Admire The Stars (3)

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

 — Monsieur Grant, c'est un plaisir de vous revoir, affirme Terrie après avoir manqué de s'étouffer.

— Le plaisir est partagé, miss Century. Que faites-vous là ? demande-t-il en m'ignorant complètement. Je croyais que vous ne faisiez plus le ménage dans les locaux.

Je vois alors la jeune femme rougir de honte ou de colère, difficile de savoir quelle émotion domine, les deux seraient totalement compréhensives.

— Effectivement, je n'étais que de passage dans le parc et j'ai croisé l'une de mes anciennes collègues et nous avons discuté un peu ensemble à l'intérieur, l'air est frais en ce mois de décembre.

Elle ment quand même très bien, je serais presque tentée de la croire. Mais monsieur Grant ne paraît pas être dupe, pourtant il rentre dans le bâtiment, comme s'il passait l'éponge pour cette fois, après un simple regard d'avertissements. Honnêtement, je serais à la place de Terrie, je ne reviendrai plus jamais ici.

Mais elle ne paraît pas traumatisée lorsque nous regagnons le sentier de balade du parc, au contraire, elle part en fou rire, sans que je ne comprenne vraiment pourquoi, après c'est peut-être les nerfs qui lâchent, je ne sais pas. Mais je me joins à son rire, rien qu'à cause de l'improbabilité de la situation, j'ai voyagé dans le temps, j'ai rencontré la chanteuse de mon groupe préféré et je me suis retrouvée à regarder les étoiles à ses côtés avant de risquer d'attraper par l'un des employés du planétarium et d'être à deux doigts de se faire passer un savon par une autre personne. Après tout, pourquoi pas. Elle, elle ne rit sans doute pas pour ça, mais ce n'est pas grave.

Nous avançons ainsi plusieurs mètres en titubant et en riant, jusqu'à ce que Terrie tente de reprendre son sérieux en disant entre deux crises de rire :

— Désolée, je n'aurais pas dû t'entraîner dans tout ça...

— Ne t'en fais pas, je n'en suis pas morte... et après tout, c'était marrant... étrange aussi, mais surtout marrant.

— C'est déjà pas mal ! Prochain coup, on ira à un endroit où nous sommes autorisées, je n'ai pas envie de refaire ça à chaque fois, une fois par jour, ça me suffit.

Je n'arrive pas à savoir si ça, c'est rentrer par « effraction » dans un bâtiment ou si c'est se prendre un savon de la part d'un ancien patron ou collègue, dans un cas comme dans l'autre, je la comprends et je suis entièrement d'accord avec elle.

— Moi ça ne me gêne pas de rester là, c'est sympa comme parc, proposé-je en ayant que trop peu d'idée de ce qui existe déjà comme lieu touristique en 1972, je dois avouer ne pas être calé sur le sujet aussi étonnant au ça puisse être...

— Je préfère que nous ne restions pas là, il y a de fortes chances pour monsieur Grant se rende compte de mon mensonge. Si tu veux aller dans un parc, mieux vaut Hyde Park, c'est bien plus agréable... Oh non, que penses-tu de Camden ? Ce n'est pas un parc, c'est un quartier, mais il est très joli, il y a de beaux coins et pas mal de verdure. En plus, si tu aimes les animaux, nous pourrions passer chez Leroy, il en a plusieurs, il a même un renard... Bien que, il est que neuf heures et demie, il ne sera jamais réveillé à cette heure-ci... Mais si l'on reste à Camden jusqu'à midi, nous pourrions passer chez lui, ça ne le dérangera pas... Si j'avais été maligne, je te l'aurais proposé tout à l'heure, parce que là, nous ne sommes pas tout près, même en voiture... Mais ça devrait le faire quand même, ça roule bien dans Londres aujourd'hui, ça ne devrait pas prendre plus de quinze minutes pour y aller. Enfin dans tous les cas, c'est absolument comme tu le sens, après tout, c'est à toi de découvrir la ville, pas à moi, débite-t-elle à toute vitesse, réfléchissant clairement à haute voix, au point que j'ai besoin de me concentrer pour comprendre tout ce qu'elle a dit.

Quand je suis sûre d'avoir compris, j'approuve son idée, après tout, je n'ai de toute manière aucune préférence sur l'endroit où aller, tout ce que je veux, c'est passer du temps avec elle. Nous regagnons donc sa voiture et nous roulons jusqu'à Camden, en discutant durant tout le trajet. Notre discussion dérive d'ailleurs rapidement sur la musique. Surtout les musiques populaires du début des années 70, mais pas sur Her Majesty – ce qui m'arrange, j'ai trop peur de faire une gaffe en parlant d'une musique que je ne suis pas censée connaître, j'ai déjà cité les paroles d'Admire The Stars sans faire exprès, quand nous discutions encore des étoiles. Bon pour le coup, ce n'est pas une catastrophe, c'est une musique sortie en 1983, soit dans onze ans du point de vue de Terrie, ça m'étonnerait qu'elle ait déjà écrit la chanson avec son frère et ce serait vraiment étonnant qu'elle se souvienne toujours de mes mots dans plus de dix ans.

