Chapitre 8

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Drago.

Impossible de prétendre que la nuit a été reposante.

Ce matin, dans le miroir, mon reflet me renvoyait des cernes dramatiques sur un teint plus blafard que d'habitude.

Rien d'étonnant après avoir veillé tard pour corriger l'ensemble de mes copies, puis avoir passé le reste de la nuit à ressasser en boucle ma dispute avec Harry et regretter certaines phrases.

L'inconvénient de travailler ensemble, c'est qu'on embarque nos problèmes au quotidien. Alors pour éviter les tensions sur notre affaire en cours, je prends les devants et décide de passer le voir avant notre journée de travail.

Avant de monter chez lui, je fais un détour pour prendre des scones bourrés de sucre qu'il apprécie tant, et du thé dans des gobelets en carton.

Dans le hall de son immeuble, je jette un œil à mon reflet pour vérifier que les cernes ont disparu après mon sort revigorant et que je suis à peu près présentable.

Au deuxième étage, quand Harry ouvre la porte, je réalise qu'à côté de lui, je respire la fraîcheur.

— Drago ? Qu'est-ce que tu fiches ici ? demande-t-il en jetant un coup d'oeil inquiet au couloir vide.

— Je suis passé à ton loft, que j'ai trouvé vide. Puis, je me suis souvenu que tu viens parfois t'isoler dans ce placard à balais que tu appelles un studio. Et oui, j'ai pris mes précautions en esquivant les paparazzis...

Il a une tête de déterré, les cheveux en vrac, les yeux rougis et de grandes poches sous les yeux.

— Je n'aime pas qu'on se dispute, Harry. Pas comme ça. Alors j'ai amené le petit-déj, en signe de paix...

Il fixe le sachet de scones, se masse la tempe en soupirant.

— Tu as une sale tête. Est-ce que ça va ?

Je devine des bouteilles vides sur la table basse parmi des canettes de bière. Je tique sur les restes de joints, je croyais qu'il avait levé le pied sur les stupéfiants. Ça ne doit pas aider à calmer sa paranoïa...

— Vu ton état, j'aurais plutôt dû prendre une fiole contre la gueule de bois... Toujours tes insomnies ?

Alors qu'il se frotte les yeux en maugréant, un râle s'élève dans son dos.

Quand je devine le corps d'un homme nu qui émerge d'entre les draps, je me sens ridicule avec mes gobelets de thé et mon sac de scones.

Harry suit mon regard et grimace.

J'hésite à tourner les talons, mais je me racle la gorge.

— C'est qui, lui ?

— Personne. Gary ? Garrett ?

Dans son dos, le type se redresse dans le lit.

— Evan, corrige-t-il.

Harry lève les yeux au ciel et lui aboie dessus.

— Enfile tes fringues et barre-toi !

Je reconnais le sorcier-archiviste, avec son anneau à l'arcade sourcilière. Dramatiquement jeune et bien foutu. Une bouffée de honte gonfle ma poitrine. Comment pourrais-je faire le poids face à ce genre de dieu grec qui se pâme devant lui pour un rien ?

— C'est pas ce que tu crois, Drago.

— Il y a un homme dans ton lit...

Harry passe une main dans ses cheveux en bataille.

— J'étais défoncé, la tête en vrac, mais il s'est rien passé, promis.

L'archiviste, torse nu, part à la recherche de ses vêtements et trouve opportun de s'immiscer dans notre conversation.

— Je confirme. Un parchemin prometteur, et puis rien que des jérémiades. Même pas une bonne pipe...

— Tire-toi de là !

Le jeune homme hausse les sourcils, peu impressionné par Harry, prend le temps d'enfiler sa veste avant de se faufiler entre nous pour quitter l'appartement.

— Tu ne l'oubliettes pas ?

— Pas la peine.

— Tu sais pertinemment qu'il y a des paparazzis en bas de cet immeuble. Tu me fais la morale à chaque fois ! Donc tu t'en fiches d'être vu avec des mecs d'une nuit. Tu t'en fiches d'être vu avec un mec tout court...

— C'est le principe d'assumer sa bisexualité, merde !

— Alors quoi, c'est moi le problème ? Tu as honte de sortir avec un ancien mangemort ?

— C'est pas ça, Drago...

Sauf que cette fois, je ne suis pas sûr de supporter les fausses excuses qu'il va me sortir !

Il est peut-être paumé, mais j'en ai ma claque de tendre une main vers lui quand lui ne fait clairement aucun effort pour être avec moi.

Je tourne les talons, et embarque avec moi le thé et les pâtisseries. Il ne mérite décidément pas mes attentions et mes tentatives de réconciliation.

*

À l'étage des Aurors, c'est encore calme.

Quelques officiers sont à leurs bureaux, certains recueillent des témoignages dans leurs bulles d'intimité, d'autres griffonnent des parchemins.

Quelques notes volètent au-dessus du bureau de la secrétaire en attendant d'être traitées ou transmises à leur destinataire final. Je remonte la rangée de bureaux pour accéder à celui de Harry.

Weasley traverse la pièce dans l'autre sens en échangeant avec un des enquêteurs. Quand nous nous croisons, il me salue d'un signe de tête et je lui fourre le sachet de scones dans les bras.

— Qu'est-ce que... ?

— Partage avec les autres !

Je m'installe au bureau de Harry, déverrouille son tiroir d'un geste de baguette et en sors les dossiers de l'enquête.

