Chapitre 25

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Lorsque je regagne ma chambre, mes mains tremblent tellement que c'est à peine si j'arrive à tourner la poignée de la porte. Ne le laisse pas te rendre comme ça. Tu n'en as plus rien à faire. Je claque violemment la porte derrière moi et étouffe un sanglot. Je me passe les mains devant les yeux, bien décidée à ne pas laisser mes maudites larmes couler.

— Luna ? résonne la voix de Phoebe. Tout va bien ?

Je sursaute et retiens un cri en la voyant assise sur mon lit, à côté de ma robe de mariée emballée dans un sac transparent. Mon amie se lève et me regarde avec de grands yeux inquiets.

— Qu'est-ce que tu fais là ? je lui demande plus sèchement qu'elle ne le mérite. On t'a laissée entrer ?

— Eh bien je pensais que tu préfèrerais que ce soit moi qui t'aide à enfiler ta robe plutôt que tes habilleuses mais je peux partir, si tu veux, répond-elle avec une pointe d'agacement. C'est tout à fait normal si tu es nerveuse mais...

— Wren est revenu, je lance brutalement, les mots si peu articulés que je me demande si elle m'a comprise.

Phoebe en retombe sur le bord du lit, sous le choc, avant d'aussitôt se ressaisir et de s'approcher doucement de moi.

— Il... Il t'a parlé ? demande-t-elle sans trop savoir par où commencer.

— Dans les jardins, sur le pont, je réponds avec la mécanique d'un robot. Le valet a juste annoncé monsieur Nightsun alors j'ai cru que c'était Alec mais...

Pourquoi ne me suis-je pas posé plus de questions ? L'hésitation du valet, les jardins... Alec serait monté directement dans ma chambre et le valet n'aurait eu aucune raison d'être gêné d'annoncer mon futur mari.

Phoebe s'avance vers moi et me prends dans ses bras, sans poser plus de questions. Je me dis alors que si j'ai envie de fondre en larmes, c'est le moment. Mes yeux auront sans doute le temps de dégonfler avant le début du maquillage et surtout, je suis avec mon amie. Ma meilleure amie. Malgré mon horrible comportement envers elle ces derniers temps, elle est toujours là. Pourtant, aucune larme ne vient chatouiller mes joues. Je me contente juste de serrer Phoebe contre moi.

— Je ne sais pas si je peux faire ça, je murmure contre son épaule. Alec ne mérite pas que...

— Chut, fait doucement Phoebe en caressant mes cheveux. Ne pense pas à ce qu'Alec mérite, à ce que l'autre imbécile mérite, ni même à ce que tu mérites. Contentes-toi juste de penser à ce que tu veux.

— Mais je ne sais même pas ce que je veux, je me désole en m'écartant légèrement d'elle pour la regarder en face.

— Alors que sais-tu ? demande-t-elle en inclinant la tête avec sérieux. Est-ce que tu sais si tu aimes Alec ?

— Oui, je réponds sans hésitation. Je l'aime.

— Est-ce que tu sais si tu aimes l'autre abruti dégénéré ?

— Je le déteste, je lance avec une haine glaçante dans la voix.

Dit comme ça, tout pourrait paraître très clair, or c'est loin d'être aussi simple...

— Tu sais, je ne suis pas une pro dans ce domaine, avoue Phoebe. Ma vie sentimentale est aussi plate qu'une crêpe mais... Je crois que ta haine envers Wren est plus forte que ton amour pour Alec. Et peu importe leur nature, ces sentiments que tu éprouves pour Wren sont plus puissants, plus intenses que ceux que tu ressens pour Alec. Et c'est ça qui te met dans cet état.

Elle semble avoir peur que je lui lance une remarque déplaisante, comme j'en ai pris l'habitude ces derniers mois, mais j'esquisse un faible sourire, obligée d'admettre qu'elle m'a peut-être percée à jour.

— Mais c'est insensé, je chuchote sans parvenir à maintenir son regard. Wren vient juste de revenir, il est parti trois ans sans donner de nouvelles, n'a laissé de moi qu'une ruine... Comment pourrais-je remettre en cause tout ce que je m'apprête à faire avec Alec, lui qui a toujours été là ? Comment puis-je ne serait-ce qu'être en train d'hésiter ?

— C'est le jour de ton mariage, Luna. Si tu ne peux pas te poser mille questions aujourd'hui, alors quand le pourras-tu ?

Je sens dans son regard peiné qu'elle voudrait me dire autre chose, mais elle s'abstient.

— Que ferais-tu, toi ? je la questionne en essayant de dissimuler ma panique.

Elle sourit malicieusement et cette étincelle dans ses yeux noisette suffit presque à me remettre d'aplomb.

