Chapitre 5 - Partie 1

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Chapitre 5 – Dancer in the Dark

Mes yeux s'ouvrent lentement, après une nuit de sommeil particulièrement lourde. Je mets un temps avant de me rendre compte que mon corps est étalé contre le sol du salon. Je pousse un long soupir de nonchalance. Que fais-je ici ? Je passe mollement une main contre mon visage, cherchant à m'éveiller. J'entends une voix sourde raisonnée dans la pièce, des piaillements encore inaudibles à cause de ma somnolence.

- Luffy, tais-toi ! Ils dorment encore. Hier, ils sont revenus tard, s'énerve une voix douce mais ferme depuis la cuisine.

Les souvenirs remontent en tête. Cette fête presque chaotique. La soirée remuée du concert. Les films qui ont défilé les uns après les autres, et cette nuit passée à embrasser Ace. Mon Dieu... Dans un mouvement précipité, je me redresse, écarquillant les yeux. 

Ai-je vraiment osé ? Je me tourne lentement vers le canapé ; il est toujours là, profondément endormi. Putain. Je passe, dans un geste perdu, ma main contre mon visage. Mes yeux me piquent et mes muscles sont mous. Je peine à me relever. Je lis à la va vite l'heure de la pendule ; 13 heure. Je n'ai pas beaucoup dormi, ayant regardé des dessins animés jusqu'à 6 heure 30 du matin, dans les bras d'Ace qui était encore une fois ivre de cette soirée. Je m'avance à la table, où je m'affale sur la chaise avec la grâce et la délicatesse d'un éléphant.

- Elle était bien, la soirée ? s'enquit Luffy, souriant.

- Oui, tardé-je à répondre.

- J'avais trop de devoirs à faire, fait-il abordant une moue déçue.

- Tu es surtout privée de sortie pour le moment, ajoute Rouge écrivant frénétiquement sur un bout de papier, tout en lisant des magazines.

- Pourquoi ? arrivé-je à articuler en me servant du petit déjeuner encore posé sur la table.

- Les mauvaises notes qui défilent (elle relève les yeux vers moi) Ren, nous allons manger dans pas longtemps, sourit-elle.

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- Vivi, avec le groupe numéro 7, ordonna fermement le professeur de sport.

- Mais Ren va rester seu-...

- Ren ira dans le groupe numéro 4.

Vivi râle. Elle marmonne des injures que le professeur ne préférerait pas entendre –et heureusement qu'il ne les a pas entendu. Elle se lève, visiblement irritée de la situation. Je l'observe rejoindre son équipe composée exclusivement de filles. Elle relève gracieusement ses cheveux, les enroulant dans un élastique. Je plaque mes genoux contre ma poitrine où je pose mon menton.

 Dernière arrivée, dernière mise au courant, n'est-ce pas ? Le dernier cours de la journée –à savoir philosophie, a été volontairement permuté avec sport, en raison du tournoi sportif annuel du lycée qui a lieu après les vacances d'été. D'ailleurs, elles sont arrivées plutôt vite, à mon goût. Ce cours de philosophie est donc un entraînement pour le relais.

- Ren, grogna l'adulte, avec le groupe numéro 4.

Sans poser de question, j'obéis. 3 semaines ont passé depuis la soirée, le concert et cette nuit dont je préfère oublier l'existence. Contrairement à ce que je m'efforçais de croire, je ne cherche pas à l'effacer parce que je regrette, j'ai compris que... La vérité était bien plus cruelle qu'elle en avait l'air. 

Je cherche à oublier, car j'ai aimé. Et plus j'y songe, plus mon cœur réitère constamment la même ballade, plus j'ai envie de recommencer, de l'embrasser, de le toucher. J'ai mis de la distance entre nous, mais celle-ci est constamment ébranlée par un geste ou un autre ; surtout lorsqu'il me regarde.

Mes pas se rapprochent lentement de mon groupe imposé. J'analyse chaque personnes une par une. Je réprime un spasme lorsque je m'aperçois que chacune d'entre elle possède une capacité surprenante en sport. La mienne est quasiment inexistante. Je déglutis silencieusement avant qu'un malaise s'installe lentement au creux de mon estomac, le nouant.

- Ca ne te dérange pas de faire le dernier tour ? On s'occupera du reste, me dit une fille tout en retirant ses lunettes.

- Si vous ne voulez pas perdre trop de temps, je ferais mieux de-...

- Tu n'étais pas vraiment prévue, tu sais, alors essaie au moins de faire ce qu'on te dit, me coupe un garçon au nez rectangulaire.

Dans un langage plus lucide, un « ferme-là et fait ce qu'on te dit » aurait peut-être été mieux et plus efficace. Je leur affiche un sourire approbateur –de toute façon, que pourrais-je faire d'autre. Je me joins à eux dans leur discussion abordant la stratégie. 

Connaissant mes capacités nulles en sport, leur but est de prendre un maximum d'avance durant les premiers tours, jusqu'au dernier où je devrai me démener pour maintenir l'allure. J'écoute et j'obéis. Je n'ai de toute façon pas mon mot à dire. En sport, j'ai toujours été une des dernières choisies. Non pas à cause de mon caractère ou de ma popularité, mais à cause de mes performances sportives. Je ne suis ni endurante, ni rapide, ni gracieuse. La seule chose dont je pourrais me vanter est ma souplesse –et encore, je suis sûre que certaines filles se défendent plus sur ce point-là. 

