Pour ceux qui doutent, OUI, c'est une historie Jarco! C'est juste que j'aime écrire toute l'histoire de Marco, même ce qui s'est passé avant ^^.

-Qu'est-ce que tu regardes? s'enquiert Jean en essayant de regarder par-dessus mon épaule.

Allongé sur le lit de ma chambre, mon meilleur me tient compagnie en ce lundi soir. Lorsqu'il a insisté pour passer la nuit chez moi un jour de semaine, je ne comprenais pas l'utilité. À quoi ça sert de flemmarder à deux? Finalement, sa présence est très agréable. Nous sommes chacun sur notre téléphone, dans nos gros pyjamas douillets, et nous échangeons par moment des phrases. C'est fou comme Jean a su me mettre rapidement à l'aise. Déjà, ma vie sans lui serait difficile à imaginer.

Quand il essaie de regarder mon écran, je m'empresse de la fermer. Depuis que Floch m'a appris pour sa malformation cardiaque, je lis sur le sujet. C'était seulement hier et déjà, j'ai trouvé de nombreux articles peu rassurants... Une greffe de cœur, c'est tellement risqué. L'espérance de vie ensuite est basse et les chances de perdre la vie pendant l'opération sont élevées. Mon collègue ne doit pas en arriver là.

-Pourquoi tu caches ce que tu regardais? s'étonne mon ami, c'était du porno, c'est ça?

-Hein? Mais non, c'était juste quelque chose de personnel! Je ne regarde pas ce genre de chose...

-Ah. Ça, c'est toi qui le dis. Moi, ça m'arrive de regarder du porno. Tu n'as pas à avoir honte.

Mes joues tournent au rouge à cause de ses paroles. Jean manque parfois beaucoup trop de gêne. Pour le faire taire, j'agrippe un oreiller que je lui lance au visage, ce qui le fait rire.

-Tu es idiot, souris-je.

-Je suis ton idiot préféré, avoue-le. Plus sérieusement, il y a un truc dont je veux te parler. Hum... voilà... J'ai commencé à texter avec une fille et je crois qu'elle aimerait qu'on se rencontre pour voir ce que ça peut donner. Elle est super sympathique.

-Ah oui? Comment elle s'appelle?

C'est bizarre que quelqu'un me confie ses histoires de cœur, mais ça me fait plaisir de voir que Jean a suffisamment confiance en moi pour me parler de ses amourettes. Avec un petit sourire, le garçon trouve sur Instagram une photo la mystérieuse fille avant de me tendre son téléphone pour me la montrer. Elle est jolie. Avec de courts cheveux clairs vagué, ses yeux en amande lui donnent un petit côté taquin, tout comme son nez très pointu. Même si à première vue elle semble un peu princesse, l'important c'est qu'elle soit gentille.

-Elle s'appelle Hitch, m'apprend Jean, c'est une militante féministe... un truc du genre. Ça ne m'intéresse pas trop, mais tant qu'elle n'essaie pas de m'inclure dans ces trucs-là, ça ne me dérange pas.

-J'espère qu'elle est gentille. En tout cas, si elle te plait c'est tout ce qui compte. Je t'encourage!

-Ouais... Dommage que tu n'as aucune fille en vue. Ça aurait été moins gênant d'aller à un rendez-vous à quatre. Tu voudrais que je lui demande si elle a une amie à te présenter? Ce serait bien.

-Non merci. Les militantes féministes ce n'est pas trop mon truc.

Je lui souris, mais au fond je sais que ce n'est pas le seul problème. Depuis quelque temps, je commence à réaliser que les filles ne m'intéressent pas particulièrement. Tous les garçons de l'équipe en parlent constamment, même que Thomas se vente sans gêne de ses nombreuses conquêtes. Au fond, elles ne m'attirent pas... Elles sont jolies, mais quelque chose me déplait. Ça me déstabilise.

Je commence cependant à ressentir des sentiments pour quelqu'un et ça me terrifie.

***

Une autre journée de travail vient de s'achever. Près de moi, Floch s'étire, épuisé après ce samedi éprouvant. C'est rare qu'il y ait beaucoup de clients, mais aujourd'hui les gens semblent s'être donné le mot pour venir en grand nombre. Nous n'avons pas reparlé de sa maladie depuis qu'il me l'a confessé, même si j'avais plein de questions à lui poser.

-Marco? déclare Floch, tu veux bien faire un petit détour avec moi? Il y a un endroit secret que seuls les employés VIP connaissent.

-Un endroit secret? m'étonnai-je, c'est où?

