Bonus #1 - Partie 3

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Point de vue d'Isaluna/Luna •

— Tu crois qu'emmener mon bébé à un mariage fait de moi une mauvaise mère ? me demande Karlie.

L'air coupable, elle agite doucement le petit berceau dans lequel a été installé son fils. Darwin et elle occupent la table la plus à l'écart du reste de la salle, afin de rester éloignés de l'agitation de la soirée. De toute façon, comme Elasia supporte de moins en moins le bruit au fil des semaines, elle a demandé à ce que le volume de la musique ne soit pas réglé trop fort. Cela n'empêche pas Karlie de s'inquiéter pour son petit, malgré mes tentatives pour la rassurer.

— Tu lui as mis les caches-oreilles les plus mignons du monde ! Et les plus protecteurs, aussi. Il ne risque rien, regarde comme il dort paisiblement...

En effet, le petit Ethan a l'air parfaitement détendu, sans que ses caches-oreilles ne semblent le déranger. Âgé de six mois, sa peau bronzée est la même que celle de Darwin, mais quelque chose chez lui rappelle Karlie. Leur même petit air adorable, sans doute.

— Non, je confirme que tu es vraiment une mère lamentable, intervient Rona depuis la chaise où elle est assise, la tête appuyée sur une main. Faire endurer les pleurs insupportables de son gamin au reste du monde, c'est vraiment bas. Ce gosse aurait été bien mieux chez lui, et nous aurions été bien mieux sans lui.

Je lève les yeux au ciel, mais ni Karlie, ni moi ne répliquons. De toute façon, ma soeur ne nous accorde déjà plus son attention, concentrée sur son téléphone. Elle pianote quelques mots, puis nous quitte brusquement pour traverser la salle au pas de course. Je balaye rapidement l'assemblée du regard, et constate que la copine d'Alec boit un cocktail toute seule près du bar. Il n'y a pas besoin d'avoir fait une formation de détective pour deviner qui Rona est partie rejoindre...

— Tu crois que ça pourrait marcher, entre eux ? m'interroge Karlie qui en est venue à la même conclusion que moi.

— Je n'exclus pas la possibilité que l'âme de l'un des deux se retrouve enfermée dans une pierre, mais à part ça, je pense qu'ils pourraient être plutôt mignons ensemble...

Nous éclatons de rire, même si nous savons très bien que nos plaisanteries pourraient un jour devenir réalité. Cependant, je fais désormais assez confiance à ma soeur pour me douter qu'elle ne redeviendra pas la "jumelle maléfique" qu'elle était. Du moins, si Alec ne rompt pas avec elle au bout de deux mois...

Je serais sincèrement heureuse s'ils réussissaient à être heureux ensemble, car on ne peut pas dire que leurs relations respectives au cours des trois dernières années se soient révélées très concluantes... Enfin, cela dépend dans quel sens on emploie ce dernier terme.

— Ta soeur est vraiment tarée, déclare soudain Wren en arrivant près de nous. Elle vient de me bousculer comme si je n'étais qu'un tas de foin sur son chemin.

— Peut-être n'a-t-elle pas aimé la manière dont tu l'as embrassée l'autre jour...

Il rougit comme une pivoine à l'évocation de ce malencontreux incident qui s'est produit pas plus tard que la semaine dernière. Comme Rona a décidé de laisser tomber les colorations qui rendaient ses cheveux plus foncés, elle me ressemble désormais presque comme deux gouttes d'eau. Encore plus lorsqu'elle est de dos...

Wren passait tranquillement dans un des couloirs du palais, quand il a vu ma soeur arrêtée en plein milieu du chemin — nul besoin de préciser qu'elle était en train de taper sur son téléphone — et a jugé bon de ralentir le pas pour l'embrasser par surprise. Ce petit geste aurait pu s'avérer assez mignon, si seulement il avait été destiné à la bonne personne...

— Pour la centième fois, je te jure que je ne savais pas que c'était elle ! se justifie-t-il, au comble de la gêne. Et puis c'était juste un tout petit bisou sur la joue, il n'y avait pas de quoi lui faire perdre la tête.

— Il n'empêche qu'elle t'a envoyé une sacrée gifle !

Karlie et moi nous mettons à rire sans pouvoir nous arrêter, tandis que Wren pousse un long soupir. Je préfère largement prendre cette histoire à la légère, sachant très bien qu'il ne l'a pas fait exprès. Au moins, tout cela va me laisser l'occasion de le taquiner à ce sujet pendant très longtemps.

— Nous ferions mieux d'aller trouver un balcon pour le feu d'artifice, déclare-t-il soudain sans me regarder. Tu viens ?

À la manière dont il se triture les mains comme si elles lui démangeaient, je perçois sa nervosité. À vrai dire, je le trouve étrange depuis le début de la journée. Il s'est légèrement détendu au cours de l'après-midi, lors de la cérémonie, mais dès cette dernière terminée, il a aussitôt retrouvé son agitation.

