Chapitre 33

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« - Va le voir.

- Non.

- Cesses donc de faire l'enfant, Geonhak. Va le voir, il doit être perdu actuellement.

- Je n'en ai rien à faire. »

Allongé sur son lit, les bras et jambes écartés telle une étoile de mer, le prince Kim fixait avec lassitude le plafond ivoire de sa chambre à la décoration impersonnelle. Son matelas avait pris la forme de son corps au cours des années passées à y rester allongé sans bouger des heures durant : la procrastination était le quotidien de Geonhak et il ne comptait pas bouger aujourd'hui, il n'en avait aucunement l'envie et la force.

Youngjo, quant à lui, ne cessait de faire les cent pas en tentant de raisonner son maître bien trop buté. Ce jour était spécial puisqu'il s'agissait de celui où le prince Son Dongju arrivait au Palais. Effectuant un nouveau demi-tour, le domestique tenta une énième fois de réveiller la bonne conscience de son ami de sang royal mais ce dernier semblait être collé à son matelas duveteux.

« - Si tu ne sors pas de ce lit, c'est moi qui vais t'en sortir.

- Essayes donc. J'ai plus de force que toi, Youngjo.

- Je connais tes points faibles.

- Et moi donc. Tu as beaucoup de failles que je pourrais exploiter si tu oses m'arracher de ce matelas. »

Soupirant tout en levant les yeux au ciel, le servant en avait marre du comportement de gamin de son maître. Voilà bien une heure qu'il lui faisait part de son ressenti, de son inquiétude pour le jeune Son qui devait être perdu dans ce château si grand aux mobiliers si absents. Plongé dans cet Enfer blanc, le prince Dongju devait avoir un horrible mal du pays et Youngjo connaissait ce sentiment. Il n'était pas un Ajri, il ne venait pas des terres de Zéphyr, il n'était pas né dans ce territoire hostile et sournois. Son arrivée au Palais avait été brutale, déchirante, affligeante... Si Geonhak n'avait pas été là pour Youngjo, ce dernier n'osait même pas imaginer dans quel état pathétique il serait actuellement. Enfin, s'il aurait encore été en vie.

« - Le Roi va jouer avec lui.

- Je sais, lâcha sans émotion le prince de Zéphyr.

- Et ça ne te fais rien de penser que ce pauvre garçon d'à peine vingt-et-un an va se faire retourner la tête par ton abruti de père ?

- ...

- Il doit être perdu, affaibli par la séparation soudaine avec l'entièreté de sa famille et, en plus de tout cela, votre cher Roi va prendre un malin plaisir de le torturer mentalement.

- Il m'a clairement dit qu'il ne voulait pas de moi dans sa vie, souffla bougon Geonhak.

- Et tu vas l'écouter ? Toi ? Laisse-moi rire ! Depuis quand tu écoutes ce qu'on te dit ? »

Youngjo c'était rapproché du lit avec une expression à la fois outrée et fatiguée : son prince faisait actuellement de la merde. Il déposa ses paumes sur le matelas puis grimpa dessus tout en s'approchant de son ami. Le domestique se mit à quatre pattes en chevauchant Geonhak, il força le contact visuel entre eux : Youngjo voulait s'assurer que l'autre comprenne l'ampleur de sa connerie.

« - Tu veux que ce gamin se suicide dans une semaine ? Tu veux avoir sa mort sur ta conscience ?

- Arrêtes de dire des conneries Youngjo ! Il va très bien se porter, je suis certain que mon géniteur n'en a rien à faire de lui.

- Il est celui qui a proposé ce mariage. Ton père, le plus gros homophobe que je connaisse avec la reine Moon.

- Dongju a des traits efféminés, je suis sûr qu'il pense que c'est une femme. Pas la peine d'être parano.

- Tu ne crois même pas en tes propres mensonges. Ton père a évidemment un plan derrière la tête pour avoir demandé ce mariage entre toi et le prince de Gaïa. Il a prévu quelque chose d'énorme et Dongju est l'un de ses pions.

- ... »

Youngjo avait attrapé le visage de son ami en coupe, leurs fronts étaient presque collés, le bout de leurs nez se frottaient tant la séparation entre eux était équivalente au néant. Le serviteur louchait presque tant il fixait avec intensité les prunelles de son compagnon : il devait lui faire prendre conscience de la situation. Geonhak devait arrêter de jouer à l'enfant capricieux, une vie était clairement en jeu : l'instinct de Youngjo ne trompait jamais.

