Chapitre 32

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— Wren ?! je m'exclame, au comble de la surprise. Que lui voulez-vous ?

Je m'attendais bien à toutes les réclamations sauf à ce que Mila me demande de lui livrer Wren.

— Disons que nous avons quelques histoires à régler, se justifie-t-elle en haussant les épaules. Je connaissais bien sa mère, Donnatella.

— Vous avez surtout dit que vous la détestiez, je lui rappelle avec circonspection.

Mila ne répond rien, se contentant de son sourire malicieux.

— Je sais que ce cher Wren a disparu des radars depuis trois ans, dit-elle. Et ce n'est pas parce que je vis recluse parmi les humains que je n'ai pas vent des rumeurs d'Astriad. Vous deux avez un certain passif, n'est-ce pas ?

Elle ne sait pas que Wren est revenu. Les médias d'Astriad devaient être trop accaparés par Rona et Alec pour s'attarder sur le retour de Wren. Peut-être ne l'ont-ils même pas remarqué, mais ça reste fort peu probable.

— Cela ne vous regarde pas, je réplique sur les nerfs. Et de toute manière, je ne sais même pas où est Wren. Comme vous l'avez dit, il a disparu.

J'espère avoir un assez bon niveau dans le mensonge...

— Eh bien débrouilles-toi pour le retrouver. J'imagine que s'il sait son frère en danger, il donnera de ses nouvelles et cherchera à t'aider, non ?

— Je ne peux pas me permettre d'attendre que Wren pointe son nez. Alec est peut-être en train de souffrir et...

— Je n'ai jamais été enfermée dans une pierre mais ça ne doit pas être un martyr insoutenable, déclare-t-elle en levant les yeux au ciel.

Sa désinvolture commence sérieusement à m'agacer. Elle a les moyens de m'aider et elle ne pense qu'à marchander.

— Quand bien même je retrouverais Wren, que lui voulez-vous ? je répète. Vous comptez lui faire du mal ? Lui voler ses pouvoirs ?

Si seulement je pouvais arracher le petit sourire insupportable de Mila...

— Je te demande simplement de me l'amener et ensuite je te dirais comment "réparer" tes pouvoirs. C'est tout ce que tu as besoin de savoir.

Je pourrais très bien lui dire que Wren patiente sagement dans le couloir. Après tout, il aurait sûrement bien mérité que je le laisse aux mains de cette femme. Mais quelque chose me dit que je le regretterais si je faisais une chose pareille. Surtout qu'il me reste encore quelques cartes à jouer...

— Vous avez peut-être été bannie d'Astriad mais vous restez membre du Peuple des Astres, je lui lance avec une étincelle de défi dans le regard. Et étant donné que je suis la princesse du Peuple des Astres, vous êtes encore l'un de mes sujets et vous devez donc répondre à mes ordres. Je vous ordonne donc de me dire comment réparer mes pouvoirs.

J'ai mis toute la détermination que j'ai pu dans mes propos, histoire d'avoir l'air convaincante dans le rôle de la princesse tyrannique. Autant que mon titre me serve à autre chose qu'à porter des jolies robes...

Mais ma conviction ne suffit visiblement pas, car Mila éclate d'un rire franc.

— Je salue tes efforts, petite princesse, ricane-t-elle. Mais je serais déjà bien loin avant que ton armée royale ne débarque, si jamais tu oses les prévenir et leur ordonner de m'arrêter. Et tu pourras dire adieu à tes pouvoirs, ainsi qu'à ton petit Alec...

Son regard de glace m'indique qu'elle ne plaisante pas.

— Ne cherche pas à vouloir jouer les plus malines, me met-elle en garde. À ce jeu-là, n'importe quel abruti sait que je suis la plus forte.

À bout de nerfs, je me lève de mon fauteuil et me dirige à grands pas vers la sortie de la pièce.

— Je suis certaine que vous n'êtes pas la seule à savoir comment réparer mes pouvoirs. Je trouverai quelqu'un d'autre.