— Tu es au courant que la famille royale a un balcon réservé, j'espère ? Nous n'avons pas besoin de nous presser...

— Oui, mais les journalistes nous attendrons justement en contrebas. Ils vont passer tout le feu d'artifice à nous prendre en photo.

— Et depuis quand en as-tu quelque chose à faire ?

Il semble se retenir de pousser un soupir d'exaspération, mais j'avoue ne pas comprendre l'origine de son inquiétude. Depuis le temps que les paparazzis nous courent après, nous ne sommes plus à quelques petites photos près...

— S'il te plaît, Luna, insiste-t-il en joignant ses mains dans un signe de supplication. Fais-moi confiance.

Même si je ne saisis toujours pas le pourquoi de tout ce cinéma, je finis par me lever de ma chaise, après avoir salué Karlie et son bébé. Wren m'entraîne doucement vers la sortie de la salle, et nous retrouvons les couloirs silencieux du palais. Comme d'habitude, des gardes sont postés à quelques mètres d'intervalle les uns des autres, complètement immobiles.

Wren emprunte la direction des étages, puis entre dans la chambre d'Elasia pareil à si c'était un moulin.

— Euh... Si tu as l'intention de lui voler des bijoux, elle porte déjà son collier de saphirs autour du cou...

Sans me répondre, il ouvre la porte-fenêtre qui mène à la petite terrasse personnelle de la reine. Pour une fois, peu d'étoiles scintillent dans le ciel noir. De toute façon, le grand feu d'artifice qui doit avoir lieu dans quelques minutes suffira bientôt à l'illuminer. Évidemment, ma mère n'a pas fait les choses à moitié, et a prévu les meilleurs artificiers du Peuple des Astres.

Là où nous nous trouvons, nous aurons sans doute une des meilleures vues sur le spectacle. Cependant, Wren ne semble toujours pas rassuré, regardant sa montre au moins toutes les trente secondes. Son pied tape nerveusement le sol, et son regard fuit obstinément le mien. Je pose doucement une main sur son bras, mais ne réussis qu'à le faire sursauter.

— Tu peux me dire ce que tu as ? Si c'est par rapport à ce qui s'est passé avec Rona, je croyais que tu avais compris que je ne t'en voulais pas. Je plaisante juste avec ça pour t'embêter, mais je ne veux pas que ça te prenne la...

— Ce n'est pas ça, m'interrompt-il, les yeux baissés vers le sol.

— Alors quoi ? Si tu as l'intention de redisparaître pendant trois ans, sache que le petit pont dans les jardins aurait été plus approprié pour une telle annonce...

Cette remarque a le mérite de lui faire esquisser un léger sourire, puis ses iris émeraude finissent par se lever vers moi. Je crois que même si je passais l'éternité à les contempler, jamais je ne me lasserais de leur éclat si particulier. La preuve, cela fait trois ans que je les croise tous les matins en me réveillant, et ils me fascinent toujours autant.

Comme il demeure silencieux, je l'encourage d'un regard rassurant à me dire ce qui le tourmente. Il finit par soupirer longuement, avant d'enfin déclarer à mi-voix :

— Disons que le fait que ce soit Rona qui ait attrapé le bouquet d'Elasia ne me rassure pas vraiment pour ce que je m'apprête à faire...

Je reste un instant interdite, avant que la lumière ne se fasse doucement dans mon esprit. Cependant, comme j'ose à peine y croire, mon coeur rate quand même un battement lorsque Wren sort de sa poche une petite boîte carrée. Je sens mes mains commencer à trembler, alors qu'il ouvre le boîtier pour révéler une magnifique bague sertie d'une émeraude étincelante. Le souffle coupé, je ne parviens à articuler le moindre mot. Wren non plus d'ailleurs, car il se contente de me fixer avec une inquiétude croissante, comme s'il espérait que je réponde sans qu'il n'ait à poser la question.

Étant donné que je reste parfaitement muette, il finit par poser un genou à terre, avant de murmurer avec un petit sourire incertain :

— Isaluna Carey d'Astriad, me ferais-tu l'honneur de devenir ma princesse pour le reste de ma vie ?

Il faudrait vraiment que je pense à respirer, mais dans l'immédiat, tout ce que je parviens à faire, c'est hocher la tête tout en sentant des larmes monter à mes yeux. Le regard de Wren s'illumine d'une étincelle d'espoir, qui se transforme en un feu de bonheur lorsque je réponds par un simple "oui". C'est le seul mot que je parviens à prononcer tant l'émotion me rend incapable de toute pensée cohérente.

Cela suffit amplement à Wren, qui se relève pour m'embrasser avec la même passion que si c'était la première fois. Mon coeur bat si vite que je me demande comment il fait pour ne pas exploser.

