Partie Unique.

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Quand je repense à mon enfance, je ne vois pas ce que la plupart des enfants voient.

Quand je repense à mon enfance, je suis incapable de voir les aires de jeu, les goûters en famille, les après-midi entre amis...

Quand je repense à mon enfance, je vois la maison. Je vois la forêt.

Quand je repense à mon enfance, je ne vois que du sang, et des corps.

Maintenant, quand je repense à mon enfance, des médecins se précipitent dans ma chambre, et je ressens cette petite piqûre caractéristique dans mon bras. Je m'endors alors, sous les regards et les sourires de personnes que je n'aurais jamais voulu voir de nouveau. Et je repense à tout ça dans mes rêves.

Quand j'ose repenser à mon enfance, je me réveille toujours avec cette chose autour de moi. Cette chose blanche, si pure, qui me sangle solidement les bras autour du corps. Cette chose qui m'empêche le moindre mouvement. Alors je n'utilise plus mes bras mais mes dents, et là encore, je me réveille avec quelque chose de nouveau. Une muselière, une muselière pour les humains. Je suis traitée comme un vulgaire animal, ni plus ni moins.

D'après les médecins, si je peux encore les appeler ainsi, je suis trop dangereuse pour qu'ils m'enlèvent ma chose blanche ou ma muselière. Je suis un animal.

Et les fantômes rient, ils rient de moi.

Quand je repense à mon enfance, voilà ce que je vois.

~

« - Attends un peu ! Prends un des tes cartons au moins ! »

Quand je repense à mon enfance, c'est toujours la première chose que je vois. Le déménagement dans cette grande forêt.

Mon père, atteint de je-ne-sais-quelle maladie du poumon, ne pouvait supporter l'air pollué de la ville.

Ma mère ne pouvait supporter le voisinage plus longtemps.

Nous avions donc emménagé dans une maison immense, ayant un certain charme ancien, seul bâtiment trônant fièrement au milieu d'une grande forêt, que les années n'avaient pu faire plier. L'ancien propriétaire l'avait laissée à ma famille pour une bouchée de pain, paraît-il. Ma sœur et moi nous amusions de l'idiotie de cet homme. Une si grande maison, pour si peu. D'accord, elle nécessitait des travaux, mais le prix restait, d'après mes parents, parfaitement ridicule. Mon cerveau d'enfant ne pouvait prendre en compte le fait qu'il y avait sûrement une raison derrière un prix si bas.

Je m'en voudrais toujours, au fond.

Ça ne pouvait pas bien se terminer.

La maison avait des airs de manoir. Elle semblait constituée de trois maisons, pour être honnête. Elle était parfaitement symétrique. La structure comportant la porte d'entrée, parfaitement au milieu, comportait deux étages. Une grosse terrasse en pierre s'étendait tout autour du bâtiment, au rez-de-chaussée, couverte par le plancher de l'étage supérieur. Les murs étaient en bois, tranchant avec la structure en pierre brut des arches de la terrasse, tout en se mariant presque étrangement avec. Les deux étages comportaient le même nombre de fenêtres, trois pour être précise, toutes espacées de la même distance. Le premier étage n'était qu'un couloir reliant deux chambres des autres ailes ensembles. Deux portes dans le couloir menaient à des escaliers, et la grande porte du milieu s'ouvrait sur une grande salle de bain. Le deuxième étage était une grande pièce, qui devint la chambre de mes parents. De chaque côté de ce qui semblait être le bâtiment principal se tenait deux autres bâtiments, tout aussi majestueux, comportant trois étages chacun. Le premier étage du bâtiment de droite devint ma chambre, le premier étage du bâtiment de gauche fut celle de ma sœur. Nos chambres étaient donc reliées par le grand couloir du bâtiment central. Le deuxième étage des deux bâtiments étaient utilisés pour construire une grande suite pour mes parents. L'étage au-dessus de ma chambre devint alors la salle de bain parentale, tandis que celui au-dessus de la chambre de ma sœur devint leur dressing. Je l'avais toujours trouvé ridiculement grand pour le peu de vêtements que mes parents avaient, mais je ne l'exprimais pas, mes parents étaient bien trop fiers d'avoir un aussi grand placard. Le troisième étage du bâtiment gauche devint le bureau de mon père, et le droit devint le grenier. L'immense rez-de-chaussée se divisait en trois immenses pièces. Le hall d'entrée dans le bâtiment du milieu ne contenait que la buanderie sous un large escalier qui se divisait en deux au premier palier pour faire « demi-tour » de chaque côté afin de rejoindre le couloir du premier étage. Dans le bâtiment droit se tenait le salon, et dans le bâtiment gauche la cuisine et la salle à manger.

