10. Elyse

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Deux semaines. Deux sales semaines durant lesquelles j'ai vécu la plus horrible torture que l'on puisse imaginer. Rien de physique, malheureusement, c'est le mental qu'ils attaquent en premier. J'ai dû voir Nikyta mourir, la vie quitter ses yeux si brillants, quitter son corps qui m'avait serré tant de fois pour me réconforter.

J'ai vu quelqu'un mourir encore une fois, en restant impuissante, bloquée par les puissants bras de Troyan. Quelque chose s'est brisé en moi, bien que je ne sache pas tout à fait quoi. C'est comme si un câble venait de court-circuiter tout mon cerveau, me laissant prisonnière de toute la douleur et la colère que j'avais enfouies auparavant.

Après ça, j'ai dû voir Khan et Ema être emmené loin de nous, dans un endroit inconnu, pour subir on ne sait quelle torture par des monstres. J'ai perdu une amie, même plus, une mère, un frère, une sœur. J'ai laissé ma famille partir sans opposer de résistance. Mais le pire, ça été de voir le reste. Je pensais qu'ils allaient partir, nous laisser tranquille digérer notre deuil, préparer notre revanche, quelque chose. Mais ce sont des monstres, et il leur en faut toujours plus. Alors ils ont agi en monstre, fonçant sur nous en masse, pour nous tuer. Mais la rage que j'ai ressentie m'a donné la force de résister, et j'ai vu des tas de vie, des tas d'âmes partir.

Des lumières quitter des yeux que je croyais vide, des hommes me supplier de les épargner comme s'ils ressentaient la moindre émotion. Et pour une fois, c'est moi qui n'en avais plus rien à faire. Alors j'ai coupé leurs têtes, puis leur bras, puis les jambes, et enfin le torse. Et j'ai enflammé chaque morceau pour faire un feu de camp, qui nous a réchauffés pendant la nuit. Seulement, Troyan a voulu faire le héros, il a voulu sauver les deux gamins. Il s'est rendu en échange des gosses. Et bien sûr, les monstres survivants l'ont pris avec les enfants et les ont emmenés, me laissant seule avec les corps flamboyants qui se reflétaient dans mes yeux, nourrissant ma haine.

Kalen est arrivé plus tard, je ne savais même pas qu'il était parti. Et lui aussi, il a changé. Rien qu'au niveau physique, puisqu'il s'est peint les marques de guerre de son peuple sur le visage, mettant en valeur ses tâches. Son regard n'est pas celui d'un assassin, mais celui d'un père qui ferait tout pour ses enfants. Il a essayé, pendant ces deux longues semaines, de me faire abandonner l'idée de vengeance, me disant que j'en payerai le prix. Et je lui ai ris au nez, répliquant que je n'avais plus rien à perdre. Aujourd'hui, c'est le jour J, celui où on récupère les enfants, Troyan, et selon Kalen, mon âme. Comme si elle était partie.

- Elyse, on y va.

Kalen parle sur un ton doux mais ferme, comme s'il parlait à sa fille. Je me lève et attrape mon arme à feu, ma lame que m'accroche dans mon dos et mon talkie-walkie à la ceinture, et je le suis en direction de la voiture qu'il a récupéré chez un ancien ami quelques jours plus tôt. Dès qu'il démarre, il met en route le GPS pour y entrer l'adresse à laquelle seraient les restes de notre famille.

Deux semaines de tortures intensives d'un ancien soldat pour avoir l'adresse de cette planque. Je me souviens encore de son sang coulant le long de ses plaies et sur la lame de mon couteau lorsque j'entaillais sa peau, ses cris quand j'appuyais trop fort, la joie que ça me procurait. Il m'avait supplié de le laisser en vie, mais dès qu'il m'a donné les informations, la lame s'est plantée dans sa tête. Et j'avais souris. Cela peut sembler malade de ma part, et je ne justifierais pas mes actions, parce que personne ne peut comprendre. Le monde est rude, le monde est une saloperie, et si tu veux vivre dedans, il faut devenir une salope toi-même.

- Tu vas bien ?