— Si j'avais à choisir entre Wren le psychopathe sexy et Alec le prince charmant ? fait-elle. Je prendrais mes jambes à mon cou et rentrerais à Los Angeles manger un pot de glace devant une bonne vieille série télé.

J'éclate finalement de rire et m'approche de ma robe de mariée qui attend sagement dans son sac.

— Je vais mettre cette robe et foncer épouser Alexander Nightsun, j'affirme. Il est l'homme dont j'ai besoin. Que je veux. C'était juste un moment d'égarement. N'en parle pas à Elasia, s'il te plaît.

— Qu'est-ce que je ne dois pas entendre ? demande ma mère en entrant dans la chambre.

Phoebe semble hésiter à tout balancer, se demandant sûrement si pour mon bien, elle ne ferait pas mieux de dire la vérité.

— Luna a un peu abusé sur la glace, répond-elle finalement avec un grand sourire forcé. Je ne sais pas si elle va loger dans sa robe...

Mais Elasia n'est pas dupe et part d'un rire un peu trop cristallin avant de me regarder avec inquiétude.

— Phoebe, peux-tu nous laisser deux minutes ? demande-t-elle à mon amie. Je te ferais appeler quand nous en serons à la robe mais je crois que je dois parler avec Isaluna.

Ça tombe bien, moi aussi j'ai besoin de lui dire deux mots. Si elle a envoyé une invitation à Wren sans me prévenir, elle ne va pas s'en tirer comme ça.

Phoebe quitte la pièce après m'avoir jeté un regard compatissant et je me retrouve seule avec la reine. Elasia reste près de la porte, n'osant pas s'approcher, et fixe ses jolies chaussures blanches.

— J'ai vu le frère d'Alec dans le hall, déclare-t-elle d'une petite voix. Et... J'imagine que toi aussi.

Le frère d'Alec. Je suis obligée de saluer ses efforts pour ne pas l'appeler par son prénom devant moi.

— Dans les jardins, je réponds sans plus de précisions. Et ne tournons pas autour du pot, je sais que c'est toi qui l'as invité.

Elle lève brusquement la tête vers moi, les yeux écarquillés.

— Quoi ? s'exclame-t-elle. Qui t'a dit ça ? Je n'ai jamais fait envoyer d'invitation à Wren ! Je ne savais même pas où il se trouvait. Je n'aurais jamais fait une chose pareille sachant que ça risquait de mettre en péril ton union avec Alec !

— Alors comment expliques-tu que le sceau royal était en bas du message qu'il a reçu ?

Elle semble sincère mais encore une fois, je ne peux m'empêcher de vouloir jouer les désagréables.

— Je n'en ai aucune idée, avoue-t-elle. C'est moi qui ai tamponné chacune de ces invitations en vérifiant à chaque fois le nom du destinataire. Quelqu'un a dû en fabriquer une fausse, suppose-t-elle en haussant les épaules. De toute façon, les gardes ont une liste d'invités. On peut très bien leur demander de refuser Wren à l'entrée et...

— Non, je la coupe. J'ai réglé cette affaire, il peut assister au mariage s'il le veut. Je lui ai déjà parlé et cela ne m'a fait ni chaud ni froid.

Elasia a l'air déstabilisée par mes propos et son regard inquiet m'énerve plus que de raison.

— Je n'en ai rien à faire de lui, j'affirme en la regardant dans les yeux. J'ai déjà eu cette conversation avec Phoebe alors s'il te plaît, fait appeler la coiffeuse, qu'on en finisse. Le mariage est dans quelques heures et je ne suis ni coiffé, ni maquillée, ni habillée. Alors c'est parti.

Ma mère semble vouloir ajouter quelque chose mais elle se contente de partir chercher le personnel. Désormais seule, je retourne malgré moi à ma fenêtre et pose automatiquement mon regard sur le pont dans les jardins. Sans surprise, Wren n'y est plus et je me demande alors ce qu'il est en train de faire. Va-t-il aller voir Alec ? Va-t-il assister à la cérémonie ou repartir d'où il vient et redisparaître à jamais ? Cette dernière option me terrifie plus qu'elle ne le devrait. Après tout, lorsque Alec et moi serons mariés, je n'aurai plus jamais à tenir compte de lui. Je l'oublierai, n'est-ce pas ?

Alors que je contemple les jardins déserts, je crois apercevoir une chevelure blonde au milieu des plantes tropicales. Karlie ? Non c'est impossible, elle et Darwin sont en Afrique. Mais aujourd'hui tout semble possible, me susurre une voix dans mon esprit. À peine ai-je le temps de cligner des yeux que la crinière dorée a disparu. Ce devait être une jardinière. C'étaient pourtant bien les sublimes cheveux de Karlie. Dans ce cas, que ferait-elle dans les jardins et pourquoi n'aurait-elle pas annoncé sa venue ?

