CHAPITRE 11

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CASSANDRE


Sans se laisser démonter, Axel entortille une de mes mèches blondes autour de son index, un rictus amusé au coin des lèvres.

— T'en fais pas, Cassandra : le jour où je te laisserai toucher mes couilles, ce n'est pas moi qu'on entendra crier.

Il me contourne avant que je puisse répliquer autre chose que :

— C'est Cassandre !!

Je serre les dents et les poings pour contenir l'accès de rage qui m'envahit. D'autres invités succèdent à Axel en entrant dans la maison. Je me dois de les accueillir avec le sourire, sinon ça n'augurerait rien de bon pour la soirée. Qui voudrait faire la fête chez une meuf qui tire la gueule quand elle te voit arriver ?

Carmen ne tarde pas à me rejoindre, saluant bien plus de gens que moi. Cette fille connaît tout le monde, c'est hallucinant.

— Tu taffes pour le FBI ou quoi ? lui glissé-je entre le passage de deux invités.

— Non, je suis juste sociable. Tu devrais essayer !

— Je suis hyper sociable.

— En temps normal, Cass' ! Ces derniers mois, personne t'a vu aux soirées.

— C'était l'été, j'ai eu... de quoi m'occuper.

Les souvenirs de ces derniers mois sont là, juste sous la surface. Je ne les laisse pas m'approcher de trop près, de peur qu'ils m'inoculent leur poison mortel.

— Tellement que tu en as même délaissé ta meilleure amie qui, heureusement pour toi, n'est pas du tout rancunière !

— Je suis désolée, tu sais... Je n'étais pas d'humeur, j'ai eu besoin de temps pour moi.

Carmen me presse l'épaule tout en souriant aux étudiants qui franchissent le palier. Je m'étonne de ne pas identifier la moitié des visages. La nouvelle promotion a l'air d'être venue en force.

— T'en fais pas, Cass' ! Moi aussi j'ai eu mon lot de problèmes dans ma vie. Je ne te reprocherais jamais d'avoir eu besoin de t'isoler pour aller mieux. C'est inutile, je n'en doute pas, mais je suis là si tu as besoin.

Je pose la main sur la sienne, incapable de répondre quoi que ce soit. Depuis quelques mois, je porte une croix bien trop lourde pour moi. Elle m'écrase les épaules, les poumons, la trachée. Plus le temps passe, moins je me reconnais. J'ai beau lutter pour préserver la Cassandre que j'ai toujours été, une autre est en train de lui succéder. Une femme qu'on prive de sa liberté, qu'on force à commettre des actes contre son gré.

Comment ai-je pu me retrouver dans une telle situation ?

— Tu viens ?

Je sors de mes pensées, tournant la tête vers Carmen. Je n'avais même pas remarqué qu'elle avait fermé la porte.

— D'autres arriveront plus tard mais il est grand temps de lancer les festivités. La première chanson va donner le ton et elle est pour toi. Je vais monter le son !

Il ne me faut pas une seconde de réflexion pour réclamer :

— ABBA !

Ma passion pour ce groupe me vient aussi de ma grand-mère maternelle, comme la plupart des belles choses dans ma vie. L'Europe détient de nombreuses richesses dont on n'entend pas assez parlé sur ce continent.

— Sans blague ! s'amuse Carmen.

Elle s'éloigne et tandis que je me sers un verre au buffet, les premières notes de Gimme! Gimme! Gimme! (A Man After Midnight) s'élèvent. Elena, Jade et Britany, trois filles de ma promo, se trémoussent aussitôt sur la mélodie.

— Ça va être une bonne soirée, me murmuré-je à moi-même pour me convaincre.

Je me force à sourire dix secondes consécutives : il paraît que ça libère de la dopamine. Vu mon état psychologique, je ne peux pas faire la difficile. Gobelet rouge en main, j'aspire une gorgée de cocktail, félicitant intérieurement ma meilleure amie pour son dosage. On sent à peine l'alcool, pourtant je le devine présent. Autant dire que cette boisson est un piège ambulant. J'ai intérêt de me méfier si je ne veux pas finir dans un état déplorable. Surtout en présence du type le plus pénible de l'univers. S'il y a bien une personne devant laquelle je ne tiens pas à me ridiculiser, c'est lui. Il détient suffisamment de munitions sur moi pour faire feu à volonté. Inutile de lui en fournir plus que de raison.

Je jure que si je l'entends écorcher mon prénom une fois de plus, je le prive de descendance. À mon sens, ce ne serait pas une grande perte. Je parlerais même de cadeau à l'humanité. Je suis certaine qu'il le fait exprès en plus...

— À quoi tu penses ?

À côté de moi se tient Rayane, le meilleur pote dudit connard qui hante mes pensées.

— À rien.

J'ajoute un sourire pour davantage de crédibilité. Bien que nous ayons partagé la même promotion pendant un an, Rayane et moi n'avons jamais échangé plus de quelques mots. Pourtant, à bien l'observer, je suis certaine qu'il ne peut pas être aussi désagréable que son meilleur pote. Il passe son temps à sourire, lui. C'est bon signe.

— Merci de nous accueillir pour la soirée, enchaîne-t-il. C'est joli, chez toi.

— Froid serait plus juste. Ça manque de chaleur, tu trouves pas ?

Je ne sais même pas pourquoi j'ai dit ça à voix haute. En général, j'évite de me confier sur ma vie. Moins les gens en savent sur mes failles, plus je suis à l'abri. J'ai suffisamment souffert pour nourrir la volonté d'en rajouter.

— Peut-être un peu, admet Rayane.

Je pensais qu'il opterait pour une réponse politiquement correcte en me disant que non. J'aime cette franchise surprenante.

— Je peux te poser une question ?

Il acquiesce. Dans le mouvement, ses courtes boucles châtains se secoue au sommet de son crâne.

— Comment tu fais pour supporter Axel ?

S'il reste d'abord stoïque, Rayane finit par éclater de rire.

— Je te l'accorde, c'est un gros con quand on ne le connaît pas.

— Ah parce que ça change quand on le connaît ?

— Non. Ça devient juste un gros con qu'on apprécie.

Un sourire m'échappe, partagé par mon interlocuteur. Il lève son verre pour me proposer un toast à cette boutade. Je ne me fais pas prier.

— Je peux te poser une question en retour, Cassandre ?

Et il prononce correctement mon prénom. Décidément, ce garçon a marqué plus de point en cinq minutes qu'Axel McCall serait capable d'en marquer en quatre-vingt ans de bons et loyaux services.

— Vas-y !

— Tu es célibataire ?

Mon sourire s'intensifie. Je pose la main sur son avant-bras et lui glisse mystérieusement :

— La soirée ne fait que commencer. Il est encore un peu tôt pour que je dévoile mes petits secrets.


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INSTAGRAM : @kentinjarno

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