Au bout d'un moment, Wren se détache de moi pour attraper la bague argentée et me la passer délicatement autour d'un de mes doigts. L'éclat de la pierre est si similaire à celui de ses yeux que je ne peux m'empêcher de sourire.

— Alors c'est pour ça que tu étais aussi stressé ? Comment as-tu pu imaginer que je puisse refuser ?

Il laisse échapper un petit rire gêné, avant de passer une main derrière sa tête.

— Eh bien... Disons que tu aurais pas mal de raisons de refuser... À commencer par le fait que si nous avons un jour des enfants, ils appartiendront sans doute à une toute nouvelle espèce. Et je sais que ça te fait plus peur que tu ne veux me l'avouer...

Je pousse un léger soupir, sachant très bien qui lui a mis ce doute-là en tête.

— Tu en as parlé avec Elasia, c'est ça ?

Il hoche la tête, et je maudis un instant ma mère de lui avoir raconté cela. Elle ne pouvait pas tenir sa langue, pour une fois ?

— Écoute, je ne sais pas exactement ce qu'elle t'a dit, mais sache que j'ai eu cette conversation avec elle peu après l'annonce de sa grossesse et... Je me suis rendu compte que j'aimerais vraiment être à sa place, mais...

Comme je ne termine pas ma phrase, il me prend doucement les mains et me murmure :

— Qui ne serait pas inquiet à l'idée d'élever des... Malfaçons-Lunatiques ? s'amuse-t-il après avoir hésité sur le nom.

En effet, étant donné qu'il est un Obscur, et que je suis une Lunatique-Lumineuse, nos enfants seront certainement des Lunatiques, en plus d'être des Malfaçons. À notre connaissance, ce cas ne s'est jamais produit au cours de l'histoire du Peuple des Astres, et nous ne savons donc pas quelle quantité démesurée de pouvoirs cela impliquerait. Absolument aucune pression...

— Mais je t'assure que ça ne change rien au fait que je veuille passer ma vie avec toi. Et puis comment as-tu pu croire que cette histoire de bouquet y changerait quelque chose ? Rona n'avait pas vraiment l'air ravie à l'idée d'être la prochaine mariée de la famille...

Nous éclatons de rire en nous remémorant la tête de ma soeur lorsque les fleurs ont atterri dans ses mains. Elle me les a aussitôt jetées dessus comme si elles lui brûlaient les mains. Mais peut-être que les choses vont s'accélérer entre Alec et elle, et qu'à la surprise générale, ils se marieront à Miami bien avant Wren et moi. 

— J'aurais vraiment dû faire un peu plus durer le suspens, soupire-t-il en regardant sa montre. C'est Elasia qui m'a proposé de faire ma demande sur cette terrasse pour que le feu d'artifice éclate au-dessus de nous pile au moment où tu dirais oui... Dans l'éventualité où tu acceptais, bien sûr. Sauf qu'il fallait attendre minuit et demi. Mais désolé, j'étais vraiment trop stressé...

Il prend un faux petit air triste qui me fait sourire, et j'admire une nouvelle fois la bague scintillant à mon doigt, peinant à prendre conscience de tout le magnifique futur qu'elle symbolise. Je passe ensuite mes bras autour du cou de Wren, puis lui dis tout doucement :

— Ne t'inquiète pas, feu d'artifice ou pas, ma réponse aurait toujours été la même. Et quitte à créer une nouvelle espèce, je préfère autant que ce soit avec toi.

Pile au moment où je prononce ces paroles, des détonations surviennent dans le ciel noir, l'illuminant de mille lumières de toutes les couleurs. Wren choisit ce moment pour m'embrasser, et j'oublie aussitôt leur existence.

Peu importe qu'elles soient des milliers à exploser dans la nuit, elles ne seront jamais aussi belles que ce que l'avenir nous réserve.

Note de l'auteure :

Et voilà, c'est déjà la fin de ce premier chapitre bonus !

J'espère vraiment que ces trois parties vous ont plu, au départ j'avais prévu de les réunir en un seul gros chapitre, mais je me suis rendu compte que ce serait peut-être plus sympa de les diviser ! ^^

Ça m'a vraiment fait du bien de retrouver cette histoire, mais je vous avoue que je me sens désormais beaucoup plus à l'aise avec l'univers de Cendres de Lune... Avec le recul, je me rends compte qu'il y a pas mal de choses qui me dérangent dans Isaluna, mais je n'oublie pas à quel point j'ai adoré l'écrire !

Merci énormément à vous d'être revenus lire ce chapitre, je ne m'attendais vraiment pas à ce que vous soyez aussi nombreux !

Et puis qui sait, peut-être que nous nous retrouverons pour un nouveau bonus... ❤️

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