Nous avions donc enfin emménagé dans la maison, après de longs mois à ne la voir qu'en photo. Longs mois qu'avaient duré les travaux. Il nous restait donc seulement à poser nos cartons et nos meubles. Je n'avais vu la maison qu'une seule fois avant le début des travaux, et j'avais été très satisfaite de constater que les odeurs de moisissure et d'animaux morts étaient parties au profit de l'odeur, tout aussi désagréable selon moi, de peinture fraîche. Et plus je prends le temps d'y penser, plus je me dis que j'aurais dû me douter de quelque chose. Je veux dire, un homme vivait dans cette maison. Un vieil homme seul, certes, mais quel genre d'homme laisserait sa maison dans cet état ?

L'installation des meubles nous avait prit la journée. Si bien qu'on s'était tous couchés épuisés le soir même, et il fallu que la petite aiguille de l'horloge en fasse un tour complet avant de voir la première activité humaine dans la maison.

La première semaine se passa bien. Il fallu attendre la deuxième pour que tout commence à dégénérer. Pour cause, mon père nous avait demandé, à ma sœur et moi, d'aller chercher une bouteille de vin à la cave.

La cave était un endroit où nous n'allions, pour ainsi dire, jamais. Ma sœur et moi n'étions pas vraiment le type de jeunes filles à nous rouler dans la boue en riant, nous étions bien mieux éduquées et plus coquettes que cela. C'est main dans la main et lampes torches braquées devant nous que nous étions entrées dans la cave.

La cave n'était accessible que par une porte dérobée derrière la maison, bien cachée derrière des buissons mal taillés, dont mon père avait promis de s'occuper, et dont nous savions qu'il n'en ferait rien, malgré sa promesse, avant bien longtemps.

Nous étions donc en train d'avancer, serrées l'une contre l'autre, ne pouvant nous empêcher de regarder tour à tour par-dessus notre épaule pour surveiller la porte ouverte. Autre caractéristique de la cave, elle ne s'ouvrait que de l'extérieur. Si la porte claquait, on était foutues.

C'est quand j'eus cette pensée tremblante, devant les grandes étagères où étaient les bouteilles de vin, que j'entendis un grincement caractéristique, un cri suraigu de ma sœur, un gros fracas, et plus rien. Je m'étais tournée, tremblante, vers la porte, et ne pu voir qu'un grand panneau de métal fermement clos. J'avais regardé ma sœur, déjà en train de sangloter et me reprocher tous les maux de cette Terre.

« - Tu aurais dû m'écouter, j'aurais dû rester à la porte pour la garder ouverte, ça ne serait jamais arrivé ! »

J'avais simplement soupiré et attrapé une bouteille de vin. Ma sœur et moi étions très proches, pour cause, nous étions pareilles. Seulement, dans une situation de panique, nos « vraies personnalités » revenaient à l'assaut. Ma sœur était une geignarde, peureuse et paresseuse. Pour ma part, si c'était une question sérieuse et angoissante, je devenais ce qui s'apparentait à un jeune chevalier.

« - Ne dit pas de bêtises. Le vieux qui habitait ici avant a parlé d'un tunnel secret pour sortir de la cave si ce genre de situation arrive, alors fait moi confiance et allons-y. »

Sur ceux, peinant un peu à garder la bouteille de vin et la lampe torche dans la même main pour saisir celle de ma petite sœur, j'étais partie à la recherche de ce fameux tunnel. Nous n'avions d'ailleurs pas tardé à le trouver. C'était une simple porte en bois, un peu cachée par un rideau noir. Je m'étais tournée vers ma sœur, un léger sourire aux lèvres.

« - Tu vois ? Tu n'avais pas à t'inquiéter ! Allez, suis moi ! »

J'avais ouvert le panneau de bois, étonnamment lourd pour sa finesse, et nous avions observé un instant l'escalier devant nous, semblant descendre dans les entrailles les plus sombres de la Terre, tandis qu'un courant d'air s'en était échappé, caressant délicatement nos corps frêles. L'odeur qui était remontée avec le courant d'air était presque insupportable. Nauséabonde. C'était affreux. Je n'avais osé imaginer ce qu'il y avait là-dedans pour qu'une telle odeur nous parvienne. La prise de ma sœur s'était resserrée autour de ma main.

« - On ne devrait pas être ici.

- Ne dit pas de bêtises, tu veux sortir, oui ou non ?! »

En voyant qu'elle avait hoché la tête, je lui avais souris.