« - Il va tout faire pour que le prince Son soit de son côté. Il le fera collaborer de force ou non, ce gamin est devenu le prisonnier de ton père en se mariant avec toi. Et toi tu ne...

- Ok ! »

Geonhak se redressa soudainement tout en décalant son domestique sur le côté afin d'éviter que leurs fronts ne puissent entrer brutalement en collision. Les puissantes mains du prince Kim entouraient les frêles et squelettiques épaules de son camarade de vie, ses iris orageux avaient pris une teinte sombre et profonde montrant clairement que ce discours l'agaçait mais il avait compris.

« - Ok, je vais voir ce qu'il fait. Mais je te jure, s'il se porte à merveille, je te fous mon pied au cul.

- Je prends ce risque. »

Un fin rictus apparut sur le visage de Youngjo tandis que son prince se redressait tout en s'étirant. Le domestique, à genoux sur le lit de son maître, sautait presque de joie en voyant son garçon têtu faire une action différente que fixer le béton armé qui composait le plafond. Avec réticence, Geonhak sortit ses pieds nus du lit avant de fouler le sol ivoire pour ensuite se redresser sur ses jambes emplis de fourmis puisqu'il n'avait pas bougé depuis vingt-quatre heures. Sa tête tourna quelques instants, le monde se distordit puisque l'effort soudain avait surpris son corps puis, une fois que le décor était redevenu stable, le prince se dirigea vers son placard pour en sortir une banale tenue.

T-shirt blanc, jean bleu délavé sur les cuisses et sa paire de baskets noires habituelles. La chaleur printanière avait permis à la température de gagner quelques degrés faisant qu'il était maintenant agréable de se balader dans les couloirs du château avec un simple haut manches courtes. Une fois vêtu, Youngjo le fixait toujours avec fierté comme si son ami s'apprêtait à effectuer un exploit phénoménal, le futur souverain soupira avant de se diriger vers la sortie de sa chambre.

« - Bon... A tout à l'heure.

- Je vais faire le ménage de ta chambre en attendant, mon cochon !

- Yah ! Je ne suis pas un...

- C'est ça, c'est ça ! Allez, Zou ! »

Youngjo ferma la porte au nez de Geonhak qui écarquilla les yeux avant de grogner dans sa barbe inexistante puis d'enfoncer ses mains dans les poches de son pantalon. Ce fut le pas traînant qu'il s'aventura dans le dédale d'ivoire en direction de la chambre de son mari. Il n'était toujours pas habitué à ce détail et encore moins à cette alliance qui entourait son annulaire gauche. Les jours avaient défilé, son quotidien était loin d'avoir changé puisqu'il sortait de sa chambre uniquement pour rejoindre la salle d'entraînement afin de botter le derrière de son abruti de frère, Lee Seoho. Geonhak ne quittait son habitation pour aucun autre prétexte : il mangeait, se lavait, s'endormait, s'ennuyait entre ces quatre murs de manière routinière.

Néanmoins, le prince avait bien senti les regards se métamorphoser à son égard. Ils étaient, bien évidemment, toujours horriblement froids et accusateurs mais une nouvelle flamme de dégoût avec naquit dans la noirceur de leurs prunelles après ce mariage. Les murmures à son sujet étaient devenus plus venimeux, plus acides comme si le fait qu'il soit en couple avec un homme avait fait grandir le brasier de la haine envers le futur Roi de Zéphyr.

Tentant de passer outre des iris empoisonnées des vipères essayant de le pousser à l'abandon de la vie, Geonhak continua sa longue marche en direction des appartements du nouvel habitant. Il se demandait bien qui serait au service de ce dernier ? Quel serviteur maltraité allait apporter les repas du jeune Dongju ? C'était presque un salut pour le, ou la, privilégié qui serait à ses ordres. Plus de rabaissements, d'insultes racistes, de coups sans raisons... L'horrible traitement infligé aux personnels de maison pourrait devenir anecdotique pour « l'élu » qui prendrait soin du jeune prince de Gaïa.