— Ah oui ? fait-elle d'une voix légère. Tu ne trouves pas ça bizarre qu'en trois années, personne n'ait trouvé le moyen d'aider la princesse du Peuple des Astres ? Comprends bien que je suis ton seul espoir.

Ne répondant rien, j'ouvre doucement la porte et me glisse dans le couloir, prenant garde à ne pas trop l'ouvrir en grand au cas où Wren se tiendrait derrière. Il est heureusement adossé à un mur du couloir, un verre contenant une boisson fluo à la main.

— On se barre, je lui lance en partant vivement vers le lieu de la fête.

Il me jette un regard interrogateur mais attend que nous ayons traversé la foule de fêtards et regagné l'ascenseur avant de poser ses questions.

— Mila la Malicieuse porte bien son nom, c'est ça ?

— Ce devrait plutôt être Mila la Salope, je grommelle en m'emparant de son verre fluo.

Je bois une gorgée de cette infâme boisson en espérant qu'elle soit bien alcoolisée.

— Ouh la, fait Wren avec une indignation exagérée. Si tu te mets à boire et à jurer, c'est que la situation est grave...

Je vide le verre d'un trait et le jette dans l'ascenseur. Quand les portes s'ouvrent, je sors à toute vitesse, pressée de quitter cet endroit maudit.

La nuit est tombée sur Miami. Les bruits des voitures en circulation résonnent dans le quartier agité. Je m'arrête au bord du trottoir et fais signe au premier taxi passant par là. Wren et moi montons à bord et prenons la direction de notre hôtel. Je reste collée à la vitre, refusant de faire face à Wren. Si je lui avouais la requête de Mila, il demanderait au chauffeur de faire demi-tour et se jetterait dans la gueule de cette louve infâme.

Lorsque nous atteignons notre hôtel, je sors en trombe du taxi, laissant Wren se charger de régler la note. Je ne l'attends même pas pour prendre l'ascenseur, voulant à tout prix retrouver ma chambre au plus vite. Quand enfin j'arrive dans la suite, j'entre dans la salle de bain et claque la porte derrière moi.

Même cette foutue salle de bain ressemble à celle de l'hôtel d'Alec. Le grand miroir me faisant face me rappelle la fois où j'ai remarqué la trace de morsure d'Alec, juste sur mon cou. À l'époque, j'ignorais que cette morsure allait changer ma vie en réactivant mes pouvoirs de Lunatique. Si seulement je n'avais pas été une telle ivrogne, si seulement je n'étais pas sensible à ce magnétisme débile... Si seulement je n'avais pas rencontré Alec. Non. Je ne peux pas regretter ça. Si je commence à m'enfermer dans une spirale de regrets, ce sera interminable.

Là, devant ce miroir, je n'ai plus grand-chose à voir avec la petite lycéenne qui voulait un peu de piment dans sa vie. Qui croyait aux jolies histoires sucrées et qui espérait vraiment croiser un beau surfer sortant de l'eau sur une plage de Miami. Tout aurait pu s'arrêter là. J'aurais rencontré Alec, nous serions allés manger une glace, puis nous nous serions quittés après avoir passé un très agréable après-midi. Nous ne nous serions ni embrassés, ni revus par la suite. Arrêtes un peu. Tu continues à te morfondre dans tes regrets.

Je constate sans grande surprise que j'ai l'air d'avoir marché dans le désert pendant dix ans tant mes cheveux sont en pagaille, mes yeux cernés et mes traits affreusement tirés. Je me demande même comment Mila a fait pour me reconnaître tellement que je n'ai rien à voir avec la jolie princesse à laquelle les médias du Peuple des Astres sont habitués.

— Luna ? T'es là ? me demande la voix de Wren depuis l'autre côté de la porte.

Eh merde. Voilà que je vais devoir le supporter jour et nuit...

— À ton avis ?! je rétorque sans lui ouvrir.

Passer ma colère sur lui me fera sûrement du bien.

— J'ai craint que tu ne te sois jetée de la fenêtre, badine-t-il. Comme c'est assez haut...

