S1 : 🥉 (ex æquo 3)

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Équipe 4 : @Saulaeva, Vito et Mémédée



Diana ou la destinée humaine


A.

Au tout début : du néant, de l'abîme, du vide,
Une sphère décolorée, et tangible.
Puis apparurent nos doyennes, les étoiles,
Elles enlevèrent de la Terre son voile.
Puis le Soleil et la Lune tombèrent amoureux,
Et les deux âmes sœurs voulurent se rejoindre.
Mais ces amants ne seront jamais heureux,
Car Ils tourneront autour de la Terre sans fin.

Ensuite arrivèrent,
Ceux qui terrassèrent,
Le tout-puissant titan Chronos,
Qui lui brisèrent les os.

Au-delà des Enfers d'Hadès,
Naquit la terre de Déméter la déesse.
Elle fit apparaître des plaines verdoyantes,
Des forêts luxuriantes.

Puis Poséidon, jaloux, fit tomber le déluge,
Et la mer fut créée, comme un refuge,
Pour les poissons et créatures marines,
Tritons, Sirènes, Hippocampes, Hydre assassine.

Non loin de là, dans la forge d'Héphaïstos,
Une lueur apparut, réconfortante, mais dangereuse,
Brûlante, mais chaleureuse,
Le feu qui consume.

En dernier, vint cette force qui lie toutes les autres entre elles,
Ce vent qui pousse, ces éclairs qui abattent,
Qui terrasse les dieux et caresse les feuilles,
Que d'un seul geste, Zeus convoque et abat sur le monde.

Fragment d'une chanson antique sur l'origine du monde


I.

Sur les berges d'un lac, assise sur le sable et enveloppée dans une couverture d'air et d'étoiles, Diana regardait le ciel en soupirant. Devant elle, tout s'était arrêté : les astres s'étaient fixés au ciel, la brise avait disparu, les remous de l'eau s'étaient calmés progressivement, et les montagnes étaient, elles, déjà ancrées au sol depuis longtemps. Tous les composants du paysage, s'étaient filés entre eux, sans nœuds ; ils concouraient ensemble à un effet similaire, la beauté. Une beauté noble, au ton grave et froid, qui apparaissait pour Diana, austère et somptueuse à la fois. Cette nuit-là, tous les éléments : les flots silencieux, le souffle palpable, la roche stoïque et la lumière incandescente des corps célestes s'étaient entendus et avaient composé, d'un commun accord, un tableau aux couleurs homogènes et au cadre uni et élégant.

Ce cosmos des quatre éléments primordiaux s'inscrivait dans une réalité immanente, emplie de vide et hors du temps, mais dépourvu d'une dernière chose qui pourrait lui donner son ultime éclat et réchauffer son essence bien froide : de la vie.

La vie a cette étrange faculté de faire porter dans ce monde le germe du mouvement. Un mouvement qui plie la réalité, la courbe dans de grandes arabesques et qui une fois arrivé à maturité lui donne cette plasticité si agréable à vivre. Disposer des bouts de bois sur le sol ne suffit pas, il faut les tordre, les déplacer, les disposer de telle sorte qu'ils apprennent à s'emboîter les uns sur les autres pour former un nid sur lequel les oiseaux prendront plaisir à dormir. Le mouvement terraforme le milieu, pour le dévoiler à notre conscience comme un univers riche en teintes, aux coloris tantôt chauds, tantôt froid, mais à la brillance toujours belle et lumineuse.

L'Homme apporte cette vie. L'Homme est ce cinquième élément qui fait resplendir les quatre autres. L'Homme est comme le bateau qu'on voit plus loin sur le lac, avec sa trajectoire qui fait onduler cette nappe d'eau immobile, en d'innombrables petits plis tachés d'écume dont les pigments sont cachés par la nuit.

L'Homme est l'élan du monde, le courant d'une mer calme.


Ω.

Je lève les yeux vers la lune, elle me fait un peu penser à moi d'une certaine manière.

Une face dans l'ombre, comme si elle cachait toujours quelque chose, et l'autre face, exposé, celle qui semble parfaite, si on ne la regarde pas de trop près afin d'apercevoir toutes ses imperfections.

Une face complète, pleine de couleurs et d'émotions, mais l'autre, celle qui est cachée, que devient-elle ? Cette partie cachée de la lune, c'est la même chez moi qui me fait peur.

Cette grande lune malgré ses défauts, elle m'attire quand même, je veux la rejoindre. Je veux être sur ce bateau au loin qui semble la côtoyer de si près. Je ne veux pas rester immobile et allongé sur cette plage, je veux me jeter dans la mer pour la rejoindre.

Je veux, je peux, je dois le faire.

Si je prends le verre d'eau que j'ai à la main et que je le porte à mes yeux comme le font les enfants en bas-âge (j'en faisais partie), je verrai, à travers, un monde toujours faux. À travers le verre, quel qu'il soit, le monde apparaîtra toujours comme une version truquée de lui-même. Il faut plonger dans le réel pour expérimenter ce qu'il est véritablement. C'est ce que je m'apprêtais à faire, je le fis dans l'instant.

Je posai mon verre, enlevai mes vêtements et me précipitai dans l'eau stagnante. En nageant, je créai du remous. Je fus tenté d'arrêter, de faire demi-tour ; les montagnes, plus loin, m'intimidèrent, m'effrayèrent presque. Ma volonté fut plus forte (elle l'est toujours quand on la trouve réellement), je continuai.

Une fois arrivé sur le pont du bateau, je touchai la lune du bout des yeux. Je ressentis cet étrange sentiment de puissance ; voir le monde ne suffit pas, il faut se donner à lui, c'est dans ces moments-là, où le sang bout plus fort et où l'univers scintille davantage. Il faut user sans limites de cette volonté qui nous permet de s'accomplir pleinement en individu libre et puissant.

Ne dit-on pas d'ailleurs qu'il faut toujours viser la lune ?

12 août 2022, un soir de pleine lune


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