Lisen To The Mad Man (1)

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J'ai attendu ce moment toute la journée, mais maintenant que je suis devant l'instant, je commence à avoir très très peur de sa réaction. Je ne sais même pas si je suis claire dans mes explications, mais elle semble les accepter et Déborah joue alors le morceau que je lui ai écrit, comme si c'était tout à faire normal. Je suis tellement angoissée que j'en viens même à rater le refrain et les uniques paroles que j'ai écrites jusqu'alors. J'ai tellement l'impression d'être stupide. Ce n'est qu'une chanson, rien qu'une chanson. Et il faut bien que je le fasse, sinon je n'aurai jamais l'occasion de lui dire, c'est le moment où jamais.

Franchement énervée contre moi-même d'avoir raté le moment, je lui demande de rejouer en prétextant à partir des petites erreurs qu'elle a commises. Et cette fois, je n'ai pas intérêt à me rater, il faut que je chante au bon moment. Je ne sais même pas comment je fais pour réussir à articuler correctement en chantant, mais par un quelconque miracle, j'y parviens. Et en plein milieu du futur refrain, Déborah arrête de jouer et commence à me regarder avec un mélange d'étonnement et de joie, ou je ne sais trop quoi, dans tous les cas, elle a des paillettes dans les yeux et je jurerais voir un sourire hésitant sur ses lèvres. Quand je finis de chanter, je la vois hésiter, ne paraissant pas savoir quoi faire. Et même si je sais qu'elle a de fortes chances de partir, je me penche un peu vers elle, attendant qu'elle fasse le reste du chemin. Je la vois être face à un dilemme et je me prépare déjà à avoir mal, sachant très bien qu'entre nous, c'est impossible.

Juste avant que je sois complètement désespérée, elle pose ses lèvres contre les miennes et nous commençons à nous embrasser, très délicatement. Ce n'est qu'un effleurement, mais je sens tous ses sentiments, ses doutes, ses réticences. Et après quelques secondes de bonheur où presque toutes mes peurs ont été chassées, Déborah s'écarte de moi totalement perdue. Elle regarde alors partout autour d'elle, comme pour chercher quelque chose à se rattacher, mais ne me regardant pas une seule fois.

À ce moment-là, je sais bien que j'ai fait une erreur, que je n'aurais jamais dû lui avouer mes sentiments, que je n'aurais jamais dû l'encourager à m'embrasser, que maintenant que j'ai senti ses lèvres contre les miennes, je vais encore plus souffrir, ayant des sentiments toujours plus forts à son égard...

— Je... Je t'... hésite-t-elle en me regardant enfin dans les yeux. Je dois vraiment partir, désolée... ajoute-t-elle en brisant mon espoir...

J'avais vraiment cru que tout n'était pas perdu et qu'elle allait me dire les trois petits mots symboliques. Mais non, elle doit partir... Je suis complètement stupide d'y avoir cru...

Elle commence à s'en aller vers la sortie, je sais que je devrais la laisser faire, que ça ne changera rien si je la retiens ou non, dans tous les cas, elle prendra un avion et rentrera chez elle, en Côte d'Ivoire, me laissant seule. Mais je ne peux pas la regarder partir sans rien faire, je sens que je m'en voudrai toujours si je n'essaye rien, il faut que je tente une dernière chose pour ne pas vivre avec des regrets...

Je l'attrape par le poignet, espérant qu'elle se retourne pour me faire face, que je vois son visage une dernière fois. Mais elle ne le fait pas et je n'ai pas la force de la forcer à le faire, ayant bien trop peur de voir de la haine dans ses yeux, je préfère encore garder en mémoire les étoiles qu'il y avait dans ses yeux ainsi que son sourire qui se dessinait.

— Débrah... laisse-moi deux secondes pour m'expliquer, s'il te plaît...

— Il faut vraiment que je parte, affirme-t-elle sèchement en se défaisant de mon emprise, toujours sans se retourner.

— Je ne suis pas la personne que tu crois ! laissé-je échapper, sachant déjà que je vais dire une grosse bêtise, mais c'est mon dernier espoir pour la retenir rien qu'un instant.

Je ne dis rien de plus, voulant d'abord voir une réaction. Je ne veux pas dire plus sans que ça aille le moindre effet. Surtout que je vais regretter amèrement de lui en avoir parlé si jamais elle les répétait. Ce que je vais lui expliquer peut facilement détruire ma carrière naissante de chanteuse, ça peut me replonger dans l'enfer de mon enfance, ça peut changer la vision des gens à mon égard pour toujours et ça peut même m'obliger de reprendre de nouveau ma vie de zéro pour être de nouveau tranquille.

Rien qu'en y réfléchissant un peu, je sais que c'est un pari risqué ce que je m'apprête à faire, mais vu qu'elle marque une hésitation, elle me permet de croire que si je lui confie mon secret, elle restera.

— Je suis trans... Je suis une femme transgenre...

Elle tourne un peu la tête vers moi, mais trop peu pour que je voie son visage, mais suffisamment pour que je me rende compte qu'elle n'est pas totalement figée. Elle n'a aucune autre réaction, aucun mot. Elle avance simplement vers la sortie, s'apprêtant à me laissant seule avec ma conscience, ma peine et mes remords.

— Ne pars pas ! S'il te plaît ! Dis quelque chose ! m'écrié-je juste avant qu'elle ne sorte.

— Adieu Terrie... lâche-t-elle froidement en fermant la porte derrière elle.

Deux mots, il suffit de deux mots pour que tous mes espoirs se brisent. Deux simples mots pour que mes larmes coulent. Deux mots pour tout détruire chez moi.

Mais qu'est-ce que j'ai fait bon sang ?! Pourquoi est-ce que je lui ai dit que j'étais trans ? Bien sûr que ça n'allait rien changer ! À la limite, ça l'aurait peut-être retenue quelques minutes de plus, mais évidemment qu'elle allait prendre son avion, elle a une vie et je ne peux pas en faire partie. J'aurais juste aimé qu'il y ait une promesse de se revoir, mais elle a décidé de partir sur un adieu froid, sans aucune assurance et sans épiloguer sur notre baiser. J'aurais aimé le savoir d'avance que de lui avouer mon secret n'allait rien changer. J'aurais dû le savoir, je ne suis qu'une idiote...

Tout de même, c'est dur de n'avoir eu presque aucune réaction de sa part. Au moins, le message est très clair, elle ne veut pas de moi. Ce n'est même pas la peine de la poursuivre ou quoi que ce soit d'autre, son « adieu Terrie » voulait déjà tout dire.

Tentant de me reprendre, j'essuie mes larmes pour me préparer à sortir dans la rue et rentrer chez moi, me vautrer dans mon lit avant de vider toutes les larmes de mon corps ainsi que le frigo.

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