Toquant à la porte de la chambre de son époux, le silence fut la seule réponse à ces quelques coups sur la paroi boisée. Départagé, le prince hésita entre rentrer dans sa chambre et mentir à Youngjo en disant qu'il l'avait vu ou bien ouvrir la chambre de « force » afin de s'assurer que le jeune Son était bel et bien arrivé au palais en un seul morceau. Geonhak pencha la tête sur le côté tout en fermant ses paupières dans un grognement : sa réflexion devenait un véritable casse-tête sans solution.

« - Bon... Je rentre. »

Geonhak préféra se présenter avant de pousser sur la poignée lui permettant d'ouvrir la porte des appartements de son mari. La cloison boisée fut poussée, un grincement désagréable fit vriller les tympans du futur Roi puis l'intérieur de la pièce fut dévoilé : l'endroit était vide. Le lit était défait signe qu'une vie était passée par là, des bagages non-ouvert trainaient dans le coin de la pièce. Le Kim s'aventura dans le lieu en cherchant un petit corps frêle dans un coin mais Dongju n'était même pas dans la salle de bain : la chambre était déserte.

« - Je déteste quand Youngjo a raison. »

Le Ajri tourna les talons, ses yeux devinrent soudainement sérieux tandis que ses enjambées devinrent plus grandes et rapides. Son instinct le porta vers le lieu-dit, l'endroit sous-entendu par Youngjo, son père était en réunion donc Dongju devait être là-bas. À force de s'approcher, Geonhak sentit l'air devenir plus sec, la chaleur augmentait considérablement le faisant suer à grosses gouttes bien qu'un courant d'air se faufilait dans les tortueux couloirs. Mais, ce vent était loin d'être rafraîchissant : le futur souverain le connaissait que trop bien.

« - Qu'est-ce que je hais quand tu as raison Kim Youngjo. »

Les pas rapides, auparavant, se transformèrent en petit trottinement stressé en direction de l'étouffante allée. Guidé par le vent, il était aisé de savoir où se trouvait son époux qui devait sûrement jouer au têtu rebelle : un trait de caractère que Geonhak avait très rapidement identifié chez son mari. Le dernier tournant se trouvait face à lui, un simple virage à droite et il serait en face de la salle de réunion où se trouvait son père et tous ces abrutis de gradés coincés.

L'air était lourd, les bouffées d'oxygène difficilement inspirées puisque chaque respiration alourdissait les poumons de Geonhak en lui donnant le sentiment de suffoquer. Prenant ce fameux tournant, la scène se dessinait immédiatement devant lui ce qui planta parfaitement le décor. Un jeune domestique qu'il ne connaissait pas, son prénom était inconnu à son esprit, était assis par terre en train de suffoquer tandis que le Roi Kim se dressait devant Dongju qui faisait dos au prince Ajri. Néanmoins, bien qu'il ne vît pas le visage de son époux, le Kim discernait parfaitement les genoux flageolants de son époux sur le point de s'effondrer, il descellait avec précision ces mains tentant d'arracher ce fil invisible qu'il l'étranglait.

« - Pourquoi tu as toujours raison Youngjo, souffla le maître pour lui-même avant de prendre une grande inspiration et de lancer puissamment ce mot si aigre. Père ! »

Aussitôt que le timbre grave de sa voix ricocha sur les murs que l'atmosphère redevint vivable. La température baissa drastiquement, les courant d'air disparurent jusqu'à ce que l'air devînt placide : c'était comme si Geonhak avait invoqué le calme. Wooseok se remit à respirer normalement, Dongju laissa ses bras tomber le long de son corps maintenant qu'il était à nouveau apte à respirer puis le Roi se mit à fixer son enfant avec amusement. Le silence était maître, les échanges oculaires étaient les principaux codes de langages : Wooseok fixait avec admiration Dongju qui dévisageait le Roi Kim. Quant à ce dernier, il observait avec son sourire narquois Geonhak qui avait une expression blasée sur le visage : tout ceci le fatigué, cette vie était éreintante.

« - C'est donc vous qui étiez avec Dongju. Je cherchais mon cher mari depuis de longues minutes déjà, mentit Geonhak.

- Oh, tu comptes faire ton devoir conjugal, fils ? Quelle surprise, je pensais que ce mariage ne t'intéressait guère.