Un étrange flash traverse soudain mon esprit avant de s'en effacer aussitôt. Cela m'arrive souvent lorsque je consomme des Pierres Astrales. Je crois voir une espèce de reflet de moi-même avec un sourire machiavélique ou en train de planter un couteau dans la cuisse d'Elasia... Avant que je n'y pense davantage, la porte s'ouvre sur la reine et Phoebe, entourées par des personnes portant des dizaines de mallettes.

Durant les heures qui suivent, tout le monde s'affaire autour de moi ce qui me permet de sortir Wren de mes pensées. On me demande mon avis sur des couleurs de rouges à lèvres ou sur des tresses sophistiquées bien que tout ait déjà été prévu à l'avance. Un pauvre diable est même chargé de vérifier une dernière fois que mon diadème comporte bien deux cent quarante-six pierreries.

— Voulez-vous garder ce collier ? m'interroge la femme chargée des bijoux en désignant ma Pierre des Astres.

Aux yeux de tous, c'est juste une réplique très réussie à laquelle j'accorde beaucoup d'importance.

— Oui, je réponds avec une petite hésitation et en portant ma main à la pierre.

— C'est un rubis exceptionnel, commente la femme. Elle mettra merveilleusement bien en valeur le décolleté de votre robe.

Pour une spécialiste, elle ne remarque pas que la Pierre des Astres dégage quelque chose de bien plus captivant qu'un rubis, même "exceptionnel". Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne chose que je dise oui à Alec avec la pierre que m'a offerte son frère mais son contact froid m'est désormais familier. Puis ce n'est pas le simple fait de poser ce collier qui m'empêchera de penser à ce misérable Wren...

— Je suis passée voir Alec tout à l'heure, commence Elasia d'un ton léger comme si nous étions à une soirée pyjama entre filles. Je ne l'ai jamais vu aussi beau ! Si j'avais su le charmer avant qu'il ne te rencontre...

Elle dit ça sur le ton de la plaisanterie mais honnêtement, je crois que si je décidais de rentrer à Los Angeles pour dévorer un pot de glace devant ma télévision comme l'a suggéré Phoebe, Elasia se ferait un plaisir de le consoler...

— Tu as bien ton musicien, je lui fais remarquer avec un sourire espiègle.

Elasia me fait aussitôt signe de me taire avec un geste désignant mes coiffeurs et la bijoutière. La reine doit conserver sa vie privée, évidemment... D'autant que je ne sais pas vraiment si Elasia ne fait que flirter avec le jeune musicien en question ou s'ils ont une véritable relation. C'est un violoniste qui ne doit avoir que cinq ans de plus que moi et au charme très juvénile. Il a de sublimes yeux marron et des cheveux d'un blond foncé qu'Elasia ne cesse de complimenter. Bref, sans doute un caprice de la reine...

Vient ensuite le temps d'enfiler ma robe. Je l'ai déjà essayée au moins vingt fois pour les ajustements, mais là, c'est pour de vrai. D'un blanc immaculé, avec des manches m'arrivant à mi-bras, son jupon ondule élégamment à chacun de mes pas. Les broderies ornant le buste ont été si finement travaillées que j'ose à peine les caresser de peur que mes ongles ne les abiment. La Pierre des Astres l'illumine de son éclat rougeoyant, s'accordant avec les rubis de mon diadème.

— Tu es encore plus belle que je ne l'avais imaginé ! s'enthousiasme Elasia, les larmes aux yeux. Je voudrais te serrer dans mes bras mais je ne veux pas te décoiffer ou...

Je l'interromps en la prenant dans mes bras et elle tressaute, surprise par mon geste. J'imaginais peut-être ma mère adoptive à mes côtés pour ce jour si spécial mais là tout de suite, c'est Elasia qui est avec moi. Et c'est très bien.

— Écoute, commence-t-elle avec gravité une fois que les domestiques ont quitté la chambre et qu'il ne reste plus qu'elle, Phoebe et moi, je sais que tu n'en peux plus qu'on te répète ça mais pour la dernière fois, est-ce que tu es sûre que tu veux passer le reste de ta vie avec Alec ? Je t'aurais posé cette question que Wren soit revenu ou pas alors s'il te plaît, soit honnête.

Je force un sourire serein à s'imprimer sur mes lèvres, laissant de côté la tempête qui commence à monter en moi.

— J'ai rarement été aussi sûre d'une chose dans ma vie.

Décidément, le mensonge aura été ma carte préférée jusqu'au dernier moment.

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