Chapitre 7

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

          Un gémissement de douleur s'échappe de ma gorge au moment où je me réveille. Péniblement, je me redresse dans l'espoir de trouver une position qui pourrait me soulager, rien n'y fait. Mes yeux s'humidifient devant la souffrance que j'endure. J'ai si mal, je veux que ça s'arrête.

Apercevant une main s'approcher, j'entrouvre sept fois les lèvres pour lui ordonner de ne pas me toucher, aucun son ne sort si ce n'est un ridicule cri. Sans que j'arrive à réagir, j'observe au ralenti une aiguille s'enfoncer dans mon épiderme.

Immédiatement, je ressens mes muscles se relâcher. La douleur, bien qu'elle soit toujours présente, semble moins insupportable. Cela devient de plus en plus dur de garder mes paupières ouvertes, je dois lutter pour ne pas m'assoupir de nouveau. Ainsi, je suis une proie facile.

– Ikke slit.

Cette voix... C'est lui. Je pourrais le reconnaitre entre mille, même amorphe. Mon corps se met à frissonner sous ses doigts, il parcourt ma chair jusqu'aux creux de mes reins. Avant que je puisse réagir, je retombe dans les bras de morphée.

Mon estomac est lourd et ma gorge est sèche. Il me faut de l'eau. J'ouvre les yeux, j'observe des flammes vaciller au gré de la brise, rendant l'ambiance presque macabre. Des centaines de bougies sont disposées partout dans la pièce. Allongée à plat ventre sur un genre de brancard, je m'aperçois qu'il n'y a plus personne. Ils m'ont laissée seule, sans aucun lien pour me retenir. Je prends le temps d'examiner tout ce qui m'entoure.

Il n'y a pas grand-chose d'autre, hormis des fioles posées négligemment sur des étagères, ainsi qu'une table avec une bassine d'eau rougie et une serviette tachée de sang. Je lève la tête vers mes bras et remarque qu'il n'y a plus aucune trace du sang de Moïra. On m'a lavée. L'effroi s'empare de moi en voyant que je suis entièrement nue, seule une sorte de tissu humide couvre mon dos.

Je dois sortir d'ici. Bien que mon esprit reste embrouillé, j'essaie de me glisser hors de ce lit de fortune. Mon corps semble anesthésié et au moment où mes pieds touchent le sol, je m'effondre. Mes genoux atterrissent lourdement au sol, tandis que tout tangue autour de moi. Avant que je puisse me retenir, mon estomac décide de vider le peu de son contenu. Les spasmes me secouent au point de me faire mal au ventre.

Fiévreuse et en sueur, j'attrape le drap sur lequel j'étais allongée et m'en entoure. À peine le tissu frôle mon dos que je grimace de douleur. Pendant une seconde, j'ai oublié les lacérations sur ma peau. Je serre les dents et me relève maladroitement pour m'approcher de la bassine. Malgré l'eau légèrement trouble, je fais abstraction et me rince le visage pour me remettre les idées en place. Mon regard est attiré par des traces sur mon bras. On dirait des marques de piqûres et, au vu du nombre, je comprends mieux mon état léthargique. Ils m'ont droguée.

Je dois m'enfuir d'ici avant qu'ils ne reviennent, c'est peut-être la seule chance que j'aurais. Je me dirige chancelante vers la porte, il n'y a aucune poignée. Je passe à maintes reprises mes doigts sur les bords, il n'y a rien. Je ne peux pas l'ouvrir de mon côté. L'unique moyen de m'échapper de cet enfer est d'attendre que quelqu'un vienne de l'autre côté. Je me mets à fouiller les étagères, tout ce que je trouve, ce sont des flacons utilisés. La plupart sont presque vides et les inscriptions figurant dessus sont illisibles. Entendant du bruit se rapprocher, j'accélère mes recherches. Il doit y avoir quelque chose qui peut me servir comme arme de fortune.

