en le suivant à longueur de journée.

Je pouvais pas croire qu'elle prenne encore ce risque, qu'elle se frotte encore et encore au danger sans rien nous dire ou nous demander la moindre aide.

- Ça fait des mois, et des mois qu'on est ici, peut-être même plus d'un an pour ce que j'en sais et il ne t'a jamais rien dit d'utile ! Ce n'est pas Monokuma qui nous sortira d'ici !

- Écoute, écoute-moi Lyslas ! Je te prom-

je me suis levée d'un coup.

- Non, écoute-moi. Si tu meurs Nyx, si tu meurs encore devrais-je, je ne tiendrais, je ne sortirais pas d'ici. Si tu fais vraiment ça pour moi, survie d'abord, et ensuite cherche les solutions. Mais si la solution te coûte la vie alors je ne tiendrais pas. Je n'en peux plus. Ce n'est pas vous qui avez besoin de moi comme le croit Remington, c'est moi qui ai besoin de vous. De toi surtout. S'il te plait.

Elle hocha la tête en essayant de me faire me rassoir tout en m'assurant.

- écoute, écoute, je te promets, j'arrête ! Mais écoute.

Je me suis assise, toujours mi-fâchée, mi-lasse, et peut-être aussi terrifiée parce qu'elle allait encore me raconter. Elle se mit en tailleur sur le canapé, face à moi. Et inspira profondément.

- J'arrête parce que j'ai trouvé.

J'ai froncé les sourcils, sans y croire. Devant ma réaction, elle explicita :

- J'y ai beaucoup réfléchi, j'ai retourné tous nos dialogues et ses monologues et c'est certain. Je suis sûre de ce que je vais t'annoncer d'accord. Je ne mens pas. Ce n'est pas des histoires ou des simples théories.

- Mais quoi ? De quoi tu parles Royale !

Elle déglutit visiblement et lâcha enfin.

- Il y a un traître parmi nous.

Je me suis tut sur le coup, incapable de trouver une répartie à ça. Elle continua :

- L'un d'entre nous a voulu ça. Si on le trouve, on peut mettre fin à tout ça.

- ... quoi ? Mais....

- Je peux te montrer mes preuves si tu veux.

Elle se leva d'un coup, commença à ramasser des feuilles.

- Regarde, la première fois qu'il l'a sous-entendu c'était il y a 7 mois, je lui avais demandé si ses maitres lui faisait vraiment assez confiance pour le laisser tout seul, et il a dit je cite "oh mais je suis surveillé, bien plus que tu ne le penses". Sur le coup j'ai pensé qu'il disait qu'il y avait plus de caméras qu'on ne le pense, où que les caméras ne servaient pas à lui, mais quelqu'un d'autre, mais il m'a aussi dit que "peu importe où se cache les meurtriers je connais leur identité sans l'ombre d'un doute" donc il a vraiment accès aux caméras, il a aussi dit que "ce ne sont pas les drones et les caméras qu'il faut détruire ici", dans cette conversation, il y a 5 mois et 2 semaines. Donc il est surveillé plus qu'on ne le pense, mais pas par les caméras puisque les caméras sont bien pour lui, il y a un autre type de surveillance. Il n'élabore jamais plus et lâche ce genre de phrase une fois toutes les deux semaines, alors c'est difficile de faire les liens mais j'ai tout noté, j'ai aussi noté ça, il a dit il y a pas moins d'une semaine que "je-

- Royale, c'est bon arrête.

Elle se tourna vers moi, l'air presque effrayée. De quoi ? Que je ne l'a croit pas ?

- Je te crois. Tu n'as pas besoin de me le prouver.

Elle se détendit et retourna sur le canapé à côté de moi, lâchant ses feuilles autour d'elle. Je lui ai demandé :

- Et tu as l'air horriblement sûre que ça n'est pas moi, ce traître.

- Non, je n'y crois pas. Tu ne penses pas que je suis le traître non plus pas vrai ?

- Non bien sûr.

Et puis quel traître aurait fait tout ça pour prouver sa propre existence ?

- Et... tu as des pistes ?

Elle serra les mâchoires.

- Pas assez.

- Ce n'est pas toi, pas moi.... ça pourrait être Violaine, Nikolaï, ou Remington.

Elle hocha la tête.

J'ai imaginé les différents cas de figures....

- Ça ne peut pas être Nikolaï. Impossible.

- Attention Lyslas tu sais qu'on ne peut-

- Se laisser avoir par les sentiments ? Les sentiments sont en théorie la seule chose qui m'empêche de te soupçonner Royale, et vice-versa, je te dis que ça n'est pas Nikolaï. J'en suis sûre. C'est soit Remington, soit Violaine.

- En suivant ce chemin de penser, tu es plus proche de Violaine que de Remington, donc c'est forcément Remington c'est ça. Tu n'as pas la moindre preuve. 

Je n'ai rien répondu à ça parce qu'elle n'avait pas totalement tort, je ne pouvais pas juste faire un classement des gens que je préférais pour mes accusations, mais j'étais convaincue que ça ne pouvait pas être Nikolaï et je voyais très mal Violaine être un traître manipulateur à l'origine de ce jeu de taré. Mais en même temps, Remington non plus n'avait pas vraiment l'étoffe d'un mastermind maléfique....