« - Alors allons-y. »

Nous nous étions engagées dans l'escalier, toujours l'une contre l'autre, nos lampes torches illuminant chaque marche devant nous. L'obscurité du lieu était à glacer le sang. Les ténèbres semblaient même ronger la lueur de nos lampes torches car seul le petit rond de lumière au sol semblait véritablement éclairer les alentours. L'atmosphère était terriblement lourde. Et pour cause, dès qu'on était arrivées en bas de l'escalier et qu'on avait posé un pied au sol, sur la terre, que le sol avait craqué étrangement. Se lançant un regard paniqué, on avait, avec peine, osé pointer notre lampe torche vers le sol. On ne pu retenir un hurlement. Un crâne humain. Mon pied venait de se poser et s'enfoncer dans un crâne humain, réduit en poussière sous mes pieds. Ma sœur avait immédiatement lâché ma main pour se mettre à courir. Je l'avais aussitôt suivie en courant moi aussi, mes yeux ne pouvant que s'accrocher sur les ossements humains que je voyais autour de moi, dans ma course, en suivant ma sœur. Où est-ce qu'on était parti habiter ?! Pourquoi autant d'ossements ?! J'avais essayé de faire abstraction pour rattraper ma petite sœur, effrayée, bien loin devant.

« - ARRÊTE TOI ! ARRÊTE DE COURIR ! »

Elle ne m'écoutait même pas. Heureusement, nous n'avions pas tardé à trouver la porte de sortie, dans notre précipitation. Nous étions sorties tour à tour à une vitesse inouïe et avions claqué et barricadé la porte, mortes de peur. On s'était regardées dans les yeux.

« - Qu'est-ce que c'était ?...

- Des restes humains, qu'est-ce que tu veux que ça soit ? »

On avait regardé la porte un instant. Frissonnante, j'avais osé prononcer ce qui était dans ma tête depuis que j'avais vu le crâne, réduit en poussière sous mes pieds.

« - Soit la maison appartenait à un sacré psychopathe... Soit elle a été bâtie sur un cimetière. »

Ma sœur m'avait regardée un moment.

« - Comme dans les mauvaises histoires qui font peur ?

- C'est un peu ça, oui. »

Un frisson d'horreur nous avait parcouru. Nous étions retournées dans la maison, frissonnantes. Nous avions réussi à oublier un peu au cours de la journée. Nous étions allées nous coucher tranquillement, sans trop y repenser pour ma part. Je m'étais réveillée dans la nuit à cause d'un coup de froid qui m'avait glacée jusqu'à l'os. En ouvrant les yeux, j'avais vu une grande forme humaine à côté de mon lit. L'esprit encore embué, j'étais encore persuadé que ça ne pouvait être que mon père.

« - Papa, tu peux aller me chercher un verre d'eau s'il te plaît ? »

Aucune réponse. Je m'étais redressée dans mon lit.

« - Papa ? »

Une voix étrange me répondit.

« - Endors toi juste. J'aime te regarder quand tu dors. »

Une voix d'outre-tombe. Une voix affreuse que je ne connaissais pas. Paniquée, j'attrapai ma lampe torche et pointait le faisceau lumineux sur la personne à mes côtés. Quand la lumière frappa la forme, la chose hurla. Un cri strident, terrible. Je ne pouvais pas le supporter. Que ce soit au niveau du physique ou vu sa voix, cette chose, ce n'était même pas humain. J'avais hurlé à m'en déchirer les cordes vocales et avait couru aussi vite que je l'avais pu jusque dans la chambre de ma sœur. J'avais sauté dans son lit, à bout de nerf, ma lampe torche encore à la main. Déjà réveillée, elle m'avait serrée dans ses bras.

« - Je t'ai entendu crier, qu'est-ce qu'il y a ?

- Il y a quelqu'un dans ma chambre ! Quelqu'un était en train de me regarder dormir juste à côté de mon lit ! »

On s'était regardées un instant dans les yeux avant de s'enfouir sous la couette, l'une contre l'autre. Je pointais le faisceau lumineux vers la porte, grande ouverte. Le peu de lumière parvenant au bout du couloir suffit à faire briller deux grands yeux blancs. Ma sœur et moi nous sommes enfoncées sous sa couette, l'une contre l'autre. Je n'étais pas folle, elle avait vu ces yeux aussi. On se serra l'une contre l'autre sous la couette, la lumière posée sur la table basse et pointée vers la porte. On s'était endormies difficilement, tremblantes l'une contre l'autre alors qu'un bruit de grattement se faisait entendre sous le lit de ma petite sœur.

Le lendemain matin, les choses étaient parties. Nous avions essayé d'expliquer la situation à notre père. Il avait ri de bon cœur, admirant notre imagination. Ma sœur et moi étions très en colère, mais nous n'y pouvions strictement rien. Quelle crédibilité avaient les terreurs nocturnes de deux enfants de 8 et 10 ans ?