Ils ne s'attendent sûrement pas à me voir éveillée, l'effet de surprise peut être à mon avantage. Je finis par tomber sur une seringue sertie d'une aiguille abîmée. C'est mieux que rien. Je la cache dans mon dos à la hâte, au moment où la porte s'ouvre. C'est le moment ou jamais. C'est peut-être mon unique espoir. Lorsque je m'apprête à me ruer vers la sortie, je me fige en apercevant Ulrik. Mon esprit n'a pas le temps de réagir que mon échappatoire se referme.

— Te voilà enfin réveillée.

Je ne dois pas le laisser rentrer dans ma tête, je saisis les flacons qui sont à ma portée et lui jette dessus. Il les évite aisément.

— Tu es une vraie tigresse.

— Ne bouge pas ! lui ordonné-je en le voyant s'avancer droit sur moi

Celui-ci s'arrête sur le champ et fait mine de coopérer en levant ses mains. Face à son regard qui détaille chaque centimètre de mon corps, je resserre le pauvre tissu qui me couvre. Encore vaseuse, mes jambes se mettent à chanceler. Si je reste une minute de plus debout, j'ai peur de m'effondrer sur le sol une nouvelle fois. Je recule sans pour autant lui tourner le dos.

— Ne t'approche...

Avant même que je n'aie pu terminer ma phrase, ses mains s'appuient de chaque côté de ma tête. Étant plus grand que moi, je suis obligée de lever les yeux en tenant toujours la seringue entre mes doigts.

— Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? me chuchote-t-il en se collant à moi.

Sans réfléchir, je plante l'aiguille dans son épaule. Malgré mon état fébrile, j'arrive à m'échapper de sa prise en passant sous son bras et me précipite à l'autre bout de la pièce.

Lentement, Ulrik se tourne vers moi tout en enlevant délicatement l'objet teinté de rouge. Un sourire taquin se dessine sur ses lèvres.

— À mon tour de m'amuser.

Je tente de m'enfuir et renverse l'étagère juste devant lui pour lui barrer la route. Cela le freine à peine. Je fais abstraction des bouts de verres qui s'enfoncent dans la plante de mes pieds et l'esquive une nouvelle fois tandis qu'il bondit sur moi. Il me regarde comme s'il était sur le point de me dévorer toute crue. La salle est minuscule, ce jeu du chat et de la souris ne va pas pouvoir durer encore longtemps et on le sait tous les deux.

Je m'appuie contre le brancard sentant mes forces s'amenuiser ; au même moment, Lars surgit dans la pièce. Cette fois, c'est terminé. Je suis prise au piège. Il s'avance vers Ulrik pour lui donner une bouteille.

— Reste avec nous, la fête ne fait que commencer, intervient Ulrik alors que Lars s'apprête à sortir.

Sans pour autant me quitter des yeux, Ulrik avale une gorgée du liquide brun contenu dans le récipient avant de me le tendre. Je jette un regard méfiant vers Lars qui guette chacune de mes actions.

— Tu as soif ?

— Arrête de jouer avec moi, m'emporté-je en repoussant la boisson.

Mon geste brusque fait légèrement renverser le breuvage sur sa main, celui-ci ne prête pas attention une seconde aux gouttes qui glissent le long de sa paume.

— Bois, m'ordonne-t-il sur un ton stoïque.

Je jette un œil à la bouteille, hésitante. Qu'est-ce que j'ai à perdre de toute façon ? Un frisson électrise ma peau au moment où mes doigts frôlent les siens. Mes paupières se ferment à l'instant où l'alcool se déverse dans mon larynx. Le goût brûlant du whisky me fait un bien fou. Je ravale une seconde gorgée presque immédiatement, puis une troisième avant que la voix de Lars me ramène à la réalité.

— C'est qu'elle sait boire.

Maladroitement, je m'essuie avec le dos de ma main tandis que je remarque du coin de l'œil la matraque électrique à sa ceinture. Je pourrais lui fracasser la bouteille sur le crâne, cela me laissera le temps de lui prendre l'arme. Je dois juste être plus rapide qu'Ulrik.

— Qu'est-ce que tu attends, saisis-la ! C'est peut-être ton unique chance de t'enfuir.

Je tourne la tête vers Ulrik, tétanisée. Avant même que mes muscles se contractent pour bouger, il s'élance vers moi. Mon premier réflexe est de le frapper, cela n'a pas l'effet escompté. Cependant, cela a dû lui causer une plaie au niveau du cuir chevelu, un léger filet rougeâtre coule sur son front.

Il ne prête guère attention à sa blessure et enjambe les débris jonchant le sol avec aisance. Il agrippe mon avant-bras faisant tomber la bouteille à la renverse. Avant que je puisse comprendre ce qu'il se passe, mon corps se retrouve sur le brancard. Mon dos frôle à peine le matelas que la douleur se réveille. J'essaie de le chasser du mieux que je peux, tandis que mes larmes brouillent ma vue. Malgré ma souffrance, je me débats aussi fort que possible. Lars attrape mes poignets pour les plaquer au-dessus de ma tête.

Je suis à leur merci, vulnérable, sans aucun moyen de défense. Son corps s'écrase sur le mien, mettant fin rapidement à mes ridicules tentatives pour le repousser. Se tenant sur ses avant-bras, seul son buste ne s'appuie pas sur moi. Son visage se retrouve au-dessus du mien, laissant le sang qui s'échappe de sa plaie tomber sur ma joue.

Méticuleusement, son pouce s'aventure sur ma peau, récoltant l'hémoglobine avant de venir l'étaler sur mes lèvres. Un mélange de fascination et d'effroi s'empare de moi et face à ces gestes mon souffle se bloque dans ma gorge.

— Permisjon, ordonne-t-il à Lars.

Celui-ci s'exécute en me libérant les bras et sonne deux coups à la porte qui s'ouvre sans attendre. Il se faufile en dehors de la pièce, laissant un silence absolu. Pas un seul instant, les iris d'Ulrik ne se détachent des miens, j'ose à peine respirer face à son regard hypnotique.

Il finit par rompre le contact pour poser sa tête sur ma poitrine. Surprise par son geste, je ne réagis pas. Mes mains s'appuient sur ses épaules comme pour le repousser, mais elles refusent de m'obéir, mes doigts restent sur son corps sans même essayer de l'éloigner.

Plusieurs minutes passent sans qu'il y ait un mouvement de sa part. Sa respiration est calme, presque paisible comme s'il s'était endormi. Je n'arrive plus à garder mon esprit clair, la faim, la déshydratation et la douleur m'embrouillent. Je ne cille pas en le sentant encercler ma gorge. N'exerçant aucune pression, il se contente avec son pouce de me caresser lentement et de relever la tête.

— Pourquoi ne m'as-tu pas encore tuée, murmuré-je en le regardant droit dans les yeux.

Sitôt, un sourit naît sur ses lèvres et sa main remonte sur ma mâchoire avant de s'abaisser pour me susurrer à l'oreille :

— Je n'ai pas fini de jouer.

Je frissonne à ses dires, tandis qu'il se relève pour rejoindre la porte.

— Et si moi je ne veux pas.

Il ne prête même pas attention à mes mots et toque. Aussitôt, deux gardes entrent et m'obligent à me lever, ils m'entraînent dans le couloir, me forçant à marcher malgré les coupures qui m'ont entaillé la voute plantaire. Le sang qui s'échappe marque le sol sur notre passage. Ils me jettent dans ma cage sous l'œil ahuri de Cyriane tandis que des vêtements me sont balancés. À peine la grille se referme qu'elle s'exclame choquée :

— Tu respires encore !