- Il-il faut qu'on trouve une solution pour les tester. Je vais... je vais m'en occuper. Je vais leur en parler, et chercher le coupable.

Royale, je veux dire Nyx, soupira :

- Je te fais pleinement confiance pour voir à travers les gens comme dans des livres, mais sans vouloir te vexer, tu es très douée pour te mentir à toi-même Lyslas. Je ne pense pas que leur dire soit une bonne idée.

Je me suis mordue l'intérieur de la joue.

- Mais si on leur dit pas et qu'il l'apprenne, ils risquent de mal le prendre.

- Bien sûr, mais ils seront capable de comprendre pourquoi on leur a pas dit... Imagine la paranoïa que ça créerait ? On est plus que 5 donc moi qui suis censée être morte, et on a besoin de se serrer les coudes. Les réserves de nourriture diminuent, on n'a plus de chauffage et on vit entassés dans un chalet pour ne pas désespérer et mourir de froid. Maintenant on apprend que l'un d'entre nous est la source de nos malheurs et qu'on peut tout arrêter en le débusquant. Aucun moyen de savoir lequel. Jusqu'ici il a pu parfaitement cacher son jeu. On n'a besoin de se faire confiance pour l'instant....

- Et s'il commettait un meurtre ! Ils ont besoin de pouvoir se méfier !

Nyx ramassa distraitement une feuille à ses pieds.

- Le traître ne tue pas. Il veut observer le jeu, pas sortir d'ici en commettant un crime. Je ne sais pas quel est son but, mais s'il est parmi nous et pas bien au chaud devant des écrans de caméra, c'est sûrement parce qu'il veut pouvoir voir les choses au premier rang aussi longtemps que possible, vivre l'expérience au plus près. Il ne tuera pas, j'en suis sûre.

Je me suis laissée retomber dans le canapé, en fixant Nyx. Les flammes éclairaient le côté gauche de son visage d'une lumière orangée, tandis que les rayons de la lune filtrant par la fenêtre aux volets ouverts posait une lueur bleutée sur le côté droit.

J'ai réfléchis à cette histoire de traître, et malgré moi, le doute s'infiltra.

- Nyx...Tu m'a dis ton nom, ton histoire... pourquoi tu te caches encore sous ton costume ? Est-ce que.... est-ce que je peux te voir réellement... S'il te plaît...

Elle me jeta un regard très rapide et légèrement effrayée. Elle savait probablement que son jeu d'acteur ne l'a mettait pas à l'abri de mon regard. Je la connassais maintenant assez pour déceler ce genre d'éclat d'émotion.

Elle déglutit et rétorqua en riant pour camoufler son inconfort.

- Est-ce encore un costume si je le porte en permanence ? Et puis... on a chacun ses secrets, pourquoi toi tu ne parles jamais de ce qui t'es arrivé ? Voilà, c'est comme ça, c'est tout, ça n'est pas contre toi. C'est juste... voilà.

Le manque d'éloquence sur la fin de sa phrase était plus explicite qu'un long discours. Nyx m'avait montré un peu de ce qui se cachait sous Royale et personne n'avait eu le droit à cette vision tellement plus sincère et vulnérable d'elle, mais il avait encore et toujours ce masque et ses manières qui dissimulaient une partie de la vérité.

En temps normal, je n'aurais pas insisté, mais entre ce que j'avais avoué à Nikolaï (et que Remington avait entendu) et la nouvelle du traître, j'en voulais plus et j'ai continué, presque sans le vouloir, sans réfléchir :

- Si tu veux je peux te raconter ce qui s'est passé.

Cette fois, elle n'essaya même pas de cacher sa surprise. Des mois entiers passés ici, j'avais toujours violemment esquivé le sujet, frôlant la crise d'angoisse à l'évocation même de l'évènement. Et maintenant, je lui proposais spontanément de tout lui dire.

Peut-être une petite partie de moi se sentait bizarrement coupable d'avoir été capable de le dire à Nikolaï mais pas à elle. Peut-être avais-je le sentiment d'avoir besoin de rétablir un équilibre.

Elle se reprit et me dit :

- Non, je ne peux pas te rendre la pareille. Je suis désolée.

Je n'ai rien répliqué, me contentant de fixer mon café auquel je n'avais pas touché. Il était 5h du matin, j'avais déjà largement assez dormi selon mes standard. J'ai pris une longue gorgée pour camoufler l'amertume métaphorique sous l'amertume réelle de la boisson.

Je comprenais, et pourtant j'étais quand même déçue.

Royale chuchota, comme si elle avait lu dans mes pensées.

- Un jour promis. Mais pas maintenant.

J'ai hoché de la tête, résignée, et elle changea de sujet pour revenir sur la question du traître. Nous avons parlé encore 1h ou 2 de nos possibles stratégies, sans qu'aucune réelle solution ne nous viennent.

Quand les autres se levèrent, je les rejoignis et une nouvelle journée commença, similaire à toutes les autres.

Jusqu'à ce que tout bascule.

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