CHAPITRE 33

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CASSANDRE


— Tu sympathises avec les clients, maintenant ?

Elle me sourit. J'aime beaucoup cette fille. Je la trouve plus simple que celles avec qui je partage les loges où nous nous préparons. Clarissa n'est pas désagréable mais j'ai le sentiment que je ne peux pas lui faire confiance. Hale n'a rien fait pour me prouver qu'elle en était digne or j'ai envie de le croire. Je sens qu'en dehors de cet univers où nous dissimulons tous notre identité, elle mène une vie simple et équilibrée.

Je me demande quel est son vrai prénom.

— Ça fait passer le temps. L'essentiel étant que, vu la manière dont il te regarde, j'ai comme l'impression qu'il a l'intention de briser sa propre règle.

— Tu crois ?

— Il est là depuis une heure. Un tas de filles se sont pavanées sous son nez et il n'en a calculé aucun. Si tu veux mon avis, il est là pour toi...

En ce qui me concerne, j'ai déjà couché plusieurs fois avec les mêmes clients. Je n'y prête pas particulièrement attention car ce n'est pas mon rôle. Je suis là pour donner ce qu'ils veulent, pas me poser dix mille questions.

Cette fois... un truc me chiffonne. L'homme qui me fixe m'intrigue et je n'arrive pas à savoir si j'aime ou si je déteste ça. Les effluves de la drogue ont transformé mon cerveau en coton. Un brouillard épais l'enveloppe et m'empêche de réfléchir correctement. Je vois le bleu de couleur rouge, le jaune de couleur verte. Je baisse la tête pour regarder en haut.

Ça n'a aucun sens. Mon corps est aussi lourd que du plomb et léger comme le vent.

— T'es sûre que tout va bien ? me demande Hale.

Son regard perce à travers les fentes de son masque. Même si j'ai du mal à connecter mes neurones entre eux, je perçois sa vivacité d'esprit et sa faculté d'observation. Cette fille sait s'adapter dans n'importe quel environnement et elle doit cerner les gens avec une facilité enfantine. J'aimerais en dire autant de moi. Si j'avais moins joué avec le feu, je ne serais pas en train de me prostituer contre mon gré.

— Oui, oui.

Mon ton s'est voulu rassurant mais le son de ma voix n'était pas aussi ferme dans la réalité que dans ma tête. Hale ne pose toutefois pas plus de questions et longe le bar pour aller servir un client. Celui-ci me reluque d'une manière qui me donne la nausée. Son rictus m'évoque le dégoût et ses prunelles lubriques me salissent rien qu'en se posant sur moi.

Je me tourne vers le mystérieux inconnu, assis seul sur un fauteuil. De ses jambes croisées à son menton haussé, il irradie de confiance en lui. À croire que cet établissement est le sien et que tout ce qu'il s'y passe provient de ses décisions. Je sais pourtant que ce n'est pas le cas. Car je ne le connais pas mais je sais très bien qui me fait chanter pour m'obliger à venir ici.

L'inconnu me fixe. Je frissonne. Il ne me donne pas l'impression d'être une marchandise ni un bout de viande. Pour autant, il ne donne pas non plus l'impression de me considérer. Je n'arrive pas à expliquer ce que je ressens. C'est comme s'il était attiré par moi mais qu'il luttait contre cette sensation. Et je dois le reconnaître, j'ai vécu plusieurs types de situation avec mes clients, de la répulsion à la neutralité. Avec cet homme... c'est différent. Je ne dirais pas que j'ai pris du plaisir parce que je n'avais pas envie d'être là.

Mais si je suis honnête, j'ai repensé à lui. Plusieurs fois. Tous les jours. Rien qu'une seconde par-ci par-là. Une bribe de souvenir, l'écho d'un gémissement. La sensation de sa peau contre la mienne, la douceur de ses caresses. Car même s'il était brutal, il se souciait de ce que je ressentais. Je perçois encore la dextérité de ses doigts qui profitent de mon clitoris.

Il est le seul à avoir tenu à me donner du plaisir. Les hommes qui viennent ici ne pensent qu'à eux : ils se vident les couilles et ils se tirent. C'est exactement ce que le mystérieux inconnu à fait : après avoir éjaculé, il a noué la capote et s'est barré sans un regard de plus. Mais avant ça, il m'a caressée. Il s'est assurée que je passe un bon moment, que je ne sois pas juste là pour faire de la figuration.

Personne ne m'avait jamais prêté attention comme ça. Les gens se moquent de mon existence, de mon bien-être ou de mes soucis. Je me sens seule dans cette chienne de vie. Mais il y a ce mec. Ce client qui a volontairement offert à une prostituée de la jouissance.

Je ne devrais pas mais je lui en suis reconnaissant. Mon cerveau me crie que c'est débile, sauf que mes émotions se fichent pas mal de ce qu'il pense. Elles règnent en maître sur mon corps, m'obligeant à suivre le rythme sans avoir mon mot à dire.

D'un coup d'un seul, je ne parviens plus à réfléchir. Je n'en ai plus la force. Je veux oublier. Je veux qu'une sensation plus forte prenne le dessus et recouvre le reste. Alors je marche, un pas après l'autre, en direction de celui qui n'a d'yeux que pour moi. Il ne rate pas une miette de mon approche. Le monde autour n'existe plus : il n'y a que lui et moi dans cet espace dédié à la luxure.

— Bella, murmure-t-il lorsque je m'arrête à son niveau.

Il s'en souvient...



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