Il n'en a pas marre de ses blagues pourries ?

— Méfie-toi que ce ne soit pas toi que je passe par cette satanée fenêtre, je fulmine.

Il ne répond rien mais je suis persuadée qu'il est encore de l'autre côté de la porte. Je sens même une tension électrique...

— Je t'interdis de manipuler mes émotions ! je lui crache en ouvrant avec fracas. Tu sais très bien que...

— Je ne manipulais pas tes émotions, me coupe-t-il avec un regard intense. Je cherchais juste à savoir si tu es triste, en colère ou carrément en dépression.

Il est adossé nonchalamment au chambranle de la porte mais je crois voir les muscles de son torse tendus sous son tee-shirt.

— Et quel est ton verdict ? je lui lance en croisant les bras.

— Tu es une véritable furie, répond-il avec un sourire amusé. Mais je ne crois pas que tu sois triste... Je dirais plutôt que tu es tellement énervée que tu serais capable de tuer un gentil petit chiot s'il s'interposait sur ton passage.

— Raison suffisante pour que tu te tiennes à distance. Maintenant excuse-moi, mais je vais prendre une douche... et n'essaye même pas de suggérer quoi que ce soit.

— Ce n'était pas mon...

Je ferme la porte avec violence, ne lui laissant même pas le temps de finir sa phrase. Une fois ma douche prise, je regagne la chambre. Ni lui ni moi n'avons allumé la lumière et seul le faible éclairage des lampadaires de l'extérieur illumine la pièce. Je me jette sur mon lit et me concentre sur le plafond blanc. Wren va à son tour dans la salle de bains, sans dire un mot.

De longues minutes plus tard, les grincements de son lit m'indiquent qu'il s'est allongé à son tour. Je remercie intérieurement je ne sais trop quel ciel qu'il y ait deux lits et pas un seul. J'aurais craqué pour de bon et aurais vraiment sauté par la fenêtre.

— On n'a pas exactement la même vue que dans ma chambre, déclare-t-il au bout d'un long moment de silence.

Je ne tourne pas la tête mais je suis sûre que si je le faisais, je le découvrirais lui aussi en train de contempler le plafond.

— Ça c'est sûr, je réponds d'une voix relativement calme.

Le silence ambiant m'apaise. Il fait assez chaud et nous devrions sans doute ouvrir les fenêtres mais le néant serait vite troublé par le raffut de la circulation. Je glisse doucement ma main dans ma poche et y trouvant la Pierre des Astres, je la passe autour de mon cou. Je ne voulais surtout pas que Mila la voie. Cette renarde aurait bien été capable de me la voler ou de me contraindre par je ne sais quelle condition à la lui donner.

— Je ne pensais pas que je pouvais haïr quelqu'un à ce point après une si courte entrevue, je lâche en serrant la pierre dans la main.

La tenir ainsi ne me fait pas me sentir plus proche d'Alec. Dans mon esprit, la Pierre des Astres ne représente pas encore Alec mais... Wren.

— On trouvera un autre moyen de le ramener, me promet ce dernier.

Je sens que c'est une promesse tant sa voix est dénuée de l'amusement qui l'habite d'ordinaire. Il me parle comme il le fait quand il est juste avec moi et que j'ai besoin d'être rassurée... ou pour m'annoncer qu'il va disparaître. Cela fait un bon moment que je sais que les promesses de Wren ne valent pas plus que de l'air.

— Je sais comment le sortir de là, je lui avoue dans un murmure.

Je n'ai pas besoin d'être voyante pour deviner qu'il s'est tourné vivement vers moi.

— Quoi ? s'exclame-t-il doucement comme s'il craignait que j'explose au moindre éclat de voix. Dans ce cas, quel est le problème avec Mila ?

Je ne devrais rien lui raconter. Après tout, puisqu'il s'entête à dire qu'Alec n'est pas son frère, cette histoire ne le regarde pas. S'il tenait vraiment à Alec, il ne n'aurait pas abandonné pendant trois ans. Il ne l'aurait pas laissé se débrouiller avec l'épave que j'étais après son départ. Pourtant, je ne peux supporter ça toute seule. Et là tout de suite, je n'ai personne d'autre que lui pour me confier.