J'aurais peut-être dû poser un jour de congé, ou aller me terrer au Laboratoire. Mais il aurait alors fallu expliquer à Weasley que les soucis avec Harry empiètent de plus en plus sur notre collaboration, et ce ne serait vraiment pas professionnel.

Je fixe les lignes du parchemin en essayant de mettre ma colère de côté.

Je ne peux pas jouer l'étonné.

Je me doute que Harry couche à droite et à gauche. J'étais avec lui, sur le terrain, quand il levait ses indics, qu'il fricotait avec Nigaud et allait se "détendre" dans les bains turcs. C'est une habitude malsaine. Je sais que ça ne signifie rien pour lui, qu'il ne pense peut-être même pas à mal, mais j'ai été crétin de croire qu'en étant enfin ensemble, l'envie lui passerait.

J'ai eu la prétention de croire que je pouvais lui suffire à moi tout seul.

Mais la vérité, c'est que j'approche la quarantaine, je ne suis plus aussi frais qu'avant. Je ne fais sûrement pas le poids devant des sorciers qui ont la vingtaine.

On n'a jamais parlé d'exclusivité, je savais en sortant avec le Sauveur du Monde Sorcier que c'était un risque à prendre. J'ai été con de penser qu'il se rangerait de lui-même.

Mais après tout, on ne s'est jamais promis union et fidélité. C'est à peine s'il ne fait pas une crise d'angoisse dès que je lui propose de venir s'installer à la maison. Finalement, Harry est comme un Vif d'Or. Sauvage et indomptable. Je m'estime bien heureux de l'avoir attrapé, mais je sais qu'il peut - qu'il va - me filer entre les doigts, un jour.

J'ai conscience qu'il a besoin de son espace de liberté, et je ne veux pas être celui qui le brime ou qui l'étouffe.

Mais j'avoue être déçu qu'il ne comprenne pas à quel point je tiens à lui et qu'il ne réalise pas les efforts que je déploie pour garder notre relation à flots.

Parce que la réalité, c'est que souvent, j'ai envie de baisser les bras.

Après tout, ma vie n'est pas si mal entre les cours, les conceptions innovantes de potions, les consultations pour le ministère, et puis Scorpius... Finalement, les prises de tête ne viennent qu'avec Harry.

Ce n'est pas si surprenant, ça a toujours été notre mode de fonctionnement. Sauf que la fougue d'antan a laissé place à une profonde lassitude.

Aujourd'hui, j'ai juste envie d'une relation un peu plus stable, un peu plus saine, avec l'homme que j'aime. Et qui m'insupporte tant à la fois.

Certains jours, je me dis que ça serait simple de tout plaquer.

Sauf que c'est le genre de choix qui lui ressemble. Moi, j'enseigne à Scorpius la résilience et la résolution des conflits. Manquerait plus que je sois un modèle foireux. Fais ce que je dis, pas ce que je fais...

Quand Harry débarque dans le service, je me redresse pour reprendre contenance. Son uniforme d'Auror est soigné, mais ses lunettes de soleil par ce temps grisâtre camouflent mal ses yeux rougis.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— J'ai promis à Weasley de séparer vie privée et enquêtes. Alors, assieds-toi, Potter. Invoque ta bulle de discrétion et écoute ce que j'ai trouvé. On parlera du reste plus tard.

Il s'installe sans un mot dans son fauteuil et créé la bulle dorée autour de nous d'un geste de baguette.

Je lui résume mes recherches de façon froide et méthodique : en potassant les vieilles affaires, j'ai identifié une zone géographique et un créneau de dates concernant les attaques, ce qui pourrait permettre d'affiner nos recherches au Bureau des Créatures Magiques.

Comme il reste silencieux, je lève enfin les yeux vers lui. Il a la lèvre tremblante.

— Fais-moi une scène. Engueule-moi, Drago.

Je soupire et me laisse tomber contre le dossier de la chaise.

— Là, au milieu des Aurors ? On ne s'est jamais promis l'exclusivité. Si tu veux coucher avec d'autres personnes, je ne vais pas te l'interdire. Si je ne te suffis pas, par contre...

— Je n'ai pas couché avec lui, c'était la vérité.

— Mais tu l'as voulu à un moment de ta nuit...

— J'ai déconné...

Il a le regard fuyant souligné de cernes immenses.

Je me frotte les yeux, rassemble les parchemins étalés sur le bureau.

— Tu aurais dû m'appeler.

— J'ai cru... j'ai pensé que tu ne voudrais plus entendre parler de moi après notre échange d'hier.

— Ce n'était pas le cas, Harry.

— Pourquoi t'es si patient avec moi ?

— Parce que j'aurais aimé que quelqu'un soit à mes côtés quand j'essayais de me détruire à la sortie d'Azkaban !

Il se mord la lèvre en évitant mon regard.

J'ai tellement, tellement envie de le détester, mais le voir si perdu et mal en point, me donne juste envie de le prendre dans mes bras pour lui dire que ça va aller.

Je fais une pile des parchemins puis me lève pour les arranger en les remettant dans leur dossier.

— Tu me fais chier, Harry. Mais je ne te laisserai pas seul.

Il a les yeux humides, mais bien trop conscient que sa bulle de discrétion ne coupe que les sons au reste de l'étage.

Quand Weasley s'approche de notre bulle, Harry rompt le sort et je glisse la sangle de ma sacoche sur l'épaule.

— Tout va bien ? il demande.

J'ignore s'il parle de l'enquête ou de nous deux, mais je devance Harry avant de filer rejoindre mon Laboratoire.

— Tout va bien.

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