Two Amorous Queens (3)

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 À la fin de déjeuner, je raccompagne Warren chez lui pour que nous ramenions le clic-clac et nous sommes à peine rentrés dans sa maison qu'il me dit :

— Vous êtes désespérantes toutes les deux, tu en as conscience ? Vous vous tournez autour sans même oser vous effleurer, je suis sérieux ! Attends, vous ne vous êtes pas lâchées des yeux du repas, mais pas une fois vous ne vous êtes ne serait-ce qu'effleuré ! râle-t-il en montant les escaliers, tandis que je le suis en silence, le laissant terminer tranquillement son discours. Pourtant ça se voit que vous vous aimez ! Vous bavez l'une sur l'autre, ça crève les yeux. Je suis très sérieux, ce n'est pas une blague ! Je ne sais même pas ce que vous attendez pour rien que vous prendre la main ! Tu t'es même mis à l'opposé d'elle, à croire que vous vous fuyez ! C'est quoi le problème ?

— Hier, tu avais envie de l'insulter de tous les noms et maintenant, tu voudrais qu'on sorte ensemble ? remarqué-je en évitant volontairement sa question.

— Hier, c'était hier, il faut apprendre à pardonner. Et pour tout te dire, je l'ai fait pour te réconforter, je ne pensais pas tout, même si vu les circonstances, une grande partie était vraie. En attendant, tu n'as pas répondu à ma question, pourquoi vous bavez l'une sur l'autre et que ni elle ni toi n'osez vous toucher ?

Ce qu'il y a de bien avec mon jumeau, c'est qu'il change facilement de sujet, mais malheureusement pour moi, il n'oublie jamais le sujet de base. Il ne se déconcentre pas non plus quand nous commençons à porter le canapé.

— Elle repart dans trois jours, tu sais ?

— Trois jours, c'est déjà bien ! Attends, ne me dis pas que tu comptais passer trois jours à lui tourner autour comme une reine fière !

— Une reine fière ? m'étonné-je en évitant encore une fois de répondre.

— Oui ! Tu vois les abeilles ? Les reines s'évitent ou alors se battent et bah toi et Déborah, c'est exactement pareil, sauf que vous, vous vous aimez alors ça fait très bizarre. C'est comme si vous étiez deux reines amoureuses l'une de l'autre, mais que si jamais vous ne faisiez que vous toucher, vous tomberiez de votre trône et vous êtes trop fières pour perdre votre place. En vrai, j'adore ma comparaison, elle est top, j'en ferai une chanson un de ses quatre, mais ce serait bien que tu fasses la mélodie si jamais je l'écrivais, après tout, il est question de toi. En attendant, n'espère pas m'avoir embrouillé les idées, réfléchis à ma question, je ne vais pas lâcher l'affaire comme ça, ce serait vraiment trop bête pour toi, ajoute-t-il au moment où nous ressortons avec le clic-clac.

Nous regagnons alors ma maison en silence et, sous le regard de Déborah, nous montons les escaliers pour rejoindre l'étage déposer le canapé là où il y a sans doute le moins de bazars. Une fois ça de fait, Warren rentre chez lui après un dernier regard entendu, rappelant clairement notre petite discussion, même s'il n'ajoute rien. Il est désespérant, il espère sans doute changer les choses, mais il a peut-être oublié que sa sœur est entêtée et qu'elle compte bien faire les choses à sa façon. Bon, ce n'est pas pour autant que j'oublie ce qu'il m'a dit, mais voilà, je campe mes positions, je trouve ça mieux de garder un peu mes distances avec Déborah, comme ça, quand elle partira, elle me manquera peut-être un peu moins, du moins je l'espère.

— Ça ne te gêne pas si je mets un peu de musique ? lui demandé-je juste après le départ de mon jumeau.

— Absolument pas.

C'est une bonne chose, je ne survivrais jamais trois jours sans musique, c'est strictement impossible, je deviendrais folle avant. Mais la première étape, n'est pas la plus simple, trouver un vinyle pas trop bizarre pour commencer, je testerais son goût musical un peu plus tard, pour l'instant, je suis gentille. Après avoir fouillé pendant quelques minutes sous son regard intrigué, je finis par trouver mon bonheur avec un album que m'a offert Sofia à son arrivée à Paris, en plus c'est un artiste français alors elle connaît sûrement.

Quand je sors le disque de sa pochette, elle me regarde étonnée, ne se doutant sans doute pas que je connaisse Joe Dassin. Mais elle ne paraît pas mécontente au moment où commence la musique rythmée d'Excuse Me Lady. Au contraire, elle commence presque à danser et quand les paroles débutent, elle finit même par chanter, paraissant la connaître par cœur et ne pas se soucier du tout de mon regard, étant juste libre avec en fond une musique qu'elle aime. Moi en attendant, je l'admire, appréciant de l'entendre « parler » français, c'est beau, déjà que j'aime la musique, mais avec elle qui chante en plus, ça l'améliore.