D'ailleurs, il va falloir que je révise mes classiques si je retourne dans le passé, je ne sais même pas quelles chansons des Beatles et de Led Zeppelin sont déjà sorties et hormis eux, je ne connais presque aucun artiste datant d'avant soixante-douze, pour le reste, j'ai des doutes – je ne suis pas sûre de la date de création des Rolling Stones et ça m'embête, j'aime bien ce groupe. D'ailleurs, Terrie doit très sérieusement me prendre pour une inculte à force.

En arrivant à Camden, je suis surprise de voir que le quartier est presque comme dans mes souvenirs : des rangées de petits bâtiments tout en hauteur et pour la plupart peints de différentes couleurs. Pourtant, il est un peu différent, il y a moins de dessins et je suis presque persuadée que lorsque j'étais venue, il n'y avait pas autant de personnes étranges, habillées de manière complètement anarchique, à voir le quartier comme ça, ça ne m'étonne même pas que Leroy King vive ici, ça lui correspond parfaitement, il doit être intégré à ce drôle de décor. Moi au milieu, je me sens un peu à part, surtout au côté de Terrie Century qui elle aussi colle au paysage avec sa cape noire, sa robe pull bleu marin, ses collants rayés bleu et jaune et son béret moutarde, une tenue bien à elle et décalée qui lui va super bien.

Terrie se gare dans un petit parking et nous descendons avant d'aller nous balader dans les petites rues, à flâner en discutant de tout et de rien, changeant régulièrement de sujet. Assez rapidement, nous nous posons contre un petit pont, à regarder les passants passer en commentant leur tenue, tentant de deviner d'où ils viennent, où ils vont, leur histoire et plein d'autres choses, à rire plus qu'à discuter, comme si nous nous connaissions depuis toujours. C'est tellement naturel de parler avec elle que ça en devient perturbant, j'en viens même à oublier la réalité, ma réalité. Je n'ai pas envie de faire exploser cette bulle de délicatesse. Nous restons comme ça pendant longtemps, sans faire attention au temps, à juste être là, à parler. C'est seulement quand le ventre de Terrie gargouille que nous nous apercevons qu'il est midi passé et que nous n'avions clairement pas vu le temps passer.

— Du coup, nous allons chez King ? Enfin chez Leroy ? me demande Terrie. Ou tu préfères que je te ramène à ton hôtel étant donnée l'heure.

— Honnêtement, je veux bien passer chez Leroy, de toute manière, je n'ai pas faim et je n'ai rien de prévu avant dix-sept heures, mais ce n'est pas obligatoire qu'on y aille, ça n'a aucune importance...

Elle sourit et me conduit à travers plusieurs rues avant que nous ne nous arrêtions devant une petite boutique de musique, où Terrie rentre en saluant la propriétaire, paraissant connaître parfaitement les lieux. Je la suis à l'intérieur à travers une allée d'instruments et nous montons les escaliers cachés dernière une porte, non loin du comptoir du magasin. Nous arrivons alors dans un grand appartement en désordre à un point inimaginable, c'est au stade où il est difficile de se déplacer dans la pièce entre les innombrables feuilles volantes, des tableaux, des pots de peinture parfois encore ouverts, des livres, des cages et de bien d'autres objets – moi qui pensais que ma mère était désorganisée, mais face à Leroy, elle paraît presque maniaque.

— King ? Tu es là ? appelle Terrie après avoir manqué de tomber dans tout le désordre.

— Je suis en haut ! répond le garçon, paraissant être juste au-dessus de nos têtes.

Terrie me regarde désespérer, comme si elle avait vraiment envie de faire demi-tour, je la comprends, si tout l'appartement est comme ça, ça doit être marrant de monter des escaliers. Je suis presque désolée, c'est de ma faute si nous sommes là, mais je comprends vite qu'elle faisait semblant, quand elle éclate de rire.

— Ne sois pas si sérieuse ! me reproche-t-elle. Allez, viens, fais juste attention, il doit y avoir Rox quelque part.

Je mets quelques secondes à comprendre ce qu'elle raconte – non, elle ne parle pas du Disney – elle parle de Rox, le renard de Leroy, ça ne m'avait jamais effleuré l'esprit que l'animal vivait en liberté chez son propriétaire.

Je suis Terrie jusqu'à une porte un peu plus loin dans l'entrée. À peine l'a-t-elle ouvert qu'il y a une masse rousse qui lui saute dessus. Je regarde étonnée le comportement de ce renard qui est vraiment proche de celui d'un chien, je n'aurais jamais soupçonné une attitude comme ça de la part d'un renard, pour moi, ça a toujours été un animal sauvage – et même si j'ai déjà vu des photos de Leroy King et de Rox, je n'avais jamais vraiment cru un tel comportement, les clichés n'ont jamais été des vraies preuves à mes yeux.

Terrie pose l'animal et nous montons les escaliers avec la bête rousse sur nos talons. Nous arrivons ainsi dans le grenier, qui est bien plus rangé que le salon, même si la pièce n'est pas vide, il y a une dizaine de cages en tout genre, pour la plupart inoccupées, hormis deux, une contenant des louveteaux ou de chiots – difficile à dire – et l'autre renfermant un petit hérisson. Et au milieu de l'espace se trouve Leroy et Ann, l'amie de Terrie et Ruth que j'ai rencontrée hier, en train de s'occuper d'un petit louveteau.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro