Sweet Dream (1)

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Quand je me réveille, je ne suis plus dans ma chambre et encore plus étonnant, je suis debout dans un long et grand couloir envahi de personnes en uniforme. Mais le pire, c'est que je reconnais le couloir, je reconnais même les uniformes et je reconnais tout ça parce que je l'ai vu des dizaines de fois dans un documentaire au sujet du concert de Her Majesty au Wembley Stadium. Aucun doute, je suis au cœur des coulisses du Wembley, j'en suis certaine.

Je suis étonnée de rêver de ça, c'est assez improbable tout de même qu'avec tout ce que j'ai vécu dans la journée, la seule chose que mon cerveau retient, c'est le carnet que j'aie découvert de ma veste, celui qui m'avait promis de voyager dans le temps. Dire qu'à ce moment-là, j'avais espéré que ça fonctionne vraiment. Je suis tout de même épatée par le réalisme de la scène, j'entends toutes les conversations, je vois même les visages des personnes – chose rarissime pour moi.

Malgré toutes les voix, il y en a une qui se distingue à la fois par le ton de cette dernière – féminin, mais grave, largement reconnaissable quand on l'a entendu souvent – et par ce qu'elle dit :

— Débrah ?

Ce qui devrait le plus m'étonner, c'est que deux personnes m'appellent comme ça dans la même « journée », alors que normalement, jamais personne ne m'appelle comme ça. Mais ce qui m'étonne vraiment, c'est que c'est une grande femme brune, aux yeux gris presque marron et à la peau dorée, qui dit ça : Terrie Century.

Mais qu'est-ce que c'est que ce délire ? Le pire, c'est que je n'ai aucun doute, je la reconnais vraiment, la personne à quelques mètres de moi a le même visage ovale, la même mâchoire carrée, les mêmes cheveux bouclés, le même peignoir bleu que dans le documentaire et je jurerais même entrevoir ses chaussures de scène. Aucun doute, c'est bien Terrie Century ou alors c'est un clone très fidèle, ce qui, vu l'improbabilité géniale du rêve, est clairement possible.

— Que faites-vous ici ? Ne devriez-vous pas être dans le public ? demande-t-elle en anglais – ce qui est logique, puisque normalement, je « suis » en Angleterre si ma rêverie est un peu sensée.

Je mets d'ailleurs quelques secondes à m'habituer à la nouvelle langue, même si je la comprends très bien, je n'étais pas prête, j'ai l'impression d'être complètement épuisée.

En vrai, je ne comprends vraiment pas ce rêve, elle m'appelle par mon prénom ou presque, puis elle me parle comme si j'étais une inconnue, ce qui dans un sens est bien plus normal, mais la continuité logique des choses n'est quand même pas sensée.

— Je ne sais pas... Je me suis perdue... bafouillé-je en anglais, ne sachant vraiment pas quoi répondre, je suis un peu prise de court.

Le silence s'installe légèrement entre nous

— Qui êtes-vous ? questionne-t-elle soudain passionnée.

Je ne comprends vraiment rien, c'est du grand n'importe quoi ce rêve. Je fronce les sourcils, ne trouvant pas les mots pour montrer mon incompréhension, j'ai l'impression que mon cerveau fonctionne au ralenti, c'est une horreur.

— Oubliez, je vais demander à la sécurité de vous ramener au niveau du public...

Elle s'apprête à faire demi-tour, mais pour je ne sais trop quelle raison, j'ai envie de la prévenir pour son lendemain, puisque vraisemblablement, nous sommes le 20 juin 1986, mon cerveau a dû penser au Carnet du Temps avant que je ne m'endorme. Je me doute bien que ce n'est qu'un rêve, mais dans le cas improbable où ce n'en est pas un, est-ce que je ne devrais pas la prévenir ? Je sais que c'est idiot comme démarche vu que nous sommes dans un rêve, mais si jamais ce n'est pas le cas ? Je ne peux pas chasser cette pensée de ma tête.

— Terrie ? N'essaye pas de mourir.

Ma phrase n'a pas beaucoup de sens, mais je suis sûre qu'elle peut comprendre ce que je veux dire en utilisant le titre d'une de ses chansons, qui de base a été écrite pour son frère. Bien que, vu l'incompréhension que je lis sur son visage, ce n'est peut-être pas si clair que ça, mais au moins, ça a eu le mérite d'attirer son attention.

— Demain, ne sors pas de chez toi... ajouté-je en sachant bien que mon avertissement est foireux, mais je ne sais pas comme m'y prendre autrement.

Terrie ne relève pas et son expression reste indéfinissable, impossible de savoir si elle a compris ou même si elle me croit. Clairement, si ce n'était pas un rêve, elle me prendrait pour une folle. Elle n'épilogue pas plus et part sans doute pour aller chercher la sécurité.

Moi, je ne bouge pas en attendant la sécurité ou n'importe quoi d'autre, je ne sais pas quoi faire de toute façon et en plus je ne risque rien quoi qu'il arrive, ce n'est qu'un rêve, au pire, je me réveille. À peine une minute plus tard, Terrie revient avec deux gardes, qui très vite, se placent à côté de moi – aucun doute, je n'ai pas intérêt à faire la maligne. Juste avant que la sécurité ne m'emmène, Terrie affirme :

— Elle était au premier rang, veillez à ce qu'elle y soit à nouveau.

J'adore mon cerveau, surtout quand il invente des rêves comme ça, aussi improbable soit-il.

Comme Terrie l'a demandé, les gardes me raccompagnent jusqu'au public et arrivent même à me trouver une petite place au premier rang, face à la scène. Étonnement, les spectateurs ne paraissent même pas râler – pourtant, j'aurais été à leur place, je me serai clairement plainte. Bien que, ils sont des centaines, une de plus une de moins, ça ne leur change plus grand-chose.