— J'adore cette chanson ! s'exclame-t-elle quand le deuxième titre commence. Je la chantais toujours quand j'étais petite !

Je me demande à quoi elle ressemblait petite fille, elle devait déjà être mignonne.

Mais attends ! Comment elle pouvait chanter cette musique petite fille ? Si ma mémoire est bonne, elle est sortie en 66, ce qui fait qu'elle avait seize ans, peut-être quinze, on est bien loin de ma définition de petite fille !

Le pire, c'est que ce n'est pas la première fois que je remarque des incohérences dans ses paroles, mais c'est bien la première fois que c'est si frappant. Souvent, elle parle de quelque chose qui existe depuis deux/trois ans comme si elle l'avait toujours connu, c'est assez perturbant. Je ne sais même pas vraiment comment ça se fait, ça doit être une sorte de pathologie ou quelque chose de genre. Mais là, c'est presque flippant, ça donne presque l'impression qu'elle se crée des souvenirs imaginaires.

— C'est jeune fille c'est ça ? J'ai mal traduit, je voulais dire adolescente pas enfant... remarque-t-elle en voyant sans doute mon l'étonnement. J'ai dû être embrouillée à cause de la chanson, c'est compliqué d'entendre quelque chose en français et de parler dans une autre langue...

Bon, je suis peut-être un peu trop complotiste, je n'avais même pas pensé à une erreur de traduction, pourtant, les deux termes sont peut-être proches en français... Le pire c'est que vu que je ne connais absolument pas la langue, je ne suis pas aidée. Malgré tout, je me sens presque bête maintenant d'avoir cherché l'incohérence à ce point, à croire que c'est trop compliqué à assimiler pour moi qu'elle soit complètement normale... comme si j'avais envie qu'elle soit un peu bizarre aussi pour me sentir un peu moins seule...

— Inutile de te justifier, je comprends, ne t'en fais pas, c'est normal après tout de se tromper, tu n'es pas bilingue. Prochain coup, je tâcherai de mettre un disque anglais ou américain si ça t'arrange, j'en ai des très bons aussi. Et de toute manière, je n'en ai pas beaucoup d'autres.

— D'ailleurs comment est-ce que tu connais Joe Dassin ?

— Grâce à ma petite sœur, elle m'a offert le vinyle à mon anniversaire des dix-huit ans.

— Tu as une petite sœur ?!

— Oui, Sofia, elle a ton âge et elle fait le tour de tous les pays du monde, un tour du monde à sa façon, actuellement elle est en URSS et avant elle a fait toute l'Europe en cinq ans, son tour de monde va être un peu long vu qu'elle n'a pas toujours beaucoup d'argent, mais elle va y arriver. Là, son prochain objectif, c'est d'atteindre le Japon d'ici le printemps pour qu'on puisse se voir pendant la prochaine tournée de Her Majesty.

— Wouah... je n'étais pas au courant de ça ! s'exclame-t-elle en paraissant vraiment fascinée par ce que je viens de dire, j'ai presque l'impression qu'elle a des étoiles plein les yeux. Mais ça explique beaucoup de choses... vraiment beaucoup, beaucoup de choses. En vrai pourquoi vous n'en avez jamais parlé ?

Mais de quoi elle parle en disant « beaucoup de choses », elle est vraiment bizarre parfois.

— On ne nous a jamais posé la question non plus entre nous, pour l'instant, les journalistes ne s'intéressent pas à nos vies privées. Et aussi, même s'ils nous posaient des questions, je ne vois pas pourquoi ça les concernerait, c'est notre vie, pas la leur, on n'a pas non plus de raison de tout leur dire, il faut toujours une part de mystère dans l'amour.

Elle explose de rire, mais vraiment quelque chose d'incontrôlable, je ne sais même pas pourquoi, je ne pense pas avoir été très drôle avec ma phrase, mais bon. À force de l'entendre rire comme une folle, presque au point d'en pleurer, je ne peux pas m'empêcher de me joindre à elle, c'est vraiment illogique comme situation. Elle est illogique parfois, vraiment, mais je pense que c'est ça que j'aime beaucoup chez elle, je ne sais même pas comment l'expliquer.

— Désolée, ça m'a fait penser à quelque chose de vraiment très très marrant, tu ne peux même pas savoir à quel point ! s'excuse-t-elle entre de fou rire.

— Ah ouais quoi ?

— C'est vraiment très très compliqué à expliquer, même impossible, vraiment, vraiment impossible, genre là, désolée, mais je ne peux pas t'expliquer ça, ce n'est vraiment pas possible, remarque-t-elle en arrêtant tout de suite de rigoler, ayant complètement repris son sérieux.

Définitivement, je ne suis pas la seule à cacher des choses. Bon je suis presque vexée qu'elle ne m'en parle pas alors que je lui en ai déjà beaucoup dit de mon côté, mais je n'insiste pas pour autant, si elle a besoin de temps, c'est son choix après tout, qui suis-je pour changer ça ?

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