Mingyu cligna des yeux à plusieurs reprises, cherchant à assimiler les paroles de Junhui. Ce fût maintenant le tour du plus jeune de froncer les sourcils.

— Je te demande pardon ? Demanda Mingyu.

— Mingyu... Ça ne sert à rien de parler... Je ne t'entends vraiment pas...

Mingyu ressentit soudainement de la pitié envers le plus vieux. Il s'était rendu compte que si Junhui ne lui répondait jamais, ce n'était pas forcément voulu, puisqu'il ne l'entendait pas depuis le début. Le Chinois avait bien vu que le regard du Coréen avait changé, et il soupira.

— Si tu te demandes... Murmura Junhui. Non, je ne suis pas sourd...

Le Coréen fronça maintenant les sourcils, s'il n'était pas sourd, comment se faisait-il qu'il ne pouvait pas l'entendre ? Mingyu était maintenant confus, mais c'était à chaque fois le cas, lorsque Junhui disait qu'il n'entendait pas les personnes, mais qu'il n'était pas sourd.

— Si j'étais sourd, je ne pourrais pas m'imaginer les sons du piano. Et même, parler pourrait être quelque chose de difficile pour moi, et en plus, j'irais sinon dans une école spécialisée pour.

— Alors pourquoi ? Demanda finalement Mingyu, qui était encore plus perdu qu'au départ.

Junhui soupira. Apparemment, Mingyu n'avait pas compris qu'il ne pouvait l'entendre. Le plus vieux se retourna donc vers son sac, et en sortit un papier, ainsi qu'un crayon. Il le tendit ensuite au plus jeune, qui comprit qu'il ne l'avait pas entendu, une nouvelle fois. Il prit donc le crayon et le papier et écrit "Alors pourquoi ?", avant de montrer à Junhui.

— Je ne tiens pas à en parler, répondit simplement le Chinois, ce qui frustra Mingyu, tu voulais me demander quelque chose, du coup ?

Mingyu s'apprêta à donner une réponse orale, mais se rappela que Junhui ne l'entendrait pas, à priori. Il hocha simplement la tête de gauche à droite, pour dire non. Il se sentait perdu par rapport à cette discussion, et il se dit qu'il fallait peut-être qu'il en parle à Minghao, qui était certainement au courant. Peut-être pourrait-il avoir plus d'informations sur lui.

— Dans ce cas, continua Junhui, ça te dérangerait de me laisser seul, s'il-te-plaît ?

Le Coréen était une nouvelle fois surpris. Jamais, il n'avait vu quelqu'un d'aussi insociable. Il ne pût s'empêcher de penser qu'il y avait certainement une raison à cela, mais quelle raison ? Mingyu baissa la tête, avant de se diriger vers la porte de la salle de musique.

— Oh et... Mingyu se retourna vers Junhui, comprenant qu'il voulait lui dire autre chose. Je sais que tu ne me voulais vraiment rien de mal, mais... Je préfère rester seul, ce n'est donc pas vraiment la peine de me parler...

Mingyu acquît, puis sortit de la salle de musique. A ce moment même, Junhui reprit le morceau qu'il faisait avant que Mingyu ne rentre dans la salle. Ce dernier le contempla, et sentait vraiment quelque chose par rapport au Chinois. Il ressentait de la tristesse pour lui, car il avait bien vu que son regard était vide, qu'il n'était pas à l'aise. Mais Mingyu ne pouvait justement rien y faire, et c'est ça qui le dérangeait. Il n'en voulait pas à Junhui de l'avoir rejeté, il n'était pas vexé. Juste triste. Triste de voir quelqu'un de si renfermé sur lui-même. C'est ce qui donna envie à Mingyu de le connaître. Mais il fallait d'abord qu'il questionne Minghao.

Il attendait donc son retour, avec impatience. Mais c'est seulement lorsque les cours reprirent qu'il revint. Il fallait donc que Mingyu attende la prochaine pause pour lui parler. Pendant ce temps, il n'arrêtait pas de fixer Junhui, ce qui empêchait totalement sa concentration sur le cours.

La pause arriva enfin, et Mingyu demanda à Minghao s'il pouvait lui parler, ce qui n'étonna bizarrement pas Minghao. C'est comme s'il savait que le Coréen allait lui poser des questions sur Junhui. Ils se dirigèrent donc vers la cafétéria du lycée, et s'y arrêtèrent pour prendre un thé.

— De quoi tu voulais me parler ?

— Je suis allé voir Junhui, comme tu me l'as dit, quand tu n'étais pas là, lui raconta Mingyu.