— Mes pouvoirs, je murmure en fixant toujours le plafond immaculé. Il n'y a que mes pouvoirs de Lunatique qui pourront le sortir de la pierre.

Inutile de lui rappeler l'état de mes pouvoirs. Je sens son regard peser sur moi mais je m'obstine à ne pas tourner les yeux.

— Mila sait comment me "réparer", je continue. C'est la seule à pouvoir m'aider.

— Eh bien c'est super, fait-il avec un enthousiasme modéré. Mais à te voir, j'imagine que quelque chose d'autre se cache derrière tout ça...

Je prends une inspiration et resserre ma prise sur la Pierre des Astres.

— Elle te veut toi, Wren, je lâche d'une voix rauque.

Je m'attends à ce qu'il explose et me hurle dessus comme quoi j'aurais dû lui balancer ça dès que je suis sortie du bureau de Mila. Mais il reste silencieux. Je prends ça pour une rage montante alors je cherche immédiatement à me justifier :

— Je ne pouvais pas te livrer en pâture à cette folle dingue, je déclare à toute vitesse. Je te jure qu'elle n'a pas l'air d'avoir les meilleures intentions du monde, elle détestait ta mère... Enfin Donnatella Nightsun mais je...

— J'ai compris, Luna.

Son ton se veut apaisant mais il reste teinté d'une once de colère. Je finis par basculer la tête vers lui. Étendu sur le lit, les mains croisées derrière la tête, il fixe un point au-dessus de lui.

— Écoutes, je commence avec empressement, faire revenir Alec est la chose que je souhaite le plus au monde mais je suis persuadée que Mila n'est pas la seule personne sur cette terre à pouvoir m'aider.

Il se tourne à son tour vers moi. Dans l'obscurité, je distingue la douce étincelle de ses yeux.

— Je comprends que tu ne veuilles pas ça, me dit-il avec douceur. Mais tu ne peux pas m'empêcher d'agir pour sauver Alec. C'est la moindre des choses que je fasse ça pour lui, surtout que si la situation était inversée, il n'aurait pas hésité une seconde.

— On se débrouillera sans Mila... Je te jure que...

— Luna, me coupe-t-il calmement. Je ne pourrais jamais vivre en sachant que je n'ai rien fait pour sauver... 

— Tu ne comprends pas, je l'interromps. Tu...

Je me détourne et ferme les yeux en espérant que les mots que je m'apprête à dire seront moins difficiles à sortir si je ne regarde pas Wren.

— J'ai déjà presque perdu Alec, je murmure dans un souffle. Je ne supporterais pas de te perdre toi aussi. Je ne survivrais pas si...

Ma voix se brise mais je me force à poursuivre.

— Je ne survivrais pas si plus aucun de vous n'est avec moi. C'est égoïste et sans doute beaucoup d'autres choses mais c'est la vérité.

Je reste quelques secondes les paupières closes. Je n'aurais peut-être pas dû être aussi honnête. Dévoiler ainsi mes sentiments alors que je devrais faire preuve de force et de courage... Comme Wren garde le silence, j'ouvre finalement les yeux. Il est toujours allongé sur son lit mais a une main tendue vers moi. Il me regarde comme j'aimerais toujours être regardée. Pas comme si j'étais fragile et délicate, mais comme s'il croyait en moi.

Je tends à mon tour mon bras et saisis sa paume chaude et rassurante. Ce n'est qu'un léger contact mais c'est la première fois que je touche Wren depuis son retour. Cela ne remonte qu'à quelques jours mais après avoir passé trois années à espérer le sentir près de moi une nouvelle fois, c'est un petit exploit si j'ai réussi à tenir tout ce temps.

Je ne sais pas si je suis encore prête à pardonner à Wren, mais là tout de suite, tout ce que je voudrais, c'est qu'il ne me lâche jamais.

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