J'attends alors le début du concert, qui ne devrait plus tarder maintenant. En vrai, je ne sais pas vraiment quelle heure il est, mais je me doute que je ne suis pas en plein milieu de l'après-midi, le soleil est trop couché pour ça et il y a beaucoup trop de monde pour ça.

Après environ une dizaine de minutes, deux hommes portant la tenue des Welshs Guards – les gardes anglais –, avancent sur le devant de la scène, jusqu'à un pied de micro.

Et étant donné que j'ai vu les images du concert des dizaines de fois, je sais exactement ce que ça veut dire : le lancement du show est imminent.

— Wahou, il y a vachement de monde ici ! s'exclame l'un des deux.

— Tu crois que c'est une mobilisation contre la reine ? demande l'autre.

— Je n'ai pas reçu de mémos pourtant, il y avait juste un concert aujourd'hui...

Autour de moi, la foule commence à crier, elle ne dit rien de compréhensible, mais la sensation d'être au milieu est juste magique.

— Ah, mais oui ! C'est vrai, tu leur annonces où je le fais ?

— Fais-le, tu as l'air mieux renseigné que moi.

— Mesdames et Mesdemoiselles, je vous prie d'accueillir nos reines à tous : Her Majesty, annonce-t-il en faisant un grand geste de la main pour indiquer les coulisses.

Autour de moi, tout le monde crie – et je dois avouer que je ne peux pas m'empêcher de crier de joie moi aussi, c'est plus fort que moi – en voyant sortir de la fumée les Jumeaux Century, en courant, côte à côte, se ressemblant plus que jamais, avec exactement la même couleur de peau, les mêmes cheveux, la même énergie et avec leur veste assortie. En les voyant ainsi en symbiose, main dans la main, je ne sais même pas comment des théoriciens ont pu douter de leur lien fraternel. Les autres membres de Her Majesty sortent alors un à un de la brume avant de s'installer près de leur instrument.

À peine quelques instants plus tard, juste le temps qu'il faut pour que les deux hommes repartent en coulisse, le concert commence sur l'une de leurs musiques. Et même si j'étais certaine que la chanson d'ouverture était Daybreak, c'est en fait Kill Me. Mon cerveau a dû enlever la première inconsciemment puisque je ne suis pas fan de Daybreak, le ton grave et roque de Leroy King me gêne un peu, je préfère les voix mélodieuses des Jumeaux Century. Et même si Kill Me n'est pas l'une de mes préférés – elle est bien, je ne peux pas dire le contraire, toutes les musiques de Her Majesty sont bien, juste à un degré différent –, mais joué en « direct » elle est mille fois mieux que sur les CD.

Tout de suite, je suis épatée comme toujours par l'énergie du concert, c'est encore plus frappant en rêve que sur la télévision. Les images ne montrent pas à quel point les membres du groupe paraissent possédés par leur musique. Elles ne retranscrivent pas non plus exactement comment les Jumeaux Century envoûtent le public à l'aide de simples mots, en se déplaçant sur toute la scène comme s'ils étaient en plein milieu de la foule, paraissant faire vibrer à l'unisson les cent dix mille personnes qui m'entoure, comment ils arrivent à m'envoûter et me faire danser au milieu de cette foule.

La chanson se poursuit dans une ambiance survoltée, tandis que j'admire les artistes, tous les cinq différents et dépareillés – une petite blonde timide, des jumeaux ultras énergiques, un grand brun provocateur et un roux possédé par la musique, mais discret –, formant à eux cinq une symbiose magique, impossible de savoir comment ils peuvent tous si bien se compléter, mais ce qui est sûr, c'est que c'est génial.

Les dernières notes résonnent encore quand Warren s'avance se met face au public, un verre de bière à la main et un sourire aux lèvres qui met en valeur sa barbe caractéristique, tel un collier, marquant les contours de sa mâchoire.

— Est-ce que tout le monde va bien ? demande-t-il alors après une gorgée d'alcool.

Un oui général s'élève alors de tout le stade. Et moi, je n'ai qu'une envie, c'est de hurler et de sauter partout tellement c'est juste magique.

— Est-ce que c'est cool ?

Je suis sûre que, quelle que soit la question, je répondrais oui, en même temps que toute la foule.

— Est-ce que... commence-t-il avant de s'interrompre en entendant l'arrivée d'une nouvelle mélodie qui n'est autre qu'un air de violon, joué par Terrie – qui a profité de la distraction qu'a créé son frère, pour récupérer son instrument.

Warren lance un regard outré à la foule, comme s'il n'en revenait pas que sa sœur lui fasse l'affront de lui couper la parole. Mais il commence tout de même à chanter Jazz'n'Roll, au moment où Dean entame les premières notes au piano. Il se promène alors sur toute la scène en s'amusant avec le public pendant que le reste du groupe quant à lui, ne bouge pas beaucoup, étant occupés à jouer de leurs instruments et n'étant pas vraiment libre de leur mouvement avec.

Ils enchaînent alors sur Sweet Dream dans une transition si parfaite que si je ne connaissais pas par cœur leur musique, je pourrais croire que les deux musiques ne font qu'un. C'est une chanson que j'ai toujours adorée pour sa mélodie avec du violon et du piano qui prédomine et ses paroles qui ressemblent à une déclaration d'amour au rêve en général. Sublime. Sans compter que c'est magnifique de voir Terrie ne fait qu'un avec son instrument, paraissant danser avec lui, c'est juste indescriptible. Je n'ose même pas fredonner les paroles par peur de gâcher la magie créée par l'instant.

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