-Si je te le dis, ce ne serait plus un secret. Suis-moi.

Le roux me fait signe de le suivre et avec curiosité, je lui emboite le pas hors de la boutique. Après avoir mis le grillage, il me guide dans les couloirs presque déserts du centre commercial et il s'arrête devant une porte sur laquelle est écrite : « réservé au personnel autorisé ». Faisons-nous partie de ces gens? Floch regarde autour de lui, puis après s'être assuré que personne ne nous voit, il pénètre à l'intérieur. J'ai soudainement l'impression que nous faisons un truc interdit...

Mon cœur bat vite sous le stress d'être surpris quand j'enjambe le pas au garçon dans un long escalier étroit qui débouche sur le toit. C'est ça, son endroit secret? Floch avance avec habitude vers le rebord, là où il y a une belle vue sur la ville et ses nombreuses voitures en action. Même si ce lieu est intéressant, la peur que des agents de sécurité viennent nous jeter dehors me terrifie. Mon regard effrayé se promène entre le paysage urbain et l'escalier.

-Bienvenue sur le toit! s'exclame Floch en ouvrant les bras, je viens parfois prendre mon repas ici quand il fait beau. Ça peut sembler banal, mais j'aime beaucoup venir ici.

-C'est beau, mais est-ce qu'on a vraiment le droit d'être là?

-Ils laissent la porte déverrouiller, donc théoriquement on n'enfreint aucun règlement. Dans le pire des cas, on fuit par l'échelle de secours... Et cesse d'être si stressé! Je viens ici depuis des années et je ne suis pas encore en prison.

Il rigole, amusé par ma peur de l'illégalité. C'est gênant de craindre à ce point l'autorité, mais une boule de culpabilité se forme dans mon ventre chaque fois que je sens que ce que je fais est mal. L'idée d'être réprimandé ou de décevoir ma famille est pire que tout, mais il faut que je franchisse cet obstacle.

-Je t'assure que tout va bien aller, ajoute plus doucement Floch.

Avec un petit sourire, le roux vient agripper mes mains pour me tirer doucement vers le rebord du toit. Voyant son visage illuminer de bonheur, je ne peux m'empêcher de le suivre. Le regard rivé sur ses magnifiques yeux en amande, mes craintes s'envolent.

-Tu vois que ce n'est pas si terrible? On est juste sur un toit.

-Tu me trouves bizarre de ne pas aimer faire des choses illégales? demandai-je.

-Pas du tout. Ça montre à quel point tu es une personne droite et c'est une partie de toi que j'aime beaucoup. En fait, j'aime tout de toi, Marco Bodt.

Mon cœur se tord agréablement sous ses derniers mots et je détourne les yeux sous la gêne. Une étrange chaleur se répand dans mon corps, très touché par ce qu'il vient de dire. Floch aime tout de moi... C'est la première fois que quelqu'un autre que ma mère ou ma mamie me fait une telle remarque.

-Je... J'aime tout de toi aussi, Floch Forster, avouai-je timidement.

Le roux sourit avant de glisser doucement sa main sur ma joue pour me forcer à le regarder dans les yeux. Qu'est-ce qui se passe? La sensation de picotement dans le bas de mon ventre est étrange, mais depuis quelques semaines je commence à m'y habituer. Ce sentiment particulier nait chaque fois que je me retrouve près de lui. C'est la première fois que je ressens quelque chose comme ça avec quelqu'un. Est-ce de l'attirance? De l'amour?

-Je peux t'avouer quelque chose? souffle Floch, je ne t'ai pas amené ici juste pour que tu voies le toit... Je voulais juste trouver un endroit romantique où je pourrais t'embrasser sans que tu trouves ça bizarre.

-Où que tu pourrais faire quoi?

Sans me laisser le temps d'assimiler ses mots, mon collègue plaque tendrement ses lèvres contre les miennes, la main toujours sur ma joue. Les yeux grands ouverts sous la surprise, je reste figé, incapable de réagir. Un garçon m'embrasse... Floch m'embrasse et j'adore ça!

Lorsque l'information atteint enfin mon cerveau, je glisse mes mains sur les hanches et je ferme les yeux pour essayer de répondre. Embrasser est quelque chose de tout nouveau pour moi, mais j'espère bien m'y prendre. Ce n'est pas comme je l'aurais imaginé. C'est mieux.

Floch rompt le baiser avec un petit sourire, gardant son front collé contre le mien. Sans prévenir, il me serre contre lui avec force.

-Je suis amoureux de toi et j'aimerais que tu sois mon petit ami.