Le soir même, j'avais commencé à croire que nous avions eu un cauchemar ensembles. J'avais donc décidé de me coucher seule, dans ma chambre. Je n'arrivais pas à trouver le sommeil, seule blottie dans mon lit, ma lampe torche serrée contre ma poitrine. Alors qu'un grincement avait résonné dans la chambre, j'avais immédiatement fixé la porte. Elle était en train de s'ouvrir. Je sentais mon cœur s'accélérer affreusement. J'avais pointé la lumière vers la porte. Une forme humanoïde, entièrement blanche. Sans visage. Les seules choses que je voyais d'humain chez cette chose étaient ses longs cheveux noirs, qui entourait son corps en passant devant ce qui s'apparentait au visage de la chose. J'avais entendu de longs murmures terrifiants envahir ma chambre peu à peu, mais cette chose bloquait la porte. Je n'y avait pas trop réfléchit et m'était précipitée vers la chambre de ma sœur, bousculant violemment la chose murmurante au passage, manquant de tomber. Je tombais à nouveau dans les bras de ma sœur, elle non plus ne tenait pas en place, nous étions effrayées toutes les deux. Le grattement de la veille s'était à nouveau fait entendre. Ma sœur était dans mes bras, tremblante, effrayée comme jamais. Une chose horrible sorti de sous le lit. Une chose semblant être un hybride entre un humain et une grosse mygale rampa vers la porte. Une fois à la porte, la tête de la créature tourna jusqu'à se retourner complètement, sans que le corps ne pivote d'un seul millimètre.

Ma sœur et moi nous étions précipitées vers l'escalier pour rejoindre la chambre de nos parents, effrayées. Nous avions sauté sur le lit où nos parents dormaient. Ce soir-là, nous nous étions fait disputer et nous avions été renvoyées dans nos chambres. Enfin, nous avions tout de même dormi ensembles, tremblantes, attendant le lendemain.

Les nuits suivantes n'avaient pas été plus joyeuses. À tel point que ma sœur et moi n'osions plus dormir dans nos chambres, séparées. Nous dormions toujours dans sa chambre ou dans la mienne, sans oser bouger, guettant la moindre manifestation étrange. Le jour, nous faisions des recherches sur la maison, et nous avions fini par trouver. La maison était construite sur un cimetière clandestin où étaient enterrées à la va-vite des victimes de la mafia qui sévissait à l'époque. D'après nos recherches, plus la mort est violente, moins l'âme est en paix. Et paraît-il que les membres de la mafia ne sont pas des enfants de cœur dans leur manière d'exécuter des gens.

Quelques mois passèrent dans ses conditions. Ma sœur et moi dormions toujours ensembles, nos parents ne nous croyaient toujours pas, ils riaient toujours de nous. Ils auraient dû nous croire...

Un soir, une chose avait décidé de s'allonger sur nous deux et de ramper jusqu'à nos visages. La chose n'en avait pas, d'ailleurs, de visage. Juste un affreux sourire difforme et plein de sang. Elle rampait sur nous en souriant. Nous avions attendu un peu, paralysées, avant de nous relever, basculant violemment la chose vers l'arrière, la faisant tomber lourdement au sol, et nous avions couru jusqu'à la chambre de nos parents, pieds nus, portant chacune une longue robe de chambre blanche dans laquelle nous nous prenions parfois les pieds. Nous faisions notre maximum afin de ne pas trébucher, sachant que la chose nous suivait de près.

Quand nous étions arrivées dans la chambre de nos parents, la seule chose qui nous accueillit fut une odeur affreuse. Il ne nous avait fallu que quelques secondes pour constater que l'odeur venait du lit, où les corps à moitié dévorés de nos parents nous regardaient. Nous avions hurlé, dos à la porte, incapables de sortir de la chambre avant le petit jour à cause des choses. Nous avions passé notre dernière nuit dans cette maison dans la chambre de nos parents, face à leurs corps sans vie. Nous étions toutes deux à bout de nerf. Nous avions appelé les secours, en pleurs, au milieu de la nuit, expliquant la situation. En arrivant au petit matin, les secours n'avaient trouvé aucune chose dans la maison, seulement nous, couchées au pied du lit de nos parents, enlacées, à quelques pas de leurs corps. Les secours n'avaient pas tardé à nous emporter.

Aux yeux de tous, nous sommes folles.

Aux yeux de tous, nous avons tué nos parents.

Ma sœur et moi sommes enfermées dans un établissement pour les enfants comme nous depuis 10 ans. Ma sœur et moi sommes traitées comme des meurtrières depuis notre enfance.

Depuis notre enfance, ces choses nous suivent encore.

Depuis notre enfance, nos parents morts nous regardent.

Nous partageons toutes les deux ces mêmes souvenirs d'enfance qui nous ont valu de nous faire attacher et museler chaque jour depuis des années.

Et ça ne sera jamais fini.

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