CHAPITRE 35

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CASSANDRE


— J'ai cru comprendre que vous ne couchiez jamais deux fois avec la même personne, murmuré-je.

Il se fige. Ses prunelles s'arrondissent. Elles sont marron foncé. Ou noire, j'ai dû mal à m'en rendre avec le masque et la lumière tamisée. Et mes paupières sont si lourdes que je dois fournir un effort immense pour les garder ouvertes.

Je m'attendais à une réponse verbale. Aussi, lorsqu'il me plaque la main contre la bouche pour me faire taire, je tressaille. Son visage s'approche du mien, sa joue me frôle et sa bouche se pose sur mon oreille.

— C'est vrai.

La chair de poule se dresse sur ma peau.

— Mais pour vous, je ferais une exception. Je...

Ses mots coulent dans mon âme, comme un fleuve se déverse dans la mer.

— ... je n'arrête pas de penser à vous.

Il tapote sa tempe.

— Vous êtes omniprésente dans ma tête.

Il dépose un baiser dans mon cou, le long de ma mâchoire, au coin de mes lèvres. Les miennes tremblent. Mes reins crépitent d'excitation. Est-ce bien normal d'avoir envie qu'il m'embrasse alors qu'il s'agit d'une de mes limites ?

Chaque professionnelle qui travaille au Lust Mansion remplit un formulaire avec ce qu'elle accepte et ce qu'elle refuse. Ce fichier est accessible uniquement via un réseau interne à l'établissement afin que les clients puissent choisir celle qui conviendra à leur désir. Les téléphones portables et autres appareils d'enregistrement sont interdits ici. Ils doivent être laissés dans une consigne avant de pénétrer dans l'enceinte du borde.

Tout le monde est fouillé. Les clients sont répertoriés. En cas de plainte ou d'agression sexuelle - ce qui s'est déjà produit deux fois - la personne est fichée et se voit interdire l'entrée ici. Les deux victimes ont été grassement payées par les organisateurs du bordel pour ne pas aller porter plainte, afin de protéger la réputation et le secret de ce lieu. Quand j'ai appris ça, j'ai essayé de convaincre les filles de refuser l'argent et de lancer une procédure de justice pour que leurs agresseurs soient punis. Elles n'ont pas cherché à argumenter mais m'ont fait comprendre que c'est impossible.

Je crois que je ne suis pas la seule à être ici contre mon gré...

L'homme qui presse son corps contre le mien embrasse mes clavicules, jusqu'à l'orée de mon corset qui enclave ma poitrine. Ses doigts effleurent ma peau. Je m'enflamme. Il emprisonne ma gorge dans une main tandis que de l'autre, il dénoue mes cheveux. Mes boucles blondes cascades sur mes épaules.

Son regard s'enfonce dans le mien.

— Vous me rappelez une femme que je côtoie, murmure-t-il.

Mon souffle est court quand je réponds :

— Vous l'aimez ?

Un sourire franc se dessine sur son visage.

— Je la hais.

Mon ventre se noue. Son front se pose sur le mien. Nos nez se frôlent. Un souffle me pousse en avant. Je cueille ses lèvres, rien qu'une fraction de seconde. Un arc électrique traverse mon corps de part en part.

L'homme me retourne et me plaque contre la cloison. Ses doigts fouillent entre mes cuisses à la recherche de mon intimité humide. Il y glisse un doigt, puis un second. Un troisième se mêle aux autres. À nouveau, il s'amuse avec mon clitoris. J'aimerais bouger pour exprimer ce que je ressens mais l'étau de son corps contre le mien m'en empêche. Respirer m'est difficile. Mon ventre gronde, mon cœur va éclater. Ma gorge vibre. Des gémissements m'échappent.

Lorsque sa chair protégée s'enfonce en moi, je réalise à quel point ses doigts étaient fins. Il entame un mouvement de va-et-vient qui soulage le cri qui tonne dans ma poitrine. Il ne cesse de jouer avec ma zone sensible, m'empêchant de réfléchir ou de réagir. Le plaisir seul me tient au creux de ses mains et fait de moi son jouet. Son esclave.

J'oublie tout. Le chantage qui m'oblige à vendre mes charmes. Que cet homme est un client. Que nous sommes dans un bordel où toutes les chambres sont remplies de gens qui baisent.

Mon mystérieux inconnu aussi me baise. Mais il le fait avec tant de précision et de délicatesse qu'il donne l'impression de me faire l'amour. De me posséder. De bien me traiter. De me défoncer. De me cajoler.

Mes jambes tremblent. Une vive brûlure irradie dans mes cellules. Elle se propage comme un départ de feu sur une ligne d'essence. Les caresses contre mon intimité me font perdre la tête. Le risque n'existe pas. La peur non plus.

Mon instinct seul domine et l'orgasme le galvanise. C'est peut-être pour ça que lorsque l'inconnu grogne et se retire, je me retourne et arrache mon masque. Pour qu'il voit mon visage. Pour qu'il sache qui je suis. Pas juste une fille de joie qu'il a baisé avant de disparaître, mais une femme avec un regard, une allure, une identité. Une personne à part entière qui se dévoile.

J'ai besoin d'en savoir plus sur lui. Et comment exigez d'un autre qu'il vous donne sa confiance si vous ne faites pas le premier pas ?

— Qui êtes-vous ? articulé-je hors d'haleine.

Il m'observe avec de grands yeux ronds à travers les fentes de son masque. Son sexe est toujours tendu malgré la fin du rapport. Dans une main il tient la capote pleine. L'autre est un poing fermé le long de ses hanches.

Dans un silence de plomb, il se rhabille. Si je ne vois qu'une partie de sa peau, je devine qu'il pâlit à la faible lueur qui règne dans cette chambre. Ses lèvres bougent. Des son inintelligibles s'en extirpent. Il fait un pas en arrière, puis deux. Se cogne contre le lit à baldaquin, se prend les pieds dans le tapis, heurte le chambranle après avoir ouvert la porte.

Il a disparu.

Je suis seule, démasquée, dénudée, ivre d'alcool, de cocaïne et d'oxytocine. Mon identité a fuité. Quelqu'un sait que je me prostitue mais je sais pas qui il est.

Les secondes passent. Les voiles se lèvent les unes après les autres.

La témérité recule. La peur reprend ses droits.

La confiance bascule. Le doute s'immisce en moi.

Les conséquences de mes actes me reviennent en pleine figure tel un boomerang. Impuissante, je me laisse tomber à genoux, la porte toujours ouverte, mon masque toujours au sol.

Je crois que j'ai fait une grosse connerie.


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INSTAGRAM : @kentinjarno

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