— Je suppose que te pose des questions... Notamment sur pourquoi il n'entend pas quand on lui parle ?

— Tu étais au courant ? Minghao hocha simplement la tête. Mais, pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

— Je juge que ce n'est pas à moi de t'en parler, mais à lui. Et si tu me demandes pourquoi, ce n'est également pas à moi de te raconter, mais à lui.

— Mais je ne comprends pas... Pourtant, quand vous vous parlez, vous semblez avoir une discussion normale, il semble t'entendre.

— Et c'est le cas. Il m'entend.

Mingyu prit un air plus confus qu'il ne l'était déjà.

— Ecoute, je ne peux pas te raconter ce qu'a vécu Junhui... Mais je peux te raconter la raison pour laquelle je suis arrivé ici, si tu veux ?

— Je t'écoute, dit simplement Mingyu, prêt à entendre ce que Minghao a à lui dire. Il est vrai qu'il n'avait aucune idée de la raison pour laquelle Minghao était en Corée, tout comme Junhui au passage.

— La vérité est que je suis le cousin de Junhui.

Première nouvelle qui surprit Mingyu. Minghao ne lui avait en effet jamais parlé de ce détail. Mais il comprit pourquoi l'approche avec Junhui avait été plus facile pour lui, même s'il pensait que c'était parce qu'ils parlaient la même langue à la base.

— Je suis donc très proche de lui depuis que nous sommes petits. Et c'est vrai que Junhui était quelqu'un de très pétillant, et de bien plus sociable que moi.

— Il était sociable ? Demanda Mingyu, l'air encore plus surpris.

— Oui, il a toujours été drôle. Quelques personnes le trouvaient un peu bizarre, surtout qu'il peut parfois être très sérieux. Mais plus le temps passait, plus il devenait sérieux par rapport à ce qu'il a vécu. On vivait loin, l'un de l'autre, mais on prenait très souvent des nouvelles, et j'ai appris quand j'avais dix ans que Junhui allait déménager en Corée.

— Et tu l'as suivi ?

— Pas exactement. Disons que, je remarquais bien qu'il s'était énormément renfermé, et quand on prenait des nouvelles, il ne parlait pas beaucoup, du moins, pas autant que d'habitude. Il faut savoir que ma mère et celle de Junhui sont sœurs, et ça a été très compliqué pour sa mère, également.

— Il a donc eu des problèmes familiaux ? Demanda curieusement Mingyu, espérant avoir une réponse.

— C'est le cœur du problème, c'est tout ce que je peux te dire... Bref, on était tous inquiets et donc, nous avons décidé de déménager près de chez eux, et donc c'est comme ça que j'ai été transféré ici.

— Donc, si je comprends bien, tu es là pour lui ?

— Exactement, confirma Minghao.

— Mais, pourquoi vous ne trainez pas toujours ensemble dans ce cas ?

— C'est assez compliqué... Murmura Minghao. Disons que Junhui, comme je te l'ai dit, s'est énormément renfermé sur lui-même, et a souvent besoin d'être seul. En fait, il préfère la solitude pour une raison qu'il t'expliquera peut-être. Du coup, je ne traîne pas toujours avec lui pour respecter son choix. Mais il sait que s'il a besoin de quelque chose, il peut me le demander.

— Tu as vraiment la main sur le cœur...

— Je veux surtout que Junhui redevienne celui qu'il était avant. Ces facettes de Junhui me manquent, énormément. C'est pour cette raison que je fais ça, pour lui.

Mingyu comprenait maintenant un petit peu mieux pourquoi Junhui était comme ça. C'était comme s'il avait peur des autres.

— C'est un peu pour ça aussi que j'insistais pour que tu ailles le voir, je veux que Junhui s'ouvre un petit peu aux autres, et comme tu voulais lui parler...

— Junhui m'a demandé de le laisser tranquille, soupira Mingyu.

— Ce serait trop te demander d'insister un petit peu ? Je te connais, Mingyu, je sais que tu es quelqu'un de bien, et que tu peux prouver à Junhui que tout le monde n'est pas mauvais. Si tu insistes un petit peu, il acceptera ta compagnie, il ne sait pas dire non longtemps.

Mingyu hocha simplement la tête, en signe d'approbation. De toute façon, Mingyu voulait malgré tout faire connaissance avec le plus vieux, le trouvant intéressant par l'aura qu'il dégageait, et l'histoire qu'il cachait. Il voulait connaître le Junhui en-dessous de cette coquille, qui semblait si vide, mais qui cachait apparemment, un garçon simplement brisé par son passé.