Après quelques minutes de chahutement et de cris, les premiers coureurs se placent sur la ligne de départ. Un long silence résonne, les élèves guettent impatiemment le signal du professeur ; chronomètre à la main, bras en l'air, fixant méticuleusement l'écran de l'appareil. Je l'observe manipuler l'objet, puis, inspirant, il prononce ces mots qui précèdent un courant électrique parcourant difficilement le corps.

- A vos marques... Prêts ? Partez !

Son bras m'a paru s'abaisser lentement, comme si le départ d'une course était le moment le moins violent. Mes yeux sont attirés par autre chose. Les coureurs empiètent sur la piste avant de s'élancer dans un saut de confiance. Il est là, une nouvelle fois, juste derrière les grilles qui délimitent le terrain. Je n'arrive qu'à le voir, lui. Et personne d'autre. Ace occupe toutes mes pensées. Je le regarde, le fixe. Regarde-moi, par pitié... Les bruits de pas résonnent lentement au creux de mes oreilles. Le temps s'est arrêté, l'espace de quelques secondes.

- Ren ! crie la même fille que tout à l'heure, tu devrais l'encourager au lieu de rêvasser ! (elle tape son épaule contre la mienne, cherchant à m'éveiller).

- Oui, excuse-moi.

Sans réfléchir, je cherche du regard notre premier coureur, qui n'est pas très loin de la premières place. Ce sentiment de malaise refait surface au creux de mon ventre. Ses gestes, sa vitesse... Je ne pourrais jamais conserver cette position. Dans les minutes qui ont suivi, tout s'est enchainé très vite ; le bâton du relais a été passé deux fois, les tours s'enchainent à un rythme affolant. 

Dernier tour avant le mien. Je me place sur la ligne de départ, guettant ma coéquipière. Elle se trouve encore loin, mais je peux déjà sentir les douleurs lacérant mes pieds. Je suis vraiment ridicule d'en arriver à avoir mal physiquement –à cause d'une simple course. Peut-être, mais si je les fais perdre ? Que diront-ils ? Mon regard se porte alors sur les garçons ayant auparavant couru. Leurs yeux reflètent la détermination et la victoire. Ils encouragent, crient à s'en arracher la gorge. 

Je fixe maintenant le sol, devant moi. Gagner ou perdre. Tout ou rien. Je prends une profonde inspiration, puis expire. Mon souffle est saccadé rien qu'à l'idée de les décevoir. Les pas se font de plus en plus près, de secondes en secondes, encore et encore. Je bloque mes poumons et commence à m'élancer sur la piste, tendant mon bras le plus loin possible en arrière. Il se tend, cependant mes muscles se contractent dans un froissement atroce. Je ne peux m'empêcher de laisser une grimace traverser mon visage. Je sens le bâton frôler mes doigts, je tords ceux-ci, cherchant à l'agripper de toutes mes forces. 

Sans réfléchir, je m'élance. J'arrive à mener la course. Mes jambes tentent de parcourir le maximum de mètres. Je perçois les encouragements de mon équipe, hurlante. Mon souffle irrégulier m'ordonne de ralentir la cadence. Mes poumons s'enflamment, remontent jusqu'à ma gorge. Elle brûle, se serre un peu plus à chaque pas. 

Quelqu'un me double ; je n'ai pas le temps de voir de qui il s'agit, je n'arrive plus qu'à me concentrer sur la ligne d'arrivée, qui se rapproche de plus en plus. Dans un ultime effort, je tente de parcourir les derniers mètres restant en utilisant le peu d'énergie qui me reste. J'accélère une dernière fois ; le sprint final.

Mon souffle est coupé. Le silence me parait comme un brouhaha interminable. Je redresse lentement la tête. Je suis à terre, à plat ventre. Soudain, une personne claque lentement dans ses mains, puis une autre, jusqu'à ce que toute la classe acclame « Ren ». Je clignote des yeux, incrédule et perdue. Je redresse la partie haute de mon corps, m'assaillant contre le sol poussiéreux de la piste de course.

- Ren, crie ma coéquipière, nous sommes arrivés troisième, grâce à toi ! sourit-elle.

Je mets un temps à analyser cette phrase, l'observant, complètement muette. Mes yeux s'écarquillent lentement, avant que mes lèvres s'étirent dans un spasme dont je n'ai pas le contrôle. Elle lève son pouce et émet un léger rire que j'imite ensuite. Un des garçons me tend la main que je m'empresse de prendre. Il m'aide à me relever, lentement.

Cependant, mon corps vacille lentement sur le côté. Une douleur harassante m'étreint le pied droit. Je lâche brusquement sa main, plaçant les miennes contre ma blessure naissante. La douleur est apparue à une telle vitesse, que des larmes commencent à longer mes joues. J'entends certaines filles pousser un cri aigu. 

Le calme refait surface sur terrain. Je relève mes yeux embués d'eau et surprend un homme grimper une grille. Sans la moindre difficulté, ses jambes passent au-dessus et atterrissent sur la terre ferme. J'écarquille une nouvelle fois les yeux. Certaines filles de ma classe m'imitent, d'autres rougissent ou encore repoussent le même cri qu'auparavant. Il se rapproche de moi, enfin... Ace se rapproche de moi.

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