- Je sais m'adapter à la situation, moi. Enfin, allez-vous me laisser mon époux ? Ou voulez-vous continuer de converser avec lui en ma présence ? »

Le Roi Kim fit un simple coup de menton voulant sous-entendre un « prend-le, je jouerais plus tard avec lui » qui ne plus guère au futur souverain qui fronça légèrement du nez. Néanmoins, il ne resta pas statique puisqu'il s'approcha de Dongju puis lui attrapa le poignet afin de le forcer à s'éloigner du tyran. Le prince du Lotus était légèrement réticent mais sa force n'équivalait pas celle de son mari qui tira un peu plus ce qui fit vaciller le Tokësor. Dans sa lancée, Geonhak lança un regard à Wooseok afin de lui ordonner de se lever et de les suivre ce que le servant fit avec quelques difficultés.

Le trio quitta le couloir tandis que le regard du Roi brûlait leur dos tant ses iris étaient néfastes, poisseuses et venimeuses : cet homme était toxique, mortel. Dongju semblait se réveiller, reprendre des forces au cours du trajet puisqu'il tenta, à plusieurs reprises, de fuir la forte poigne de Geonhak qui comptait le lâcher uniquement lorsqu'il serait dans sa chambre. Mais le plus jeune n'était pas de cet avis, il continuait de se débattre et, en remarquant que cela n'avait aucun effet, il mordit le poignet de son aîné.

« - Aïe ! Mais cela ne va pas !

- Lâche-moi. Je t'ai dit que je ne voulais pas de toi dans ma vie.

- Je sais ! Je ne voulais pas t'aider mais Youngjo m'a forcé à le faire.

- Je me débrouillais très bien sans toi !

- C'est cela, rit jaune Geonhak. Tu étais en train de te faire étrangler, abruti. Tu as une putain de marque autour du cou.

- C'était contrôlé.

- Ne mens pas. Tu étais sur le point de t'évanouir et ton domestique aussi.

- ...

- Même un merci c'est trop dur pour toi. Eh bah, quelle tête de mule.

- Je t'emmerde. Je ne t'ai jamais appelé à l'aide, je ne te dois rien et...

- C'est bon, ferme-la. J'ai compris, pas besoin de devenir un vieux tourne-disque.

- Gnah, gnah... »

Geonhak prit sur lui pour ne pas foutre une gifle à ce gamin impoli. Ses nerfs étaient à vif, sa fatigue mentale atteignait un plafond dangereusement élevé faisant qu'une broutille pouvait le faire passer d'une émotion à une autre. En rentrant dans sa chambre, il allait gueuler sur Youngjo pour l'avoir envoyé dans une telle mission. Le trio arriva aux appartements du plus jeune, Geonhak libéra son cadet de son emprise tout en lui indiquant la porte et le plus petit se dépêcha de s'y engouffrer sans dire le moindre merci à son sauveur.

« - Quel gamin ingrat, jura le Ajri.

- M-merci d'être venu, mon prince, bafouilla Wooseok en s'inclinant respectueusement.

- De rien. Bonne chance avec ce sale gosse, tu risques d'en voir des vertes et des pas mûres à la vue de son caractère.

- C-Ce... J'accomplirais mon devoir, mon prince.

- Tu t'appelles comment ?

- Que... Comment ça ? »

Wooseok bégaya légèrement sous la surprise : le prince Kim lui demandait son prénom ? Le domestique avait toujours pensé que le futur souverain était tout aussi horrible que son père, voir pire. Tant de sombres rumeurs circulaient sur le prince, des paroles chuchotées aux oreilles des serviteurs donnant froid dans le dos à quiconque les ouïssaient. C'était ce même prince qui demandait le prénom de ce servant après avoir sauvé celui qui avait été marié de force avec sa personne ?

« - Ton prénom, relança Geonhak. Tu n'en as pas ?

- S-si... Je m'appelle Wooseok mon prince.

- Enchanté Wooseok. Je te souhaite beaucoup de courage avec cette tête de mule, il risque de te mener la vie dure. Passe une bonne fin de journée. »

Et ce fut avec nonchalance que le futur Roi de Zéphyr s'éloigna de la chambre de Dongju laissant, abasourdi, Wooseok qui réalisait que les rumeurs semblaient totalement se tromper sur le jeune homme qui s'en allait. En fait, Kim Geonhak n'était pas si méchant qu'on le disait.

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