Je ne cille pas et garde les yeux fixés sur le GPS avec un léger sourire. Non ça ne va pas. En moins d'une semaine, j'ai perdu mon frère et Nikyta. Mais je devrais aller bien, c'est sûr ! Des questions aussi stupides, il me les réservait ou c'est le stress à l'idée d'avoir perdu ses enfants qui le rend stupide ? Je le fusillais du regard dès que je détachais mes yeux de ce fichu GPS.

- Ça ira mieux quand j'aurai buté ces salopards.

Kalen soupire et arrête la voiture. Je le regarde avec incompréhension et descend après lui. Il semble abattu tandis que je suis remontée à bloc. Je le pousse gentiment au niveau de l'épaule, comme lorsque nous nous entrainions. Nous devons y retourner, mais il ne semble pas comprendre.

- Qu'est-ce que tu fais ? Il reste une heure de route ! Redémarre !

Kalen se tourne vers moi, et je peux voir de la déception dans son regard. Il est déçu de quoi ? De ne pas avoir assez d'essence ? Des vies étaient en jeu, j'avais besoin de tuer ces saletés pour me sentir mieux, me dire que Nikyta n'est pas morte en vain, que son meurtre n'a pas été impuni ! Qu'est-ce qu'il attendait pour remonter en voiture et partir ?

- Non. Pas tant que tu gardes cette stupide vengeance. Tu ne peux plus rien faire, et ça ne va ramener personne ! Pire, ça va même en tuer d'autres !

Je plisse les yeux et m'approche de lui.


- Et qui ? Hein ? Donne le nom d'une personne à laquelle je tiens qu'ils n'ont pas déjà tuée ou blessée. Un seul nom, et je laisse tomber.

Sous le poids de la menace, Kalen lève les mains et remonte dans la voiture en claquant la porte. Je le suis, m'installe et ferme la mienne avec violence. Le moteur démarre et le voyage se déroule dans le silence le plus complet. La tension est palpable entre nous, et je peux voir le visage ravagé par la désillusion de Kalen. J'appuie ma tête contre l'appuie-tête et pose mes pieds contre le pare-brise avant de fermer les yeux pour me focaliser sur les mouvements de combat que je connais et qui peuvent m'être utile. Pour la deuxième fois, le moteur s'arrête et je soupire d'exaspération.

- Kalen, on peut y aller ou tu comptes attendre la fin du monde ?

Kalen ouvre la portière et sort de la voiture.

- On y est Elyse.

Nous sommes devant un vieux bâtiment décrépi qui donne plus envie de vomir que d'entrer. Des bruits étranges en sortent, comme si cela avait servi auparavant. De la fumée sort de longs tuyaux, sûrement une idée piquée à la Terre.

Kalen sort son arme et s'avance pour dégager la voie tandis que j'escalade le grillage pour me faufiler en douce sans attirer l'attention des cinq gardes. Je n'ai pas prévenu Kalen qui va leur tomber dessus, mais je sais qu'il s'en sortira. J'emprunte de vieux escaliers couverts de mousse et pénètre dans une pièce en cassant la fenêtre. J'arpente les couloirs vides, ce que je trouve étrange, avant d'entendre un cri étouffé.

- Tu t'es décidé à parler gamin ?

Une voix dure et froide semble torturer un enfant. Khan ? Possible, surtout en entendant le bruit de crachat venant dudit gamin. Je souris et m'avance vers le bruit, arme à la main. Je suis prête à entrer quand une main s'abat sur mon épaule et une autre sur ma bouche. Réflexe ? Je mords et me retourne brutalement. Kalen est devant moi et se tient la main. Son coquart indique qu'il a croisé les gardes du bas. Je souris.

- Trouve Troyan, je me charge de mes enfants.

Je lève les mains en signe de paix malgré le sourire insolent sur mon visage et reprend ma marche dans les couloirs, descendant d'un étage ou deux pour fouiller plus en détails. Je finis par entendre du bruit venant du rez-de-chaussée. Un garde émerge sous moi, alors je saute sur ce garde, met une main devant sa bouche et l'égorge proprement.

Puis je laisse le corps retomber mollement sur le sol, et lâche la tête. Je vérifie les alentours et marche vers une salle qui semble éclairée, me plaquant contre le mur pour écouter avant d'entrer. Il y a deux hommes dans la salle, et visiblement un troisième, qu'ils interrogent.

- Un déserteur, voilà ce que tu es ! C'est ce que tu es devenu. Nous on t'a tout donné Troyan ! Et toi tu t'es barré ! Tout ça pour quoi, pour des sentiments ? Qui veut ressentir ? C'est stupide !

Le deuxième renchérit :

- Où sont les plans Troyan ? Tu sais, les petits papiers gribouillés avec lesquels tu es parti !

Je fronce les sourcils et vérifie ma poche intérieure, dans laquelle gisent les plans tant recherchés. Bon, les emmener était stupide, mais les laisser aussi. Qui plus est, ça fait deux semaines qu'ils l'interrogent et il n'a rien dit ? Si c'était moi, il serait déjà mort. Avec un soupir, j'envoie dans la salle un bouton que l'un d'eux ramasse avec curiosité. Débile. J'appuie sur un bouton et il se prend 340 Volts dans le corps, tombant barbecufié sur le sol tandis que le deuxième sort une arme. Ah, un combat.

Ça va être sympa. Je sors de ma cachette, le laissant tirer deux balles avant de le frapper en plein ventre. Il recule et revient à la charge, laissant tomber son arme. Je lui envoie mes jambes dans la tête, le faisant saigner du nez. Il me lance son poing, je l'arrête et lui brise net, puis envoie mon genou dans ses parties sensibles, avant de sortir ma lame et lui couper la tête. Je reste là, couverte du sang de cet inconnu, me sentant invincible. Je souris et ris légèrement, me mettant à genoux pour attraper sa tête. Puis je frappe dans sa tête, l'envoyant valser plus loin dans la pièce.

- C'était pour Nikyta, salopard.

Un gémissement de douleur me parvient, alors je me relève et regarde Troyan. Avant, j'aurai été choquée et même horrifiée. Maintenant, je le dévisage avec surprise. Son visage tuméfié est couvert de coupures, d'hématomes et de sang, avec même un coquard. Son corps est aussi couvert de coupures plus ou moins profondes, surtout le torse, la seule partie sans vêtement, sans doute déchirés pour faciliter la torture. Je le détache et l'aide à marcher, rejoignant Kalen à l'étage supérieur.

- Il faut y aller.

Je remarque l'absence des enfants à ses côtés. Je fronce les sourcils.

- Ou sont Khan et Ema ?

Kalen jette un œil à Troyan et l'aide à marcher également. Je sais que les deux hommes ne sont pas vraiment en bon terme. Disons que Kalen voit toujours Troyan comme le meurtrier de sa belle-mère et les enfants doivent avoir le même avis sur la question.

- Dans la voiture.

Le retour dans notre nouvelle planque se fait dans le silence. Les deux enfants dorment, et je remarque peu de blessures sur eux, voir aucune. Visiblement, les gardes ont une âme et n'ont pas touché aux enfants. Troyan est à moitié comateux, mais il s'en sortira, comme toujours. Le voir allongé sur la banquette arrière me rappelle des souvenirs, un peu plus heureux cependant. Quand Troyan a ressenti la douleur.

J'étais heureuse pour lui, fière aussi. Et aujourd'hui, je suis celle des deux qui ne ressent plus rien. J'attrape sa main, comme un réflexe, et je la serre fort, comme si je voulais m'accrocher à la seule once de bonté qu'il reste en moi. Je ferme les yeux et laisse une larme couler. Troyan est ma bouée, mon humanité. J'ai créé, en l'aidant, une dépendance, qui fait qu'il est mon humanité, et que je suis la sienne. Et les paroles de Kalen me reviennent en mémoire. En cherchant la vengeance, je mettais ça en danger. Mais le dilemme était encore plus gros en sachant que d'être aussi dépendants l'un de l'autre, c'était créer notre perte à tous les deux. Nous devions nous séparer, pour être en sécurité.

C'est pour cela qu'à peine arrivé dans notre nouvelleplanque, je prétextais une panne pour m'occuper de la voiture, et quitter cetendroit dès que je fus seule. Je roulais toute la nuit, sans m'arrêter, lesyeux fixés sur la route, l'esprit ailleurs. Et l'arbre entra dans mon champ devision, trop tard.

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