Je fais abstraction de ma codétenue et rampe jusqu'à mon matelas. Je passe les affaires qui devaient appartenir à une ancienne prisonnière. Je regarde, dépitée, mes pieds lacérés. Avec mes dents, j'arrive à arracher des bouts de tissus du drap qui me couvrait pour me faire des bandages de fortune et en profite pour m'attacher les cheveux. Rapidement, la fatigue envahit mon corps. Je m'allonge en tournant le dos à Cyriane. Je n'ai pas la force de lui faire face.

En dépit de l'air glacial, mes paupières se ferment toutes seules. Mon esprit est épuisé et sans que je puisse résister, toutes mes pensées s'envolent loin de ce cauchemar pour rejoindre les bras de morphée.

Je les réouvre en entendant le bruit fracassant de l'orage. Je ne sais pas combien de temps je me suis assoupie. La nuit noire a pris sa place, laissant peu de clarté autour de moi. Au moment où un éclair illumine notre prison, j'aperçois le regard vide de Cyriane me fixant. Elle ne semble pas bouger, comme si elle était endormie. Je commence à vouloir lui tourner le dos, aussitôt la douleur se réveille et un cri de souffrance m'échappe. Au même moment, un hurlement strident retentit de l'autre côté de la bâtisse.

— Tu seras la prochaine.

Je regarde Cyriane qui s'est recroquevillée sur elle-même. Elle se balance d'avant en arrière telle une enfant qui vient de faire une bêtise. Ils l'ont rendue folle.

— La prochaine à quoi ?

— Lorsque les filles ne leur obéissent pas, Ulrik s'occupe d'elles.

Sa voix est si faible que je peine à la comprendre. Elle est terrorisée, tout comme moi. Tandis que les hurlements retentissent de nouveau, j'ai un haut de cœur. Je n'ose imaginer ce qu'ils lui font subir. Les images de Moïra baignant dans son sang ne cessent de me revenir en mémoire. Je revois Ulrik lui enfoncer la lame sans qu'aucune émotion ne traverse son visage.

— À chaque fois, il ressort couvert de sang, murmure-t-elle sur le point de pleurer.

Pétrifiée, je laisse échapper des larmes qui viennent ruisseler sur mes joues. Je mets ma main sur ma bouche pour faire taire les sanglots qui s'étranglent dans ma gorge. Durant le reste de la nuit, ces hurlements n'ont cessé. Ce n'est qu'au petit matin que le silence a pris place. Il y règne un calme dont je suis peu habituée ici. Doucement, les faibles rayons du soleil traversent le toit, viennent frôler ma peau. Presque fascinée, j'essaie d'admirer le ciel. Je n'arrive même pas à voir sa couleur bleutée.

Mon cœur rate un battement en remarquant qu'on m'observe. Je suis effrayée en apercevant Ulrik. Je me lève d'un bond devant son visage couvert de sang. Aussitôt, Cyriane s'agenouille, sa tête se retrouve contre le béton glacial. En trois enjambées, il parvient à ma hauteur. L'odeur qu'il dégage est immonde, presque insupportable. Le rouge qui imprègne sa peau fait ressortir d'autant plus la clarté de ses iris, le rendant cauchemardesque. Plus qu'il ne l'est déjà. Je n'arrive pas à le repousser lorsque ses doigts frôlent les miens. Avec tendresse, je le sens glisser quelque chose de lourd et gluant.

— Voilà ce qui s'ensuit lorsque j'arrête de m'amuser avec mes jouets.

La gorge sèche, je baisse les yeux et ma pression artérielle chute en voyant le cœur humain au creux de ma main. Mes jambes se dérobent sous moi. Ulrik me rattrape avant que je tombe et passe le bras autour de ma taille avec fermeté.

— Alors tu ne veux toujours pas jouer avec moi, Peyton ? me susurre-t-il en collant sa joue contre la mienne, car moi j'ai très envie de m'amuser avec toi.

— Et moi, j'ai moyennement envie de finir comme les jouets dont tu te lasses.

— Qui a dit que tu avais le choix.  

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro